#1 [↑][↓]  07-12-2022 14:12:51

philouplaine
Copilote
Lieu: Toulouse
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[Réel] La modernisation de notre aéronavale vue des USA

Bonjour chers amis,

On trouve chez nos collègues américains des informations détaillées sur ce qui se passe … en France dans notre armée !
Je vous ai traduit de l’anglais deux articles récents portant sur ce que les américains savent et pensent de la modernisation menée dans notre aéronavale. Le premier article porte sur notre futur porte-avions, le PA-NG (ou PA-Ng pour les américians), et le second porte sur la modernisation de notre flotte de Breguet-Dassault Atlantique 2, les ATL 2. La mise en service du porte-avions PA-Ng est prévue pour 2038, celle des ATL2 au nouveau standard est d’ores et déjà en cours, le service des ATL 2 est ainsi repoussé jusqu’en 2035.

Le premier article traduit porte sur notre futur porte-avion, le R92, que les américains appellent le PA-Ng et nous, le PANG … alors "g" minuscule ou "g" majuscule ? Nous disons même PANG pour porte-avions à propulsion nucléaire de nouvelle génération, c’est sûr c’est plus pratique de dire l’abréviation.

Mais que veut dire PANG en anglais et, interrogation subséquente, à quoi pense immédiatement un anglo-saxon quand il voit qu’on désigne notre futur porte-avion comme un "PANG ? En anglais, pang veut dire "douleur" et plus particulièrement, en anglais américain, c’est utilisé pour dire "pincement" très précisément dans "pincement de nerfs" … the pang of nerves … mais pang est aussi utilisé pour dire : l’angoisse de Dieu : the Divine pang. Pas trop mal finalement pour le nom d’un navire de guerre, non ?

Vous pourrez voir dans le second article ce que les américains pensent de cette modernisation concernant un équipement pas si récent (mise en service des ATL 2 dans l’Aéronavale en octobre 1989) d’un de leur proche allié dans l’OTAN. Mais, après tout, le fer de lance de leurs bombardiers n’est-il pas le Boeing B-52, mis en service en juin 1955 …
J’ai pensé que ces deux articles présentés ensemble pourraient vous intéresser.

Bonne lecture!
Philippe





Texte de Mer & Marine

A l’occasion du salon Euronaval, Naval Group et le ministère des Armées ont dévoilé hier une nouvelle maquette du porte-avions français de nouvelle génération (PA-NG), qui succèdera en 2038 au Charles de Gaulle. Son design continue d’évoluer au fil des études, en particulier au niveau de l’îlot, ce modèle n’étant cependant pas encore définitif. Il faut donc éviter de tirer des conclusions hâtives sur tous les éléments présentés sur les maquettes et les nouveaux visuels que nous publions dans cet article. Certains choix restent encore à trancher et des éléments d’architecture seront affinés au cours de la suite des études. En particulier la phase d’avant-projet détaillé (APD), qui doit débuter en mars 2023 et suivra la phase d’avant-projet sommaire (APS) débutée en mars 2021. L’APD doit pour mémoire déboucher sur la signature du dossier de lancement en réalisation (DLR) en 2025. La commande du bâtiment sera alors notifiée, le programme étant industriellement piloté par MO Porte-Avions, 65% pour Naval Group et 35% Chantiers de l’Atlantique.



PREMIER ARTICLE


VOICI A QUOI RESSEMBLERA LE FUTUR PORTE-AVIONS GEANT DE LA FRANCE

Ce porte-avions français, qui déplacera près de 82 600 tonnes, a vu son design initial mis à jour avec notamment une nouvelle configuration des superstructures en îlot.


Par Oliver Parken, The War Zone, 20 octobre 2022

Article original en Anglais


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Le futur porte-avion PA-Ng tel que représenté dans l'un des nouveaux rendus du consortium entre Naval Group et les Chantiers de l’Atlantique. © Naval Group


De nouveaux rendus et une nouvelle maquette du futur porte-avions à propulsion nucléaire français, destiné à remplacer l'actuel R91 "Charles de Gaulle", ont été révélés tout récemment par le constructeur naval français Naval Group, qui appartient en partie à l'État. Les nouvelles vues de ce qui est actuellement connu sous le nom de "porte-avions de nouvelle génération", ou PA-Ng, ont été présentées par le constructeur naval lors de la conférence EuroNaval 2022 à Paris le 18 octobre dernier.


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Programme industriel d'envergure au service de la souveraineté française, la construction du PANG est pourvoyeur d'emplois sur tout le territoire français. Il est le fruit d'une puissante alliance industrielle entre Chantiers de l'Atlantique et Naval Group qui sont tous deux maîtres d'œuvre à travers notre Joint Venture "MO Porte-Avions". © Naval Group

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Illustration du PANG R-92 présentée à EuroNaval 2022. © Naval Group


Le futur porte-avions français PA-Ng est doté d'une conception de type CATOBAR (Catapult Assisted Take-Off Barrier Arrested Recovery), d'un pont incliné et d'une superstructure en îlot relativement petite située sur le côté et à l'arrière et dotée d'antennes radar à balayage électronique actif (AESA) encastrées. En fait, il ressemble à certains égards, avec un air de petit cousin, aux porte-avions de la nouvelle classe Ford de l’US Navy. C’est en décembre 2020 que le président français Emmanuel Macron a annoncé que son gouvernement avait lancé le programme de développement d'un nouveau porte-avions à propulsion nucléaire, un navire dont les études préliminaires avaient commencé en 2018. Ce PA-Ng est destiné à remplacer l’actuel porte-avions Charles de Gaulle en 2038. 


Vidéo sur Twitter (Durée 35sec)


Plusieurs différences clés dans la conception du PA-Ng sont perceptibles lorsqu'on compare les rendus antérieurs de ce porte-avions publiés par Naval Group et par le ministère français des Armées en 2020 avec les nouveaux rendus présentés à EuroNaval 2022. Ces différences portent sur une conception retravaillée de l'îlot de commandement du navire, des modifications du pont d'envol et des changements aux différents caissons de protection placés de chaque côté du navire.

La forme et la taille de l'îlot du porte-avions passe d'une forme elliptique initiale à une configuration plus carrée. Il est également à noter que la disposition des hublots de la passerelle a été modifiée, ainsi que l'emplacement et la configuration des dômes recouvrant le château. Bien que les quatre panneaux radar SeaFire, initialement vus dans les rendus de 2020 soient toujours là, le sommet en forme de cône de l'îlot de commandement a été remplacé par une configuration différente qui met mieux en évidence les dômes de communication par satellite.


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Illustration montrant la version initiale du PA-Ng avec son ilot de commandement de forme elliptique. © Naval Group

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Vue de face du PA-Ng en 2022 avec son ilôt de commandement plus rectiligne. © Naval Group


L'évolution de l'îlot principal du navire est encore plus évidente si l'on compare le modèle de navire présenté à EuroNaval 2022 à un modèle antérieur qui avait été montré au président Macron en décembre 2020. Un nouveau point de décollage et d'atterrissage pour hélicoptères a également été ajouté à la zone du pont d’envol située derrière l'îlot de commandement, aux côtés d'une zone de maintenance des aéronefs.

Des différences peuvent également être observées dans le placement des diverses projections latérales qui fournissent une extension utilitaire pour le placement d'armes et de capteurs, entre autres utilisations. Le rendu de 2020 de Naval Group montre clairement deux caissons de protection en saillie vers la proue du navire, qui semblent supporter des systèmes d'armes rapprochées Rheinmetall Oerlikon Millennium Gun, entre autres radomes. Toutefois, dans la version actualisée de 2022, ces caissons ont été déplacés et les systèmes d'armes rapprochés ont été repoussés plus loin vers la poupe du navire.

Il faut également noter que les nouveaux rendus et la nouvelle maquette donnent une idée plus précise du nombre d'avions que le porte-avions pourrait accueillir en position de stationnement sur son pont. Dans les rendus de 2020, deux illustrations distinctes montrent le bord droit du porte-avions avec un nombre différent de places de stationnement devant le château - l'un avec 10, l'autre avec 8. Les rendus et la maquette de 2022 montrent tous deux le bord droit du porte-avions avec 8 places de stationnement, ce qui indique que, pour l'instant du moins, Naval Group s'est décidé pour un total de 8 places de stationnement de ce côté et non plus 10.


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Représentation de 2020 du PA-Ng, vue de côté, montrant 10 emplacements de stationnement pour avions sur le bord droit du porte-avions devant l'îlot de commandement. © Naval Group

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Autre représentation de 2020 du PA-Ng, vue de côté arrière cette fois, montrant 8 emplacements de stationnement pour avions sur le bord droit du porte-avions devant l'îlot de commandement. © Naval Group

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Une vue de 2022 du PA-Ng, montrant à nouveau 8 emplacements de stationnement pour avions sur le bord droit du porte-avions devant l'îlot de commandement. © Naval Group


La forme générale du pont d'envol a également été légèrement modifiée. Selon Xavier Vavasseur de Naval News, ce changement a été effectué pour permettre l'installation d'un troisième système électromagnétique de lancement d'aéronefs (EMALS) sur le porte-avions, si nécessaire. Les EMALS du PA-Ng seront fournis par General Atomics. 

Les dernières spécifications du PA-Ng, qui ont été communiquées avant le début d'EuroNaval 2022 par la Direction générale de l'armement (DGA), l'agence d'acquisition et de technologie de défense du gouvernement français, indiquent que le porte-avions aura une longueur totale de 310 m et un déplacement d'environ 82 500 tonnes. Le Charles de Gaulle, en comparaison, mesure environ 260 m et ne déplace que 42 500 tonnes métriques. Deux réacteurs nucléaires K22, livrés par TechnicAtome, alimenteront le système de propulsion du navire et le propulseront jusqu'à une vitesse de 30 nœuds (plus que le Charles de Gaulle), tout en fournissant de l'énergie électrique aux différents systèmes du navire. En outre, Naval News souligne que la DGA est toujours en train de peser un certain nombre d'options pour les systèmes d'armes et de capteurs du porte-avions, sans que rien ne soit encore "gravé dans le marbre".

Le PA-Ng devrait avoir un équipage d'environ 2 000 marins. Selon Olivier de Saint-Julien, président de MO Porte-Avions ("MO Porte-Avions" est une joint-venture entre Naval Group et les Chantiers de l'Atlantique, qui est chargée de la gestion globale du programme PA-Ng), une partie de l'équipage sera constituée d'ingénieurs avion. Christina Mackenzie, de Breaking Defense, cite de Saint-Julien, qui explique que la Marine française "veut être en mesure d'entreprendre à bord les types de réparations qui seraient normalement effectuées par le constructeur." Selon les derniers chiffres, les mécaniciens d'aéronefs du PA-Ng assureront l'entretien de la flotte du porte-avions, composée d'environ 30 chasseurs de nouvelle génération (NGF) et de chasseurs Rafale M de Dassault. Le navire transportera également des E-2D Advanced Hawkeyes et divers drones militaires.

Si l'on se fie au calendrier du programme du porte-avions, il est possible que d'autres changements soient apportés à la conception du PA-Ng au cours des prochaines années, avec la possibilité d'autres adaptations à long terme.  La phase d'études préliminaires du porte-avions ne devrait pas se terminer avant le premier trimestre 2023. En outre, selon Breaking Defense, M. de Saint-Julien affirme que le dessin final du PA-Ng ne sera pas fixé avant 2025. La décision de lancer la phase de développement et de production devrait intervenir fin 2025/début 2026 - une fois déclenchée, cette période s'étendra de 2026 à 2036.

M. de Saint-Julien indique également que la conception finale sera capable d'accueillir des technologies plus récentes à l'avenir, il a déclaré à ce propos : "Le PA-Ng sera conçu de manière à pouvoir être modernisé progressivement et le système de combat pourra évoluer (..) Nous ne savons pas aujourd'hui quel type de technologie sera disponible dans 15 ans, nous devons donc permettre aux nouvelles technologies d'être facilement adaptées dans le PA-Ng".

Le navire devrait être construit dans la cale sèche des Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, sur la côte ouest de la France, la seule en France à pouvoir accueillir un tel mastodonte. Les premiers essais en mer du porte-avions devraient avoir lieu fin 2035 ou début 2036, pour une livraison fin 2036 / début 2037. Le PA-Ng devrait entrer en service à la fin de 2037 ou au début de 2038, date à laquelle le Charles De Gaulle sera retiré du service.

Que "MO Porte-Avions" soit ou non en mesure de respecter ce calendrier, ce n’est pas sûr. Mais ce qui sûr, c’est que le développement du PA-Ng est important pour la France et sa marine. La France et les États-Unis sont les seuls pays au monde dont les marines exploitent des porte-avions CATOBAR à propulsion nucléaire. L'anticipation du rôle futur du porte-avions dans les opérations de l'OTAN et des pays alliés indique certainement que les autorités françaises restent déterminées à faire progresser le projet et les capacités de la marine française en matière de porte-avions au cours des prochaines décennies.

FIN







SECOND ARTICLE


LES ATLANTIQUE ATL 2 AMELIORES DE LA FRANCE SONT PLUS QUE DE SIMPLES AVIONS DE PATROUILLE MARITIME
La dernière version de l'avion de patrouille maritime Atlantique 2, récemment mise en service, est désormais tout aussi compétente dans des missions terrestres.


Par Thomas Newdick, The War Zone, 15 novembre 2022



Article original en Anglais


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Un Atlantique 2 modernisé. © Dassault Aviation


La Marine française a officiellement atteint sa capacité opérationnelle optimale avec la dernière version de l'avion de patrouille maritime Atlantique 2, ou ATL 2, garantissant ainsi que ces appareils qui datent de la guerre froide resteront au sommet de leurs capacités jusque dans les années 2030. Pour la Marine française, ces avions se sont déjà avérés être des atouts remarquablement polyvalents pour de nombreuses missions au-delà de leur rôle principal traditionnel de chasse aux sous-marins.

Avec les améliorations de Standard 6 apportés aux Atlantique 2, ces élégants bimoteurs sont désormais tout aussi aptes à protéger la flotte française des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE), qu’à attaquer des navires de surface, ainsi qu'à effectuer des missions terrestres de reconnaissance et de conduite de frappe avec des armes de précision.

Dans un communiqué publié hier lundi 14 novembre, la Marine nationale française a annoncé que l'ATL 2 Standard 6 avait été déclaré pleinement opérationnel, une étape franchie le 10 novembre sur la base aéronavale de Lann-Bihoué, en Bretagne dans l’ouest de la France. L'entrée en service a été signée par l'amiral Pierre Vandier, chef d'état-major de la marine française.


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Un avion de patrouille maritime Atlantique 2 de la marine française dans sa fonction traditionnelle, la surveillance maritime. © Dassault Aviation


"Ce jalon atteste de la capacité de l'avion à mener l'ensemble du spectre des missions qui lui sont désormais assignées ", a déclaré l'amiral Vandier. Un communiqué de la Marine nationale ajoute que : "cette rénovation en profondeur de l'Atlantique 2 en fait un outil compétitif face aux menaces modernes. Jusqu'à la fin de leur durée de sa vie, estimée pour 2035, les 18 appareils modernisés au standard 6 permettront à la France de rester au niveau de ses alliés les plus performants dans ce domaine."


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Images du vol du 10 novembre de l’Atlantique 2 standard 6. © Marine nationale


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Vue du soleil levant depuis le cockpit d'un Atlantique 2 de la Marine française décollant de la base aéronavale de Lann-Bihoué, le 16 juin 2022. © Fred Tanneau, AFP


À ce jour, neuf des ATL 2 ont été mis à niveau au standard 6 et remis en service dans la marine française. Le processus d'évolution vers la capacité opérationnelle totale a débuté il y a deux ans, après la déclaration de capacité opérationnelle initiale. Aujourd'hui, la plate-forme ATL 2 est jugée apte à entreprendre tout le spectre des missions qui lui ont été assignées.

L'ATL 2 a été développé à l'origine pour la lutte anti-sous-marine (ASW) comme mission principale, le premier prototype ayant volé le 8 mai 1981 à Toulouse. Cependant, cette conception était une simple refonte du Breguet 1150 Atlantic, qui avait volé 20 ans plus tôt et qui était destiné à doter une plate-forme de lutte anti-sous-marine commune aux opérateurs européens de l'OTAN. L'Atlantic de première génération a d'abord été utilisé par les armées française, allemande, italienne et néerlandaise, puis exporté au Pakistan.


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Un Breguet 1150 Atlantic de première génération en service dans la marine française photographié en 1984. © Colin Cooke


Désormais produit par Dassault Aviation, l'ATL 2 a été acheté par la Marine française uniquement. Les 28 premiers exemplaires ont été livrés en 1989 et, par rapport à l'Atlantic, l'avion offrait des capacités de lutte anti-sous-marine nettement améliorées pour faire face à la nouvelle génération des sous-marins russes plus silencieux et plus rapides, ainsi que des capacités accrues pour opérer dans la lutte contre les navires de surface.

Avec une autonomie de près de 8000 km ou une endurance de 14 heures de vol non-stop, ainsi qu'une capacité généreuse pour l'équipement, les réserves et les postes d'équipage, l'ATL 2 s'avère une réussite. L’Atlantique est passé d'un profil de mission anti-sous-marine et de patrouille maritime assez limité avec le Breguet 1150 à un rôle accru dans le domaine des missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, et même de guidage de frappe sur des cibles terrestres avec l’ATL 2 au standard 6.


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Un membre d'équipage observe alors qu'il survole la mer Noire le 21 juillet 2022 depuis un Atlantique 2. Le "Mark One Eyeball" (NdT – Mark One Eyeball est un terme du jargon militaire américain qui désigne l’observation attentive visuelle) est toujours une surveillance essentielle et la large verrière offre une excellente vue. © Louisa Goulimaki, AFP


Le programme de modernisation du Standard 6 a été lancé en 2013 et se concentre sur les améliorations avioniques, notamment un radar de surveillance Thales Searchmaster à balayage électronique actif mis à jour, une nouvelle tourelle de capteurs MX-20 avec des caméras électro-optiques et infrarouges, un nouveau système de traitement acoustique numérique et un nouvel ordinateur tactique. L'équipage type de l’ATL 2 au standard 6 est de 14 personnes (dont quatre dans le cockpit). Il dispose de nouvelles consoles pour l'affichage tactique et tous les sous-systèmes de navigation.


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La tourelle de détection MX-20 sous le fuselage arrière d'un Atlantique 2. © Dassault Aviation


En même temps, bien sûr, des capteurs de la version précédente de l’Atlantique 2 ont été conservés. Il s'agit notamment des bouées acoustiques passives et actives, d'une caméra infrarouge à balayage frontal (FLIR) située sous le nez et distincte du nouveau MX-20, qui sert principalement à détecter les cibles de surface, du détecteur d'anomalies magnétiques (MAD) situé dans la queue de l'appareil, qui permet de repérer les sous-marins immergés, et des nacelles de mesures d'appui électronique situés en bout d'aile, qui permettent d'intercepter les transmissions radio.

La mise à niveau au standard 6 sont entrepris par Dassault en collaboration avec le Service Industriel de l'Aéronautique (SIAé) du ministère de la défense, qui assure la maintenance et la modernisation pour le compte des forces armées françaises.

La version Standard 6 de l'ATL 2 a déjà été exposée à des environnements opérationnels en mer Baltique, en Méditerranée centrale et orientale, dans l'océan Indien ou dans le golfe de Guinée, ainsi que dans les eaux territoriales françaises et leur approche, y compris la protection de sa flotte de sous-marins et du porte-avions R91 Charles de Gaulle.

Le changement le plus remarquable dans le profil de mission de l'ATL 2 a sans doute été l'adoption d'opérations terrestres, notamment la participation à des campagnes anti-insurrectionnelles au Moyen-Orient et en Afrique de l'Ouest. L'ensemble électro-optique MX-20, qui a commencé à être monté dans une "boule" sous le fuselage arrière de certains ATL 2 avant le standard 6, a été un élément essentiel du succès de ces opérations. La tourelle gyroscopique MX-20 contient quatre caméras différentes, toutes avec une définition relativement élevée pour identifier les points d'intérêt. Le système est principalement employé lors de missions terrestres.


Vidéo YouTube sur un vol à bord de l’Atlantique 2 (Durée 1min35)


"Nous sommes les seuls avions français équipés d'autant d’appareils d'imagerie et de surveillance électromagnétique et capables de rester aussi longtemps dans la zone - jusqu'à 14 heures en mission", a déclaré le commandant de l'un des deux escadrons ATL 2 à AirForces Monthly en 2019. "Cela nous permet d'évaluer les informations, de les renforcer, de nous assurer qu'il s'agit d'une cible à traiter et de libérer des armes."

La même tourelle est également utilisée pour le guidage laser, ce qui permet à l'ATL 2 de larguer jusqu'à quatre bombes à guidage laser de la série Paveway fabriquées aux États-Unis, notamment des types GBU-12/B de 250 kg ou GBU-58/B de 125 kg. Avant l'ajout de la tourelle MX-20, l'ATL 2 pouvait larguer ces bombes, mais il fallait pour cela qu'un autre avion assure le guidage sur la cible.


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Un avion de patrouille maritime ATL 2 avec 4 bombes à guidage laser GBU-12 Paveway II dans sa soute ouverte. © Laki_Demonios


Avec deux GBU-12/B dans la soute, la durée de vol maximale de l'ATL 2 n'est réduite que de 15 minutes, ce qui lui permet de rester en patrouille pendant une durée impressionnante, par exemple pour recueillir des images et d'autres données de renseignement et les transmettre à d'autres ressources via des communications par satellite, tout en attendant une cible d'opportunité qui pourrait se présenter. Ces armes font désormais partie de l'arsenal de l'ATL 2 au même titre que les torpilles anti-sous-marines MU90 (jusqu'à huit) et les missiles antinavires AM.39 Exocet (transportés par paires).


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Capture d'écran d'une vidéo d'un tir de missile AM-39 Exocet par un ATL 2. © Amiral Vandier


Un autre aspect peu connu de l'ensemble des missions terrestres de l'ATL 2 est sa capacité à transporter des commandos de marine. Pour ce faire, une trappe située à l'arrière du fuselage a été transformée en toboggan pour leur parachutage.

Le fait que l'ATL 2 se soit avéré si bien adapté à des missions terrestres de lutte contre le terrorisme signifie qu'il a été beaucoup plus actif dans ce rôle que dans des spécialités plus traditionnelles comme la lutte anti-sous-marine au cours des deux dernières décennies. Au cours de ce processus, l'avion a également pris part à certains incidents très médiatisés. Par exemple, un ATL 2 déployé dans le pays ouest-africain du Niger a été utilisé pour aider à retrouver des otages français en janvier 2011 sur un site proche de la frontière avec le Mali voisin. Il s'en est suivi un effort de sauvetage impliquant les forces spéciales françaises et trois hélicoptères Cougar, bien que les deux jeunes otages aient malheureusement été tués dans le processus.


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Banc des opérateurs tactique bord d'un Atlantique 2 de la Marine française. © Fred Tanneau, AFP


Malgré l'importance des ATL 2 pour les opérations françaises ces dernières années, le processus de déclaration de la pleine capacité opérationnelle du Standard 6 amélioré ne s’est pas fait sans retard. La Marine française a commencé à évaluer l'aptitude de ce nouveau standard en décembre 2020, après une campagne d'évaluation opérationnelle menée par son centre d'essais en vol. À ce moment-là, la capacité opérationnelle totale devait être atteinte et mise en service à la fin de 2021. La mise à niveau de la flotte des Atlantiques 2 est désormais à mi-parcours, les neuf appareils restants à moderniser devraient être redélivrés d'ici 2024.


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Un Atlantique 2 au standard 6. © Anthony Pecchi


Il existe actuellement un point d'interrogation quant au successeur à long terme de l'ATL 2. Auparavant, la France et l'Allemagne devaient remplacer leurs flottes respectives de patrouilleurs maritimes par une plateforme commune, mais l’Allemagne s’est entre temps tournée en 2006 vers le Lockheed P-3C Orion en achetant 8 pour sa Marineflieger.

Ce nouvel avion franco-allemand aurait été développé dans le cadre du système de guerre aérienne maritime, il aurait ainsi inclus une suite complète de capteurs, d'armes et même de drones d’accompagnement. Cependant, la décision très récente de Berlin d'acquérir cinq avions P-8A Poseidon a jeté le doute sur ce plan. Alors que le P-8 a été officiellement décrit comme une solution provisoire pour la marine américaine, il est très plausible que l'Allemagne s'en tienne simplement au Poseidon à long terme.

Cela pourrait laisser la France faire cavalier seul avec le développement d'un remplaçant de l'ATL 2, qui devrait entrer en service à partir de 2035. Dassault a déjà proposé une version de patrouille maritime de son bizjet Falcon 10X, mais la marine française pourrait bien préférer les performances et la capacité supplémentaires offertes par une plate-forme basée sur le biréacteur de ligne Airbus A320neo, déjà proposé comme candidat à la lutte aéromaritime par Airbus.


Vidéo YouTube d’Airbus Defence and Space sur une version multi-mission de l'A320neo (Durée 3 min)


Il sera intéressant de voir si le successeur désigné pour l'ATL 2 incorpore certaines des capacités multimission qu'il offre actuellement avec son standard 6. Quoi qu'il en soit, il semble que la France perdra finalement sa capacité de patrouille maritime à turbopropulseurs au profit d'avions équipés de réacteurs. Mais comme il reste encore beaucoup à décider, il est possible que l'ATL 2 doive rester en service au-delà de la date prévue de sa mise à la retraite.

FIN


ouaf ouaf ! bon toutou !!

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#2 [↑][↓]  07-12-2022 18:58:51

Henry
Copilote
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Date d'inscription: 19-11-2010

Re: [Réel] La modernisation de notre aéronavale vue des USA

Merci Philou pour ces intéressants articles (et pour la traduction)


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#3 [↑][↓]  13-12-2022 12:44:05

Marcstrasb
Modérateur
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Date d'inscription: 14-03-2008
Renommée :   38 

Re: [Réel] La modernisation de notre aéronavale vue des USA

Merci beaucoup pour ces articles !


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