Bonjour,
Je vous ai déniché et traduit deux analyses US sur les récents (re)déploiements de forces armées aériennes dans deux zones du globe aux deux extrémités l’une de l’autre.
L’une est bien connue, c’est la mer de Chine méridionale et l’analyse concerne les puissantes forces aéronavales américaines qui s’y sont déployées en masse au début de février ... avec le concours de ... la France.
L’autre est peut-être moins connue, une source potentielle de conflits futurs plus récente liée au réchauffement climatique, c’est l’Arctique russe.
J’ai pensé que la traduction de ces deux textes pourrait vous intéresser, car ils mettent bien en lumière le rôle pivot joué par l’aviation militaire.
Les illustrations sont celles des articles.
Bonne lecture
Philippe

PREMIER ARTICLE – Fev 2021

La Russie renforce ses défenses dans l'Arctique avec des intercepteurs MiG31 dans le Grand Nord
Par Thomas Newdick, The War Zone, 9 février 2021

La base aérienne de Rogachevo a commencé à accueillir des intercepteurs MiG-31 Foxhound, et des déploiements similaires sont maintenant prévus ailleurs dans la région.



Arrivée du général Alexander Otroshchenko à bord d'un Mig631BM à la base aérienne avancée de Rogachevo en Nouvelle-Zemble.© Ministère de la Défense de la Fédération de Russie


Des photos très récentes montrent des intercepteurs MiG-31BM Foxhound en action à la base aérienne de Rogachevo dans le sud de l'archipel de Novaya Zemlya (la Nouvelle Zemble), au-dessus du cercle arctique, une région de plus en plus stratégique qui abrite une présence militaire russe renaissante.

Le ministère russe de la défense a fourni les images de MiG-31BM arrivant sur la base, effectuant ce que le ministère russe décrit comme : "une mission de combat expérimentale pour protéger la frontière de la Fédération de Russie dans l'espace aérien arctique".



© Ministère de la Défense de la Fédération de Russie


Les avions et leur équipage étaient dirigés par le commandant de l'armée de l'air et de la défense aérienne de la flotte du Nord, le général Alexander Otroshchenko, qui a personnellement piloté l'un des MiG-31BM. Le contingent du général Otroshchenko a remplacé celui de la même unité qui s'était déployée sur la base éloignée de l'île sud de la Nouvelle Zemble en janvier, des chasseurs supersoniques y étant déployés pour la première fois.

L’archipel de Nouvelle Zemble se trouve dans l'océan Arctique, avec la mer de Barents à l'ouest, la mer de Kara à l'est, et l’Océan Arctique au nord. C'est sur cet archipel, pendant la guerre froide, que l'Union soviétique a testé la plupart de ses armes nucléaires en une petite centaine d’essais. C’est sur cet archipel que l’URSS a testé la plus puissante de ses bombes thermonucléaires : la Tsar Bomba, de 57 mégatonnes, le 30 octobre 1961. Alors que Rogachevo était une base aérienne active pendant la guerre froide, elle a été mise hors service les années suivantes et ce n'est qu'en 2012 que Moscou a annoncé qu'elle accueillerait à nouveau une présence régulière de chasseurs à l'avenir.

Le ministère russe de la défense a d'abord annoncé le 16 janvier 2021 le début de cette nouvelle "mission de combat rotative", terme russe désignant les déploiements où les avions sont en alerte de réaction rapide sur une base dite avancée. La description de ces déploiements comme "expérimentaux" semble provenir du fait que les responsables russes sont encore en train de prouver le plan, notamment en déterminant exactement ce qui est nécessaire pour garantir que les MiG-31BM et leurs équipages puissent opérer efficacement sur la base éloignée et dans ces conditions arctiques glaciales.

"La machine [le MiG-31BM] fonctionne parfaitement [et] il n'y a aucune différence avec les altitudes auxquelles nous volons normalement autour de Monchegorsk", a déclaré le général Otroshchenko dans une interview à TV Zvezda, la chaîne de télévision officielle du ministère russe de la défense. "Un mois s'est écoulé où nous avons déplacé les avions et leur personnel, et aussi examiner de plus près les conditions des militaires et leurs conditions de vie".

"Nos Mig-31 peuvent voler à des températures allant jusqu'à moins 60°C, ce qui a été confirmé lors d'opérations expérimentales dans la zone de la route maritime du Nord", a également déclaré à la télévision Zvezda Alexandre Kharitonov, un navigateur sur MiG-31BM qui fait partie de la rotation actuelle à Rogachevo. "La principale difficulté ici est le temps, qui est très compliqué", admet-il. "Maintenant, par exemple, le vent souffle depuis une semaine à une vitesse d'environ 100 km/h."

Les MiG-31BM - qui sont des versions améliorées des MiG-31 Foxhound de l'époque de la guerre froide - proviennent de la 98ème escadrille de la flotte du Nord, basé à Monchegorsk sur la péninsule de Kola, au sud de Mourmansk. Jusqu'à récemment, cette escadrille ne disposait que d'un seul groupe de MiG-31, mais en 2019 un second groupe de MiG-31 lui a été affecté. Les MiG-31BM ont également effectué une précédente série de déploiements d'entraînement à Rogachevo l'année dernière, après que la piste unique de la base ait été portée à 3 000 m.



Localisation de la base de Rogachevo en Nouvelle-Zemble ainsi que de Monchegorsk.


Vue aérienne de la base de Rogachevo à l'été 2020. © Google Earth


"L'exécution de missions de combat sur cet archipel arctique augmentera considérablement la présence des avions de chasse de la flotte du Nord dans l'Arctique et élargira considérablement le contrôle de l'espace aérien au-dessus des eaux de la route maritime du Nord", a annoncé le porte-parole de la flotte du Nord le mois dernier lors du début de ce nouveau déploiement. La Route Maritime du Nord est l'artère de transport nationale de la Russie dans l'Arctique, où le contrôle des ressources naturelles et des routes maritimes devient une question stratégique de plus en plus importante, alors que la glace arctique recule en raison du changement climatique.

Même si le MiG-31 a été conçu pour défendre les vastes étendues nordiques de l'Union soviétique, opérer à partir d'une base avancée dans le Grand Nord présente de vrais défis pour les avions et le personnel. Le ministère de la défense a notamment souligné les "très basses températures de l'air, les forts vents latéraux, le brouillard et les nuages bas, les fortes chutes de neige et autres caprices de la nature" qui caractérisent la météo de la Nouvelle Zemble.



© Ministère de la Défense de la Fédération de Russie


© Ministère de la Défense de la Fédération de Russie


Si la Russie peut résoudre les problèmes pratiques liés à l'envoi de contingents réguliers de MiG-31BM à Rogachevo, ces appareils rustiques, avec leurs capacités d’interception à haute altitude et leur grand rayon d’action, pourraient devenir un élément important d'une stratégie régionale plus large de lutte contre l'accès voire de refus d’accès de la zone maritime arctique en eaux libres. Si les MiG-31BM sont capables de faire face aux rudes conditions de l'Arctique, ils pourraient ouvrir la voie à d'autres variantes de MiG-31, notamment les MiG-31K de l'armée de l'air russe, qui sont configurés pour transporter le tout nouveau missile aérobalistique air-sol hypersonique à haute précision Kh-47М2 Kinjal.

Durant le premier mois de stationnement des MiG-31BM à Rogachevo, il n'y a eu aucune violation de l'espace aérien "de la frontière aérienne russe dans l'Arctique", a noté le ministère de la défense. Ce ne sont pas seulement les intercepteurs qui aident à renforcer les frontières arctiques de la Russie. Depuis plusieurs années, Rogachevo abrite également un régiment de missiles anti-aériens de la flotte du Nord, équipé de systèmes mobiles de défense anti-aérienne et anti-missile S-400 Triumph, qui y ont remplacé en plus grand nombre les S-300 de la génération précédente. L'appoint des MiG-31 augmente encore le parapluie défensif et offre une plus grande polyvalence. De plus, ce qui augmente considérablement leur dangerosité, les MiG-31 Foxhounds sont capables d’être ravitaillés en vol, bien qu'il n'y ait aucune preuve que des avions ravitailleurs aient été déployés à Rogachevo pour le moment.

La présence militaire russe accrue à Rogachevo n'est pas passée inaperçue des États-Unis. En mars 2019, un bombardier B-52H de l'armée de l'air américaine déployé à la base aérienne de la RAF à Fairford en Angleterre, a survolé le sommet du Svalbard en Norvège et l'archipel de la Terre de François-Joseph, avant de se diriger vers le sud pour longer la côte occidentale de la Nouvelle Zemble. Des vols similaires de "présence aérienne" dans la région arctique ont impliqué un B-2 opérant depuis Keflavik en Islande. Lorsque des B-1B arriveront à Ørland en Norvège, comme il a été récemment décidé, des bombardiers américains stratégiques seront stationnés encore plus près de la Nouvelle Zemble. Peut-être une réponse américaine au déploiement des MiG-31 à Rogachevo, ou bien une réponse appropriée aux vols effectués récemment par des bombardiers stratégiques Tu-160 Blackjack qui viennent d’effectuer des missions à long rayon d’action le 9 février dernier. Missions qui ont duré 12 heures et qui les ont fait voler au-dessus de la mer de Barents, puis du Groenland et au-dessus de la Norvège. 

Pendant ce temps, Rogachevo n'est qu'une des nombreuses bases éloignées auxquelles l'armée russe peut faire appel dans la région arctique. Selon le ministère russe de la défense, 19 aérodromes ont été réparés ou reconstruits dans l'Arctique ces dernières années. Entre-temps, le quotidien Izvestia affirme que le groupe de MiG-31 de cette nouvelle "Escadrille Arctique" constituée par le 98ème régiment d'aviation sera transférée vers d'autres terrains d'aviation de la région en fonction des besoins. L'autre groupe du régiment restera sur la péninsule de Kola, où sa tâche principale est de défendre les installations et les navires de la flotte du Nord, y compris les sous-marins lanceurs de missiles balistiques.



© Ministère de la Défense de la Fédération de Russie


© Ministère de la Défense de la Fédération de Russie


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D'autres bases aériennes sont aussi bien placées pour protéger la route maritime du Nord. Elles se trouvent sur la terre Alexandra Land, à 1000 km au nord de la Nouvelle Zemble, et sur l'île de Kotelny, au nord de la Sibérie Orientale. Depuis peu, des pistes rénovées et allongées et des installations militaires pouvant être utilisées toute l'année sont en train d’être construites sur ces deux îles. Jusqu'à présent, cependant, seuls des avions de transport avaient été exploités à ces endroits de temps à autre à partir de pistes en gravier.

En plus des moyens de défense et des transports, des bombardiers à longue portée ont également été déployés dans la région lors d'exercices, opérant depuis les bases de Vorkouta, au nord de la Sibérie Occidentale et d’Anadyr en Sibérie Orientale - qui se trouvent toutes deux sur le continent.

Tout cela reflète l'importance croissante accordée par la Russie à sa flotte du Nord et au contrôle de la route maritime du Nord ces dernières années. La région arctique est si importante pour Moscou que la flotte du Nord a reçu en 2014 le statut de district militaire au sein du Commandement Stratégique Russe.

Alors que la calotte glaciaire arctique continue de rétrécir, de nouveaux gisements de ressources énergétiques ainsi que des voies maritimes nouvelles deviennent accessibles toute l'année. Les droits sur le plateau continental sous l'Arctique faisant l'objet d'un litige entre plusieurs nations, le poids stratégique donnée par la Russie à cette région lui assure une plus grande participation dans ce grand jeu stratégique.

De toute évidence, les MiG-31 de l’arctique sont en passe de devenir des résidents permanents du Grand Nord et nous pouvons nous attendre à voir ces chasseurs - et d'autres – déployés en permanence dans des bases avancées, devenues elles aussi permanentes, plus nombreuses dans la région à l'avenir.



© Ministère de la Défense de la Fédération de Russie


© Ministère de la Défense de la Fédération de Russie


Vidéo d'une chaîne de télévision russe sur le déploiement des MiG-31 en Arctique – Durée 1 min 50
ici.

SECOND ARTICLE – Fev 2021

Les USA viennent de déployer deux porte-avions en mer de Chine méridionale
Par Thomas Newdick, The War Zone, 9 février 2021

Les deux porte-avions lourds à propulsion nucléaire Nimitz et Roosevelt ont entrepris des exercices communs dans cette région du monde où les tensions entre la Chine et les États-Unis sont croissantes.






Le porte-avions à propulsion nucléaire USS Nimitz, dont le déploiement au Moyen-Orient en raison des tensions persistantes avec l'Iran a été prolongé le mois dernier, se trouve désormais en mer de Chine méridionale, où on l’a vu naviguer aux côtés de son jumeau, l'USS Theodore Roosevelt. Les deux porte-avions et leurs groupes de frappe respectifs opérant ensemble constituent un signal fort adressé à la Chine, qui fait de plus en plus jouer ses muscles militaires dans cette région très disputée ces derniers temps.

L’US Navy a déclaré que les deux porte-avions ont travaillé ensemble dans "une zone très fréquentée pour démontrer la capacité de la marine américaine à opérer efficacement dans des environnements devenus difficiles". Ils y ont mené des exercices visant à accroître l'interopérabilité, ainsi que les capacités de commandement et de contrôle. Le Theodore Roosevelt fait partie du Carrier Strike Group 9 (CSG-9), qui comprend le groupe aéroporté Carrier Air Wing 11 (CVW-11) composé de neuf escadrilles dont quatre de chasse équipées de F/A-18E Super Hornet, le croiseur de classe Ticonderoga USS Bunker Hill, et les destroyers de classe Arleigh Burke USS Russell et USS John Finn. Le CSG-11 du Nimitz se compose du groupe aéroporté CVW-17 composé aussi de neuf escadrilles dont quatre de chasse, ainsi que du croiseur de classe Ticonderoga USS Princeton et d’un seul destroyer de classe Arleigh Burke, le USS Sterett.




Des avions affectés au Carrier Air Wing CVW-17 survolent le groupe d'attaque du porte-avions Theodore Roosevelt et le groupe d'attaque du porte-avions Nimitz dans la mer de Chine méridionale, en février dernier. © Deirdre Marsac, U.S. Navy


"Cette mission d’entraînement en commun avec le groupe d'attaque 11 en mer de Chine méridionale est une opportunité extrêmement précieuse", a déclaré le contre-amiral Doug Verissimo, commandant du CSG-9. "Grâce à des opérations comme celle-ci, nous nous assurons que nous sommes tactiquement compétents pour relever le défi du maintien de la paix et que nous sommes en mesure de continuer à montrer à nos partenaires et alliés dans la région que nous sommes engagés à promouvoir la région Indo-Pacifique libre et ouverte". Le contre-amiral Jim Kirk, commandant du CSG-11, a ajouté : "Nous sommes déterminés à garantir l'utilisation légale de la mer dont toutes les nations bénéficient en vertu du droit international".

Ces manœuvres de l’US Navy avec deux porte-avions poursuivent les opérations très médiatisées de la marine américaine dans la mer de Chine méridionale, qui sont, en partie, destinées à contrer le poids croissant de la Chine dans la région. En utilisant la fameuse "ligne des neuf", Pékin revendique près de 90 % des eaux contestées de la mer de Chine méridionale.




Les neufs traits (onze en fait) posés sur la mer de Chine méridionale dans la carte publiée en novembre 1946 par la Chine comme "biens de guerre".


Des eaux qui sont sillonnées par des routes commerciales maritimes vitales, malgré les différends en cours avec des pays comme la Malaisie, les Philippines, Taïwan et le Vietnam. Ces dernières années, la Chine a intensifié ses efforts pour récupérer et militariser un certain nombre d'îles et d’ilots inhabités dans ces eaux, y construisant avec célérité des bases militaires qui pourraient être utilisées pour restreindre le trafic maritime et aérien de cette région si Pékin le souhaitait.




Un F/A-18E Super Hornet est lancé du pont d'envol de l'USS Theodore Roosevelt pendant les opérations conjointe avec le porte-avions USS Nimitz Carrier en mer de Chine méridionale, le 9 février dernier. © Zachary Wheeler, U.S. Navy


Ces deux mêmes CSG avaient déjà mené ensemble une opération similaire en juin de l'année dernière, dans la mer des Philippines. La dernière fois qu’une telle opération à deux porte-avions avait eu lieu en mer de Chine méridionale, c'était récemment, en juillet 2020, lorsque les porte-avions USS Ronald Reagan et USS Nimitz avaient opéré ensemble dans ces eaux.

Ce dernier exercice commun du Roosevelt et du Nimitz intervient au moment où l'aviation militaire chinoise montre un fort pic d'activité dans le nord de la mer de Chine méridionale, près de l’île chinoise de Hainan et au large de Taïwan. Le 31 janvier dernier, le ministère taïwanais de la défense a signalé que huit avions chinois comprenant des chasseurs, des avions de patrouille maritime et des avions de surveillance électronique, avaient violé son espace aérien en pénétrant dans le sud-ouest de sa zone d'identification de défense aérienne, ou ADIZ, au cours des deux jours précédents.

Cette hausse d'activité a également été marquée par des attaques simulées par des avions chinois sur le USS Theodore Roosevelt. Selon le journal britannique Financial Times, des américains bilingues témoins de cet incident ont entendu au même moment à la radio les pilotes chinois parler ouvertement et agressivement entre eux des procédures de lancement de leurs missiles de croisière anti-navires.

Pour sa part, le USS Nimitz a quitté son port d'attache de Bremerton, Washington, dès avril 2020. Ce porte-avions, après cette mission commune en mer de Chine méridionale, retourne à la base navale de Bremerton après être resté pas moins d’une dizaine de mois en mer, soit plus que ce qui est généralement effectué.  Depuis l'été dernier, le Nimitz a principalement opéré dans le voisinage du Golfe Persique, puis s'est aventuré plus au sud dans l’Océan Indien pour l'exercice "Malabar" mené conjointement avec la marine indienne en novembre 2020. En décembre dernier, le Nimitz participait à l'opération "Octave Quartz" au cours de laquelle environ 700 soldats américains ont été déplacés de la Somalie vers d'autres endroits en Afrique.




Le porte-avion USS Nimitz vu depuis le USS Theodor Roosevelt le 9 février dernier en mer de Chine méridionale. © Deirdre Marsac, U.S. Navy


Si l'on considère la durée de la présence de ce porte-avions en mer, il est logique que l'exercice avec son compagnon de classe en mer de Chine méridionale soit d'une durée relativement courte. Plus généralement, l’US Navy est confrontée à une demande politique augmentée sur ses flottes de porte-avions car la demande de soutien aux opérations militaires américaines dans le monde entier est en forte hausse, mais à un moment où un nombre important de ces navires sont immobilisés pour des opérations de maintenance et des révisions majeures. Le USS Theodore Roosevelt avait déjà effectué une croisière opérationnelle en 2020 avant de revenir à sa base d'attache de San Diego, en Californie, puis en décembre de la quitter à nouveau pour son déploiement prévu dans la région indopacifique.

Le groupe de préparation amphibie (Amphibious Ready Group ou ARG) "Makin Island - qui comprend le navire d’assaut amphibie porte-hélicoptères de classe Wasp USS Makin Island (LHD-8) et les navires d’assaut amphibie USS San Diego et USS Somerset - a quitté le groupe d'attaque du porte-avions Nimitz alors que celui-ci était encore dans le nord de la mer d'Oman en janvier dernier. Les navires de guerre amphibies se trouvent maintenant dans le golfe Persique.




Les destroyers lance-missiles USS John Finn à gauche, et USS Russell, se mettent en formation aux côtés du porte-avions USS Theodore Roosevelt. © Deirdre Marsac, U.S. Navy



Lorsque le USS Nimitz a quitté le Moyen-Orient, laissant cette région sans porte-avions, le porte-parole du Pentagone, John F. Kirby, a expliqué que le nombre restreint de porte-avions de grande capacité dont disposaient les États-Unis nécessitait d’équilibrer leur présence dans différentes parties du monde selon les besoins. Il a déclaré : "Chaque décision que nous prenons avec les forces militaires - aériennes, terrestres ou navales - et les décisions que le Haut-Commandement prend en ce qui concerne quel porte-avions et quel Strike Group lui associer, sont toutes motivées après une évaluation franche des menaces dans la région, et aussi une considération franche de nos propres capacités".

Le Moyen-Orient pourrait ne pas rester longtemps sans porte-avions de grande capacité, des rumeurs indiquent que le USS Dwight D. Eisenhower pourrait s'y rendre, ou du moins pourrait se diriger vers la région au sens large. En attendant, dans la région indopacifique, d'autres pays continuent également à faire valoir leurs droits à la liberté de circulation dans la mer de Chine méridionale, notamment la France, qui vient d’envoyer dans ces eaux l’un de ses sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire, l’"Émeraude".




Le USS Asheville (SSN 758), de la classe Los Angeles, s’entraîne en mer avec le sous-marin français SNA Emeraude de la classe Rubis, au large de Guam en décembre dernier.© U.S. Navy


Au printemps prochain, le porte-avions britannique HMS Queen Elizabeth sera également envoyé sur le théâtre du Pacifique. Ce navire amiral de la Royal Navy devrait y participer à des exercices conjoints avec les forces maritimes japonaises. "Le Japon et le Royaume-Uni ont forgé un partenariat étroit en matière de défense et de sécurité qui est porté à de nouveaux sommets cette année lorsque le Carrier Strike Group britannique se rendra dans l'Indopacifique", a déclaré le ministre britannique de la défense, M. Ben Wallace.

Le porte-avions britannique va également prendre part à des patrouilles de navigation dans la mer de Chine méridionale, qui fait l'objet de nombreux litiges. Il est clair que la mer de Chine méridionale est un point de tension très particulier, mais les tensions entre Washington et Pékin ont également augmenté récemment sur des questions telles que Taïwan, le commerce, l'espionnage et la pandémie COVID-19. Quelques semaines seulement après le début de sa présidence, le président Joe Biden vient déjà de déclarer que "la Chine représente le défi le plus grave" pour les États-Unis.




L'USS Nimitz dirige une formation de navires des Carrier Striker Groups du Nimitz et du Theodore Roosevelt pendant l’opération en mer de Chine méridionale le 9 février dernier. © Markus Castaneda, U.S. Navy