Hello everybody !

L'histoire du jour nous emmène en Argentine où un événement assez improbable s'est produit:

Un "INCENTIVE TOUR" destiné au personnel d'une grande entreprise de Buenos Aires fut organisé dans le but de leur faire passer un weekend aux chutes d'Iguaçu (ou, en espagnol "cataratas del Iguazu").

Mais on n'allait pas leur faire remonter le Rio Negro en bateau, ni acheminer tout le monde en autocar jusque là-bas, non !
La trésorerie du comité d'entreprise de cette multi-nationale en pleine santé permettait mieux que cela...

Voyons voir : 400 personnes à faire voyager en avion... En une seule fois... et sur un seul appareil !
Cela tombe bien, un vieux 747-200 de la compagnie nationale qui va partir au rebut prochainement, et toujours en état de voler !

Et c'est comme ça que je me suis retrouvé partant pour cette mission, en tant que "captain in command", associé à un vieux copilote, Nelson, et à un officier mécanicien navigant presque désoeuvré, le grand Ernesto

Nous voici donc en cette belle fin de journée de vendredi, sur le tarmac de l'aéroport international d'Ezeiza (SAEZ) face à notre monstre des airs :











Pour ce vol d'une heure et demie, l'avion ne sera pas trop chargé en carburant, et la compagnie a été généreuse avec les passagers en leur permettant d'emporter les bagages qu'ils voulaient, de toute façon il n'y aura pas de fret à bord

Notre masse au décollage n'excédera pas les 270 tonnes, et notre décollage sera établi à la vitesse VR de 137 kts.
Notre piste de décollage sera la 35, donc pratiquement plein Nord, ce qui nous avantagera, notre destination se situant dans un cap Nord-Est.

Seul petit moment dangereux: le taxi pour le seuil de piste 35 devra se faire via la bretelle H qui coupe la piste 17/35 en plein milieu, puis nous devrons remonter la piste et tourner en "back track" sur la raquette au bout.
J'avoue que mes collègues et moi n'aimons pas trop cela, en effet lorsque nous entrons sur une RUNWAY il vaut mieux l'évacuer rapidement, et en Amérique Latine, je n'ai pas trop confiance en certains contrôleurs qui pourraient nous autoriser au roulage alors qu'un appareil est en courte finale...



Mais BREF... ne nous prenons pas la tête avec ça !

Ernesto s'absente du cockpit pour faire le "walk around", en effet à l'époque des équipages à 3, ce rôle des contrôles externes prévol était dévolu au mécanicien navigant



Quant à nous, pilotes, nous continuons notre préparation de vol.
Notre route nous fera tout d'abord traverser l'estuaire du RIO DE LA PLATA, en bordure de Buenos Aires, puis nous remonterons en suivant plus ou moins le lit du RIO NEGRO jusqu'à notre destination, le petit aéroport de CATARATAS DEL IGAZU (SARI) :



Les passagers souriants sont maintenant tous à bord, les passerelles sont retirées, les portes et les soutes fermées, et nous obtenons la "clearance pour le départ".



On demande le "push back" :





C'est le moment de démarrer les moteurs (JT9D), Ernesto les allume par paires, en commençant par le 3 et le 4 :





OK ! moteurs allumés, tout va bien, on éteint l'APU, on règle notre trim setting, les flaps à 10° vu que nous sommes légers et avec une longue piste, on fait les "flight controls checks" pendant que les PNC derrière se chargent des procédures de sécurité.
Les tubes de pitot (probes) sont sur chauffe, l'autobrake sur RTO, yaw damper ON, le reste est OK...





Puis "taxi checklist", le frein de parc enlevé, les "taxi lights" allumées, et on y va !





Nous arrivons à l'intersection dont je parlais tout à l'heure, autorisation accordée de pénétrer sur la piste pour la remonter par la droite :



Voilà, les PNC sont parés au décollage, nous sommes alignés, et c'est parti !







Il grimpe encore bien, ce vieux coucou quadragénaire !




On distingue à la pointe de l'aile gauche, la position de parking où nous étions tout à l'heure...

Et la grande agglomération de Buenos Aires...



Nous allons passer quasiment à la verticale de l'aéroport domestique d'Aeroparque (SABE) :


Notez la couleur "café au lait" des eaux du Rio de la Plata

On se dirige vers l'embouchure des fleuves RIO PARANA et RIO NEGRO :






(à gauche le Rio Parana et à droite le Rio Negro, qui forme frontière avec l'Uruguay...)





Et voici la côte uruguayenne, sous notre aile droite :



Nous suivons le cours du RIO NEGRO :





l'Uruguay est un pays de plaine côtière parcouru de fleuves et de rivières :



Notre niveau de croisière s'établit au FL350 :



Tandis que le Rio Negro s'éloigne sur notre gauche :







Bon ! le temps est au beau fixe, tout comme le moral de nos passagers il est temps pour nous de préparer la descente vers SARI.

Nous sommes assignés à une approche ILS DME piste 31, arrivée par le Sud, puis circuit d'approche à main gauche pour intercepter le LOC de la RWY 31 :



La piste est longue et il n'y a pas d'obstacle en approche, par conséquent aucun seuil décalé, cela va être du gâteau



Seul truc, c'est que le tarmac et le terminal sont petits, mais on nous a promis de dégager de la place spécialement pour notre gros porteur !

La descente est amorcée, et c'est la forêt à perte de vue !



Et voici la rivière Iguazu (pour les argentins et les paraguayens) ou Iguaçu (pour les brésiliens)



Dans cette lumière du soir, nous demandons au contrôleur une approche à vue.



Aux commandes, j'opte pour une approche légèrement en dessous du glide slope, ce qui permettra aux pax de profiter du paysage sauvage !



Naturellement l'alarme "GLIDE SLOPE" se met à gueuler et à clignoter, mais c'est pas grave, je vois bien la piste









Nelson me fait remarquer que l'on voit les chutes d'Iguaçu sur notre droite :



Nos passagers le remarquent aussi et prennent des photos :



En courte finale :









Et c'est le touch down !







On quitte la piste via la bretelle n°1, le petit terminal "exotique" est en face, effectivement ce n'est pas bien grand !





Les 3 gars au cockpit nous concentrons sur la manoeuvre... c'est "tight" !



Mais bon, il y a tout de même un marquage "B747" au sol donc...





C'est bon, on peut couper les moulins et procéder au débarquement de nos passagers impatients de découvrir pour certains d'entre eux, ce joli coin de leur pays qu'ils ne connaissaient pas encore...











Et voilà, une longue soirée décontractée et festive s'annonce, en attendant l'excursion aux chutes d'eau, prévue le lendemain samedi.



LES CHUTES D'IGUAZU / IGUACU se situent à la frontière de 3 pays, l'Argentine au Sud, le Brésil, au Nord, et le Paraguay, à l'Est.
Sur chacun des territoires figure un aéroport, comme vous pouvez le voir ci-dessous :



LE LENDEMAIN DONC,

Tandis que les clients sont pris en charge depuis leurs hotels et lodges par le tour opérateur qui leur proposera un choix de visite en bateau ou à pied (depuis le rivage), mes collègues et moi, gens de l'air, optons plutôt pour un hélicoptère léger (Robinson).

Voici les photos prises en cette matinée un peu couverte :









Nous arrivons par l'amont, côté Sud, depuis l'aéroport de SARI, puis effectuerons des cercles par le Nord pour nous présenter face aux chutes :


(remarquez au loin derrière, l'aéroport d'où nous venons...)









Voilà, ce furent des moments grandioses !
J'espère que ce voyage en réalité virtuelle vous a plu !