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Bonjour cher(e)s ami(e)s,
Je vous ai traduit un article paru dans le Times de ce jour sur un des grands pilotes de Concorde de ce pays que certains appellent la perfide albion ... qui a lancé et vécu avec nous la merveilleuse aventure du Concorde, le "Bel Oiseau". David Leney, pour celles et ceux qui l'ont connu, était un homme merveilleux, un grand pilote devant l'éternel, quelqu'un comme on aime.
Bonne lecture!
Philippe
NĂ©crologie du Commandant Kenneth David Leney (1934-2018)
Paru dans le Times du 27 septembre 2018
Le Cdt. Leney vola sur Concorde pendant 15 ans pour le compte des British Airways, y compris certains vols de démonstration à Farnborough © BARCROFT MEDIA
Le pilote de Concorde Kenneth David Leney des British Airways, dont l’un de ses passagers les plus éminents fut la reine d’Angleterre, est brutalement décédé le 15 septembre dernier d’une attaque cérébrale. Né en septembre 1934, il avait 17 500 heures de vol à son actif dont plus de 5 000 sur Concorde. Il avait publié en 2010, avec David Macdonald un livre sur sa machine préférée : « Le Guide d’Atelier du Propriétaire de Concorde » (Concorde : Owner’s workshop manual).
Il a commencé sa carrière à la RAF pour son service national. Il a ensuite intégré la BOAC comme pilote sur Lockheed Constellation, puis sur Canadair C-4 Argonaut (les DC-4 de la BOAC fabriqués au Canada), puis sur Bristol Britannia et enfin il fut certifié sur Vickers VC-10. En 1977, il a été l’un des premiers pilotes de British Airways à être certifié sur Concorde, et, en 1983, il a été nommé directeur technique de la flotte des Concorde de British Airways. Il avait pris sa retraite en 1991.
Né en 1934 à Bolton, dans le Lancashire d’un père dentiste et d’une mère danseuse, il décida à 17 ans qu’il serait pilote. Après son service national effectué à la RAF, son souhait était de rejoindre une école de pilotage au plus vite mais ses parents en avaient décidé autrement. Ils l’inscrivirent à Cambridge pour y apprendre le français, l’allemand et l’économie. Mais, à leur grand désappointement, à peine arrivé à Cambridge, il quittait l’université pour les bancs d’une école de pilotage où il avait été accepté.
Pendant son apprentissage, il pilota toute une série de différents avions : un Tiger Moth, pour commencer, un Chipmunk, et un des premiers biréacteurs de combat de la RAF le De Havilland Vampire. David disait souvent que : « Comme j’étais trop petit pour pouvoir piloter un Gloster Meteor, il fallait en effet être plutôt grand pour avoir accès aux commandes sur le Meteor, on m’avait affecté au Vampire qui avait un plus petit cockpit. ». Il obtint aussi sa licence de pilote de ligne dans la foulée.
Ne désirant pas rejoindre la RAF à la sortie de l’école, il envoya sa candidature à la BOAC. Il fut retenu et commença à piloter de gros avions de transport comme personnel navigant de la BOAC. Sa première affectation fut comme copilote sur les élégants Lockheed Constellation, puis comme commandant sur les DC-4 Argonaut. En 1958, il était nommé sur son premier avion à turbopropulseur, les Bristol Britannia de la BOAC.
A l’introduction en service commercial du VC-10 en 1964, David fut nommé comme copilote sur son premier jet. Pendant quelques années, il allait parcourir en long et en large les lignes d’Afrique et de l’Extrême-Orient de la BOAC sur ce quadriréacteur qu’il aimait tant piloter. C’est durant ces années qu’il passa, assez vite pour son ancienneté, du siège de droite au siège de gauche dans le cockpit.
A côté de sa vie professionnelle bien remplie, David Leney se maria avec Janice Rose, qu’il avait rencontré dans un bal organisé par la BOAC, ils se marièrent en 1958 et eurent une fille, Susan, et trois garçons, Martin, Andrew et Timothy. David avait neuf petits-fils et une petite-fille.
L’autre grand amour dans la vie de David a été le Concorde. « Je me souviens de ce jour de 1969 où le Concorde fit son premier vol à Toulouse. J’étais stupéfait et émerveillé. Je m’en souviens bien. Est-ce que j’étais assez bon pilote pour espérer un jour être aux commandes de cette superbe machine? Je regardais la télé quand je vis les hublots sur le fuselage. Le Concorde était un avion de ligne et j’étais un pilote de ligne. Je savais quoi faire ! ».
« Je me souviens aussi très bien, quelques mois plus tard, de mon premier vol aux commandes d’un Concorde. C’était à Brize Norton. Je me rappelle encore l’impression de puissance et d’accélération quand j’ai mis plein gaz pour le décollage. Fantastique. C’était ça que tout pilote de Concorde aimait le plus : la puissance et l’aisance aérodynamique de cet avion. Sans compter que son altitude de croisière était à quelques 6 000 mètre au-dessus du plus haut des avions subsoniques et qu’on s’y déplaçait à Mach 2 ! » Leney vola sur Concorde pendant quinze ans, y compris un vol en formation avec les Red Arrows. Sa petite taille, qui l’avait empêché de piloter un Meteor, s’avéra être un avantage vue l’étroitesse du cockpit du Concorde. Il y était à l’aise. D’ailleurs, beaucoup des pilotes britanniques du Concorde étaient des courtauds.
La camaraderie des pilotes et du personnel navigant qui volait sur les Concordes de British Airways les mettait à part. Ils formaient une caste au sein de la compagnie. Leney connut quelques incidents au cours de sa carrière. Lorsqu’il inaugura la ligne de Londres à Bahreïn. Un prince bahreïni fit connaître sa colère, l’avion le réveillait et il prétextait que ses chamelles avortaient depuis que le Concorde arrivait selon une approche qui passait près du palais de ce prince. Leney dut alors, avec les autorités du Bahrein, tracer en urgence une autre route d’approche. L’incident le plus grave qu’il connut sur Concorde eut lieu en 1989 en Australie. Un groupe d’avocats américains avait loué le Concorde pour un court vol supersonique au-dessus du Pacifique depuis Sydney. Tout à coup, peu après le décollage alors que le Concorde grimpait à toute allure au-dessus de la Mer de Tasmanie, il y eut un grand bruit et l’avion se mit à tressaillir très fortement, si fortement que les verres et les couverts s’entrechoquaient en cabine. Dans le cockpit, David ne comprenait pas ce qui se passait, si ce n’est que les commandes étaient très difficiles à tenir. Il fit demi-tour et revint à Sydeny. Dans le circuit d’approche de Sydney, le contrôleur, qui regardait l’avion à la jumelle, annonça à un David Lenney stupéfait : « Speedbird, vous n’avez plus d’empennage ! » Leney répondit : « Je sors celui de secours ! » qui n’existait pas bien sûr. Il garda son calme et fit un bon atterrissage, avec un Concorde auquel il manquait une bonne partie de l’empennage arrière. L’enquête révéla que l’humidité avait pénétré dans l’intérieur des surfaces de l’empennage et qu’une pièce rouillée de grande taille avait brutalement cassé. Cet incident, qui se terminait bien, aurait pu être beaucoup plus dramatique.
Mais c’est en 1977 à La Barbade que le grand calme de David Leney fut le plus compromis face au ridicule d’une situation totalement inattendue. Son passager principal était alors la reine Elizabeth II, qui passa une quinzaine de minutes dans le cockpit à discuter avec lui pendant le vol, et le Duc d’Edimbourg. Ils se rendaient à l’ouverture de la session du Parlement de la Barbade, qui depuis 1966 était un micro-état indépendant, membre du Commonwealth. Pour éviter tout impondérable, David avait effectué, la semaine précédente, un vol exploratoire en Concorde de Londres à l’aéroport de Bridgetown. Ce qui était délicat là -bas, c’était les vents forts qui soufflaient presqu’en permanence. L’atterrissage était délicat à cause des rafales, David se familiarisa en multipliant les approches et les atterrissages en Concorde sur la piste assez courte de l’aéroport de Bridgetown. L’autre difficulté était le tarmac de l’aéroport, un tarmac très petit. David Leney fit donc des essais nombreux de roulage et de parking sur le tarmac avant de trouver la meilleure position d’un Concorde par rapport au Pavillon d’Honneur et par rapport au reste des pistes de roulage. Vint le grand jour. L’approche et l’atterrissage furent parfaits. David devait ensuite ouvrir son hublot, et sortir le drapeau britannique qu’il tenait à bout de bras ce qui n’était pas facile à cause des fortes rafales qui soufflaient sur l’aéroport. IL devait aussi avec son copilote piloter l'avion au sol. Ils fixaient les lignes peintes spécialement pour cette occasion. Ce n’est qu’à la fin du roulage qu’un accroc apparut. Il se trouve que le peintre local avec qui David avait convenu de ce qu’il fallait peindre au sol pour guider le Concorde dans sa position d’arrêt idéale, s’était trompé ! Il avait placé le signe de positionnement de la roulette avant 1 mètre plus loin qu’initialement prévu ... mais les marques de positionnement du tapis rouge et de l’escabeau étaient d’origine. Du coup, une fois le Concorde arrêté, l’escabeau et le tapis rouge étaient 1 mètre à gauche de la porte de la cabine. La Reine était piégée dans l’avion. Or, à cause du vent, les autorités aéroportuaires avaient cloué le tapis rouge au sol. Dans la confusion, le directeur de l’aéroport monta quatre à quatre les marches de l’escabeau pour finalement faire face à un fuselage garni de petits hublots... Pour ajouter à la confusion générale, il se mit à cogner des mains le fuselage demandant qu’on lui ouvre ! La Reine commença alors à sourire. Après quelques minutes de flottement, tout finit par s’arranger si ce n’est que la Reine fit ses premiers pas à côté d’un magnifique tapis rouge.
David Leney (28 septembre 1934 – 15 septembre 2018), pilote émérite de Concorde, avait 83 ans.
Dernière modification par philouplaine (27-09-2018 13:37:01)
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Le même âge que André Édouard Turcat son homologue français AF .. qui lui était né en 21
Dernière modification par NEPTUNE6P2V7 (27-09-2018 14:38:20)
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Heuuuu Turcat Ă©tait pilote d'essai. Pas de ligne ... Pas tout Ă fait pareil surtout Ă cette Ă©poque et sur cette machine ;-)
A+, Antoine
Mon blog : http://blog.arogues.org
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Un épisode mémorable de sa carrière:
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L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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