Bonjour tou(te)s,

Voici le (long ... trop long?) récit d'un petit vol effectué il ya quelques jours de Bordeaux-Mérignac à la B.A. 118 de Mont-De-Marsan pour convoyer un général de brigade aérienne (excusez du peu !), en passant par Arcachon, son bassin, les étangs des Landes entre temps ... En route !

Blason de Bordeaux


13h30, Mérignac. Je suis garé porte Alpha-11 (exceptionnellement … pour un petit Cessna170 !) ; ça me change du parking de l’aviation générale. Justement, tiens en parlant de général … J’attends mon passager. Ah ça n’est pas n’importe qui : un général deux-étoiles (GBA pour ceux qui savent qui doit rapidement rejoindre la BA118 à Mont-de-Marsan. Pourquoi par un vol civil ? Allez savoir … peut-être des restrictions budgétaires ? C’est vrai qu’il n’a que deux étoiles sur ses manches mais bon … Alors voila le général qui arrive et s’installe sur le siège passager non sans regarder avec un peu d’étonnement le « fouillis » de la cabine de mon « bébé » … Très fouillis même … « Ah, on voit que ce n’est  pas l’armée ici ! » me grince-t-il… Jugulaire, jugulaire ! Souvenirs, souvenirs … Mais, bon c’est bien payé alors j’avale la couleuvre ! Roulage demandé pour un départ VFR à destination de Mont-de-Marsan …


"Cessna Romeo-Delta-Delta, vous êtes autorisé pour la 29, par Echo 2, Papa 3, Sierra 3, Sierra 2, Sierra 1, et FoxTrot rappelez au point d’arrêt". Parfait, un départ par la 29 donne un cap au sud-ouest, or Mont-de-Marsan est au sud-est, ça me va plutôt bien.


Bah, finalement, je roule sur le taxiway  Whisky-2 … sans que le contrôle ne dise rien. Météo d’été : vent calme, ciel clair, visibilité supérieure à 20 nautiques, tout baigne ! "Votre roue avant n’est pas correctement positionnée sur le marquage au sol" me fait remarquer mon passager … "Grrrrr !! La barbe !", pensé-je. Il n’avait pas encore tout vu. Bon il y a beaucoup de monde sur  le tarmac de Mérignac  cet après-midi …


Arrivé au point d’arrêt de la 29, le message magique me parvient : "Romeo-Delta-Delta, vous êtes autorisé à décoller"




Après le décollage de la 29, je vire ensuite à l’ouest en direction d’Arcachon … car voilà-t’y-pas que le général me dit qu’il aimerait faire un « petit » tour par Arcachon et Cazaux avant de rejoindre Mont-de-Marsan et sa BA118 ! Voici donc la 1ère partie du vol que nous allons faire, le général souhaite se balader sur les étangs et le  bassin qui donnent à ce coin de la côte atlantique son cachet si particulier. C’est vrai que des noms comme Arcachon, Andernos, Cap-Ferret, Pilat, Cazaux, Biscarosse et Mimizan sont archi-connus et évoquent tout de suite le repos, la plage, le soleil et les pins des Landes … bon, c’est quand même un poil stressant quand dans votre « couple » l’autre est un haut gradé !


Montée vers 3500 pieds avec, en-dessous, le magnifique paysage du Bordelais (pas beaucoup de vignobles à cet endroit). Nous survolons Saint-Jean-d’Illac avec le bois de Laperge au second plan (juste sous les roues) … A 85 nœuds, on vole direct vers la forêt des Landes (qu’on devine au loin) et le bassin d’Arcachon.


"Sur notre droite, c’est le camp militaire de Souge", me fait remarquer mon passager … OK, OK … Je préfère de loin le  paysage sur notre gauche à celui de ce camp et terrain de manœuvre qui n’est qu’une vaste forêt. Attention, pour les puristes, ceci n’est pas ENCORE la forêt des Landes ... un bien beau coucher de lune quand même!


Bassin d’Arcachon qui se profile à l’ouest. Pour le moment, et depuis Mérignac, on suit un cap grossièrement parallèle à la D1250 (celle aux embouteillages si fameux le dimanche soir quand les Bordelais rentrent des plages) qui relie Bordeaux à Arcachon. Devant nous c’est la Parc Naturel régional des Landes, des zones cultivées mais beaucoup de forêts denses de pins… altitude stabilisée à 3300 pieds, vent calme, aucune turbulence, un vol peinard quoi !


Ca y est, on survole la Parc Naturel des Landes, avec la commune de Marcheprime sur notre gauche. Quelques cumulus de beau temps se déploient, assez mollement je dois dire … Plus loin à l’arrière-plan, perdu dans les bois de la ville du Barp, il y a un grand centre d’études nucléaires, c’est le Centre d'Etudes Scientifiques et Techniques d'Aquitaine (CESTA … Ah survoler en CESsNA le CESTA, un rêve, non ?) du CEA qui réunit un millier de collaborateurs sur un site de 700 hectares. L’un des joyaux techniques installé là-bas est le laser mégajoule.


Voici l’orée nord de la Forêt des Landes qui continue jusqu’à Mont-de-Marsan au sud-est et Bayonne au sud-ouest. Le plus grand d'Europe occidentale ce massif forestier, principalement de propriété privée, occupe une superficie de près d'un million d'hectares (!!!) dont les 9/10ème sont constitués de pins maritimes (les fameux pins landais). Contrairement à beaucoup d'autres forêts européennes, elle est presque entièrement constituée de forêts plantées et exploitées industriellement. Mais il existe localement au sein de la forêt des vestiges du boisement postglaciaire (ou forêt-souche): le pin y côtoie alors le chêne, l'aulne, le bouleau, le saule, le houx.


On aborde le Bassin d’Arcachon par sa partie méridionale. La ville bien visible sur notre gauche au premier plan est Audenges. Landon et Andernos-les-Bains sont sur notre droite (hors champs). Au sud d’Audenges on trouve l’estuaire de l’Eyre qui donne sur des parcs à poissons et sur une réserve naturelle extraordinaire : le Parc Ornithologique du Teich. A l’arrière-plan, on distingue d’abord l’étang de Cazaux, puis, plus loin, celui de Biscarosse. Tiens ? un Antonov An-26 est en approche de la base de Cazaux !


Survol du Parc Ornithologique du Teich. Cette réserve naturelle est un espace qui mêle l’eau douce de l’Eyre et les eaux salées du Bassin d’Arcachon. Il a été aménagé au début des années 70 pour accueillir les oiseaux sauvages. Le parc  occupe 120 hectares de forêts, roselières, prairies, marais maritimes et lagunes se répartissent du secteur continental jusqu'aux rivages maritimes du bassin d'Arcachon. Le Parc reçoit plus de 2 millions de visiteurs par an. Allez-y !!!


Survol du Bassin d’ouest en est en suivant une route qui va d’Audenges à Cap-Ferret. Le goulet d’entrée du Bassin est bien visible avec, à gauche, les villes d’Arcachon et de Pyla-sur-Mer et, à droite, le cap Ferret. Le goulet n’est large que de 3 km mais les courants extrêmement puissants le rendent très dangereux à franchir à la nage.


Verticale du port de La Vigne sur la presqu’île du Cap-Ferret, ce port doit sa réputation à ses plages de sable fin, à ses magnifiques villas disséminées à flanc de dune, et surtout à son port de plaisance qui est le seul de son espèce sur cette partie de la côte ... mon passager admire le paysage est est aux anges! Y'a de quoi !


Vue arrière sur le Bassin et la ville d’Andernos-les-Bains. Le survol du Bassin d’Arcachon est possible avec l’Aéroclub d’Andernos (baptême de l’air, école de pilotage et vols touristiques). Un pur moment de bonheur pour découvrir les trésors du Bassin. On peut aussi découvrir les trésors du Bassin d’Arcachon en ULM : baptême de l’air en ULM. Plusieurs circuits ; 20 minutes, 30 minutes, 60 minutes … à partir de 65€ (06.14.19.65.90). Allez-y !!!


Survol du goulet, le cap Ferret, et la côte d’Arguin qui s’étire jusqu’à la Pointe d’Arcachon sur notre gauche. Ces deux littoraux avec leurs magnifiques plages de sable blanc !!! A l’arrière des plages de gauche, on voit la forêt de la Teste. "C’est aussi un camp militaire là-bas", me dit mon passager avec une sorte de ravissement dans le regard … "il y a même un champ de tir au sud de la Pointe d’Arcachon", me précise-il … je lui réponds alors : "tu tires ou tu pointes ?" … regard consterné de mon passager !


Survol du goulet avec sous notre aile gauche la fameuse Dune du Pilat ... enfin sa représentation (pas très réussie) sous GEX Europe et FSX … Sans doute il faudra attendre une scène photo-réaliste du coin pour que « ça » rendre mieux … Allez FranceVFR, un beau geste ! Située à l'entrée sud du bassin d'Arcachon, la dune sur 2,7 km du nord au sud et contient dans les  60 millions de mètres cubes de sable (que de châteaux de sable en perspective hein !!) C’est une dune maritime mobile, elle avance inexorablement vers l'intérieur du pays et son altitude varie constamment, tout en oscillant de 100 à 120 mètres au-dessus du niveau de la mer. L’escalader essouffle fortement (on monte de deux m on recule de un!), je l’ai fait il y a longtemps et pourtant j’avais 20 ans !

Ah, la dune du Pilat (avec officiellement : un « i » et un t » à la fin) se trouve au sud du bourg côtier du Pyla-sur-Mer (avec un « y » et sans « t » à la fin) … allez comprendre la logique ! Ben si, il y en a une pourtant … c’est l’histoire de l’affrontement de deux promoteurs dans les années 1930. Jusqu’aux années 1920, le lieu s’appelait « le Sabloney » ou encore on peut lire « Pilat » sur de vieilles cartes du 18ème siècle.  Mais voici que M. Daniel MELLER propose de racheter les terrains à l’Etat pour en faire un lieu de villégiature qu’il baptise aussitôt  Pyla-sur-Mer : avec un  y et sans t pour faire « moderne et anglais ». Presqu’aussitôt, un autre promoteur, M. Louis GAUME, fonde un peu plus au nord la station balnéaire du Pilat-Plage (en gardant le i et le t). L'orthographe du Pilat modernisé par Daniel Meller en Pyla donne lieu à discussion. Il est établi aujourd'hui, même si quelques panneaux se contredisent, que Pyla désigne la ville, d'où « Dune du Pyla » et « Pilat » désigne la dune elle-même, d'où aussi « Dune du Pilat ».

Je vire cap au sud-sud-est vers Biscarosse. Verticale des plages du Pilat avec la D218 qui relie Arcachon à Biscarosse-Plage. Quelques fermes ici et là, celles du Gaillouneys.


Pendant un petit moment, je m’oriente parallèle à la côte (au grand dam du passager pressé maintenant de rejoindre Mont de Marsan). On suit la D218 et on voit très bien les fameuses « pistes des allemands », des chemins bétonnés d’une vingtaine de cm de large (certains sont plus large pour permettre la circulation de voitures et de camions) qui relient la route à la plage et qui servaient aux soldats à rejoindre leur blockhaus en bicyclette. Les vestiges en sont de plus en plus et très heureusement entretenus par les municipalités pour en faire des pistes cyclables.


Survol de la forêt de la Teste avec la ville de Cazaux et, au second plan, l’étang éponyme. On devine le canal des Landes au premier plan. L’aéroport qu’on voit au second plan, à l’est de la ville de Cazaux et son aéroport (LFBC) qui abrite la Base Aérienne 120. Mine de rien, ya beaucoup de trafic sur cette base, mais je transporte un général alors, on peut y aller franco sans trop craindre les foudres des contrôleurs militaires (pour une fois !!!). "La grande zone dégagée au sud-est de l’aéroport est un champ de tir, le survol est interdit !" me prévient bien « gentiment » mon passager.


On passe Cazaux et l’aéroport par le travers sud. Au même moment un Transall C-160  fait un go around et vient obliquer tout près de nous à 300 pieds en dessous.


Survol du morceau de terre qui sépare l’étang de Cazaux de celui de Biscarosse. On devine à droite la fin de l’étang de Cazaux, et à gauche la pointe nord de l’étang de Biscarosse. La petite étendue d’eau entre les deux est appelé le « Petit Etang de Biscarosse ». Le canal des Landes coupe cette étendue de terre et fait se rejoindre les étangs.




Vue vers le nord et l’étang de Cazaux et le Bassin d’Arcachon dans le fond.


Je vire pour mettre le cap direct sur Mont-de-Marsan. Là débute la seconde et dernière partie du vol.




On devine au fond à droite le bord de l’étang d’Aureilhan. C’est le dernier de la chaîne des étangs des Landes, le plus septentrional aussi. On survole la Forêt de Sainte-Eulalie, où il y a quelques étendues sableuses bien visibles.


Survol de la Nationale 10 (rebaptisée A63 depuis 2009) qui relie Paris à la frontière espagnole (à Béhobie) en passant par Poitier, Angoulême, Bordeaux puis Bayonne. Des bois et des champs, la campagne française quoi!


Au loin on distingue la barrière des monts pyrénéens. On survole le gigantesque Parc naturel Régional des Landes et de la Gascogne. Les étendues d’eau qu’on voit à l’arrière-plan à gauche sont les étangs d’Arjuzanx (houlah, ça commence à « sentir » le pays basque dans les noms). Ils sont au cœur d’une réserve … de chasse ! Avis aux amateurs. Le général commence à s’agiter, il sent la maison !


Toujours 3500 pieds, quelques petits nuages d'été font leur apparition. Mont-de-Marsan se rapproche…


Et c’est le début de la descente sur l’aéroport de Mont-de-Marsan (LFBM). Nous sommes autorisés pour la 27 en circuit main droite. Mine de rien, la piste fait ses 3600 m (because le Centre d’Essai en Vol de l’Armée). Circuit main droite? …un doute m’assaille! "Mais j’aborde l’aéroport par la gauche là ?", dis-je à haute voix. Le général me regarde alors bizarrement, un peu comme un entomologiste regarderait un insecte inconnu s’agitant maladroitement.

Circuit main droite? … euh, à moins que ce soit une main gauche là ???? ah ben non, tous les virages pour la 27 je les ferai à droite donc c’est OK, j’me suis pas gouré (pour une fois) et descente progressive vers 2000 pieds … La ville de Mont-de-Marsan est au sud de la base aérienne dont la piste est bien visible.

Circuit d’approche effectué … euh comment ça pas réglementaire ? De toute façon avec le 2-étoiles que j’avais à bord, j’ai pu faire plus court sans problème !!! Et toc !


Toujours dans l’étape vent arrière du circuit d’approche, on passe au-dessus de la vallée (très boisée) de la Douze, une rivière qui va se jeter dans la Midouze à Mont-de-Marsan, qu’on appelle aussi la ville aux trois rivières.


Etape de base, je commence à sortir les volets. Belle vue sur la Douze en dessous et Mont-de-Marsan au fond.


Finale pour la 27, un Transall C-160 attend, je dois donc me poser long pour libérer très vite la piste … or la bretelle de sortie est assez éloignée.


Et c’est l’atterrissage. Mon passager est content, tout baigne ! Je rentre les volets et me dépêche d’évacuer la piste.


Attente sur le taxiway B pour laisser passer un C-160 … puis un Mirage 2000.




Enfin on a le feu vert pour rejoindre notre parking … Ah tiens ? A voir à côté de  quel appareil nous sommes parqués … devinez qui vient d’arriver avant nous !?


Blason de Mont-de-Marsan


Merci d'avoir eu la patience d'aller jusqu'au bout ... Bons vols à vous tous!
Philippe