J’ai longtemps hésité à partager mon expérience avec vous. Premièrement car je n’ai pas de photos pour « habiller » mon récit, et deuxièmement un peu par pudeur.

Je lis sur ce forum plein de récits de vols très intéressant, et à mon tour j’ai voulu vous faire partager mon expérience. Je ne suis pas pilote, je n’ai pas de ppl. Je suis juste un type qui aime les avions et qui a réussi à en faire son métier. Je suis mécano avion sur alphajet, et parfois le boulot fait que je suis amené à m’assoir en place arrière.


Peu de temps avant noel, j’ai eu l’occasion de faire mon 1er vol sur alphajet. Je n’étais pas plus stressé que ça car j’avais déjà eu l’opportunité de voler plusieurs fois sur F1 B. Seulement c’était il  y a 10 ans et je n’avais pas de mission à bord. J’étais un simple pax.

Cette fois ci, c’est  un « vol de contrôle ». Donc j’ai envie d’assurer pour le 1er, et pas seulement regarder le paysage. Au programme plusieurs « figures » tel décrochages, vrilles ainsi que quelques relevés de paramètres. Finalement à force d'écouter les conseils en tout genre de mes camarades et leurs histoires de vomis,  je me suis mis une petite pression et ce n’est pas du tout détendu que je me présente au pied de l’avion.

Le pilote s’installe à l’avant comme s’il montait en voiture ; tandis que moi à l’arrière je commence à me battre avec le harnais qui a glissé quand je me suis installé. Pour me détendre un peu plus, le pote qui me sangle me braille dessus tandis que le pilote s’impatiente.

Voilà, c’est fait. Mise en route des moteurs ; ok.

Jusque ici je suis en terrain connu, habitué à faire des points fixes. A la seule différence que je transpire comme un cochon harnaché sur le siège et engoncé dans ma tenue de vol. Comme je suis grand j’essaye de ne pas gêner en bloquant les commandes. C’est déjà arrivé à certains qui ont sorti les aérofreins avec la cuisse. Donc jambes écartées pour ne pas gêner le manche, mais pas trop pour ne pas toucher à la manette des gaz. Et puis il y a le palonnier aussi !!!  Bref, il y a plus confortable.

Nous nous alignons en bout de piste, le pilote, qui entre-temps m’a refait un check sur la sécurité, pousse les gaz et c’est parti.

Je suis premièrement impressionné par l’accélération. Avec 2 si petits moteurs l’alphajet me semble bondir sur la piste. Trains et volets rentrés, Je ramasse un peu de g négatif pour remettre l’avion à plat. Je déteste les g négatifs !!!!

A ce moment du vol plus de stress, juste un petit boulot à faire. J’ai sur la cuisse droite une belle fiche plastifiée à remplir, reliée à un crayon gras. 1ère valeur à prendre, paf , la mine casse. J’ai un peu trop taillé ce satané crayon. Tant pis, il va falloir faire tout de tête et remplir la feuille au posé.

Le vol se déroulera parfaitement.  J’encaisserais plusieurs fois jusqu’à 4 g , je monterais max au niveau 400, et volerais à 450 kts. Seul petit point négatif ; la vrille. J’avais les yeux fixés sur le chrono si bien que je n’ai que vaguement vu ce qui se passait dehors. D’un autre coté je n’étais pas là pour faire du tourisme.
Après 50 min de vol il est temps de rentrer, d’autant plus que le ciel se couvre de plus en plus. L’avion bouge pas mal, malgré cela nous nous posons comme une fleur.

Pendant le roulage retour j’aperçois un petit rassemblement de personnels qui ne me dit rien qui vaille. Et mon impression se confirme lorsque j'aperçois un bac de 400 litres rempli d’un mélange fort douteux. Mais voilà c’est la tradition et je m’exécute malgré le froid de canard. Petite consolation, mes collègues ont versé quelques sauts d’eau chaude pour m’éviter l’arrêt maladie.

Au final une très bonne expérience, et merci au pilote de ne pas m’avoir rendu malade.