[Réel] Clap de Fin pour le Learjet

philouplaine · [↑]

Bonjour cher(e)s ami(e)s,

Après l'A380 et le 747, encore une légende volante qui disparait!
Bombardier, qui a repris les activités de l’usine Learjet à Wichita, a annoncé hier qu’il arrêtait définitivement cette année la construction des Learjet.
Encore un pan important de l’histoire aéronautique qui se ferme.
Je vous avais parlé du Learjet il y a quelques années en vous traduisant un texte de Jason Paur, publié en 2013 à l’occasion des 50 ans de cet avion mythique: ici.
J’ai pensé que cet article américain paru dans The War Zone pourrait vous intéresser.
Le voici, bonne lecture !

Philippe

Après six décennies, la fin du Learjet, un emblématique avion d’affaire
Par Thomas Newdick, The War Zone, 11 février 2021

Le temps est venu pour l’avion d’affaire à réaction le plus connu et le plus classique de finir sa carrière car Bombardier vient d’annoncer la fin de sa production dans son usine de Wichita.

C'est bientôt la fin de l'un des plus grands noms de l'aviation d'affaires, ou de l'aéronautique tout court, car le constructeur Bombardier a décidé de mettre fin à la production du Learjet dès cette année. C'est un coup dur pour les 1 500 employés de la société basés à Wichita, qui seront tous licenciés. Et le rideau va tomber sur ce qui a été peut-être l'avion d'affaires à réaction le plus connu au monde.

"Avec plus de 3 000 avions livrés depuis son entrée en service en 1963, le Learjet, icône de notre compagnie, a eu un impact remarquable et durable sur l'aviation d'affaires", a déclaré M. Éric Martel, le PDG de Bombardier, dans un communiqué daté du 11 février 2021. "Toutefois, étant donné la dynamique de plus en plus difficile du marché, nous avons pris la décision difficile de mettre fin à la production de Learjet".

Le Model 75, le Liberty, est désormais le dernier modèle de Learjet produit. © Bombardier

Cette décision qui semble avoir été influencée par l'évolution des tendances du marché avec une concurrence beaucoup plus importante dans le segment des jets légers, ainsi que la pandémie COVID-19 en cours, sera surtout ressentie par les employés de l'entreprise Bombardier dont le siège social est à Montréal.

À Wichita, environ 250 employés peuvent s'attendre à perdre leur emploi au cours des 12 prochains mois, une fois que la production du Learjet aura cessé à partir de l’automne prochain. Il est toujours possible que certains d'entre eux soient réaffectés à d'autres postes dans l'entreprise, mais cela impliquerait des "négociations collectives" avec Bombardier, selon le journal local, le Wichita Eagle.

Ces pertes d'emplois ne représentent malheureusement qu'une fraction de celles qui pourraient survenir dans l'ensemble de l'entreprise au moment où elle se restructure pour faire face à la tempête que le COVID-19 a provoquée dans l'ensemble des industries aérospatiales commerciales. Au total, Bombardier devrait perdre 1 600 emplois dont environ la moitié au Canada. Cependant, si la plupart de ces pertes d'emplois seront des emplois de bureau en col blanc, la situation est différente à Wichita, où la plupart des personnes à risque sont les ouvriers chargés de construire les Learjets.

Les premiers Learjets en attente de livraison sur le tarmac de l'usine à Wichita, Kansas. © Bombardier

M. E. Martel a décrit ces réductions de personnel comme "absolument nécessaires pour que nous puissions reconstruire notre entreprise tout en continuant à évoluer dans la pandémie". Parmi les changements introduit par la direction de Bombardier, outre les réductions d’effectif, figure un plus grand développement des services en aéronautique. La branche de l’aviation d’affaire de Bombardier va se reconcentrer sur les familles d'avions Challenger et Global Express. Ces deux séries offrent un potentiel de croissance et de développement beaucoup plus important, et, surtout, sont beaucoup plus populaires auprès des clients.

Cela dit, cette décision n'enlève rien à l'incroyable héritage que le Learjet a établi. Il est un peu étonnant de penser que le tout premier prototype de Learjet a pris l'air à Wichita le 7 octobre 1963, il y a près de soixante ans ! Le Learjet faisait partie de la première génération des avions d'affaires à réaction. Fait remarquable, sa conception s'est inspirée du chasseur à réaction monoplace suisse, le P-16 de la Flug und Fahrzeugwerke Altenrhein, que William P. "Bill" Lear avait vu de très près alors qu’il venait de quitter les USA pour la Suisse après avoir pris sa retraite à la fin des années 1950. Bien que le P-16 n'ait jamais été commandé en quantité, seuls 5 exemplaires furent construits pour l’Armée de l’Air Suisse, le Learjet 23, construit par ce fut d’abord connu comme la Swiss-American Aircraft Corporation, devint presqu’immédiatement un succès éclatant.

Le chasseur à réaction suisse P-16 dont l’aile a été reprise dans le Learjet.

Rapide, élégant et pouvant être piloté par un seul pilote, le Learjet 23 était propulsé par une paire de turboréacteurs CJ610 de General Electric, une adaptation sans postcombustion du moteur J85 utilisé dans le T-38 Talon. Le nouveau biréacteur se vantait d'un taux de montée plus élevé que celui du F-100 Super Sabre et de l'altitude de croisière la plus élevée de tous les avions de sa catégorie.

Les autres caractéristiques comprenaient des commandes de vol manuelles, mais aussi des aérofreins motorisés, une queue en T et un petit fuselage de seulement 1 m 60 de large et seulement 1 m 40 de haut. En 1965, le constructeur du Learjet, qui entre temps était devenu la Lear Jet Corporation, commença à travailler sur le modèle 24, avec une masse maximale au décollage augmentée par rapport à celle du Learjet 23, et qui fit son premier vol le 24 février 1966.

Le père du Learjet, William P. "Bill" Lear. © San Diego Air and Space Museum Archive

Le Learjet devint rapidement l’avion privé de choix pour de nombreuses personnalités, riches et célèbres. En 1965, Frank Sinatra revendit son Morane-Saulnier MS.760 Paris de fabrication française contre un Learjet 23 flambant neuf. En 1967, il prêta son Learjet à Elvis Presley et Priscilla Beaulieu pour qu’ils se rendent à Las Vegas pour se marier. Le même avion a également transporté Sammy Davis Jr et Marlon Brando dans le Mississippi pour qu’ils rejoignent une des marches pour la liberté organisées par Martin Luther King Jr.

Trois Légendes réunies. © Tyler Rogoway (@Aviation_Intel)

En fin de compte, le Learjet a acquis rapidement un tel capital culturel qu'au début des années 1980, le constructeur mettait en avant dans ses publicités que son avion avait été filmé dans plus de films et de séries télévisées que tout autre avion dans l'histoire.

En 1966, la Lear Jet Corporation avait été rachetée par la Gates Rubber Company, devenant ainsi la Gates Learjet Corp. La même année était présenté le Learjet 25, une version allongée du Learjet 24, avec 10 places assises dans une cabine 50 % plus grande et un rayon d'action légèrement réduit. Puis, ensuite, le Learjet 28 et le Learjet 29 Longhorn furent proposés, dont seuls quelques-uns furent produits (moins de dix), ce furent les premiers Learjet à ajouter des winglets pour améliorer leur efficacité. Les winglets, un concept aérodynamique développé par la NASA, furent posés pour la première fois sur ces avions. Entre 1964 et 1982, 105 Learjet 23, 255 Learjet 24 et 368 Learjet 25 furent construits et livrés.

Les Learjet 28 et 29 ont été les premiers avions de série à être équipés de winglets. © Andrew Burn

Avec le Learjet 35 de huit places, dévoilé en 1973, les clients pouvaient désormais bénéficier de tous les avantages des turboréacteurs Garrett TFE731, plus économiques et plus silencieux, qui remplaçaient les précédents turboréacteurs. Ce modèle, ainsi que sa variante le Learjet 36, présentait des ailes légèrement plus grandes et un fuselage allongé. Le Learjet 35 est également devenu un favori de l'US Air Force, qui l'a acquis sous la désignation militaire C-21. Entre-temps, c'est un Learjet 36 que le golfeur Arnold Palmer a utilisé pour établir un nouveau record autour du monde en 1976, couvrant une distance de 37 000 km en 57 heures 25 minutes et 42 secondes. Lorsque la production a cessé, au milieu des années 1990, plus de 730 exemplaires du Learjet 35/36 avaient été vendus, un vrai succès.

Un C-21 de l’USAF, opéré par la Garde Nationale du Connecticut. © USAF, Tomás Del Coro

Un Learjet U-36A de la Marine Japonaise, dérivé du Learjet 35.

Entre-temps, le Learjet 55, de à 10 places avait été ajouté à la famille, ainsi que le Learjet 55LR à sept places et à long rayon d'action, le Learjet 55XLR à rayon d'action encore plus long, et le Learjet 55B avec un cockpit vitré moderne, introduit en 1986. Cette série a été la première dans laquelle les passagers pouvaient se tenir debout dans la cabine et elle a également ajouté des "ailerons delta" caractéristiques, inclinés vers le bas, sur le fuselage arrière. Au total, 147 des différents modèles de Learjet 55 ont été construits jusqu'en 1992.

Un Learjet 55 en approche finale à Las Vegas. © Eddie Maloney

C'est en 1990 que Bombardier a acquis l’usine Learjet après que la société Gates ait commencé à rencontrer de graves difficultés financières. Le nouveau propriétaire canadien a lancé toute une nouvelle gamme de modèles pour assurer le succès dans les années 1990 et au-delà, tout en conservant leur appellation Learjet. Le Learjet 31 combinait l'aile du Learjet 55 avec le fuselage du Learjet 35 et fut le premier des Learjets de "nouvelle génération". Lorsque le Learjet 31A est entré en scène en 1991, cet avion disposait désormais d'un système électronique d'instrumentation de vol Bendix/King entièrement intégré, avec cinq écrans dans le cockpit et sa vitesse maximale était de Mach 0,81.

Un Learjet 31 de TAG Aviation à l’aéroport de Genève-Cointrin. © Kambui

Le Learjet 60, qui a volé pour la première fois en 1990, a remplacé le Learjet 55. C'était le plus gros Learjet jamais produit avec une capacité de 12 sièges et des turboréacteurs PW300 de Pratt & Whitney Canada.

Un client potentiel descend d’un Learjet 60XR lors d'un salon aérien à Hong Kong. © Associated Press

Le premier de la gamme des Learjet à être entièrement conçu sur ordinateur, le Learjet 45, offre 10-11 places assises et constitue une première depuis le Learjet 23 original. La version raccourcie est le Learjet 40, qui a remplacé le Learjet 31 sur la chaîne de production de Wichita à partir de 2002.

Un Learjet 45 atterrit à l’aéroport international de Billings dans le Montana. © redlegsfan21

Le dernier de la gamme est le Learjet 70/75, connu sous le nom de Liberty, qui a commencé à être livré en 2013. Il s'agit essentiellement d'un Learjet 45 modernisé, doté des derniers équipements, notamment l'avionique Garmin contrôlée par écran tactile et des aménagements intérieurs de luxe plus modernes.

L’aménagement de la cabine d’un Learjet 75 Liberty. © Bombardier

Mais le Learjet ne va pas disparaître de notre ciel de sitôt. Bombardier a annoncé un programme de remise à neuf des avions Learjet 40 et Learjet 45, connu sous le nom de programme "Learjet RACER". Ce programme s'inscrit dans le cadre de ces fameux nouveaux services aux clients existants que le constructeur souhaite développer à l’avenir.

Le programme RACER comprendra des améliorations des composants intérieurs et extérieurs, une avionique avancée, une connectivité à haut débit, des moteurs améliorés et des coûts de maintenance réduits. "Le site restera occupé", a déclaré M. Martel aux journalistes. "Wichita sera un site de choix pour Bombardier."

Cette décision bienvenue devrait également aider à garder de la main-d'œuvre restante à Wichita, dans l’usine de construction des Learjet, car de nombreux Learjet restent en service en Amérique du Nord.

Le Learjet devrait également compter de nombreuses années de vol dans les flottes des sociétés privées qui fournissent des services à différentes forces armées dans le monde entier, le Learjet s'étant notamment imposé comme un choix populaire pour le soutien aérien et dans la guerre électronique, voire dans le remorquage de cibles.

Film commercial de Bombardier sur le Learjet 75. YouTube - Durée 2 min 21.

Dernière modification par philouplaine (14-02-2021 19:21:17)

NEPTUNE6P2V7 · [↑]

très belle article avec des tofs, traduit sur un avion de légende ..

cro · [↑]

Merci,

Cedric · [↑]

Triste en effet, encore un classique qui prend le large.

Starway366 · [↑]

Un classique aussi pour les plus anciens sur FS.
C'était ma deuxième étape de pilote virtuel après le C172 à Chicago Meigs piste 36.

bricedesmaures · [↑]

https://www.youtube.com/watch?v=qIKeEHwL_xI

Vidéo sur le dernier modèle du Lear, c'est un autre angle d'attaque, point de vue pilote.

Merci une nouvelle fois à Philou qui discrètement mais efficacement fait partager son hobby….à coté de son travail de scientifique.

pfe81 · [↑]

Bonjour,

merci pour ce remarquable historique. J'ai appris beaucoup ... comme souvent !
bonne journée

Patrick

Henry · [↑]

Merci pour cette inintéressante traduction sur cet avion de légende.

philouplaine · [↑]

inintéressante Henry ???

Dernière modification par philouplaine (15-02-2021 16:16:51)

philouplaine · [↑]

Starway366 a écrit :

Un classique aussi pour les plus anciens sur FS.

Oui j'ai beaucoup aimé voler sur le Learjet 24 de Lionheart ...

Ne serait-ce que pour la très agréable copilote !!

J'ai posté plusieurs "tours de continents" effectués avec le Learjet sur le forum Vos expériences et vos récits aéronautiques ...

Le dernier autour des Amériques (sous FSX): ici.

Bons vols à vous tou(te)s et bye-bye au Learjet ... certainement bientôt disponible sur MSFS !
Philippe

Dernière modification par philouplaine (15-02-2021 16:42:30)

Henry · [↑]

philouplaine a écrit :

inintéressante Henry ???

Heu.....J'ai du m’emmêler un peu les pinceaux et ce n'est pas un problème de traduction
I apologize for my mistake Sir

Je reprends: Merci pour cette captivante traduction sur un avion de légende

#1 [↑][↓] 14-02-2021 17:51:50

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#2 [↑][↓] 14-02-2021 18:21:48

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