#1 [↑][↓]  04-05-2008 14:42:45

Tosca
Copilote
Date d'inscription: 13-03-2008
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#2 [↑][↓]  04-05-2008 19:07:52

Clamon
Pilote confirmé
Date d'inscription: 19-03-2008
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Re: Merci de ce message.

:v  Hello   smile

Jadis des quatre vents la fureur triomphait ;
De ces quatre chevaux échappés l'homme a fait
L'attelage de son quadrige ;
Génie, il les tient tous dans sa main, fier cocher
Du char aérien que l'éther voit marcher ;
Miracle, il gouverne un prodige.

Char merveilleux ! son nom est Délivrance. Il court.
Près de lui le ramier est lent, le flocon lourd ;
Le daim, l'épervier, la panthère,
Sont encor là, qu'au loin son ombre a déjà fui ;
Et la locomotive est reptile, et, sous lui,
L'hydre de flamme est ver de terre.

Une musique, un chant, sort de son tourbillon.
Ses cordages vibrants et remplis d'aquilon
Semblent, dans le vide où tout sombre,
Une lyre à travers laquelle par moment
Passe quelque âme en fuite au fond du firmament
Et mêlée aux souffles de l'ombre.

Car l'air, c'est l'hymne épars ; l'air, parmi les récifs
Des nuages roulant en groupes convulsifs,
Jette mille voix étouffées ;
Les fluides, l'azur, l'effluve, l'élément,
Sont toute une harmonie où flottent vaguement
On ne sait quels sombres Orphées.

Superbe, il plane, avec un hymne en ses agrès ;
Et l'on croit voir passer la strophe du progrès.
Il est la nef, il est le phare !
L'homme enfin prend son sceptre et jette son bâton.
Et l'on voit s'envoler le calcul de Newton
Monté sur l'ode de Pindare.

Le char haletant plonge et s'enfonce dans l'air,
Dans l'éblouissement impénétrable et clair,
Dans l'éther sans tache et sans ride ;
Il se perd sous le bleu des cieux démesurés ;
Les esprits de l'azur contemplent effarés
Cet engloutissement splendide.

Il passe, il n'est plus là ; qu'est-il donc devenu ?
Il est dans l'invisible, il est dans l'inconnu ;
Il baigne l'homme dans le songe,
Dans le fait, dans le vrai profond, dans la clarté,
Dans l'océan d'en haut plein d'une vérité
Dont le prêtre a fait un mensonge.

Le jour se lève, il va ; le jour s'évanouit,
Il va ; fait pour le jour, il accepte la nuit.
Voici l'heure des feux sans nombre ;
L'heure où, vu du nadir, ce globe semble, ayant
Sont large cône obscur sous lui se déployant,
Une énorme comète d'ombre.

La brume redoutable emplit au loin les airs.
Ainsi qu'au crépuscule on voit, le long des mers,
Le pêcheur, vague comme un rêve,
Traînant, dernier effort d'un long jour de sueurs,
Sa nasse où les poissons font de pâles lueurs,
Aller et venir sur la grève,

La Nuit tire du fond des gouffres inconnus
Son filet où luit Mars, où rayonne Vénus,
Et, pendant que les heures sonnent,
Ce filet grandit, monte, emplit le ciel des soirs,
Et dans ses mailles d'ombre et dans ses réseaux noirs
Les constellations frissonnent.

L'aéroscaphe suit son chemin ; il n'a peur
Ni des piéges du soir, ni de l'âcre vapeur.
Ni du ciel morne où rien ne bouge,
Où les éclairs, luttant au fond de l'ombre entre eux,
Ouvrent subitement dans le nuage affreux
Des cavernes de cuivre rouge.

Il invente une route obscure dans les nuits ;
Le silence hideux de ces lieux inouïs
N'arrête point ce globe en marche ;
Il passe, portant l'homme et l'univers en lui ;
Paix! gloire! et, comme l'eau jadis, l'air aujourd'hui
Au-dessus de ses flots voit l'arche.

Le saint navire court par le vent emporté
Avec la certitude et la rapidité
Du javelot cherchant la cible ;
Rien n'en tombe, et pourtant il chemine en semant ;
Sa rondeur, qu'on distingue en haut confusément,
Semble un ventre d'oiseau terrible.

Il vogue ; les brouillards sous lui flottent dissous ;
Ses pilotes penchés regardent, au-dessous
Des nuages où l'ancre traîne,
Si, dans l'ombre, où la terre avec l'air se confond,
Le sommet du Mont-Blanc ou quelque autre bas-fond
Ne vient pas heurter sa carène.

.....

La vie est sur le pont du navire éclatant.
Le rayon l'envoya, la lumière l'attend.
L'homme y fourmille, l'homme invincible y flamboie ;
Point d'armes ; un fier bruit de puissance et de joie ;
Le cri vertigineux de l'exploration !
Il court, ombre, clarté, chimère, vision !
Regardez-le pendant qu'il passe, il va si vite !

.....

Faisant à l'homme avec le ciel une cité,
Une pensée avec toute l'immensité,
Elle abolit les vieilles règles,
Elle abaisse les monts, elle annule les tours ;
Splendide, elle introduit les peuples, marcheurs lourds,
Dans la communion des aigles.

Elle a cette divine et chaste fonction
De composer là-haut l'unique nation,
A la fois dernière et première,
De promener l'essor dans le rayonnement,
Et de faire planer, ivre de firmament,
La liberté dans la lumière.


.................................PLEIN CIEL- Victor Hugo

Merci, Claude

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#3 [↑][↓]  04-05-2008 21:45:18

Tosca
Copilote
Date d'inscription: 13-03-2008
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Re: Merci de ce message.

Que dire de plus, c'est un maître.
Didier :v

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