Vous n'êtes pas identifié(e).
Bonjour chers amis,
Voici la traduction d’un article très récent (paru avant-hier) et assez dense sur la possibilité de former des pilotes ukrainiens aux F-16. Possibilité rejetée par le président Biden direz-vous ? Pas si sûr. En tout cas on en discute beaucoup outre-Atlantique dans le landernau militaire.
Outre les F-16, on parle aussi beaucoup d’un autre appareil. Je pense vous livrer une nouvelle traduction à ce sujet bientôt … patience !
J’ai pensé que cette traduction concernant le F-16 Falcon/Viper pourrait vous intéresser. L’article est américain et, donc, très pro-F16 comme vous pouvez vous en douter. Un appareil qui a fait son premier vol il y a près de 50 ans et qui a été construit à un peu plus de 4600 exemplaires tout de même ! L’année dernière, l’USAF a annoncé que le F-16 resterait en service actif pour encore deux décennies …
Les illustrations sont celles de l’article original.
Bonne lecture !
Philippe
COMBIEN DE TEMPS FAUDRAIT-IL REELLEMENT A DES PILOTES UKRAINIENS POUR SE CONVERTIR AU F-16 ?
Apprendre à piloter un F-16 n'est qu'un petit aspect de ce qu'il faudrait à un pilote de chasse ukrainien pour être prêt au combat sur cet avion.
Par Jamie Hunter et Tyler Rogoway, The War Zone, 8 février 2023
Les États-Unis pourraient former les pilotes ukrainiens au pilotage des F-16 en quelques semaines. © Jamie Hunter
Pour le moment, l'Ukraine n'a toujours pas reçu d'offre sérieuse de la part des Occidentaux pour lui fournir des avions de combat occidentaux afin d'améliorer les capacités de sa force aérienne. Cependant, parmi les types d'avions disponibles, il semble qu'un seul soit toujours mis en avant, et c'est facilement compréhensible, à savoir le General Dynamics F-16 Viper. Cela est dû principalement à la disponibilité de cet appareil, à sa facilité de soutien et à son infrastructure logistique tentaculaire, à la capacité importante de former des pilotes et à sa capacité multi-rôle hautement adaptable. Mais dans quelle mesure est-il possible de former des pilotes non seulement à voler, mais aussi à combattre sur un F-16 ?
Alors qu'une montagne d'affirmations inexactes et de déclarations audacieuses, mais creuses en fait, domine ce sujet brûlant, nous vous présentons dans cet article la réalité des choses, la dure réalité.
Le besoin de rapidité
Alors que la guerre en Ukraine dure depuis près d'un an, des appels incessants ont été lancés pour que l'armée de l'air ukrainienne reçoive des avions de combat occidentaux. Les courageux pilotes de chasse ukrainiens continuent d'opérer quotidiennement, obtenant des résultats impressionnants avec une petite flotte de chasseurs MiG-29 et Su-27, et d'avions d'attaque Su-24 et Su-25, parfois avec l'emploi inédit d'armes occidentales adaptées à la dernière minute à ces appareils russes, comme récemment le missile antiradiation à grande vitesse AGM-88 (HARM). Toutefois, la Russie conserve un avantage numérique et technique incontestable dans le domaine aérien.
Depuis mars 2022, les dirigeants ukrainiens ont demandé à plusieurs reprises et au plus haut niveau, des avions de combat occidentaux pour réapprovisionner, recapitaliser et améliorer leur flotte de chasseurs qui date de l'ère soviétique. Aujourd'hui, des dizaines d'autres armes de pointe fournies par l'Occident affluent dans le pays. Pourtant, à ce jour, aucune des options potentielles en matière de chasseurs n'a été mise en œuvre - aucun type supplémentaire russe ou occidental n'a été fourni.
Les États-Unis pourraient rapidement intégrer les pilotes ukrainiens dans leur filière de formation sur F-16. © Jamie Hunter
Les pilotes ukrainiens et certains de nos responsables militaires ont clairement indiqué que leur préférence allait à la fourniture de F-16 d'occasion à Kiev. Le F-16 Viper est considéré comme un choix réaliste compte tenu de toutes les qualités mentionnées précédemment.
"Dans le cas du F-16, vous avez beaucoup d'options pour différents programmes de formation, différentes contre-mesures électroniques, différents moteurs, différents tout - c'est comme un Lego", a déclaré un pilote ukrainien de MiG-29. "Les capacités techniques sont très proches ; en général, je ne dis pas que le F-16 est meilleur en tant qu'avion en soi, mais c'est peut-être le choix le plus réaliste pour l'Ukraine, compte tenu des capacités, de la disponibilité, de l'accessibilité financière et surtout de la durabilité."
Le colonel Yuri Ignat, porte-parole en chef du commandement de l'armée de l'air ukrainienne, a déclaré que deux escadrons de 12 avions, plus les réserves, seraient suffisants, du moins au début, pour aider à renverser la situation face à la puissance aérienne russe.
Le 24 janvier 2023, le colonel Ignat déclarait lors d’une conversation informelle : "Le type d'avion, qui sera probablement fourni à l'Ukraine, et les conditions correspondantes de formation [du personnel] ont déjà été déterminés." Il se dit même que l'Ukraine travaille déjà à l'amélioration de certains aérodromes pour accueillir des chasseurs occidentaux.
Malgré le "non" ferme du président Biden au transfert de F-16 américains à l'Ukraine le mois dernier, cette possibilité semble prendre de l'ampleur. Si le gouvernement américain n'est peut-être pas prêt à donner lui-même des F-16, il pourrait approuver qu'un autre utilisateur, comme les Pays-Bas, le fasse. Et, bien sûr, le F-16 pourrait être offert aux côtés d'un autre type d'appareil occidental. Donc, si le gouvernement américain finit par approuver le transfert de F-16 à l'Ukraine, qu'est-ce que cela impliquerait ?
Faire un pilote de Viper
Si la décision de fournir des avions à réaction est prise, le F-16 Viper sera la solution idéale. Le Viper dispose d'une empreinte logistique bien établie en Europe, et il ne serait pas difficile de l'étendre vers l'est en direction de l'Ukraine. Il existe également un nombre croissant de cellules de F-16 d'occasion disponibles, bien que la liste des parties intéressées soit longue, y compris les compagnies aériennes adverses sous contrat. Cependant, s'il existe une volonté politique, il ne sera pas difficile de s'en procurer.
Yuri Ignat a récemment déclaré à Air Force Magazine que l'Ukraine dispose d'au moins 30 pilotes ayant des compétences suffisantes en anglais, ainsi que de techniciens de maintenance, prêts à se rendre aux États-Unis pour s'entraîner si un accord sur les F-16 peut être conclu.
"Pour apprendre la première étape du décollage et de l'atterrissage et voler d'un point A à un point B, cela nécessitera une formation de tout au plus quelques semaines, mais pour apprendre à l’utiliser en combat aérien, pour apprendre à utiliser les missiles, il faudra environ six mois", a déclaré le colonel Ignat.
Le 149ème escadron de chasse de la base interarmées de San Antonio-Lackland, au Texas, est l’un des endroits où pourraient être formés des pilotes ukrainiens. © US Air National Guard
Le F-16 est relativement facile à utiliser en toute sécurité, ce n'est donc pas une barrière trop élevée à franchir pour l'armée de l'air ukrainienne. Un pilote de F-16 a déclaré à The War Zone : "En quelques mois, il est possible pour un aviateur non familier d'être raisonnablement sûr dans un jet comme le F-16. Les systèmes sont faciles à utiliser, le jet est facile à piloter et l'apprentissage est très intuitif. Le Viper est une transition facile pour un pilote de chasse expérimenté du point de vue du pilotage pur, quel que soit le type d'avion dont il est issu."
"Vous l'allumez, vous poussez la manette des gaz, vous y allez et vous volez. Le système de contrôle de vol neutralise les grosses erreurs, vous ne pouvez pas vraiment sursolliciter le jet, sauf si vous essayez vraiment de le faire. Vous ne pouvez pas le mettre hors de contrôle facilement - il y a beaucoup de cas où il prend soin de vous avec un niveau de sécurité tel que même un opérateur non compétent peut voler en toute sécurité, certains incluent des systèmes d'avertissement de proximité du sol améliorés (EGPWS)".
Le cours de base complet sur F-16, également connu sous le nom de cours B, est généralement un processus de neuf mois pour les pilotes qui viennent de terminer leur formation. Il se compose essentiellement de cours théoriques, de temps passé en simulateur et de sorties réelles. En plus des cours B, les unités de formation de l’USAF organisent également des cours de transition pour les pilotes ayant de l'expérience sur d'autres avions de chasse - ces cours sont généralement beaucoup plus courts que le cours B complet.
Dans le cas du cours B, une formation initiale de quatre semaines permet aux élèves de se familiariser avec les systèmes du F-16 et les procédures d'urgence. Elles sont suivies d'environ huit séances de simulateur couvrant le vol aux instruments de base et l'expérience pratique des différentes procédures d'urgence avant de passer au F-16D biplace pour quatre vols réels avant une première mission en solo.
La formation des pilotes de F-16 s'effectue sur plusieurs sites aux États-Unis, notamment sur les bases de Luke et Holloman AFB. © Jamie Hunter
Les sorties qui suivent cette formation initiale ont pour but d'acquérir de l'expérience avant un vol de contrôle avec un instructeur, au cours duquel les élèves doivent répondre aux normes de vol aux instruments et de gestion des urgences. À ce stade, le nouveau pilote est considéré comme qualifié pour piloter le F-16 dans toutes les conditions météorologiques et peut passer au vol de nuit avec des lunettes de vision nocturne.
Les élèves passent par une phase air-air comprenant les manœuvres de base des chasseurs, les manœuvres de combat aérien et les interceptions tactiques avant de passer à la phase air-sol avec le vol à basse altitude et les tactiques d'attaque de surface. Le cours compte environ 60 sorties, réparties entre les phases de transition, air-air et air-sol.
Pour les pilotes de chasse ukrainiens expérimentés, une conversion de type vers le F-16 pourrait ressembler à un cours de conversion de transition FTU typique, connu sous le nom de Cours TX. Ce cours est traditionnellement appliqué aux équipages qui passent d'un type d'avion de combat à un autre, ou peut-être aux officiers supérieurs qui doivent piloter plusieurs types d'avions. C’est un cours de transition "sur mesure", qui intègre une initiation aux systèmes et aux procédures opérationnelles standard (SOP) occidentales. Un tel cours pourrait être le type de programme dont aura besoin un futur pilote de F-16 ukrainien venant du Fulcrum ou du Flanker.
Un pilote de F-16 équipé du système de repérage interarmées monté sur son casque. © Jamie Hunter
"Pour un pilote ayant environ 500 heures d'expérience sur un chasseur occidental, mais qui n'a jamais piloté de F-16 auparavant, quelqu'un qui vient du F/A-18 Hornet par exemple, il lui faudra 69 jours pour apprendre tout ce qu'il faut pour utiliser le Viper en toute sécurité dans les rôles air-air et air-sol", commente un instructeur de F-16 expérimenté.
"Cela suppose qu'ils parlent bien l'anglais, car c'est la langue dans laquelle nous enseignons. Ces 69 jours comprennent six vols pour apprendre à piloter le jet et à le faire atterrir. Environ 15 vols air-air, mais s'ils ont déjà fait beaucoup de choses auparavant, vous pouvez réduire ce nombre à 10. Entre six et neuf missions air-sol, ce qui inclut l’apprentissage à l’utilisation des bombes à guidage laser et des munitions à attaque directe guidées par GPS. Cela leur donnerait une compréhension de base, au niveau de l'ailier, et cela suppose qu'ils sont déjà familiarisés avec les armes complexes telles que l'AIM-120 AMRAAM (pour Advanced Medium-Range Air-to-Air Missile)".
"Ils devront également suivre 210 heures de cours et 10 à 20 simulations. Vous ne pouvez pas faire cela rapidement - même en faisant deux simulations par jour, cela signifie 10 jours d'affilée. Ces 69 jours signifient donc que le pilote peut potentiellement utiliser le jet en toute sécurité dans un environnement d'entraînement tactique. Voler en combat est une toute autre histoire."
"Aller au combat contre un Su-35, voire un Su-27 dans un espace aérien contesté - là , vous parlez d'années d'expérience. Vous ne pouvez pas faire cela avec un tout nouveau pilote qui a tout vu une fois ! Vous pouvez disposer de toutes les capacités du jet, mais si le pilote ne sait pas comment l'utiliser correctement, cela ne sert à rien. Donc, pour un pilote venant d'un MiG-29, devoir apprendre une toute nouvelle PVI [interface pilote-avion] où tout semble différent, utiliser des armes dont il n'a jamais lu que l'existence, lui donner une formation de trois mois puis le lancer au combat - c'est vraiment un défi de taille !"
"Le passage du MiG-29 à un Viper Block 50 ou Mid-Life Upgrade n'est pas un grand pas en termes de performances, mais c'est un énorme saut technologique, tant les armes que l'avionique. Même après 69 jours d'entraînement intensif, il ne s'agit que d'une qualification d'ailier, alors qui va diriger la mission ? Qui va mener la mission ? L'envoyez-vous simplement comme un appareil solitaire pour essayer d'abattre tout ce qui bouge ? Pour être super efficace, il faut au moins quatre avions, et pour les diriger, il faut au moins un an d'entraînement intensif - ensuite, on peut littéralement écraser toute opposition."
"Au départ, la réponse devrait se baser sur la construction d'un nouveau syllabus basé sur les besoins spécifiques de l'Ukraine et le scénario de menace, et pour ensuite amener cela au combat, il faudrait entre six et douze mois d'entraînement. Ce serait toujours risqué, mais cela pourrait l'emporter sur les récompenses."
Un F-16 affecté à la 162ème escadre de chasse, basée à Tucson en Arizona. © US Air National Guard/ Sgt H. E. Stramler
De nombreux opérateurs internationaux de F-16 choisissent d'envoyer leurs pilotes se former aux États-Unis pour la qualification initiale. Les pilotes d'Europe de l'Est, Pologne et Roumanies effectuent des entraînements F-16 avec ceux de la 162ème escadre de la Garde Nationale Aérienne sur la base de Morris à Tucson, en Arizona. Cette base pourrait constituer un lieu idéal pour la formation des aviateurs ukrainiens.
Un autre pilote de F-16 a déclaré que l'armée de l'air américaine pourrait facilement intégrer six à douze pilotes ukrainiens dans un cours de formation sur F-16 Viper en relativement peu de temps et leur donner un programme ciblé leur permettant d'acquérir les compétences spécifiques dont ils auront besoin sur leur théâtre d’opération.
Les rôles de combat envisagés pour des F-16 ukrainiens devront être soigneusement examinés. Un chasseur moderne, monoplace et multirôle peut être facile à manier du point de vue du pilotage pur, mais les nombreux ensembles de missions disponibles impliquent une charge de travail proportionnellement élevée dans le cockpit. Il peut s'écouler de nombreuses années avant qu'une armée de l'air ne mette sur pied un escadron de chasseurs multirôles pleinement opérationnel, même avec un appareil éprouvé et relativement facile comme le F-16.
Un F-16CM de l'USAF transportant notamment un missile antiradar de grande vitesse AGM-88 HARM. © Jamie Hunter
Si l'on ajoute à l'équation un missile air-air occidental avancé comme l'AIM-120 AMRAAM, alors les pilotes ukrainiens devront aussi acquérir d’autres compétences. "Vous parlez maintenant de travail au radar, d'emploi à longue portée, de ciblage et d'identification des cibles. Tout cela est très différent sur une plate-forme occidentale de quatrième génération que sur une plate-forme un peu antique comme celles de l'ex-Union soviétique. Les écrans du cockpit sont présentés différemment, la cinématique des missiles et le mode de fonctionnement des missiles russes et occidentaux sont très différents."
L'objectif final est crucial
Une question importante concerne la manière dont l'Ukraine bénéficierait réellement de la réception d'avions de combat de quatrième génération. Quel serait le gain militaire, et que pourraient réellement réaliser les F-16 ukrainiens ?
Un ancien pilote de F-16 a déclaré : "En ce qui concerne l'emploi de chasseurs en Ukraine, nous devons nous demander ce qu'ils cherchent réellement à faire. Si l'on se réfère au partenariat historique étroit de la California Air National Guard avec les Flankers ukrainiens, même avant le début du conflit, une majorité des missions ukrainiennes étaient effectuées à basse altitude, en dessous de 1 000 pieds."
"Aujourd'hui, le vol à basse altitude en Ukraine est, de manière réaliste, tout ce que les pilotes de chasse ukrainiens peuvent exécuter sans encourir un risque énorme, quelle que soit la plate-forme non furtive qu'ils utilisent. En Ukraine, nous parlons actuellement d'opérer dans un environnement complètement différent de la norme occidentale."
Alors que les chasseurs furtifs de cinquième génération jouiraient d'une plus grande liberté d'action dans ces zones hautement contestées, tout appareil occidental de quatrième génération serait paralysé par la densité du réseau de missiles sol-air.
Le F-16 C/D Block 50/52 est spécialisé dans les missions de suppression de la défense aérienne ennemie. © Jamie Hunter
"Je pense qu'il est de plus en plus probable que l'ensemble du théâtre ukrainien deviendra de plus en plus un environnement d'accès interdit et de zones interdites où il sera de plus en plus difficile pour les avions à voilure fixe d'obtenir des résultats. Avec des SAM à deux chiffres à la frontière de la Russie et de la Biélorussie, et l'Ukraine prête à recevoir des batteries de missiles Patriot des États-Unis, il est probable que l'emploi à basse altitude perdurera, ce qui est potentiellement mieux adapté aux appareils à voilures rotatives, bien que les hélicoptères soient toujours à la merci des MANPADS et des systèmes à très courte portée".
La Russie ne semble pas effectuer de patrouilles régulières de chasseurs ou de bombardiers au-dessus de l'Ukraine, préférant effectuer des patrouilles aériennes de combat (CAP) au-dessus du territoire russe et frapper à très longue portée en raison de l'environnement aérien au-dessus de l'Ukraine, acceptant ainsi les incertitudes de ciblage et l'imprécision de son armement. La Russie est prête à lancer des missiles de croisière à longue portée vers une zone générale, et avec de tels profils d'emploi, des dommages collatéraux importants sont inévitables.
Selon un rapport récent du groupe de réflexion du Royal United Services Institute (RUSI), les chasseurs russes, notamment les MiG-31BM et les Su-35S, assurent généralement une couverture aérienne des zones situées au-dessus de la zone opérationnelle, mais leurs CAP se situent généralement au-dessus de la Russie et de territoires ukrainiens tenu par les Russes, y compris la Crimée.
Un MiG-31BM est chargé de missiles air-air R-33 en Crimée. © Zvezda TV
Le plan tactique qui entourerait la fourniture de nouveaux chasseurs occidentaux à l'Ukraine aura un impact majeur sur le feu vert pour la fourniture de F-16. Alors que les responsables ukrainiens affirment avoir besoin d'un avion de combat doté d'un bon radar et de missiles comme l'AMRAAM à longue portée pour tenir en échec les chasseurs et les bombardiers russes, les responsables américains devront évaluer les enjeux d'une telle décision et se demander si la puissance aérienne a encore un rôle important à jouer sur ce théâtre. Il est possible que le domaine aérien ait moins d'influence à l'avenir en Ukraine, d'autant plus que la menace anti-aérienne augmente et que les forces terrestres combattent dans des zones urbaines où la puissance aérienne à voilure fixe a peu de chances d'avoir un impact significatif.
L'Ukraine a déjà reçu des systèmes de défense aérienne Kongsberg-Raytheon National Advanced Surface-to-Air System (NASAMS), qui sont armés d'AMRAAM. Alors qu'un chasseur équipé d'AMRAAM offrirait à l'Ukraine une défense encore plus grande contre les attaques de missiles à longue portée et de drones russes, l'Ukraine a souligné que tout nouveau chasseur équipé d'AMRAAM pourrait contrer efficacement les chasseurs russes Su-35S et MiG-31BM avec leurs énormes portées radar et leurs missiles air-air à plus longue portée, tels que le puissant missile air-air à longue portée R-37M.
Les responsables ukrainiens déclarent : "Notre priorité, tout d'abord, est d'abattre leurs plates-formes d'attaque au-dessus des lignes de front, et pas seulement de chasser leurs avions de chasse, car il faut beaucoup de ressources pour cela (…) Tout d'abord, nous devons couvrir nos territoires, puis nos forces terrestres, et après cela, bien sûr, nous pouvons essayer de simplement nous amuser avec leurs avions de chasse. Ce sera un grand défi. Mais malgré tout, un nouveau matériel signifie de nouvelles tactiques, une nouvelle doctrine pour toutes les opérations, et j'espère que tout cela nous aidera à réussir et que les Russes ne se sentiront pas à l'aise, même dans leur propre espace aérien."
Un AIM-9 Sidewinder (à gauche) et un AIM-120 AMRAAM (à droite) chargés sur un F-16. © Jamie Hunter
Une grande question se pose quant à savoir lesquels des différents armements du F-16 l'Ukraine obtiendrait réellement. L'AMRAAM et les armes intelligentes représenteraient clairement un énorme bond en avant en termes de capacités pour l'armée de l'air ukrainienne, mais s'ils sont ramenés à des missions à basse altitude et à longue distance de la menace aérienne, même l'AMRAAM pourrait être impuissant. "Je considère l'AMRAAM comme un point de friction politique potentiel, encore plus important que le transfert des missiles Patriot", déclare un pilote de F-16. "La sécurité qui l'entoure et son emploi à très longue portée signifient que la barre est politiquement très haute pour cette arme en termes de transfert. Si l'on ajoute à cela la façon dont les pilotes ukrainiens opèrent, cela pourrait signifier que l'investissement politique dans le don de cette arme ne tient tout simplement pas la route."
L'administration Biden reste méfiante à l'idée de laisser des technologies américaines sensibles tomber entre les mains des Russes sur le champ de bataille. Mais une fois de plus, l'Ukraine dispose d'AIM-120 et l'utilise d’ores et déjà activement.
Les États-Unis ont limité certains clients exportateurs de F-16 à l'AIM-7 Sparrow, le missile guidé par radar que l'AMRAAM a finalement remplacé. Bien qu'ils aient reçu des Vipers flambant neufs, les irakiens ont des appareils d’une capacité réduite qui ne comprend pas l'AMRAAM. L'Égypte, opérateur de longue date de F-16, ne dispose toujours pas d'AMRAAM sur ses Vipers. Cela est dû à un certain nombre de raisons, allant de la technologie aux préoccupations de parité dans la région.
En outre, une discussion de longue haleine porte sur la fourniture à l'Ukraine de bombes à guidage GPS JDAM (Joint Direct Attack Munition). Ce point est également susceptible de jouer un rôle important dans la conversation politiques autour du F-16, un avion qui compte des armes intelligentes air-sol de très haute précision notamment. En l'état actuel des choses, l'Ukraine reçoit déjà des JDAM pour équiper une plate-forme inconnue. Cela donnerait à l'Ukraine une capacité potentielle d'armement guidé d’une tonne lorsqu'elle est associée à un avion.
Il existe de nombreuses autres armes que le F-16 peut déployer - c'est peut-être là son plus grand avantage. Cela est particulièrement vrai pour l'Ukraine, qui pourrait se voir fournir rapidement de nouvelles capacités à mesure que ses partenaires alliés le jugent nécessaire, notamment l'introduction d'armes d'attaque au sol à distance de sécurité. L'Ukraine reçoit également déjà des bombes de petit diamètre (SDB), sous une forme rare, lancées depuis le sol. Les F-16 pourraient également les déployer de manière très souple, bien que la situation de défense aérienne dense évoquée précédemment au-dessus de l'Ukraine, qui limite les altitudes d'exploitation à proximité du front, réduise également considérablement la portée de ces bombes planantes.
On pourrait faire valoir qu'à mesure que l'Ukraine devient plus compétente avec le F-16, elle pourrait utiliser ce type d'appareil pour affaiblir le parapluie anti-aérien de la Russie dans certaines zones, au moins pour des opérations combinées ponctuelles. L'Ukraine dispose déjà du missile antiradar AGM-88 High-Speed Anti-Radiation Missile (HARM) qui est utilisé de manière improvisée sur les chasseurs MiG-29 et Su-27 du pays. Un F-16, avec sa suite avionique et ses systèmes de détection modernes, peut faire un usage bien plus dévastateur de cette arme. Mais, une fois encore, cela ne serait probablement pas dans l'avenir immédiat pour une armée de l'air ukrainienne équipée de F-16.
Quoi qu'il en soit, en gardant tout cela à l'esprit, la conversation politique est donc bien plus large que le simple fait de leur envoyer des F-16, oui ou non ? L'Ukraine se verra-t-elle livrer des F-16 équipés de bombes "muettes" Mk 82 et d'AIM-9 Sidewinders à détection de chaleur, ou des F-16 équipés d'AMRAAM et d'armes à distance de sécurité ?
Ce F-16C porte des AIM-120 AMRAAM à ses extrémités d'aile. © Jamie Hunter
La réalité n’est pas facile
Le fait pour les ukrainiens de continuer à exploiter des MiG et des Sukhois et d'augmenter la taille de ces flottes pourrait en fait présenter des avantages par rapport à l'arrivée d'avions à réaction occidentaux. L'exploitation de types similaires à ceux de la Russie contribue à compliquer la situation aérienne pour les assaillants russes. La charge d'entraînement supplémentaire serait très faible à un moment où le rythme des opérations est élevé, et la chaîne logistique est déjà partiellement en place.
L'Ukraine a également demandé à plusieurs reprises des chasseurs supplémentaires de fabrication russe pour renforcer sa flotte en déclin. S'il n'y a pas de sources évidentes pour les Su-27, des efforts répétés ont été déployés pour obtenir des MiG-29 de Bulgarie, de Pologne ou de Slovaquie. Le transfert de ces appareils avec des capacités modernisées, comme l'ajout de l'AGM-88 HARM, comme cela a déjà été fait, ou l'ajout d'AMRAAM, a été présenté comme un moyen potentiel de renforcer l'armement aérien tactique de l'Ukraine. Mais des pilotes urkainiens ont fait remarquer que cela n'avait guère de sens : "C'est trop long, trop cher et trop compliqué d'intégrer des systèmes air-air modernes sur un vieux jet". En outre, les missiles à radar actif seront mal adaptés aux radars qui équipent leurs avions de conception soviétique, même si cela pouvait se faire.
Quoi qu'il en soit, une telle mesure clopin-clopant ne fournira pas à l'Ukraine un avion de combat pour son avenir à long terme et ne fait que retarder l'issue probablement inévitable - l'utilisation par l'Ukraine de chasseurs occidentaux. En outre, cela ne contribue en rien à dissuader les futures agressions russes sur le long terme.
Si l'Ukraine obtenait le feu vert pour des F-16 Vipers, ses pilotes pourraient en fin de compte se former assez rapidement grâce à un programme d'entraînement très condensé, spécifiquement conçu pour couvrir des utilisations basiques. Il ne serait pas dans un premier temps nécessaire de couvrir l'ensemble du spectre multi-mission d’un F-16 moderne.
Si les pilotes ukrainiens apprenaient simplement à piloter ce chasseur, en jetant un coup d'œil rapide à certaines applications air-sol de base - en utilisant probablement des armes non guidées dans un premier temps - et en se familiarisant avec le Sidewinder pour les combats air-air, ils pourraient probablement être jugés compétents en quelques semaines. Mais cela ne donnerait pas à l'Ukraine ce qu'elle demande. Cette demande prendra plus de temps et s'inscrira dans le cadre d'une transition plus large des avions de combat qui s'étalerait sur plusieurs mois, voire plusieurs années, et non sur une poignée de semaines.
Donc, pour des F-16 en Ukraine, il y a certainement une possibilité réelle. Mais y a-t-il une volonté politique ? Nous le saurons tôt ou tard et d'une manière ou d'une autre.
FIN
Dernière modification par philouplaine (13-02-2023 17:46:30)
ouaf ouaf ! bon toutou !!
Hors ligne
Merci Philou...mais des A 10 seraient plus adaptés à la situation tactique...
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
Hors ligne
Pas faux non plus .... redoutables ces A 10
André.
ASUS Prime X299-A ATX S. 2066 -GIGABYTE Aorus GeForce GTX 1080TI - 11 Go INTEL i7-7800X 3.5 GHz 6-Core - Coolmaster liquid ML360 - 64 Go Kingston FURY Beast RGB 16 Go DDR4 3200 MHz CL16 - 1 SAMSUNG SSD 960 EVO M.2 500 Go- 1 SSD SAMSUNG 850 Evo 500 Go - DD 3.5" SEAGATE IronWolf 4 To - Alim EVGA 850W 80 Gold – Win 10 64 bits – écran THOMSON 28" MSFS2020
Hors ligne
Si le but est de leur fournir un moyen défensif afin de repousser et détruire les Russes pourquoi ne pas leur donner des AH-64?
Les Russes n'ayant pas la supériorité aérienne, ca ferait tout autant le taf si pas mieux...
Dernière modification par Fuchs (13-02-2023 20:14:22)
Amat Victoria Curam
i7 14700k / Arctic Liquid Freezer III 420 / ASUS ROG STRIX Z790-E GAMING WIFI II / MSI 4080 Super GAMING X SLIM/ Trident Z5 7200 64Go / m.2 MP700 pro et 990 PRO / TM Warthog + TPR / Honeycomb Alpha&Bravo / mini FCU / TIR 5 / etc, etc, etc...
Hors ligne
Bonjour
Comme l'a si bien dit hier, un général, de nos jours l'utilisation des chasseurs dans des combats aériens sont de plus en plus inutiles voir très dangereux (destruction des appareils) vu la supériorité technologique des nouveaux systèmes de défense antiaérienne de plus en plus sophistiques quelque soit le fabricant ou le pays d'origine. C'est pas pour rien que les belligérants n'ont plus utilisés des chasseurs depuis longtemps sur les théâtres d’opérations en cours. De l'autre coté l'utilisation massive des drones et de l’artillerie par les belligérants à également minimisé la nécessité de l'utilisation de l'aviation et des chasseurs bombardiers en particulier.
Dernière modification par chessgame80 (14-02-2023 01:12:44)
Win 10, I7 -7700K 4.8Ghz, GeForce GTX 1080 Ti, RAM Corsair DDR4 32Go - 3200Mhz, 2 SSD M.2 NVMe, écrans 40" et 21"
MSFS 2020 Premium Deluxe | MSFS 2024 Premium Deluxe | versions Store, P3DV5, XP12
Hors ligne
des combats aériens au sol
Ca c'est un concept !
C'est pas pour rien que les belligérants n'ont plus utilisés des chasseurs depuis longtemps sur les théâtres d’opérations en cours.
Heuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu ??????
Dans les conflits actuels, soit les belligérants sont des pays pauvres et n'ont pas ou pas de forces aériennes, soit pas, et dans ce cas là ils les usent et sur usent !
Il n'y a que la Russie qui justement, sur l'Ukraine, étonne tout le monde de par la retenue de sa force aéro (que je ne m'explique toujours pas, le concept de "peur d'être abattu" n'étant pas trop dans leur façon de penser... Doit y avoir autre chose)
Dernière modification par Ragg Sor (13-02-2023 21:46:32)
AMD 5900X, GeForce 3080TI, 64Go RAM DDR4, 1To NVME + 2To NVME + 2To HDD
W11 64, HOTAS Thrustmaster Warthog, Stream deck 5x3 avec Plugin Flight Tracker et Lorby's Axis and Ohs, X-Touch Mini
Microsoft Flight Simulator (standard), PMDG DC-6 et 737-600, Fenix A320
Hors ligne
C'est pas pour rien que les belligérants n'ont plus utilisés des chasseurs depuis longtemps sur les théâtres d’opérations en cours.
1 . Les combats aériens et attaques au sol par les chasseurs et multi-rôles ne sont plus pratiquées en Ukraine depuis l'année dernière. Il n’était pas question de l'Afrique ou Moyen Orient, Asie.
Dernière modification par chessgame80 (13-02-2023 22:55:48)
Win 10, I7 -7700K 4.8Ghz, GeForce GTX 1080 Ti, RAM Corsair DDR4 32Go - 3200Mhz, 2 SSD M.2 NVMe, écrans 40" et 21"
MSFS 2020 Premium Deluxe | MSFS 2024 Premium Deluxe | versions Store, P3DV5, XP12
Hors ligne
Ok vu ta phrase ça semblait être plus général, d'où mon étonnement.
L'Ukraine, je savais pas que c'était en pause niveau jets, j'ai pas trop suivi ces temps ci.
EDIT
ça vole (et ça tombe, du coup) quand même encore un peu, même en chasseur bombardier :
Wiki des pertes aéro recensée des deux côté, par date
Dernière modification par Ragg Sor (13-02-2023 23:13:27)
AMD 5900X, GeForce 3080TI, 64Go RAM DDR4, 1To NVME + 2To NVME + 2To HDD
W11 64, HOTAS Thrustmaster Warthog, Stream deck 5x3 avec Plugin Flight Tracker et Lorby's Axis and Ohs, X-Touch Mini
Microsoft Flight Simulator (standard), PMDG DC-6 et 737-600, Fenix A320
Hors ligne
EDIT
ça vole (et ça tombe, du coup) quand même encore un peu, même en chasseur bombardier :
[url=https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_aircraft_losses_during_the_Russo-Ukrainian_War#Ukrainian_aircraft_losses_2]Wiki des pertes aéro recensée des deux côté, par date
Concernant le lien avec la liste des pertes, environ 200 pertes russes et 220 ukrainiennes, avions, hélicoptères et drones d’attaque et de reconnaissance. Pour 2023 - 2 chasseurs bombardiers ukrainiens et 4 russes.
Edit : c'est énorme en terme de pertes au chapitre aviation pour une période relativement courte de seulement 1 an.
Pas encore trouvé d’équivalent pour les conflits récents depuis 1945.
Dernière modification par chessgame80 (14-02-2023 00:28:22)
Win 10, I7 -7700K 4.8Ghz, GeForce GTX 1080 Ti, RAM Corsair DDR4 32Go - 3200Mhz, 2 SSD M.2 NVMe, écrans 40" et 21"
MSFS 2020 Premium Deluxe | MSFS 2024 Premium Deluxe | versions Store, P3DV5, XP12
Hors ligne
Guerre du Kippour, Israel a perdu +-130 avions, la moitié est attribuée aux Sa-6 l'égypte +-240 et la Syrie +-180 selon les sources
Guerre des 6 jours, Israël revendique 452 avions détruit dont 79 en combat aérien pour une perte de 46 avions
Amat Victoria Curam
i7 14700k / Arctic Liquid Freezer III 420 / ASUS ROG STRIX Z790-E GAMING WIFI II / MSI 4080 Super GAMING X SLIM/ Trident Z5 7200 64Go / m.2 MP700 pro et 990 PRO / TM Warthog + TPR / Honeycomb Alpha&Bravo / mini FCU / TIR 5 / etc, etc, etc...
Hors ligne