#1 [↑][↓]  04-09-2017 18:46:31

philouplaine
Copilote
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[Réel] Archéo Aéro - 1941: Stop Japan now!

Archéologie Aéronautique?
Qu’est-ce donc ? Comme en archéologie, on fouille ... dans les vieux numéros des revues spécialisées d'il y a 80-90-100 ans, pour dénicher des choses intéressantes (j'espère) à raconter ...


Chers amis,

Stop Japan now! Voici un titre qui peut paraître un brin étrange, voire hors-sujet dans un forum dédié à l’aviation mais, dans trois mois, le 7 décembre, nous allons commémorer l’infamie de l’attaque japonaise sur Pearl Harbour, voici 76 ans. Cet article, que j’ai traduit pour vous du magazine américain Flying & Popular Aviation, est une bien curieuse coïncidence, comme celles que les conspirationnistes apprécient. En effet, il est paru dans le numéro de décembre 1941, juste quelques jours avant ce funeste dimanche 7 décembre 1941 qui vit l’attaque surprise de l’aéronavale japonaise sur la flotte américaine du Pacifique. Or, l’auteur de cet article de fond insiste sur le fait que les USA doivent attaquer le Japon les premiers sinon ...

Étonnant titre prémonitoire que ce Stop Japan now ! Cet article contient d’autres indications extrêmement intéressantes à lire, pour nous qui connaissons ce qui s’est passé ensuite. J’ai pensé que, peut-être, vous aimeriez lire tout cela, c’est étonnant vous verrez.

L’auteur, James R Young, a été pendant 13 ans avant-guerre le correspondant des International News Service au Japon. L’International News Service était une agence de presse fondée par William Hearst en 1909 et qui devint, en 1959, la fameuse United Press. Pendant ses 13 ans au Japon, James Young passa 61 jours dans les prisons japonaises, pour insulte envers l’Armée Impériale et pour ses activités de correspondant de guerre des Etats-Unis en Chine où il fut inquiété pour espionnage en 1937 et 1938. On verra dans ce long article qu’il connaissait vraiment bien le Japon et, surtout, ses faiblesses.
Bonne lecture !

Philippe


La couverture du numéro de décembre 1941 du mensuel Flying:
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James R. Young
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Voici la traduction de l'article.


Stop Japan now !

La puissance navale et aérienne américaine peut mettre immédiatement un terme au risque d’une agression japonaise si elle est utilisée maintenant, affirme l'auteur de cet article. Il plaide pour que les États-Unis ne se laissent pas intimider par le bluff des Nippons.


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Traduction de la légende : Les bombardements de Chunking sont continuels uniquement parce que les bombardiers japonais ne rencontrent aucune résistance.

La menace japonaise dans le Pacifique correspond à un plan stratégique des puissances de l’Axe pour empêcher, dans le cas où les Etats-Unis entreraient dans la guerre, que la Flotte américaine du Pacifique rejoigne l’Océan Atlantique pour y renforcer la protection des convois. Si nous recevons au bon moment l’aide la Grande-Bretagne dans le Pacifique, alors cette menace japonaise ne serait rien de plus qu’un bluff. En fait, c’est maintenant le bon moment pour agir dans le Pacifique. Aujourd’hui le Japon est vulnérable à une attaque par des unités de notre Armée et de notre Flotte qui lanceraient un assaut combiné depuis nos bases de l’Alaska, des Philippines, d’Hawaii et même de nos bases en Chine. Notre aviation à elle seule est aujourd’hui suffisamment puissante pour détruire la seule menace réelle du Japon, sa Flotte, et pour raser ses villes et ainsi rendre le Japon totalement inutile à l’effort de guerre de l’Axe.
Tout comme la machine de guerre allemande a broyé les petits pays des Balkans en Europe, le plan Nazi utilise le Japon comme le moyen de pousser les Etats-Unis au silence et à perdre son temps dans des « négociations de paix » qui traînent en longueur. Ce plan pousse aussi à faire en sorte que l’opinion américaine voit dans l’Empire du Soleil levant un redoutable adversaire. Dans ce plan, l’Axe utilise le Japon comme un pivot sur lequel il prend appui pour menacer indirectement les Etats-Unis. La première partie de ce plan a débuté le 22 juin dernier par l’agression de l’Allemagne contre la Russie soviétique. Va-t-on attendre la partie suivante de ce plan, très probablement une agression contre nous, sans rien faire ?

On sait qu’en ce moment même, les Japonais organisent et entraînent des Russes Blancs à Harbin, Tientsin et Shanghai en vue de former un gouvernement fantoche qu’ils installeraient en Sibérie, en accord avec l’Allemagne. Nos voies de transport d’armes et de munitions pour la Russie qui passent par les ports et aérodromes de la Sibérie sont, en ce moment même, menacées par le million de soldats que le Japon entretient en Mandchourie. Le jour où les Soviétiques seront battus par cette machine de guerre Nazie, toujours victorieuse jusqu’à présent, ce jour-là les Etats-Unis seront dans une situation difficile. Ce jour-là, les japonais installeront un gouvernement fantoche en Sibérie, ils seront alors libres pour pousser leur million d’hommes en Chine et lancer deux autres millions de soldats vers le sud du Pacifique. En Chine, les japonais seront aidés des Allemands qui attaqueront depuis l’Asie centrale dans un vaste mouvement de pince. Puis ce sera ensuite la ruée de l’Axe vers la péninsule indienne où les attaquants seront renforcés par les armées allemandes actuellement dans les Balkans et celles de l’Afrika Korps. Rien ne résistera à de tels assauts. La seule action envisageable aujourd’hui pour parer une telle menace dans l’avenir est de frapper tout de suite le Japon sans attendre, et de frapper fort en combinant la puissance de nos Armées de terre, de mer et de l’air.

Si nous permettons, par notre attentisme, aux pays totalitaires de l’Axe de contrôler l’Asie, alors nous ouvrons notre Côte Ouest aux japonais. De même que le futur plan d’Hitler sera de nous attaquer simultanément sur la Côte Est et d’envahir la Nouvelle Angleterre. Après l’Angleterre, la Nouvelle-Angleterre ! Mais, si nous attaquons tout de suite le Japon et qu’en même temps, les Allemands subissent leur premier revers sur le front de l’est en Europe alors, oui, les démocraties pourront un jour être rétablies en Europe.

En ce moment même, l’Orient est une vraie marmite bouillante. Si jamais, Staline était balayé ou même s’il restait au pouvoir après avoir signé une paix forcée avec l’Allemagne, alors nous aurions aussitôt les forces japonaises sur le dos. Pire même, vues les grands-écarts que Staline a souvent montré auparavant, je ne serai pas surpris si, après avoir signé la paix avec l’Allemagne, la Russie soviétique défaite rejoignait l’Axe et nous attaquait à son tour, forcée en quelque sorte par la volonté de son vainqueur. La Chine serait alors éjectée des évènements avant d’avoir pu dire ouf, la Thaïlande et les Philippines se trouveraient annexées pas le Japon en un éclair. Singapour resterait isolée et assiégé sur son île. Et nos voies commerciales vitales pour notre approvisionnement en mica, caoutchouc, manganèse, tungstène et étain seraient alors menacées d’être coupées par le mouvement en tenaille des Armées Nipponnes progressant vers l’Australie. Si nous n’agissons pas vite, alors nous seront soumis à une pression invivable. Nous serons forcés de quitter le Pacifique et de laisser tout cet océan à la seule puissance combinée du Japon et de l’Allemagne. C’est inévitable.

Notre devoir immédiat est de déjouer ce plan japonais d’encerclement. On doit leur faire une offre à la Hobson  (NdT : Une offre à la Hobson, expression bien connue dans les pays anglophones, est une offre où l’on propose à quelqu’un soit de choisir ce qu’on veut, soit ... rien ! C’est en fait une offre du type : à prendre ou à laisser. Son nom anglais vient de Thomas Hobson qui, au XVIème siècle, tenait un relais de poste en Angleterre et proposait systématiquement à chacun de ses clients le cheval qui était le plus proche de la porte de l’écurie et lui interdisait les autres. Le client avait alors le choix de prendre la rossinante ou bien ... aucun cheval de rechange). Soit les Japonais acceptent nos conditions sans discussion, soit nous devons passer à l’action militaire avec fermeté et force sans attendre.

On trouve trois courants de pensée en ce moment en Amérique. 1) le Japon ne peut pas et ne veut pas attaquer les Etats-Unis. 2) L’armée japonaise est bien plus puissante que notre armée, nous serions vaincus. 3) En combinant notre aviation et notre flotte, nous sommes de taille à éliminer n’importe quel bouffon qui nous déclarerait la guerre.
La possibilité d’une attaque surprise du Japon contre nos territoires est, pour le moment contenue par la récente agression allemande contre la Russie. Le Japon craint que la Russie se tourne aussi contre lui. Ils attendent de voir, mais cela ne durera pas. Le Japon est pour le moment menacé au Nord par les Soviétiques, et au Sud par les forces combinées de la Grande-Bretagne, des Indes néerlandaises et des Etats-Unis. Au centre, le Japon est menacé par les forces chinoises du Kuomintang qui résistent bien.

Dans les faits, le Japon est comme prisonnier d’une gigantesque toile d’araignée de forces militaires. Le Japon est à 2400 km au sud de Dutch Harbor, dans nos Aléoutiennes. La pointe septenrtionale du Japon n’est qu’à 800 km seulement des garnisons russes des îles Komandorski dans la Mer de Béring. Le point le plus méridional où le Japon possède une base navale est la Baie de Cam Ranh, dans l’Indochine française, à 4000 km de l’archipel nippon. L’île la plus méridionale de l’archipel nippon, Iwojima, est à 1500 km de Tokio (NdT : à l’époque on écrivait TOKIO et pas TOKYO). Cette même Tokio et ses centres industriels ne sont qu’à 2000 km de nos bases aériennes de l’Alaska où, en ce moment, des bombardiers lourds sont positionnés (NdT : l’auteur ici commet une erreur, la distance entre Tokyo et la base aérienne américaine la plus occidentale des Aléoutiennes n’est pas de 2000 km mais de 4000km !). Et face à Formose, le Gibraltar nippon, on trouve nos troupes et la flotte américaine des Philippines. Le Japon ne tiendrait pas face à un assaut simultané de toutes nos forces du Pacifique. Le Japon s’effondrerait rapidement.

Aujourd’hui, Tokio est un rêve pour tout pilote militaire. Les réservoirs d’eau, les centrales thermiques y sont des cibles faciles. Les cinquante réseaux de transports ferroviaires qui partent de Tokio dépendent tous de centrales localisées presqu’au même endroit en centre-ville. Les rivières japonaises sont presque toutes étroites et riches en rapides. Elles ne sont pas ou peu navigables. Une simple frappe sur ces centrales bloquerait totalement le système de transport urbain long de 300 km qui transporte chaque jour 3 millions de tokioïtes. On compte aussi deux millions de bicyclettes et tout ce beau monde doit se déplacer dans un enchevêtrement de rues étroites. Dans sa banlieue, on compte par milliers les petites usines d’armement qui ont poussé comme des champignons. La destruction ciblée de l’alimentation en eau de Tokio et l’utilisation de bombes incendiaires résulterait en un incendie gigantesque et incontrôlable. Le ravage serait alors total.

Les trains japonais roulent tous sur des voies étroites. Avec les risques de tremblement de terre et de glissement de terrain, qui sont élevés au Japon, les trains exprès ne roulent qu’à la vitesse maximale de 60 km/h. N’importe quel train de marchandise américain roule à une vitesse moyenne de 40 km/h.  De l’aube au crépuscule, sur le seul réseau Norfolk & Western, il y a plus de wagons qui circulent en une seule journée qu’en une semaine dans tout le Japon. En revanche, la presque totalité du réseau nippon est électrifié, en particulier la ligne principale du pays qui va de Tokio à Nagoya et à l’industrieuse Osaka. Une cible évidente pour notre aviation de bombardement. Quatre lignes de chemin de fer principales partent de Tokio. La principale ligne, le Tokido, rejoint l’extrémité méridionale de l’île, à quelques 1 200 km de la capitale en une vingtaine d’heures et en passant à travers une vingtaine de tunnels. Chaque jour, vingt trains assurent le Tokido. Imaginez maintenant que la liaison ferroviaire entre New York et Chicago soit une seule voie étroite au lieu des deux à quatre voies larges actuelles, et vous aurez une assez bonne idée du faible degré de sophistication et du service incommode qu’offre le Tokido. Une autre ligne à voie étroite unique part de Tokio pour rejoindre Yokohama, en passant au-dessus du fleuve à Shinagawa puis rejoint le reste de l’île d’Honshu à travers une chaîne montagneuse. C’est la seule artère du pays par où transitent tout le charbon, l’eau, l’électricité et les minerais demandés par les industries basées à Yokohama dans la banlieue de Tokio. Dans un assez petit espace, se touchant les unes les autres, Yokohama présente des usines d’automobiles, de traitement du caoutchouc, des centrales électriques. Un seul raid de bombardement, partant de nos porte-avions, ou de l’une de nos bases en Sibérie, si les Russes acceptaient, ou d’une de nos bases en Chine suffirait à gripper longtemps l’effort d’armement du Japon. Une seule attaque sur Yokohama!

Une attaque sur Osaka détruirait un important réservoir d’eau potable, vital sur une île, mettrait le feu aux champs de coton et détruirait les usines de chimie et de production d’éthanol, tellement importantes pour l’industrie de l’armement, toutes localisées dans les environs d’Osaka. En outre, Osaka est une centaine de km plus proche de Vladivostok que ne le sont Tokio et Yokohama. Plus à l’ouest d’Osaka, à moins de 500 km, se trouvent de nombreux arsenaux et d’importantes mines de charbon proches de l’Océan Pacifique et sans montagnes pour les protéger. Une attaque combinée venant du nord, Vladivostok est à moins de 1200 km, et du sud, à partir de porte-avions, désemparerait les industries de la région en une seule attaque. Prenons comme critère de comparaison le site industriel de Ford à Dearborn, Michigan, le fameux complexe de River Rouge qui accumule 93 usines sur une surface de près de 4 km2. Ce site produit à lui seul plus que toutes les usines d’armement du Japon réunies. Une seule de nos nombreuses usines produit autant et mieux que toutes les usines nippones ! Cela vous donne une assez bonne image de la taille minuscule de l’industrie japonaise comparée à la nôtre.

Des bombardements de nuit, répétés, laisseraient le pays dans un état totalement sans défense ou presque. Bien plus, les centres industriels et les villes du Japon sont toutes localisées sur les côtes de l’archipel et se touchent les unes les autres. Même des bombardements à l’aveugle seraient dévastateurs. Les bases navales japonaises sont aussi très vulnérables au bombardement du fait du terrain. Les aérodromes japonais, toujours du fait du terrain, sont assez peu nombreux et à cause des importantes chaînes montagneuses au centre des îles de l’archipel, la construction de terrain de dégagement est rendue presqu’impossible. La majeure partie des zones planes de l’archipel est occupée par des rizières ce qui rend la construction de nouveaux aérodromes difficile. Quelques raids de bombardement bien placés et la défense aérienne du Japon serait annihilée.

Il faut aussi souligner le fait que le Japon n’a développé que tout récemment les aides radio  au vol de nuit, que ce soit dans le domaine civil ou dans le domaine militaire. Les japonais ont été très laxistes dans cette pratique de l’aviation. Lors d’opérations nocturnes, notre aviation et notre aéronavale ne rencontreraient de ce fait presqu’aucune résistance aérienne.

Tous ces points montrent bien la faiblesse du Japon face à des bombardements stratégiques. Le fait que les principales cités soient côtières aboutit à ce que les japonais ne peuvent pas déployer des batteries de DCA à une grande distance de leurs villes. En d’autres termes, ils ne pourraient attaquer nos bombardiers avec leur DCA que lorsque ces bombardiers seraient déjà au-dessus de leur objectif.

Une attaque combinée des forces aériennes Américaine et Russe sur le Japon, avec comme objectif de détruire son réseau ferré, serait catastrophique pour le Japon. Ils n’ont encore construit aucune autoroute entre leurs principales cités. Les seules routes qui existent sont à deux voies et en très petit nombre, aussi incroyable que cela paraisse. Les routes d’ailleurs sont tellement étroites et les aérodromes tellement en petit nombre que les avions militaires ne sont pas assemblés là où ils sont construits mais ils sont transporté e pièces détachées sur leurs aérodromes d’attache où ils sont assemblés.

Tous les chantiers navals, tant civil que militaire, sont imbriqués dans les villes et, de ce fait, très vulnérables aux attaques aériennes. Une attaque avec des bombes incendiaires, sur des villes principalement constituées de maison en bois, serait dévastatrice. De plus, l’emport en bombes incendiaires pourrait être limitée afin de permettre aux bombardiers un plus grand emport de carburant afin d’augmenter leur rayon d’action. Même un faible tonnage en bombes incendiaires serait fortement efficace sur les villes japonaises.

Malgré la récente réorganisation des forces aériennes et navales du Japon par le Général Kenji Doihara (qu’on appelle le Lawrence d’Arabie de la Mandchourie tellement il est efficace et plein d’énergie), il est clair que leur avions et leur aéronavale ne sont pas de taille à lutter contre nos bombardiers et nos chasseurs les plus récents. Les estimations de la production d’avion au Japon sont très variables. Le chiffre le plus communément admis est de l’ordre de 250 avions par mois. Le Haut-Commandement Nippon aurait planifié de porter ce chiffre à 360 avions par mois en 1942. Mais le manque de matières premières essentielles à l’industrie aéronautique come l’absence d’industries produisant des machines-outils modernes et l’absence de livraison de tout matériel d’usinage américain depuis l’embargo a dû nécessairement ralentir ce rythme de production. Le Japon, aujourd’hui à la fin de 1941 n’a aucune réserve de matières premières, il est financièrement ruiné, son économie est enraillée et paralysée par l’embargo américain. En aéronautique comme dans l’industrie des automobiles, le Japon a toujours produit en empruntant aux autres. Les carburateurs de ces autos sont français, les pistons de ses moteurs sont américains, les cylindres de ses moteurs sont allemands et italiens, les roulements à billes sont suédois, et tout son caoutchouc provient des Indes Néerlandaises. La totalité de l’aluminium utilisé par l’industrie japonaise est importé. Il est impossible actuellement d’estimer réellement les réserves en matières premières du Japon. Mais, en tant qu’expert dans les industries d’armement, j’estime qu’une agression par les forces nippones contre la Russie ou contre nous, aujourd’hui, serait ni plus ni moins qu’un suicide même si, sous le coup de la surprise, elle pourrait être, au début, victorieuse.

Les principales usines aéronautiques du Japon sont concentrées à Nagoya et à Tokio, les plus importantes étant dans la banlieue de Tokio. Encore une fois, j’insiste sur le fait que ce sont des cités côtières qui ne peuvent donc pas être protégées à distance.  En Europe, les cités allemandes sont loin des côtes pour la plupart et peuvent être protégées par un échelonnement de batteries de DCA sur des centaines de km de profondeur. Rien de cela n’est possible dans l’archipel nippon. Et penser pouvoir organiser une défense antiaérienne en profondeur en cernant les îles japonaises par des échelons de bateaux de DCA n’a pas de sens.

Un autre blocage des industries japonaises est qu’elles ne fonctionnent que pour l’Armée et qu’elles sont supervisées très étroitement soit par l’Armée, soir par la Marine. Il y a en tout huit sociétés de construction d’avion au Japon. La plus importante est la société Mitsubishi Aircraft Works, qui produit des chasseurs, des petits bombardiers, des moteurs d’avion, et des hélices. Un autre constructeur est la société Nakajima. La société Kawanishi s’est spécialisée dans la construction de petits avions monoplace ou biplace pour l’aéronavale. Les autres compagnies sont la société Aichi, la société Showa et la Tokio Gas & Electric Manufacturing Company.

Depuis de nombreuses années, les japonais ont produit un avion en s’inspirant d’un modèle étranger après l’avoir acheté et décortiqué. Ils n’avaient pas vraiment de bureaux d’études produisant des modèles originaux. La limitation d’une telle approche est que lorsque l’avion militaire ainsi produit par imitation arrive sur la ligne de production, il est déjà obsolète. Mais depuis deux ou trois ans, les Japonaise ont modifié cette approche et ont créé de vrais bureaux d’étude qui travaillent aujourd’hui à des modèles originaux, surtout dans la conception des chasseurs. On ne sait pas grand-chose de ce qu’il s’y trame. Ce qui apparaît comme certain, néanmoins, c’est que les constructeurs japonais ont totalement négligé l’étude de réservoirs blindés de même que l’utilisation du blindage pour protéger le pilote de leurs nouveaux chasseurs.

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Traduction de la légende : Voici les tout derniers chasseurs du Japon (NdT : Apparemment, ce sont ici des Nakajima Ki-27 dont le premier vol date de 1936. A l’époque, les japonais utilisaient déjà le fameux chasseur embarqué Mitsubishi A6M "Zéro"  à long rayon d’action qui avait fait son premier vol en 1939 et son premier combat aérien en juillet 1940. L’auteur n’en parle pas ; les zéros seront une très mauvaise surprise des premiers mois de la guerre du Pacifique), ils sont largement surpassés par les avions américains même anciens.

Leurs bombardiers sont des bimoteurs largement inspirés des Heinkel et Junkers allemands. Aucun bombardier quadrimoteur n’est produit en grande quantité. Les moteurs d’avion japonais sont d’une faible puissance par rapport à leur poids. Ils ont un vrai handicap pour ajuster leur méthode de fabrication avec les modèles que l’Allemagne Nazie leur fournit. Beaucoup du travail réalisé dans les usines de leur aéronautique est encore fait à la main. Si la construction navale japonaise est de très grande qualité, c’est parce qu’elle a une histoire. Ce n’est pas le cas de l’aéronautique. Beaucoup des avions produits sont sous-motorisés et les standards de mise au point des nouveaux modèles sont assez bas, en tout cas bien plus bas que ceux des Etats-Unis. Une des conséquences de tout cela est que les pannes du moteur en vol sont fréquentes et qu’il s’ensuit que les accidents aussi sont fréquents.

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Traduction de la légende : Les bombardiers de l’aéronavale japonaise sont des imitations des avions allemands Junkers et Dornier. On les voit ici approcher d’une cible en Chine continentale. Sur la droite, on voit l’officier responsable de la visée et du lancer des bombes dans son poste moderne.

On estime actuellement les Forces Aériennes japonaises à environ 5 000 avions. Plusieurs centaines, voire même un millier d’entre eux sont toujours bloqués au sol à cause de pannes à répétition. De plus, l’embargo américain rend l’approvisionnement en pièce de rechange étrangère très difficile. La plupart des éléments de leurs avions sont d’origine étrangère. Ils n’ont pas le savoir-faire correspondant. Les  5000 avions se répartissent comme suit : l’aéronavale se taille la part du lion avec 3000 appareils, et le corps aérien  avec 2000 appareils. Sur les 2000 avions de l’armée de l’air, 400 sont déployés en Mandchourie, 700 en Chine Centrale et 300 en Asie du Sud-Est, notamment en Indochine française.

Le Japon est surtout inquiet du réarmement de notre Flotte. A la fin de ce mois de décembre, l’Aéronavale US alignera 6000 pilotes de plus qu’aujourd’hui. Dans le courant de l’année qui vient, la Marine US va passer d’un total de 338 navires à un total de 691 navires avec pas moins de 12 nouveaux  porte-avions, 15 nouveaux cuirassiers, 54 nouveaux croiseurs lourds, 197 destroyers et 74 nouveaux sous-marins. Ces 691 navires seront un tonnage que le Japon, même avec sa course à l’armement actuelle, ne pourra jamais égaler. De même, notre force aérienne va recevoir dans l’année qui vient 17 000 pilotes de plus. Tout cela inquiète très fortement le Japon.

L’aviation militaire japonaise a commencé dès 1911 quand deux jeunes officiers de l’armée japonaise ont été envoyés en France pour y apprendre à piloter et étudier l’aéronautique. A leur retour, ils ont formé l’embryon de la future Force Aérienne du Japon. L’efficacité de l’arme aérienne pour le combat est apparu clairement au Haut-Commandement japonais après qu’une mission de 22 officiers et 70 mécaniciens aient été envoyée en Italie en 1918. Ces hommes virent de leurs propres yeux les combats aériens et l’utilité de la reconnaissance et du bombardement aériens. L’année suivante, en 1919, 60 pilotes français étaient envoyés au Japon pour y former la première Ecole de l’Air nipponne, qui ouvrit ses portes en 1920 avec une centaine d’élèves. Deux autres Ecoles ouvrirent en 1922, et en 1926 les notions de la science aéronautique entraient dans le cursus de l’Académie Militaire Impériale. Le Corps de l’Armée de l’Air fut institué en 1925 et le Japon s’équipa progressivement de plus en plus d’escadrilles.

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Traduction des légendes. En haut : Les règles et la science de la navigation aérienne sont une matière importante des Ecoles de l’Air au Japon. Les formules doivent être écrites et apprises en anglais. En bas : L’usine de constructions d’avion de la société Mitsubishi à Nagoya est la plus importante au Japon. Elle est néanmoins la plus vulnérable.

L’Académie Militaire Impériale ouvrit une branche dédiée aux aviateurs en créant l’Ecole Militaire de l’Aviation qui insistait tout particulièrement sur l’enseignement de la tactique des combats aériens. Des techniques propres à la psychologie nipponne y furent développées. Ces tactiques étaient uniquement centrées sur le groupe et connues pour évacuer toute velléité d’individualisme chez les pilotes. On constate aujourd’hui l’incapacité d’un pilote militaire japonais à se détacher de lui-même de la pensée du groupe et, cela, même  dans une situation d’urgence. En conséquence, éliminez le chef et les pilotes japonais seront perdus. Quand « l’incident » sino-japonais, comme ils disent, eut lieu en juillet 1937, l’armée de l’air japonaise alignait 10 régiments de combats, comprenant 4 escadrilles de bombardement (seulement), onze escadrilles de chasse et onze escadrilles de reconnaissance aérienne. L’ensemble alignait aussi deux petits corps de ballons d’observation. Ce n’est qu’en 1939 que l’Armée japonaise s’équipa d’une unité de parachutistes entraînée par des formateurs allemands. En octobre dernier, un détachement de cette unité fut utilisé pour la première fois au combat en Chine. Tous les hommes du détachement furent tués par une troupe mixte de soldats chinois et de soldats chiuchow. Mais cet essai à toute petite échelle pourrait être le présage de ce que la Japonais envisagent pour une attaque sur les Indes néerlandaises ou sur les Phillipines.

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Traduction des légendes. En haut : L’utilisation sur le théâtre chinois de troupes aéroportées par les Japonais est toute récente, depuis seulement un ou deux mois. En bas : Les pilotes de l’aéronavale sont considérés comme bien meilleurs que ceux de l’armée de l’air.

Depuis de nombreuses années, l’armée japonaise encourage ses conscrits à se porter volontaires pour l’armée de l’air et apprendre à piloter. En 1936, 400 furent volontaires et, ces dernières années, on les compte par milliers chaque année. Mais le Japon, malgré tous ces efforts, n’égalera jamais les capacités des Etats-Unis, autant en quantité de pilotes militaires qu’en qualité de ces pilotes militaires. Cependant, les pilotes militaires japonais ne connaissent pas la peur. Par tempérament et par éducation, les japonais sont comme les allemands. Ils ont une dévotion fanatique et presque religieuse envers leur chef, ils sont certains que leur mission de combat est une mission sainte qui répond à une destinée supérieure. On peut être certains que dans une situation désespérée, le pilote japonais n’hésitera pas un seul instant à se suicider en écrasant son avion sur l’ennemi. On peut tenir comme certain que l ‘armée de l’air japonaise organisera des missions suicide. Le pilote dans une telle mission fera plonger son monoplace à grande vitesse directement sur sa cible sans ciller. Ses pensées sont celles du bushido, une fois tué son esprit rejoindra alors  le temple Céleste des Empereurs en resplendissant d’une lumière toute spéciale.

Les meilleurs pilotes japonais se trouvent dans l’aéronavale. C’est sans doute dû au fait simplement que le pilotage à partir d’un porte-avion exige des qualités qui sont beaucoup plus pointues que celles nécessaires pour décoller d’un terrain d’aviation. Mais on ne trouve pas chez les japonais, des hommes de la trempe de nos pilotes d’exception, pour qui piloter et comme respirer. Ce n’est pas au Japon qu’est née l’aviation. Bien plus, on a constaté souvent que le passage de la rizière au poste de pilotage ne se faisait pas sans conséquence pour un japonais. Un pilote japonais perd assez facilement la coordination de ses réflexes dans un vol à haute altitude. Son pilotage devient vite assez instable, contrairement à nos pilotes. J’ai déjà écrit que le pilote japonais pense collectif, le combat individuel lui est totalement incompréhensible. En outre, on a souvent remarqué la difficulté des jeunes pilotes japonais à bien saisir ce que faisait tel ou tel instrument de son tableau de bord. Il faut qu’on lui démonte l’instrument et qu’on lui donne un manuel avec chapitres et sous-chapitres pour qu’il utilise cet instrument correctement. En tactique de combat, tout va pour le mieux pour un pilote tant que le combat se déroule comme expliqué dans les manuels qu’il a lu. Mais, qu’un aléa surgisse inexpliqué dans les manuels, et le pilote est totalement perdu, sans réaction.

La très grande majorité des pilotes japonais viennent des campagnes où les mamans portent encore leurs enfants de longues années sur leur dos. Cette coutume est un handicap pour le pilote car leur tête étant depuis leur plus jeune enfance contrainte à être tournée vers le haut contre le dos de leur mère, ils accumulent ainsi des troubles visuels, ce qui est dérangeant quand on est pilote de chasse.

Un point étonnant, mais qui nous serait profitable en cas de conflit, est qu’aucun pilote militaire japonais n’est entraîné au vol sans visibilité. Les terrains militaires japonais sont de petite taille, entourés de montagne pour la plupart et souvent dans une brume épaisse. On peut donc s’attendre à des pertes importantes en homme et en matériel en temps de guerre du fait de leur absence de pratique du vol sans visibilité. Les officiers étrangers qui ont été stationnés au Japon dans le cadre de programmes d’échange ont tous remarqué qu’à part un tout petit nombre de pilotes émérites, la majorité des pilotes japonais pilote bien tant que l’avion fonctionne normalement. Mais leur maîtrise de l’avion est très mauvaise en général quand une panne a lieu. De même, les notions de sécurité de vol ou les notions de limites d’utilisation d’un avion leur sont totalement inconnues en général. Les cas où un pilote japonais se met dans une situation de vol périlleuse sont légion. Le pilote japonais, en général, n’est pas un bon pilote. Il casse beaucoup. Les jeunes conscrits sont les plus inefficaces. En plus d’une mauvaise maîtrise de leur appareil, ils ne savent pas coordonner leur vitesse à celle de leurs opposants.

Leur capacité à mener un atterrissage est soit très bon, soit très mauvais. Soit ils arrivent avec une vitesse fortement excessive, ou bien ils se posent brutalement car arrivant à une vitesse proche de celle du décrochage. Tout simplement, leur formation ne comprend aucun chapitre sur l’influence de la vitesse et de l’angle d’attaque, aussi étonnant que cela paraisse ! Encore plus étonnant, à aucun moment ils ne tentent de se corriger par eux-mêmes, se serait bien trop individualiste. Aussi, soit ils arrivent toujours trop vite, soit toujours trop lentement sans jamais se corriger.

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Traduction de la légende : Les mitrailleurs aéroportés des bombardiers japonais sont entrainés sans relâche, mais ils sont néanmoins bien connus pour leur pauvres performances.

Je ne me suis penché sur la condition physique du pilote de chasse japonais que tout récemment. J’ai été récemment contacté par un journal australien de Sydney sur la raison pour laquelle beaucoup d’aviateurs japonais éprouvaient un fort vertige à haute altitude, quelque chose qui est très rare chez les pilotes occidentaux. Le rédacteur se demandait si cela n’aurait pas quelque chose à voir avec leur nourriture. Cette question, plutôt exotique, m’intéressa et j’essayais d’y apporter une réponse raisonnable. En général, la nourriture du japonais repose beaucoup sur du poisson cru, des algues marines, du tofu et des légumes à peine cuits. Une nourriture bien faible pour n’importe qui soumis à un rythme de travail élevé, tel celui d’un pilote de combat. J’ai ainsi appris que l’aéronavale japonaise avait depuis plusieurs années modifié le menu de ses pilotes en incluant des plats typiquement occidentaux. J’ai aussi appris entre temps que la demande du journal australien n’était pas totalement sans intérêt. Un entrepreneur australien de vente de viande de bœuf avait demandé au journal de me contacter sur ce point dans l’espoir qu’il pourrait s’ouvrir un nouveau marché au Japon ...

En conclusion de cet article, on peut dire que le déclin du Japon sera le poison de sa croyance en son invincibilité. La manière de contrer les japonais serait de construire une série de bases aériennes sur certaines des îles qui entourent l’archipel dans les Marshall et dans les Mariannes, ou bien à Vladivostok même. Le Japon en tant qu’empire héréditaire, impuissant, isolé, ne pourra pas longtemps s’opposer à une opération militaire de grande envergure. Son gouvernement actuel et son Haut-Commandement sont des aveugles imbéciles s’ils ne se rendent pas compte combien une attaque répétée de bombardiers stratégiques serait dévastatrice pour son potentiel industriel. Mais comme le disait fréquemment l’ancien ambassadeur du japon à Washington, M. Hiroshi Saito : «  Les Japonais sont des imbéciles ».



Un secret ... japonais


Chacun le sait, les japonais achètent et copient. Il y a quelques années, le Japon acheta un avion de comemrcial américain. (NdT : il s’agit probablement du prototype du Douglas DC-4E que les japonais acquirent fin 1939 et qui servit à la conception par « reverse-engineering » du bombardier Nakajima G5N. Tout de uiste après cet achat, le DC-4E  japonais fut accidenté et un deuxième DC-4E fut commandé). Dès son arrivée au port, l’avion qui devait officiellement équiper les Japanese Imperial Airways  fut pris en charge par l’Armée et fut aussitôt couvert par le secret-défense. Même les représentants commerciaux américains qui avaient vendu l’avion, ne purent le revoir. Du côté américain, le but de cette vente était de faire de la publicité pour cet avion de transport en-dehors des Etats-Unis. C’était le plus gros avion jamais vu au Japon (NdT : le DC-4E était un quadrimoteur gigantesque de 30 m de long, 42 m d’envegure et de 7m50 de haut pesant 20 tonnes à vide). Tous les gadgets et les instruments de bord étaient totalement nouveaux pour les japonais. Pensez donc,  la cabine était pressurisée. Mais dans une réaction typique de la psychologie japonaise, les ingénieurs s’imaginèrent qu’ils apprendraient rapidement à s’en servir puis à les copier. Ils voyaient déjà le ciel rempli de dizaines de copies japonaises de cet avion géant. Les américains insistèrent auprès d’eux pour leur montrer comment décoller et, surtout, atterrir cet avion (NdT : la procédure d’atterrissage du DC-4E était tout sauf simple). Les japonais refusèrent net: l’avion était couvert du secret-défense. Les américains repartirent alors pour la Californie. Ils n’étaient encore qu’à mi-chemin de leur voyage de retour, qu’un câble urgent leur fut envoyé par les japonais : l’avion –qui avait coûté la bagatelle de 250 000 dollars aux japonais – s’était crashé, il gisait moitié en bout de piste et moitié dans la baie de Tokio à l’aéroport d’Haneda après avoir raté son premier atterrissage.


Quelques statistiques nipponnes

L’armée du Japon utilisa un ballon pour la première fois en 1877. Mais, dès 1831, un des seigneurs de la guerre japonais d’alors envisagea d’envoyer un homme attaché à un cerf-volant observer l’ennemi. Les japonais prétendent que l’un d’entre eux eut le premier l’idée d’un aéroplane, en 1894, quatre ans après l’Eole de Clément Ader et neuf ans avant les frères Wright. Une légende courante au Japon parle comment, vers 1825, un homme s’écrasa avec sa machine volante au beau milieu d’une réception donnée par un seigneur local lors de la fête des cerisiers.
Aujourd’hui, à la fin de 1941, le Japon possède 35 aéroports. Les compagnies aériennes japonaises couvrent un réseau de 17 000 km et transportent sur des DC-3 et des Lockheed 25 000 passagers chaque année. L’escale la plus septentrionale des lignes aériennes du Japon, la ville de Sapporo dans l’île d’Hokkaido, est à 840 km de Tokyo. La capitale nippone est à 2 200 km du terminus de la ligne de Mandchourie, 3 300 km de la ville chinoise de Tientsin, et à quelques 5 000 km d’Hanoi, la dernière acquisition japonaise en Indochine.
Les pertes matérielles de l’armée de l’air japonaise en Chine sont plus lourdes que ce qu’on lit dans les journaux. Ces quatre dernières années, le Japon a perdu, en avions abattus par la chasse et la DCA chinoise, et en accidents à l’atterrissage environ 3 100 avions. Dans le même temps, les Chinois perdaient 1 985 avions.
Le premier japonais à piloter un avion fut le Capitaine Kumazo Hino sur un monoplan allemand équipé d’un moteur de 24 CV le 14 décembre 1910. Il atteint une altitude de 35 mètres et la vitesse de 50 km/h. Le 19 décembre suivant, un autre pilote japonais s’envolait sur un appareil biplace Henri Farman (NdT : il s’agissait de Yoshitoshi Tokugawa, l’un des descendants du grand Shogun Tokugawa Ieyasu, qui s’éleva au-dessus de l’actuel parc Yoyogi dans le centre de Tokyo). Cette fois, le moteur Gome & Rhone de 50 CV lui permit d’atteindre la vitesse de 70 km/h. Le plus fameux exploit des ailes japonaises fut le fameux raid Japon-Europe de 51 heures sur un avion équipé d’un moteur Nakajima de 550 CV et qui volait à une vitesse maximale de près de 500 km/h (NdT : il s’agit ici du raid Tokyo-Rome de juillet-octobre 1925 via Paris et Londres du pilote Hiroshi Abe et du mécanicien Shunichiro Shinohara sur biplan Bréguet XIX équipé d’un moteur Nakajima qui parcourut, via la Sibérie, 16 565 km en près de 111 heures de vol, et pas 51 comme indiqué faussement dans l’article).

Dernière modification par philouplaine (04-09-2017 19:12:58)


ouaf ouaf ! bon toutou !!

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#2 [↑][↓]  10-09-2017 09:05:27

jeff64
Commandant de bord
Date d'inscription: 26-03-2008
Renommée :   17 

Re: [Réel] Archéo Aéro - 1941: Stop Japan now!

merci pour cet article intéressant.

Je ne suis pas un spécialiste de la guerre du pacifique, mais on sent bien ici l'endoctrination et la propagande américaine et les fausses informations délivrées : le Japon est vulnérable, leur industrie est minuscule, leur armée obsolète, et leurs pilotes mauvais !

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#3 [↑][↓]  11-09-2017 19:38:28

philouplaine
Copilote
Lieu: Toulouse
Date d'inscription: 07-06-2010
Renommée :   69 

Re: [Réel] Archéo Aéro - 1941: Stop Japan now!

Salut jeff64,

Effectivement cet article contient pas mal de choses bien étonnantes à lire. Cependant, cet article a été écrit à l'été 1941 et publié avant l'attaque de Pearl Harbor. L'Armée américaine n'avait donc pas commencé son travail de "relecture" des articles ... et, donc, le côté "trait forcé" de ce texte vient uniquement du fait que c'est un faucon qui l'écrit. L'analyse de la vulnérabilité du Japon n'est pas complètement outrancière d'ailleurs. 
Concernant l'endoctrinement, les japonais n'étaient pas mal non plus!!! Mais el choc a été bien réel pour certains des avions mis en ligne par les japonais, c'est certain.
J'ai un ou deux autres articles américains, parus plus tard mais assez objectifs (en comparant ce qui est écrit dans l'article avec ce que l'Histoire raconte aujourd'hui), que je souhaiterais vous traduire.
C'est un vaste sujet, non?

A très bientot
Philippe


ouaf ouaf ! bon toutou !!

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