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La légende américaine de l'aviation, Chuck Yeager, le premier pilote à avoir franchi le mur du son, est décédé, a annoncé lundi 7 décembre son épouse Victoria. «Je vous annonce avec beaucoup de tristesse que l'amour de ma vie, le général Chuck Yeager est décédé juste avant 9pm ET» (03 heures du matin mardi à Paris), a écrit Victoria Yeager sur le compte Twitter de son époux. «Une vie incroyable, bien vécue, le plus grand pilote de l'Amérique et son héritage de force, d'aventure et patriotisme seront pour toujours dans nos souvenirs.» Victoria Yeager n'a pas précisé les causes du décès de son époux.
Pilote durant la Seconde Guerre mondiale, Yeager a fait son entrée dans l'histoire en brisant le mur du son en 1947 à bord d'un appareil Bell X-1. «Ça a ouvert l'espace, Star Wars, les satellites», avait déclaré Yeager en 2007 dans une interview à l'AFP. Ses exploits en tant que pilote d'essai ont été immortalisés dans un film hollywoodien intitulé The Right Stuff
Né le 13 février 1923 dans la petite localité de Myra, en Virginie-Occidentale, Yeager a grandi auprès de son père mécanicien qui lui a appris le métier. Il a rejoint l'armée de l'air en septembre 1941, trois mois avant l'entrée en guerre des États-Unis. Il commence comme mécanicien d'avions avant d'apprendre à piloter. Yeager a établi de nombreux records mais il a passé l'essentiel de sa carrière au sein de l'armée de l'air américaine dans les années 1950 et 1960. Chuck Yaeger a pris sa retraite en 1975.
L'administrateur de la NASA Jim Bridenstine a regretté une «perte énorme» et loué «son caractère pionnier et innovateur». «La bravoure de Chuck et ses exploits sont un testament de sa force durable qui l'a fait être un véritable Américain», et le travail de la NASA Aeronautics «doit beaucoup à sa contribution brillante à la science aérospatiale», a-t-il écrit dans un communiqué.
Le Figaro
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Bonjour,
Triste nouvelle.
Un grand monsieur de l'aviation comme a dit Magnum.
Je vous ai traduit l'article sur Chuck Yeager paru aujourd'hui dans le New York Times.
Bonne lecture!
Philippe
Général Charles Elwood Yeager dit Chuck Yeager
(1923 - 2020)
Décédé le 7 décembre 2020 à Los Angeles
Chuck Yeager, le pilote d'essai qui a franchi le mur du son le premier, est mort à 97 ans
As du combat lors de la seconde guerre mondiale et général de l'armée de l'air, Tom Wolfe dans son fameux livre L’Etoffe des Héros, avait écrit de lui qu’il était "le plus vertueux de ceux de l’Etoffe des Héros".
Par Richard Goldstein assisté de Mike Ives et Neil Vigdor, The New York Times, 8 décembre 2020
Chuck Yeager en 1948. L'année précédente, il est devenu le premier pilote à franchir le mur du son. © Associated Press
Chuck Yeager, le pilote d'essai le plus célèbre de sa génération, qui a été le premier à franchir le mur du son et qui, grâce à Tom Wolfe, est venu incarner l'aviateur qui défie la mort et qui possède l'insaisissable mais indéniable "étoffe des héros", est décédé lundi dans un hôpital de Los Angeles. Il avait 97 ans. Sa mort a été annoncée via son compte Twitter officiel, qui cite sa femme, Victoria, et confirmée par téléphone par John Nicoletti, un ami de la famille.
Le général Yeager est né dans les collines de la Virginie occidentale, il en est sorti tout jeune avec seulement un diplôme d'études secondaires et après un tirage au sort qui a laissé de nombreux collègues pilotes perplexes. La première fois qu'il est monté dans un avion, il eut mal à l'estomac et rendit tout son dernier repas sur le siège arrière du biplace.
Mais il est devenu un as du combat pendant la Seconde Guerre mondiale, abattant cinq avions allemands en une seule journée et 13 en tout. Dans la décennie qui a suivi, il a contribué à l'avènement de l'ère des avions militaires et des vols spatiaux. Il a piloté plus de 150 avions militaires, enregistrant plus de 10 000 heures de vol.
C’est le 14 octobre 1947 qu’il a réalisé son exploit le plus retentissant. Lorsqu’il s’est faufilé depuis la soute à bombe d’un bombardier Boeing B-29 qui s’élevait au-dessus de ce qui était à l’époque la Base Aérienne de Muroc dans le désert de Mojave en Californie, dans le cockpit particulièrement étroit d’un avion expérimental en forme de balle de fusil, car inspiré de la silhouette de la balle des mitrailleuses de 12,7 mm, peint en orange et attaché sous le ventre du B-29.
Commandant de l'armée de l'air des Etats-Unis à l'époque, il s’est détaché du B-29, a enclenché la fusée de son Bell Aircraft X-1 et a atteint rapidement les 43 000 pieds au-dessus du désert. Un puissant bruit, le premier bang supersonique, avait alors été entendu sur toute la base. Le commandant Yeager avait atteint la vitesse de 1300 km/h franchissant le mur du son et dissipant la crainte de longue date que tout avion qui volerait à la vitesse du son ou au-delà serait disloqué aussitôt par l’onde de choc.
Dans son best-seller de 1985 : "Yeager" (1985), écrit avec Leo Janos, il dit : "Après toute l'attente pour arriver à ce moment, ce fut vraiment une déception pour moi. Il aurait dû y avoir un accroc bien net dans le vol à ce moment-là , quelque chose pour vous faire savoir que vous veniez vraiment de faire un joli trou bien propre à travers la barrière sonique. L'Ughknown était un coup de poing à travers Jell-O.
(NdT - Cette dernière phrase est sans signification immédiate aussi faut-il préciser certains termes utilisés ici par le général Yeager pour en comprendre le sens. Les deux mots en italique n’ont pas été traduits. Le Ugh-known est un jeu de mots entre Unknwon (l’inconnu) et le mot Ugh qui, outre le mot de salutation des indiens, veut dire "Beurk" (pour dégueu) en américain courant de l’époque. Le mot Ughknown avait été inventé par les pilotes de l’étoffe des héros pour désigner l’"inconnu beurk" qui existait le moment du passage du mur du son. On voit donc que ces pilotes n’avaient pas une bien grande estime de ce passage du mur du son qui avait déjà causé a mort d’un grand nombre de pilotes. Quant au Jell-O, je pense que toute personne qui a visité les USA connait au moins de vue ce dessert gélatineux transparent et aux couleurs très flashy des fast-foods le long des Interstates aux Etats-Unis. Donc la phrase de Chuck Yeager pourrait se traduire ainsi : "L’inconnu du passage du mur du son était comme donner un coup de poing dans de la gelée." C’est beaucoup moins figuré que la phrase originale, il faut bien le dire.)
Il continue : "Plus tard, j'ai réalisé que cette mission devait se terminer par une déception car la véritable barrière n'était pas dans le ciel mais dans notre connaissance et notre expérience du vol supersonique".
Néanmoins, cet exploit a été considéré, tout comme le premier vol des frères Wright à Kitty Hawk en 1903 et le vol transatlantique de Charles Lindbergh à Paris en 1927, comme des événements clés dans l'épopée de l'aviation. Et en 1950, l'avion Bell X-1 du général Yeager, qu'il avait baptisé Glamorous Glennis en l'honneur de son épouse Glennis, fut exposé au Musée national de l'air et de l'espace du Smithsonian à Washington.
Chuck Yeager, au centre, alors pilote de chasse de la 8ème Air Force en Europe devant son P-51 Mustang avec ses mécaniciens au sol. On constate que son P-51 était baptisé Glamorous Glennis déjà ! © Avec la permission de la famille Yeager
Mais le général Yeager, qui fit les gros titres pendant un certain temps, n'est réellement devenu une célébrité nationale qu'après la publication du livre de Tom Wolfe en 1979 : "The Right Stuff" (L’Etoffe des Héros), et du film qui s’en est inspiré quatre ans plus tard, dans lequel le général Yeager était incarné par l’acteur Sam Shepard. La scène d'ouverture du film le montre en train de passer le mur du son.
Dans son portrait des astronautes du programme Mercury de la NASA, M. Wolfe a parlé de la fraternité des pilotes d'essai d'après-guerre dans le désert californien et de leur idée selon laquelle "un homme devrait avoir la capacité de monter dans un engin de course et de mettre sa peau en jeu, puis d'avoir la force, les réflexes, l'expérience et le sang-froid nécessaires pour la conserver intacte au tout dernier moment - et le lendemain de refaire tout cela, et le jour suivant, et tous les jours".
Cet état d’esprit, bien connu de ces pilotes mais jamais mis par écrit, était nécessaire à tout candidat pilote qui voulait se joindre à ce groupe de pilotes d’essai qui s’appelait : "la vraie Fraternité de l’étoffe des héros". M. Wolfe a également parlé de la tranquillité de ces pilotes face à toute situation d’urgence en vol, une façon de se comporter qui était "typiquement d'origine appalachienne". Une façon de faire d'abord apparu chez les pilotes militaires mais qui a fini par même gagner les cockpits des avions de ligne commerciaux.
"Tout ce que je sais, c'est que j'ai travaillé dur pour apprendre à voler, et j'ai travaillé dur tout du long", a-t-il écrit. "S'il y a quelque chose dans le pilotage, c'est bien l'expérience. Le secret de ma réussite est que j'ai toujours réussi à vivre pour voler un jour de plus".
Charles Elwood Yeager est né le 13 février 1923 à Myra, Virginie de l’Ouest., le deuxième des cinq enfants d'Albert Yeager et de Susie Mae Sizemore. Il a grandi près de Hamlin, un village rural de 400 habitants, où son père travaillait comme foreur des puits de gaz naturel dans les mines de charbon. À l'âge de 6 ans, il tuait des écureuils et des lièvres et il les dépeçait lui-même pour en régaler toute la famille, il était un vrai garçon de la campagne.
L’acteur Sam Shepard, à gauche, et le général Charles E. "Chuck" Yeager en 1983 sur le tournage du film : L’étoffe des héros. © Warner Bros
Il s'engagea dans les forces aériennes de l’armée des Etats-Unis dès la fin de ses études secondaires en septembre 1941, devenant d’abord un simple mécanicien d'avion. Un jour, il a fait un tour avec un officier de maintenance pour tester en vol un avion qu'il avait entretenu et a vomi. Malgré ce moment désagréable, il a décidé de rejoindre un programme de formation des pilotes en juillet 1942, au moment où le pays avait besoin d’enrôler un grand nombre de pilotes très rapidement. Il pensait que cela lui permettrait d'échapper au travail des cuisines et aux corvées de garde. Il reçut ses ailes de pilote et sa nomination comme officier en mars 1943 sur une base aérienne en Arizona, et il fut aussitôt envoyé comme sous-lieutenant en Angleterre pour s'entraîner aux vraies missions de guerre.
En 2016, lorsqu'on a demandé au général Yeager sur Twitter ce qui lui donnait envie de devenir pilote, la réponse a été empreinte d'une légèreté un rien insolente : "J'étais dans la maintenance, j'ai vu que les pilotes avaient de belles filles aux bras, n'avaient pas les mains sales … alors j'ai postulé."
En fait, cet homme possédait une coordination des gestes toute naturelle et une aptitude à parfaitement intégrer dans son esprit le système mécanique d'un avion complet, ainsi qu'un formidable sang-froid en permanence. Il adorait les vrilles, s’en sortant toujours, et les piqués, et il aimait organiser des combats aériens simulés avec ses camarades de son escadrille.
Il pilotait le chasseur North American P-51 Mustang sur le théâtre européen pendant la Seconde Guerre mondiale. En mars 1944, lors de sa huitième mission, il a été abattu au-dessus de la France par un avion de chasse allemand et a sauté en parachute pour atterrir dans les branches d’un arbre en plein milieu d ‘un bois de la France occupée avec des blessures aux jambes et à la tête. La Résistance française l’a caché et l’évacué à travers toute la France occupée jusqu’en Espagne, en traversant par des sentiers ignorés des allemands les Pyrénées enneigées, alors qu’il était gravement blessé. De là il a réussi à rejoindre l’Angleterre où il s’est remis de ses blessures dans un hôpital militaire.
Alors, l’armée de l’air américaine ne remettait généralement pas les pilotes abattus au service actif. Mais, lui, ne voulut rien savoir et ses appels constamment répétés à ses supérieurs furent finalement exaucés. En une seule journée, le 12 octobre 1944, à la tête de trois escadrilles de chasseurs P-51 escortant des bombardiers au-dessus de Brême, il abattit cinq avions allemands, devenant un as en un jour. En novembre 1944, il abattit encore quatre autres avions en une journée. Il finit la guerre avec un score de 13 avions allemands abattus et, notamment, un Me-262.
Après la guerre, Yeager fut affecté à la base aérienne de l'armée de terre de Muroc en Californie, où des pilotes chevronnés testaient des prototypes d’avion à réaction. C’est donc lui qui fut choisi parmi des pilotes tous plus expérimentés les uns que les autres, pour piloter le Bell X-1 afin de tenter de franchir ce fameux mur du son. Le jour où il devait tenter ce passage du mur du son, il pouvait à peine bouger. Deux nuits auparavant, il s’était fracturé deux côtes en allant s’encastrer dans une clôture alors qu'il faisait la course à cheval avec sa femme Glennis dans le désert.
Sur le coup l’armée de l'air garda l'exploit secret, une conséquence de la guerre froide avec l'Union soviétique, mais en décembre 1947, le magazine Aviation Week révéla que le mur du son avait été franchi par un pilote américain et l'armée de l'air l'admis finalement en juin 1948, neuf mois après.
La vie continua à peu près de la même façon à Muroc. Les pilotes et leurs familles avaient des quartiers à peine mieux que des cabanes, les journées étaient torrides et les nuits glaciales, le paysage stérile. Les pilotes volaient de jour et faisaient la fête la nuit, s'entassant dans le bar de Pancho Barnes, où l'alcool coulait à flots.
En décembre 1949, la base Muroc fut rebaptisée Edwards Air Force Base, et devint le célèbre centre de recherche avancée sur l'aviation, ce qui mena au programme spatial. En décembre 1953, le général Yeager faisait voler le Bell X-1A à près de deux fois et demie la vitesse du son après s’être sorti de justesse d’une vrille, établissant ainsi un nouveau record de vitesse mondial.
En 1997, le général Yeager a de nouveau franchi le mur du son aux commandes d’un F-15 à l'occasion du 50ème anniversaire de son vol historique. © Michael Caulfield, Associated Press
À l'automne 1953, il fut envoyé sur une base aérienne d'Okinawa pour tester un chasseur MiG-15 qui avait été remis aux mains des Américains par un pilote transfuge nord-coréen. Luttant contre le temps orageux alors qu'il prenait l'avion en altitude, c’est lui qui en a analysé les forces et les faiblesses. En 1962, il devint le commandant de l'école d'Edwards qui forme les futurs astronautes. Il a commandé une escadrille de chasse pendant la guerre du Vietnam avec le grade de colonel. Il a effectué 127 missions, pilotant principalement des bombardiers légers biréacteurs Martin B-57 qui attaquaient constamment les troupes Viêt-Cong et leurs approvisionnements le long de la piste Ho Chi Minh.
Après avoir été chef de la sécurité aérospatiale pour l'armée de l'air, il prit sa retraite en tant que général de brigade en 1975. Ses décorations comprenaient la Médaille du service distingué, la Silver Star, la Légion du mérite, la Croix du service distingué dans l'aviation et la Bronze Star. Il a reçu la Médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction civile du pays, des mains du président Ronald Reagan en 1985.
Le général Yeager est ensuite devenu un visage familier dans les publicités et a fait de nombreuses apparitions publiques. Aux commandes d'un avion F-15, il a franchi le mur du son une nouvelle fois lors des 50ème et 55ème anniversaires de son vol de 1947, et c’est en tant que passager sur un F-15 biplace qu’il a commémoré le 65ème anniversaire de son vol historique.
L'administrateur actuel de la NASA, M. Jim Bridenstine, a déclaré que sa mort était "une perte énorme pour notre nation". L'astronaute Scott Kelly, écrivant sur Twitter, a dit de lui qu’il était une "véritable légende".
Sa première femme, Mme Glennis Dickhouse, avec laquelle il a eu ses enfants, est décédée en 1990. Outre sa seconde épouse, Mme Victoria D'Angelo, qu'il épousa en 2003, il laisse quatre enfants : Susan Yeager, Michael et Don Yeager, et Sharon Yeager Flick.
Dans ses mémoires, le général Yeager a écrit que durant toutes ses années de pilote, il s'est constamment essayé du mieux qu’il pouvait "d'apprendre tout ce que je pouvais sur mon avion et mon équipement de secours". Cela n'était peut-être pas conforme à son image, mais comme il l'a dit : "J'ai toujours eu peur de mourir. Toujours !".
FIN
En-tête de l'article du numéro de novembre 1987 de Popular Mechanics consacré à Chuck Yeager
Dernière modification par philouplaine (08-12-2020 16:36:50)
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Bonjour,
Triste nouvelle.
Un grand monsieur de l'aviation comme a dit Magnum.
Je vous ai traduit l'article sur Chuck Yeager paru aujourd'hui dans le New York Times.
Bonne lecture!
Philippe…/…
Dans ses mémoires, le général Yeager a écrit que durant toutes ses années de pilote, il s'est constamment essayé du mieux qu’il pouvait "d'apprendre tout ce que je pouvais sur mon avion et mon équipement de secours". Cela n'était peut-être pas conforme à son image, mais comme il l'a dit : "J'ai toujours eu peur de mourir. Toujours !".
Merci encore pour ce travail de traduction et d'illustration !
J'en extrait un petit paragraphe qui reste essentiel...mais ce n'est plus trop dans l'air du temps.
J'ai eu le plaisir de l'écouter dans une intervention lors d'une Journée Porte Ouverte de la mythique base d' Edwards mais curieusement il reste pour moi parfaitement représenté par le regretté Sam Shepard dans l'étoffe des héros surtout lorsque qu'il chevauche à cheval dans le désert du côté du bar de Pancho Barnes.
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Une dimension qui devient un métal rare aujourd'hui.
Heureusement l'espace attire cette espece.
On est si bien en dehors du bocal !
My 2 cents.
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Merci à Philou pour la traduction et aux autres pour les compléments.
Bravo pour ughnow, ça c'est de la valeur ajouté!! Jell-o est un peu plus connu effectivement et l'association des deux en fait un idiome unique ;0)
Il y a un truc que je vais regarder dans l'article, quand il est dit qu'il conduit une escadrille de chasse et qu'il faisait des missions avec un B57. Les deux en séquence j'imagine...
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Merci philou pour cet article.
Sans faire ombrage à l'hommage rendu à Chuck, il aurait été élégant de la part de l'auteur de l'article, (dans la mesure ou il en est fait mention) de rappeler que le changement de nom de la base de Muroc en Edwards était en mémoire de Glen Edwards un pilote d'essai (parmi la dizaine qui perdirent la vie avant l'exploit de Chuck Yeager) qui se tua lors d'un essai de l'aile volante Northrop YB49 en 1948.
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Merci Philou pour la traduction. Un grand monsieur et une vie bien remplie.
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Aprés un peu plus de recherches que prévu, mais c'est quand même pas très compliqué, il ressort que Chuck Yeager en 1966, en tant que 'Commander of the 405th Fighter Wing' avait sous ses ordres des F100, F102 et B57.
Il était qualifié sur les deux derniers et a fait quand même 127 missions de guerre sur ces deux modèles entre 66 et 68.
A 43 ans.
Il sortait quand même un peu de l'ordinaire.
On ne distingue pas de signe particulier sur une photo où on le voit devant un B57 à Clark air base. On peut penser qu'un 'glamorous glennis' quelque part aurait été immortalisé.
Dernière modification par Mercure (10-12-2020 23:42:06)
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Philou et CHURCHILL ont parlé de Muroc d'où avait décollé Yeager. La photo représente justement Muroc en 1946, photo orientée vers l'est. A l'époque, il n'y avait que la seule piste visible sur la photo. On retrouve la même disposition sur la base Edwards nouveau nom de Muroc. Cette disposition proche de la petite piste 04 L (piste, grand parking et hangar) est visible sur ce plan d'aérodrome datant de 2009. Les nombreuses pistes non colorées en noir sont les autres pistes tracées sur le grand lac Rogers Dry Lake.
Insolite à Muroc en plein désert en 1944, une maquette de navire pour des entrainements au bombardement
2 jours avant son vol historique, Yeager s'était brisé 2 côtes lors d'une chute de cheval près du ranch de Pancho Barnes. Voici une carte aéronautique où figurent Edwards et l'aérodrome jouxtant le ranch. Un incendie a détruit ce ranch et l'extension d' Edwards a de toute façon effacé cet aérodrome.
Dernière modification par bricedesmaures (11-12-2020 08:47:21)
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Merci à tous pour vos encouragements.
Je vais continuer à vous fournir des traductions mais moins rapidement que j'aimerai, télétravail oblige !!!
Sinon...
Cher Mercure, j'ai dégoté un article américain qui décrit dans l'ordre chronologique tous les avions que Yeager a piloté dans sa vie ... je vous le traduirai dès que possible ou "asap" comme on dit aux USA (As Soon As Possible)
Cher Churchill, oui bien vu !
Ah l'ami Brice, toujours très pointu pour nous dénicher des infos très appréciables, merci!
Je dois vous dire que je fais aussi des recherches sur ce Pancho Ranch et ce Pancho Bar où les pilotes d'essai de Muroc se retrouvaient, ce que j'ai dégoté est captivant ... car derrière ce "Pancho" se cache un truc bien intéressant et ce n'est pas par hasard si les pilotes d'essai allaient là ... Allez portez-vous bien tous et encore une fois : Chapeau bas MONSIEUR Yeager!
Philippe
Dernière modification par philouplaine (11-12-2020 09:16:03)
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Photo où on voit le B 29 utilisé pour le largage du X 1 de Yeager et la fosse prévue pour faciliter l'accrochage du X 1.
Les versions ultérieures du X 1 furent largués depuis un B 50, la technique d'accrochage étant différente:
Cette dernière photo représentant tous les équipements de mesure sur une version ultérieure du X 1, la verrière n'est pas encore modifiée.
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Bonjour,
Chose promise, chose due.
Voici la traduction d'un article paru au début de décembre sur certains des avions que Chuck Yeager a piloté.
Je vous en souhaite une bonne lecture!
Philippe
La vie étonnante de Chuck Yeager à travers les avions qu'il a pilotés
Par Thomas Newdick, The War Zone
Chuck Yeager est l'un des aviateurs les plus célèbres de tous les temps. L'avion était son pinceau, le ciel sa toile, et voler son art.
Charles Elwood Yeager, dit Chuck Yeager (1923-2020)
Le brigadier général Charles Elwood "Chuck" Yeager, sans doute le pilote d'essai le plus célèbre du monde, est mort à l'âge de 97 ans le 7 décembre dernier à Los Angeles où il résidait. Des nombreux hommages ont été rendus à cet as du combat de la Seconde Guerre mondiale qui a été le premier à franchir le mur du son, exploit qu'il a accompli le 14 octobre 1947 aux commandes d'un avion fusée Bell X-1.
Sa femme, Victoria Yeager, a fait la déclaration suivante sur Twitter :
"C'est avec une profonde tristesse que je dois vous dire que mon amour de toujours, le général Chuck Yeager, est décédé un peu avant 21 heures (Eastern time – NdT : les vastes Etats-Unis continentaux recouvrent quatre fuseaux horaires, d’ouest en est : l’heure orientale ou Eastern, l’heure centrale ou Central, l’heure des montagnes ou Mountains et l’heure du Pacifique ou Pacific). Sa vie fut incroyable et bien vécue, le plus grand pilote d'Amérique, qui laisse un héritage de force, d'aventure, et de patriotisme dont on se souviendra à jamais".
Alors que le premier vol supersonique de l'humanité reliera à jamais Yeager au X-1 dans l'imaginaire collectif du public, nous rendons hommage au pilote légendaire en se penchant sur certains des autres avions déterminants qu'il a pilotés au cours de sa carrière de pilote hors pair et de sa vie si unique.
Chuck Yeager assis dans le cockpit de l’avion qui changea le monde, le Bell X-1 qu’il baptisa "Glamorous Glennis" du nom de sa fiancée. © USAF
Son premier avion : le Beechcraft AT-11 Kansan
À 18 ans, Yeager s'engagea dans l'US Army Air Corps - le précurseur de l'US Air Force - en septembre 1941. Avant d'être sélectionné pour devenir un pilote de l’USAAF, il servit comme mécanicien au sol dans une escadrille de bimoteur de formation des équipages de bombardiers Beechcraft AT-11 Kansan. Environ 90% des bombardiers-viseurs de l’USAAF pendant la secodne guerre mondiale furent formés sur AT-11. Beech livra 1582 de ces appareils à l’armée de l’air US.
La première affectation du jeune engagé Yeager fut à l’entretien des simulateurs de cet avion, simulateurs qui étaient tout simplement ceux du très populaire "Beech Twin", le Beechcraft Model 18, dont le Kansan dérivait directement. C'est à bord d'un AT-11 que Yeager eut son baptême de l’air et le mal de l'air qu'il ressentit lors de ce premier vol, avec vomissements alors qu’il était assis à côté du pilote, fit brièvement douter de sa future carrière en tant que pilote. Mais rappelons-nous que le brillant amiral Nelson avait le mal de mer à chaque fois qu’il embraquait, au point de rester couché les premiers jours en mer.
Le Beechcraft AT-11 Kansan était l’avion standard d’entraînement des équipages de bombardiers de l’USAAF durant la seconde guerre mondiale. © San Diego Air and Space Museum
Le Vultee BT-13 Valiant
En juillet 1942, Yeager fut sélectionné pour suivre une formation de pilote dans le cadre du programme Flying Sergeant, une initiative de guerre visant à former le plus rapidement possible un grand nombre de pilotes. Après avoir terminé sa formation primaire de pilote à la base d’Hemet, en Californie, il commença le programme de base dans le BT-13 Valiant à la base de Gardner Field en Californie. Une formation avancée suivit à Luke Field, en Arizona, où il obtint ses ailes de pilote dans la classe 43-C, le 10 mars 1943.
L’un des 9 525 Vultee BT-13 de l’USAAF utilisé pour la formation des pilotes. C’est dans cet avion que le jeune Yeager a appris à piloter. © USAF
Le tout jeune Chuck Yeager devant un Vultee BT-13. © Encyclopædia Britannica
Le Bell P-39 Airacobra
La première affectation opérationnelle du jeune sous-officier Yeager, en mars 1943, fut à la 363ème escadrille de chasse alors basée au Bombing and Gunnery Range, qui avait déménagé de la base de Muroc à la toute nouvelle base aérienne de Tonopah au Nevada. Son premier avion de combat fut le P-39 Airacobra, un chasseur monomoteur délicat qui n'était généralement pas apprécié par les pilotes de l’armée américaine. Yeager lui-même a frôlé la catastrophe lorsque son P-39 a pris feu au cours d'un vol d'entraînement, le forçant à sauter et se fracturant le dos lorsqu’il toucha le sol. Lorsque la 363ème partit s’installer en Angleterre à la fin de 1943, l'unité laissa tous ses P-39 derrière elle !
Un P-39Q à la base de Hamilton en Californie, juillet 1943. Cet avion était affecté au 357ème groupe de chasse, auquel était rattachée l’escadrille de Yeager. Ce P-39Q nommé Saga Boy II (42-1947) était celui du lieutenant-colonel Edwin S. Chickering, le chef de l’escadrille. © USAF
Le North American P-51 Mustang
Avec l’avion-fusée expérimental X-1, le P-51 Mustang est probablement le type d'avion le plus associé à Yeager. Son P-51B fut le premier d'une longue lignée d'avions qu'il a tous baptisé Glamorous Glen(nis), en hommage à sa future épouse, Mlle Glennis Faye Dickhouse. Volant depuis la base de la RAF à Leiston, dans l'est de l'Angleterre, Yeager a vécu son premier combat à bord du P-51B en février 1944. Ce fut sa première victoire aérienne, un Messerschmitt Bf 109. Mais le 5 mars 1944, lors de sa huitième mission de guerre, il fut abattu au-dessus de la France occupée. L'histoire de Yeager qui a échappé à la capture et, avec l'aide de la Résistance française, a rejoint son unité en Angleterre est une réelle épopée, qui a été souvent décrite.
Yeager retourna au combat à bord cette fois d’un P-51C amélioré, la première version du Mustang à être équipée de la fameuse "Malcolm Hood", la verrière en forme de bulle qui offrait une bien meilleure vision panoramique. Cependant, c'est sur un P-51D que Yeager a enregistré ses principales victoires en combat : pas moins de 12 ½ avions allemands abattus, dont 5 Messerchmidt Bf-109 en un seul combat, le 12 octobre 1944 suivi de 4 Focke-Wulf Fw-190 le 27 novembre de la même année. Il a également abattu un exemplaire du premier chasseur à réaction opérationnel, un Messerschmitt Me 262, et en a endommagé deux autres, en une seule mission. Yeager a effectué sa dernière mission de combat sur le théâtre européen le 15 janvier 1945, pour un total de 64 sorties de combat.
Yeager de retour dans le cockpit d'un P-51 lors d’un meeting aérien aux USA en 1986. © US National Archives
Le P-51D, matricule 414888, de Chuck Yeager, le Glamorous Glen III. © USAF
Le Lockheed P-80 Shooting Star
De retour aux États-Unis, Yeager devint officier de maintenance dans la section des chasseurs de la division des tests en vol à Wright Field, dans l'Ohio, où son travail consistait à effectuer des vols de vérification de différents appareils après leur maintenance, ce qui lui permit de voler sur la plupart des chasseurs de l'époque. Chuck Yeager a alors pu se rendre compte par lui-même de ce que pouvaient être les performances d'un avion à réaction lorsqu'il prit les commandes d'un P-80A Shooting Star. C’était en septembre 1945 lors des essais d’évaluation du premier chasseur à réaction opérationnel des États-Unis sur la base de Muroc en Californie (la future base aérienne d'Edwards).
Un chasseur à réaction P-80A Shooting Star sur lequel Chuck Yeager apprit à piloter un avion à réaction. © USAF
Le prototype XP-80A du Lockheed P-80 en vol, le "Grey Ghost" (NdT – Le Fantôme Gris) comme le surnommèrent ses pilotes d’essai. © USAF
Le fameux Bell XS-1 (le X-1)
Les compétences de vol instinctives dont Yeager avait fait preuve à Wright Field lui permirent d'être choisi, en juin 1947, comme pilote d'essai du Bell XS-1, un avion propulsé par fusée, dans le cadre de la tentative américaine de franchir le mur du son. Yeager rejoignit l'équipe à Muroc en juillet 1947 et, après trois vols planés sans déclencher le moteur-fusée, il prit une quatrième fois les commandes du XS-1, nommé Glamorous Glennis, pour son premier vol motorisé le 29 août, atteignant Mach 0,85 après avoir été largué du ventre du B-29 porteur. Après s'être pas mal battu contre les effets alors très peu connus des turbulences et des tremblements dus à la compression des ondes de choc, le huitième vol de Yeager, le 10 octobre, a failli se terminer par un désastre, après qu'il ait perdu le contrôle du tangage à Mach 0,997. Après des modifications de l'empennage, Yeager était de retour dans le cockpit pour son vol supersonique historique du 14 octobre, devenant "l'homme le plus rapide".
Yeager à côté du Bell XS-1 qui fera de lui l'un des aviateurs les plus célèbres de l'histoire. © USAF
L’inattendu Mikoyan-Gurevich MiG-15
En tant que pilote d'essai à la base aérienne d'Edwards, Yeager a été à l'avant-garde d'un âge d'or des essais en vol et a piloté presque tous les "avions X" expérimentaux de l'époque, y compris les X-1A, X-3, X-4 et X-5. Très exotique, cependant, fut le MiG-15, le principal avion de chasse du bloc communiste de l'époque. Un exemplaire avait été fourni aux Américains par un transfuge nord-coréen. En septembre et octobre 1953, Yeager fut affecté à la base aérienne de Kadena à Okinawa, où il prit les commandes de ce MiG-15. Il effectua avec le commandant Harold Collins une évaluation approfondie de l'avion soviétique, notamment en le faisant monter à plus de 55 000 pieds et en le faisant plonger à sa vitesse maximale de Mach 0,98.
Le MiG-15 nord-coréen sous bonne garde à la base de Kimpo en Corée du Sud, avant d'être transporté à Okinawa pour y être testé. © USAF
Le Bell X-1A
Directement dérivé du X-1, le modèle X-1A a repoussé les limites de la vitesse encore plus loin, mais le pilote d'essai Yeager rencontra quelques obstacles majeurs sur son chemin. Le 12 décembre 1953, Yeager amena le X-1A propulsé par fusée à une vitesse de Mach 2,44, avant de couper le moteur-fusée. C’est alors que Yeager expérimenta ensuite le phénomène connu sous le nom de "couplage par inertie", le X-1A "se mit à tanguer, rouler et vriller", le tout en même temps autour des trois axes. Yeager était projeté de tout côté dans le cockpit, mais après une chute terrible de plus de 50 0000 pieds dans cette essoreuse, il réussit l’exploit de reprendre le contrôle de l’avion à une altitude de 25 000 pieds.
L’incident de Chuck Yeager sur le Bell X-1A vue depuis le cockpit.
Vidéo YouTube – Durée 20 sec
Yeager à bord du Bell X-1A. © USAF
Le North American F-86 Sabre
En 1954, Yeager fut de retour dans une formation de combat lorsqu'il prit le commandement de la 417ème escadrille de chasseurs-bombardiers équipée des fameux F-86 Sabre, le premier avion de chasse à réaction américain équipé d’aile en flèche. Il fut alors successivement stationné à la base aérienne de Hahn, en Allemagne, puis à la base aérienne de Toul-Rosières, en France. Pendant que Yeager était commandant, l'escadrille passa d’un rôle de défense aérienne à des missions d’attaques nucléairse tactiques. Yeager mena son unité à la victoire deux ans de suite lors des championnats des forces aériennes américaines en Europe (USAFE) en 1955 et 1956. La 417ème fut alors reconnue comme la meilleure en Europe.
Une photo couleur rare des F-86F de la 417ème escadrille commandée par Chuck Yeager dans le ciel allemand, avant la conversion de l’escadrille sur F-86H, le "Sabre Hog", plus performant. © USAF
Le North American F-100 Super Sabre
En 1957, après trois ans en Europe, Yeager était de retour en Californie à la base aérienne de George, près de Victorville. Il y prit le commandement de la 1ère escadrille de chasse de jour, le nouveau nom depuis 1954 de la glorieuse 1ère escadrille de chasse de l’USAAF. L’escadrille était alors équipée du Super Sabre F-100, le premier appareil de l’armée de l’air américaine capable de vitesses supersonique en vol horizontal. C'était l'une des principales unités du Commandement aérien tactique (TAC) et, sous le commandement de Yeager, elle a été la première à utiliser le ravitaillement en vol lors de déploiements à longues distances. Yeager dirigeait l'escadrille en 1958 lors du premier déploiement transatlantique de chasseurs à réaction du TAC, amenant sans escale ses F-100 de la base de George en Californie à la base de Morón, en Espagne.
Le colonel Yeager assis sur le siège avant d'un chasseur F-100F de sa 1ère escadrille. © USAF
Le Lockheed F-104 Starfighter
De retour en 1961 à la base d’Edwards, l’ex Muroc AFB, le colonel Yeager y fut nommé directeur adjoint des essais en vol et rejoignit l'école des pilotes d’essai de l’USAF qui y était et y est toujours localisé. Cette école avait été créée en septembre 1944 pour former des pilotes d’essai et ainsi réduire les accidents lors des vols d’essai. Le 12 octobre 1961 l’école fut renommée Ecole des Pilotes pour la Recherche Aérospatiale (ou ARPS) et son commandement fut donné à Chuck Yeager. L'un des avions préparés pour le programme de l'ARPS était le NF-104, un chasseur F-104 Starfighter modifié. Le NF-104 était équipé d’un moteur-fusée de 3 tonnes de poussée, et, pour la première fois sur un avion, de commandes de vol à réaction, des petits réacteurs logés sur le nez et sur les ailes pour contrôler l’attitude de l’avion à la manière des petits réacteurs équipant les modules spatiaux (NdT – Ce que les américains dénomment le Reaction Control System). Le NF-104 avait des ailes et un empennage modifiés pour lui permettre d’atteindre des vitesses proches de Mach 2 à très haute altitude et d’effectuer des vols à trajectoire parabolique destinés à fournir aux pilotes une expérience des vols à Zéro G.
Un vol typique sur le NF-104 consistait à atteindre 35 000 pieds pour démarrer la fusée pendant deux minutes, à atteindre mach 1,9 et à éteindre le moteur-fusée une fois à 100 000 pieds. Le moteur à réaction avait été arrêté à 80 000 pieds et lorsque l’avion, en vol descendant plané, passait en dessous de 60 000 pieds, le pilote le réenclenchait. Lors d’un de ces vols d’essai, le 10 décembre 1963, Chuck Yeager a failli être tué après que son NF-104 immatriculé 56-762 soit entré dans une vrille horizontale après avoir atteint 104 000 pieds. Son avion tournoyant le nez pointant de plus en plus vers le haut sans pouvoir récupérer une attitude de vol contrôlée, Yeager décidé de s’éjecter alors qu’il n’était plus qu’à 8 000 pieds. Malheureusement, la fusée du siège éjectable, toujours en feu, le frappa violemment au visage et le brûla très gravement, heureusement il survécut. Il était de retour à son poste seulement six semaines plus tard.
Vêtu d'une combinaison spatiale, Yeager salue le photographe depuis le cockpit d'un NF-104 en décembre 1963. © USAF
Un des trois NF-104 construits pour l’ARPS engagé dans une montée presque verticale sous l’action de son moteur-fusée. © Lockheed
Le NASA M2-F1
Yeager devint le premier pilote de l'USAF à piloter un engin expérimental à "corps portant" sans ailes, l'étrange M2-F1, encore appelé "la baignoire volante", le 3 décembre 1963. Il voulait voir si le M2-F1 convenait comme avion d'entraînement pour les élèves de l'école ARPS. Contrairement à la plupart des autres avions expérimentaux qu'il pilotait, le M2-F1, construit en bois, n'était pas motorisé et était destiné à étudier les propriétés du concept d’un avion à corps portant sans ailes. Le M2-F1 effectua en tout près de 400 essais tractés en quatre ans, jusqu'au 16 août 1966. Il permit de prouver que le concept des fuselages porteurs était viable. Plus tard, des versions motorisées aidèrent à recueillir des données sur les véhicules de rentrée dans l’atmosphère pour les futurs engins spatiaux habités , notamment la Navette Spatiale.
Yeager dans le siège du M2-F1, en compagnie de ses collègues pilotes Bruce Peterson, Milt Thompson et Don Mallick. Tous les quatre étaient affectés à l’évaluation en vol d’un avion à corps portant. © NASA
Le M2-F1 au cours de son premier vol tracté par un Douglas C-47, au-dessus du lac asséché de Rodgers Dry Lake de la base d’Edwards, en août 1963. © NASA
Le Martin B-57 Canberra
En 1966, Yeager retourna sur un théâtre de combat en prenant le commandement du 405ème Groupe de Chasse, alors basé à la base aérienne de Clark aux Philippines. Il était responsable de cinq escadrilles et de plusieurs détachements tous basés en Asie du Sud-Est, à savoir deux escadrilles de bombardiers tactiques équipés du biréacteur B-57 au Vietnam ; une escadrille de chasseurs-bombardiers F-100 Super Sabre à Taiwan ; deux escadrilles d’interception équipées de Convair F-102 Delta Dagger basés à Da Nang, au Vietnam du Sud. Les autres détachements aériens qu’il commandait étaient équipés de chasseur McDonnell-Douglas F-4 Phantom. Yeager effectua lui-même certaines missions, toujours sur le Martin B-57 Canberra. Il effectua en tout 127 sorties dans ce type d'appareil, principalement pour des missions d'appui aérien tactique.
Le colonel Yeager commandant le 405ème Groupe Aérien, se prépare à une mission de combat dans le bombardier Martin B-57 Canberra au-dessus du Vietnam. © Journal des Armées Stars and Stripes
Une mission de bombardement à basse altitude au Vietnam opérée par des B-57 Canberra
Vidéo YouTube - Durée 20 min
Le McDonnell Douglas F-4 Phantom II
En mars 1968, Yeager prit le commandement de la 4ème escadrille de chasse qui était alors déployée sur la base aérienne de Kunsan, en Corée du Sud. Sa nomination là -bas était en réponse à la crise de l’USS Pueblo, lorsque la Corée du Nord attaqua et captura un navire de collecte de renseignements de la Marine américaine. Plus tard cette année-là , Yeager dirigea le retour de l'unité vers sa base d'origine, la base aérienne de Seymour Johnson, en Caroline du Nord, où elle fut décorée de l’ "Outstanding Unit Award" de l’US Air Force.
C'est à Edwards, le 25 février 1975 que Yeager effectua son dernier vol officiel de service actif avec l'USAF à bord d'un YF-4E, un Phantom équipé de plans canard. À la fin de ce vol, Yeager totalisait 10 1312 heures de vol sur pas moins de 361 types et modèles différents d'avions militaires.
Le YF-4E Phantom II numéro de série 65-0713, l'avion dans lequel Chuck Yeager a effectué son dernier vol officiel de service actif dans l'armée de l'air. © USAF
Le Northrop F-20 Tigershark
Northrop ayant pour objectif d'obtenir des clients pour son avion de combat multirôle léger F-20 Tigershark, la société engagea Chuck Yeager pour devenir le porte-parole du programme, ce qui l'a amené à piloter et à soutenir personnellement l'avion. Le 14 octobre 1982, le légendaire pilote a donné un important coup de pub à Northrop lorsqu'il a fait voler l'avion à une vitesse de Mach 1,45, à l'occasion du 35ème anniversaire de son premier vol supersonique sur le Bell X-1.
Yeager devant un Northrop F-20 Tigershark. © Chuckyeager.org
Le McDonnell Douglas F-15 Eagle
Pour le 50ème anniversaire du vol supersonique, le 14 octobre 1997, Yeager est retourné, en tant qu’invité d’honneur, sur la base d’Edwards où tout avait commencé. Il fit alors un vol supersonique sur un F-15 Eagle baptisé pour l’occasion "Glamorous Glennis" qu’il pilotait. Il avait alors 74 ans. Quinze ans plus tard, à la base aérienne de Nellis dans le Nevada, Yeager a célébré le 65ème anniversaire dans un autre F-15 Eagle, mais cette fois en tant que passager.
Yeager devant le F-15D qu'il a piloté pour célébrer le 50ème anniversaire de son exploit monumental. © USAF
Le général Yeager alors âgé de 89 ans pour son vol d’honneur sur un F-15
Vidéo YouTube - Durée 6 min
Le North American AT-6 Texan
La passion de Chuck Yeager pour le vol n'a jamais diminué et il a inspiré d'innombrables jeunes aviateurs à suivre sa voie. Il a également joué un rôle actif dans la promotion du vol militaire. On le voit ici, à la base aérienne de Maxwell, en Alabama, en 2003, offrant une expérience de vol à Danielle Orcutt, une élève de 12 ans, qui avait remporté un concours de rédaction. L'avion est un AT-6 Texan de la Seconde Guerre mondiale, un avion sur lequel beaucoup de contemporains de Yeager avaient appris à piloter.
Dans un domaine où les fortes personnalités ne manquent pas, Yeager était dans une catégorie différente de celle de la plupart de ses homologues pilotes en raison de ses innombrables exploits, des records qui ont fait de lui une célébrité. Il est difficile d'imaginer qu’un pilote d'essai pourrait à nouveau gagner une telle renommée et une telle admiration du grand public mais, celui ou celle qui le fera suivra très certainement l'esprit de pionnier de Chuck Yeager, l’Unique.
Une fois que vous avez franchi le mur du son, tout ce que vous voulez, c'est aller toujours vite.
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Merci pour votre implication dans ce travail de traduction ; vivement la levée du secret concernant Pancho Ranch et Pancho Bar.
En attendant, bonne et heureuse année 2021.
Cordialement ; Philippe
Les bibliothèques runtime C++ ... S O S ... Ctrl+Shift+Esc => gestionnaire de tâches !
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Merci Philippe pour ta magnifique rétrospective, c'étaient quand même de sacrés mecs les pilotes d'essais de l'époque ils en avaient des c...lles.=W
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Merci pour votre implication dans ce travail de traduction ; vivement la levée du secret concernant Pancho Ranch et Pancho Bar.
En attendant, bonne et heureuse année 2021.
C'est surtout que Pancho Barnes était le nom de cette ancienne cascadeuse aérienne qui a ouvert un ranch où la binouze était gratuite, alimentée par de la contrebande..
C'était aussi une époque où aviation et réconfortant liquide faisaient bon ménage.
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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