Bonjour,
Une petite traduction sur le sujet des drones militaire intelligents d'accompagnement des chasseurs de l'USAF.
L'USAF a enclenché la vitesse supérieure. De l'horizon 2030 pour le programme SKYBORG, on passe à 2023 pour le premier vol du (ou des) prototype(s) ... Merci qui ? Trump ? La Chine ?
J'ai pensé que ça vous intéresserait.
Bonne lecture!
Philippe

Plus d'une douzaine de sociétés ont obtenu un contrat pour le programme de drones de combat Skyborg de l’USAF
Par Thomas Newdick, The War Zone, 30 septembre 2020

L'armée de l'air américaine souhaite commencer à travailler sur un drone utilisant les technologies d'intelligence artificielle avant la fin de l'année.

Pas moins de 13 entreprises américaines vont se disputer leur part d'un contrat d'une valeur totale de plusieurs centaines de millions de dollars pour aider à développer diverses technologies entrant dans la fabrication d'avions sans pilote de type "Loyal Wingman" et de véhicules aériens de combat sans pilote dans le cadre du programme Skyborg de l'armée de l'air américaine

Les contrats sont attribués pour la partie du projet Skyborg appelée SPEAD (pour "Skyborg Prototyping, Experimentation and Autonomy Development" ou Prototypage, Epérimentation, Développemnt de l’Autonomie) dont les travaux devraient se poursuivre jusqu'en 2026. Pendant ce temps, l’USAF va commencer à travailler sur un drone utilisant les technologies d'intelligence artificielle de Skyborg avant la fin de l'année.

En plus de travailler à la construction de "prototypes missionnaires" de Skyborg, ces contrats prévoient l'expérimentation et le développement des capacités d’autonomie décisionnelle du futur drone, y compris avec des essais opérationnels.

Le 29 septembre 2020, le Centre de gestion du cycle de vie des forces aériennes (AFLCMC) de l’USAF a lancé cette deuxième série de contrats dans le cadre du contrat à livraison indéfinie/quantité indéfinie (IDIQ), dont le plafond de financement partagé est de 400 millions de dollars. Les fournisseurs suivants font désormais partie de ceux qui sont en concurrence dans le cadre du contrat global de Skyborg :

- AeroVironment Inc, Simi Valley, Californie ;
- Autodyne LLC, Boston, Massachusetts ;
- BAE System Controls Inc, Arlington, Virginie ;
- Blue Force Technologies Inc, Morrisville, Caroline du Nord ;
- Fregata System Inc, St. Louis, Missouri;
- Lockheed Martin Aeronautics Company, Fort Worth, Texas ;
- NextGen Aeronautics Inc, Torrance, Californie ;
- Sierra Technical Services, Tehachapi, Californie ;
- Université d'État de Wichita, Wichita, Kansas .

Ces entreprises rejoignent les constructeurs de prototype Skyborg Boeing, Northrop Grumman, General Atomics et Kratos, qui avaient été les premiers à recevoir des contrats plus importants dans le cadre de Skyborg en juillet dernier. Tout cela fait suite à un appel à propositions officiel lancé en mai 2020.

Prototype du drone ATS de Boeing (ATS pour Airpower Teaming System ou Système de Puissance AĂ©rienne d’Accompagnement)  aussi appelĂ© le "Loyal Wingman". DĂ©veloppĂ© et prĂ©sentĂ© par Boeing-Australia en mai 2020, son rĂ©acteur a Ă©tĂ© testĂ© le 20 septembre dernier au banc d’essai. le premier vol est prĂ©vu pour le premier semestre 2021. © Boeing Australia

Le général Dale White, directeur du programme des chasseurs et des avions de combat avancés de l’USAF, est l’un des responsables du programme Skyborg. Il a déclaré : "Cette deuxième phase d'attribution établit une collection de fournisseurs diversifiée et compétitive en ajoutant plusieurs entrepreneurs non traditionnels que nous avons considérés comme des ajouts importants à l'effort pour Skyborg".

La prochaine étape pour le programme Skyborg, qui a été dévoilé publiquement pour la première fois en mars 2019, comprendra la conception de prototypes de véhicules aériens autonomes et intelligents, que l'armée de l'air prévoit de commencer à développer plus tard cette année.

Le drone furtif XQ-58 Valkyrie de Kratos, qui a fait son premier vol le 5 mars 2019, est l'un des principaux candidats Ă  la fourniture d'une cellule pour les futurs drones intelligents du  programme Skyborg. © USAF

L'idée de multiplier les contractants a été intégrée au programme Skyborg dès le début et l'USAF a déclaré vouloir "attribuer autant de contrats que possible, et inclure des contractants supplémentaires au fil du temps".

Par rapport à ce qui est nécessaire pour développer un avion de chasse moderne avec pilote, le seuil d'accès au développement de drones "jetables" est très nettement inférieur. Ce facteur devrait en fin de compte se refléter dans un drone, ou une famille de drones, dont le coût sera comparativement bas, voire très bas. De par leur nature, les systèmes Skyborg devraient être suffisamment abordables pour que le commandement opérationnel soit prêt à les utiliser dans des actions militaires à haut risque dont ils pourraient ne pas revenir.

Le programme Skyborg montre également un parallèle étrange avec le concept, très controversé actuellement, de "Digital Century Series" que l’USAF a présenté en novembre 2019 pour le développement de ses futurs avions de combat en remplacement des F-22 et F-35. Comme ce qui se passe pour le DCS, l’USAF indique que la deuxième phase d’attribution de contrats pour le programme Skyborg démontre "des efforts continus pour identifier la meilleure technologie applicable et l'injecter rapidement dans le programme afin de répondre aux besoins des combattants".

La haute priorité accordée au programme Skyborg a été confirmée fin 2019 lorsqu'il a été désigné comme l'un des trois principaux programmes d'avant-garde dans le cadre de l'initiative "Science et Technologie 2030" (S&T) de l'armée de l'air américaine. Les deux autres programmes retenus comme "principaux" sont le programme "Golden Horde", qui fera la démonstration de missiles intelligents autonomes mis en réseau afin de pouvoir travailler en équipe, et le programme du satellite de technologie de navigation type 3 (NTS-3), qui devrait "améliorer le positionnement des avions dans l’espace, leur navigation et la synchronisation de leurs actions par le moyen de satellites intelligents".

Il est essentiel que ces efforts de développement d'avant-garde soient tous planifiés pour les mettre le plus rapidement possible en service. C'est exactement ce dont l'USAF demande aux participants du programme Skyborg, car l’armée de l’air américaine souhaite tester une première version opérationnelle du système dès 2023.

L'USAF veut que Skyborg fournisse les technologies nécessaires à un avion hautement autonome, peu coûteux et capable de travailler en équipe de plusieurs drones Skyborg, capable de voler dans des environnements contestés, y compris contre des adversaires proches en combats aériens. Plutôt que d'aboutir à un seul type de drone intelligent, le programme Skyborg a pour objectif de produire une famille de véhicules aériens sans pilote interdépendants pour soutenir toute une panoplie de missions de l'armée de l'air. Il est d’ores et déjà fortement suggéré aux contractants qu'à mesure où la technologie autonome se développe, le programme Skyborg introduira de nouvelles capacités encore plus rapidement et à moindre coût que lors de ses premières versions.

Traduction des lĂ©gendes. Objectifs des capacitĂ©s de Skyborg: 4 axes d’effort. Axe 1. Les logiciels : architecture des logiciels gĂ©rant l’autonomie du drone, opĂ©rations collectives, planification des missions, Ă©quipe avec d’autres drones et avec des avions de combat pilotĂ©s, aptitude aux missions demandĂ©es, applications de transfert de l’autonomie, dĂ©veloppement de procĂ©dures de mise Ă  jour des logiciels. Axe 2. La partie matĂ©rielle informatique. Standards Open Access. IntĂ©gration dès l’origine du système UniFi Security Gateway. Tests du comportement collectif des diffĂ©rents systèmes hardware.  Axe 3. OpĂ©rations. Validations par les  procĂ©dures CONOPS (Concepts of Operation) et CONEMPS (Concepts of Employement) de l’USAF, OpĂ©rations de lancement et de rĂ©cupĂ©ration lors d’une mission, DOTMLPF-P, c’est un acronyme du jargon USAF rĂ©cent (2009) pour "Doctrine, Organization, Training, Materiel, Leadership and education, Personnel, Facilities" (ou Doctrine, Organisation, EntraĂ®nement et formation, MatĂ©riels, Prise en main et utilisation, Personnel impliquĂ©, Installations nĂ©cessaires), le P final signifie Policies (pour ProcĂ©dures Requises) ... en clair, le nouveau drone Skyborg devra rĂ©pondre Ă  toutes les exigences procĂ©durales de l’USAF telles qu’exposĂ©es dans les procĂ©dures requises du DOTMLPF. Axe 4. Conception du drone. Sa technologie devra en faire un avion peu coĂ»teux et "attritable" (amĂ©ricanisme de l’armĂ©e amĂ©ricaine qui veut dire qu’on peut en perdre au combat sans trop se lamenter). © USAF

À l'intérieur de l'un des drones Skyborg, nous pouvons nous attendre à voir des systèmes de communication et de navigation robustes et endurants, ainsi que des logiciels de contrôle de vol suffisamment avancés pour garantir que le drone puisse toujours accomplir sa mission même s'il se voit refuser l'accès à la navigation GPS ou s'il est soumis à un brouillage électronique puissant. En outre, l'autonomie du drone signifie aussi qu'il est censé accomplir les parties les plus simples de la mission - décollage et atterrissage, vol en formation, etc. - de manière indépendante.

Au début de l'année, l’USAF a donné une idée de la manière dont Skyborg pourrait également fonctionner en réseau, "en formation à plusieurs Skyborg" avec un avion piloté puis passer à tout moment en fonctionnement totalement autonome.

Traduction des lĂ©gendes. Axe OPEN. OMS pour Operational Mode Summary/Mission Profile : mode de fonctionnemtn actuel des systèmes d’acquisition de cible, architecture aisĂ©ment modifiable, agilitĂ© de vol, grande variĂ©tĂ© des armes embarquĂ©es, variĂ©tĂ©s des missions de vol en formation, intĂ©gration facile d’une tierce partie (pilote, opĂ©rateur au sol), système commun au cĹ“ur d’une famille hĂ©tĂ©rogène d’avions. Axe Robustesse (Resilient). Communication sĂ©curisĂ©es et priorisĂ©es, navigation sĂ©curisĂ©e, autonomie assurĂ©e, faible coĂ»t. Axe Autonomie. MobilitĂ©, dĂ©collage et atterrissage autonomes, mise en attente autonome dans l’ordre des commandements dans une action,  navigation autonome, capacitĂ© autonome au vol en formation, autonomie dynamique, attribution des tâches basĂ©e sur des objectifs. © USAF

En ce qui concerne la manière dont Skyborg fonctionnera aux côtés des avions pilotés en "équipe", l'armée de l'air a confirmé que le Skyborg n'aura pas de rôle dans la "prise de décision létale", mais qu'il fournira des informations aux pilotes humains pour les aider à prendre des décisions et à améliorer leur connaissance de la situation. En utilisant des capteurs et des algorithmes embarqués, un drone Skyborg pourrait fournir des données aux pilotes humains sur les menaces aériennes et terrestres, ainsi que présenter des options pour attaquer ou éviter les avions ennemis repérés.

L'USAF s'attend à ce que le Skyborg utilise une architecture ouverte et des systèmes modulaires qui permettront non seulement d'insérer de nouvelles technologies et capacités, mais aussi de garantir que le système dans son ensemble puisse être évolutif et être introduit sur diverses plateformes.

En dépit de certains travaux conceptuels antérieurs, on ne sait pas exactement à quoi pourraient ressembler les véhicules Skyborg. Dans le passé, le laboratoire de recherche de l'armée de l'air (AFRL) a déclaré qu'il avait pour objectif de tester d'abord Skyborg sur un drone de type Loyal Wingman. Des éléments du système pourraient ensuite potentiellement évoluer vers un véhicule aérien de combat sans pilote de la taille d'un avion de chasse. Compte tenu des sociétés impliquées jusqu'à présent, il y aura certainement de multiples concepts de véhicules aériens en concurrence.

Vue d’artiste de ce à quoi pourrait ressembler un drone Skyborg. © USAF

Au-delà, il est possible que ces mêmes systèmes d’intelligence artificielle migrent vers des avions pilotés. Le concept de copilote virtuel piloté par l'intelligence artificielle est un concept que l'USAF explore actuellement dans le cadre de son programme R2D2. Des efforts similaires sont en cours ailleurs au sein de l'armée américaine.

En mars 2019, Will Roper, secrétaire adjoint de l'USAF avaitdéclaré qu'il souhaitait voir "des démonstrations réelles et opérationnelles" de l'architecture de Skyborg "d'ici quelques années". En gardant cela à l'esprit, avec cette dernière annonce de contrats, nous pourrions ne pas avoir à attendre longtemps avant de voir la technologie d'avion autonome" jetable" de l'USAF testée sur des prototypes.