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GéopAéro (et pas GéopApéro) … Qu’est-ce donc ? Dénicher (et traduire pour vous) dans les revues internationales, surtout américaines, des articles qui montrent bien l’importance de l’élément aéronautique dans les grands problèmes de géopolitique actuels, pour dénicher des choses intéressantes (j'espère) à raconter ...
Bonjour chers amis,
Je vous ai présenté, récemment, un post sur le retour des ékranoplans dans le transport de passager d’ici 2025 … du moins c’est ce que la startup américaine REGENT souhaiterait avec l’un de ses hydravions à effet de sol, le Seaglider … un hydravion équipé d’hydrofoils et propulsé par six moteurs à hélices électriques … on verra bien !
Voir le post sur l’actualité des ékranoplans dans la Manche ici.
Maintenant, je suis allé piocher pour vous dans différentes publications US sur ce sujet et j’y ai dégoté et traduit de l’anglais deux articles qui montrent que les forces aériennes Russes se réintéressent au sujet. L’armée russe est poussée dans cette voie par le gouvernement russe qui souhaite renforcer fortement sa présence militaire dans l’Arctique pour y revendiquer sa prééminence locale et son contrôle des futures routes navales polaires ouvertes par la fonte de la calotte polaire.
Je vous avais déjà , il y a quelques temps, présenté la traduction d’un article qui traitait du renforcement des forces aériennes russes dans le coin.
Voir le post sur l’arrivée d’escadrilles de chasse russes dans le grand nord sibérien ici.
Le premier article, le plus récent, traite du retour sur la scène géopolitique des ékranoplans russes, ces curieux hydravions à effet de sol développés pendant la guerre froide par le bureau d’étude du constructeur Rostislav Alekseïev, qui rouillaient sur les bords de la Mer Caspienne … Alors, leur retour dans les forces aériennes russes d’aujourd’hui ? Eh oui … en Arctique et armés de missiles !
Le second article traite du même sujet mais en mettant l’accent sur les très gros ékranoplans, ceux de la Classe Lun. La Russie penserait aussi à les introduire pour approvisionner ses futures bases du Grand Nord.
Les illustrations sont celles de l'article et quelques unes que j'ai glanées ici et là .
J’ai pensé que ces deux textes pourraient vous intéresser.
Bonne lecture,
Philippe
PREMIER ARTICLE
La Russie veut ramener des ékranoplans armés de missiles dans l'Arctique pour défendre ses revendications
Un futur ékranoplan baptisé "Orlan", sera tout autant un appareil militaire capable de combattre et de bloquer les accès aux régions de l’Arctique revendiquées par la Russie, qu'un outil permettant d'améliorer l'accès opérationnel aux zones reculées.
Conception d’artiste de ce que pourrait être le futur ékranoplan russe "Orlan". © Alekseyev Design Bureau
Pendant la guerre froide, l'Union soviétique a envisagé de construire une flotte de véhicules à effet d'aile au sol de classe Lun, armés de missiles, également connus sous le nom d'"ékranoplans". De nombreux appareils, certains de très grande taille, ont été testés à l’état de prototypes. Aucun n’a été construit en série. Depuis 1993, les rares appareils construits ont été soit exposé, soit laissés à l’abandon.
Et voici que la Russie dit qu'elle souhaite relancer ce concept avec un design provisoirement connu sous le nom de "Orlan". Les Russes avec ironie ont donc repris pour ce nouveau projet le code que l’OTAN avait donné pour l’ékranoplan A-90. Ce futur appareil pourrait potentiellement offrir à la Russie une nouvelle arme de contrôle armé de l’accès ou non dans la région arctique. Une région du monde qui est de plus en plus contestée. De même le futur appareil pourra servir au contrôle policier de voies navigables plus contraintes, comme la mer Noire et la mer Caspienne.
Le 30 juillet 2018, le vice-premier ministre russe Iouri Borisov a annoncé qu'un véhicule à effet de sol capable de combattre ferait partie du programme d'armement de l'État Russe pour 2027. Depuis quelques années, des rapports de plus en plus nombreux indiquaient que le Kremlin envisagerait sérieusement de produire à nouveau des hyrdavions dotés d’ailes conçues spécialement pour bénéficier de l’effet de sol (des WIG – NdT en anglais Wing-In-Ground-effect). Ces appareils seraient d’abord affectés au transport et à des fonctions de recherche et de sauvetage. Mais pas seulement …
Le Vice-Premier Ministre M. Youri Borisov avait déclaré en 2018 : "Le prototype de l’Orlan sera produit dans le cadre de ce programme d'armement et il sera conçu pour porter des missiles". Il a ensuite précisé que le véhicule serait en mesure d'aider à patrouiller les vastes régions littorales de la Russie, en particulier sa frontière maritime le long de l'Arctique afin d’appuyer militairement ses revendications dans cette région.
Les ékranoplans sont essentiellement des hydravions qui volent très près de la surface de l'eau en utilisant comme force portante le coussin d’air compressé entre leur aile spéciale et le sol. En principe, le concept permet d'obtenir un engin "aquatique" efficace et rapide qui ne souffre pas de la traînée de la navigation à la surface de l'eau et dont l'aile peut générer une portance plus importante. Les Soviétiques, et d'autres qui ont expérimenté ce type de véhicules, ont étudié des variantes qui pourraient combiner les avantages de l'ékranoplan avec la capacité de voler à des altitudes plus élevées.
M. Borisov n'a pas donné d'autres détails spécifiques sur le futur "Orlan" et il n'est pas certain que cette conception soit liée de quelque manière que ce soit au projet 904 des Soviétiques qui fut baptisé "Orlyonok", ce qui signifie "aiglon" en russe. À l’époque, l'OTAN avait baptisé cet engin, dont le poids maximal au décollage était d'environ 125 tonnes, le "Orlan".
La première unité a commencé les essais en 1973, et cet ékranoplan est entré en service actif dans l’aéronavale russe en 1979. Le dernier vol militaire a eu lieu en octobre 1993. Sur les cinq exemplaires connus, la Russie en a mis deux au rebut, stockés à la base aéronavale de Kaspiisk et a transformé les trois autres en monuments exposés de façon statique dans différents endroits de son territoire.
Un ékranoplan Alekseyev A-90 "Orlyonok" de l’époque soviétique, aussi connu sous le nom de Projet 904, exposé en statique sur le canal près du Parc de Severnoïe-Toushino à Moscou. © Stefan Sonnenberg, airliners.net
Néanmoins, l'Orlyonok pourrait constituer un bon point de départ pour un nouvel ékranoplan militaire. Il possédait une bonne capacité de charge utile en raison de son rôle initial de transport et aurait atteint une vitesse de croisière de près de 250 miles par heure sur une portée de plus de 900 miles. Le type original du A-90 était équipé d’une tourelle sur le dessus armée d’une paire de mitrailleuses de 12,7 mm et d’un radar évolué (pour l’époque) de navigation. Cet avion pouvait atteindre au moins 400 kilomètres par heure et voler à une altitude de cinq à dix mètres.
Une vieille photo de l'époque soviétique d'un des ékranoplans Orlyonok, avec la tourelle de mitrailleuses et le radar monté sur mât bien visibles à l'avant. © GlobalSecurity.org
Pour armer leur appareil, les ingénieurs russes pourraient se tourner vers ce qui avait été fait pour l’ékranoplan de la classe Lun, bien plus grande, et monter des lance-missiles sur la partie supérieure du fuselage de l'Orlyonok existant. Le seul Lun que les Soviétiques n’aient jamais construit, également connu sous le nom de MD-160, pouvait transporter six missiles de croisière supersoniques antinavires P-80 Zubr, que l'OTAN appelait SS-N-22 Sunburn.
De rares photographies du seul prototype de l’ékranoplan Lun en vol sur la Caspienne. On voit bien ses 6 tubes lance-missiles sur le dos de son fuselage ainsi que les importants radomes sur sa dérive. Le bateau garde-côte sur l'une des photo donne une idée de la taille qu'avait l'ékranoplan Lun. © denvistorii.ru
Le même prototype aujourd’hui en train de rouiller sur son quai spécialement construit pour ce monstre d’environ 500 tonnes dans la base navale de Kaspiisk. © luftwaffeas.blogspot.com
Le système spécial tel qu’il est aujourd’hui pour recevoir sur son quai l’ékranoplan Lun. © luftwaffeas.blogspot.com
Toutefois, la conception du plus petit Orlyonok, le projet 904, ne comportait qu’un gros turbopropulseur Kuznetsov NK-12MK, du même type que celui des bombardiers russes Tu-95 Bear, en haut et sur l’avant de la dérive. Le tir de missiles depuis le dessus du fuselage pourrait avoir un impact sur le fonctionnement du turbopropulseur monté en haut de la dérive et, par conséquent, sur les performances de l'ékranoplan. Certains ékranoplans soviétiques de cette classe avaient été dotés d’une paire de moteurs à réaction dans le nez pour propulser l'appareil.
La classe Lun n'avait pas de moteur monté à l'arrière, n’utilisant cet espace que pour un puissant radar de recherche Puluchas et d'autres équipements. Il est difficile de voir où d'autres missiles pourraient être placés sur le modèle existant de l'Orlyonok, bien que les ingénieurs puissent potentiellement les placer sur le dessus de ses ailes.
Il serait possible de positionner les lanceurs de missile suffisamment loin vers l'avant pour qu'ils n'aient aucun effet négatif sur l’ékranoplan. De même, un système de missiles semi-encastré dans le fuselage, qui tirerait les armes sur les côtés, pourrait éviter complètement le problème de la dérive. Les missiles que la Russie installerait sur l'ékranoplan pourraient être suffisamment petits pour que cela n'ait pas d'importance d'une manière ou d'une autre. Par rapport au missile P-80, de conception des années 1970, les missiles antinavires russes actuels sont devenus suffisamment légers et compacts pour que l'utilisation d'un petit ékranoplan comme l'Orlyonok comme plate-forme de lancement devienne tout à fait possible.
Il existe également d'autres modèles qui correspondraient à la description de base du nouveau ékranoplan donnée par le vice-premier ministre Borisov. L'ékranoplan de transport de passagers A-050 "Chaika", ou la "mouette" en russe, a la taille d'un Boeing 737 et est censé commencer ses essais en vol en 2022. Cet appareil pourrait servir de base à un type d'appareil militaire. La société responsable de cette conception, l’Alekseyev Hydrofoil Bureau Design directement issu du Bureau qui a conçu les ékranoplans soviétiques, dispose d'un certain nombre d'autres types qui pourraient également fonctionner comme le montre son site internet.
Site de l’Alekseyev Hydrofoil Bureau Design
Conception d'artiste de l’ékranoplan A-050, "La Mouette". © Alekseyev Hydrofoil Bureau Design
Le Vice-Premier Ministre Borisov n'a pas spécifié de type ou de fabricant particulier et n'a pas non plus précisé le type d'armes que le futur "Orlan" devrait transporter. Il a toutefois noté qu'il serait utilisé pour remplacer les défenses plus traditionnelles dans l'Arctique peu peuplé, mais l'armement le plus probable serait un type de missiles de croisière antinavires. Le vice-premier ministre a également souligné la valeur potentielle de l'embarcation en mer Noire et en mer Caspienne, et le Kremlin pourrait également la déployer dans la très stratégique mer Baltique.
Dans un rôle de patrouille maritime, un ékranoplan transportant une charge de missiles de croisière antinavires supersoniques P-800 Oniks pourrait empêcher tout adversaire potentiel de se déplacer librement dans une certaine zone maritime, ou bien les engager rapidement lors d'une escarmouche. La vitesse élevée des véhicules, combinée à la portée au-delà de l'horizon du missile russe actuel, pourrait permettre à l'équipage de se mettre rapidement en position à la suite d’un préavis à très court délai ou de se déplacer facilement vers une autre zone pour répondre à la nature changeante de la menace.
De multiples ékranoplans armés de missiles pourraient également être en mesure de menacer les navires de surface ennemis depuis plusieurs directions, limitant ainsi leur capacité à tirer le meilleur parti de leurs capacités défensives. Dans le même temps, la trajectoire de vol à basse altitude et la vitesse du futur "Orlan" pourraient également le rendre plus difficile à détecter et à engager. Les ékranoplans ont déjà l'énorme avantage d'être effectivement inattaquables par des torpilles et d’être insensibles aux mines navales.
La capacité d'opérer loin et indépendamment des bases navales et aériennes traditionnelles ne ferait que rendre les véhicules plus flexibles sur le plan opérationnel. Cela pourrait donner aux unités russes d'ékranoplans la même capacité d'accéder à certaines zones et de priver leurs adversaires de la possibilité d'opérer dans ces espaces.
Selon le degré de similitude entre la variante armée de missiles et les autres types de transport proposés, les versions aptes au combat pourraient servir d'escorte aux autres en territoire hostile. La Russie pourrait ainsi être en mesure de déployer rapidement des forces sur mer et sur terre dans des zones spécifiques au cours d'un conflit.
Il faudrait probablement relativement peu d'efforts pour transformer un "Orlan" armé de missiles défensifs en une arme offensive armée de missiles de croisière d'attaque terrestre, comme le Kalibr, afin de menacer activement les défenses côtières et les sites ennemis situés plus à l'intérieur des terres, en particulier dans l'environnement rapproché de la mer Baltique ou de la mer Noire. La Russie a également démontré que le P-800 possède lui-même une capacité limitée d'attaque terrestre, ce qui pourrait conférer aux ékranoplans une certaine polyvalence sans qu'ils aient nécessairement besoin de transporter plusieurs types d'armes.
Mais, quoi qu'il en soit, la viabilité d'un engin rapide équipé de missiles et rasant la surface de l’eau reste à voir. Historiquement, les ékranoplans se sont avérés compliqués à utiliser à cause d’une grande tendance à l’instabilité de vol et demandent beaucoup de maintenance en général. Les appareils du Projet 904 présentaient très rapidement de graves problèmes de corrosion, selon une édition de 1993 de Combat Fleets of the World. C’est cette année-là , d’ailleurs, que la Russie, ayant quitté alors tout récemment le système soviétique, décida de retirer tous les Orlyonoks restants du service actif.
L’un des trois ékranoplans A-90 Orlyonok survivant, exposé au musée maritime de Moscou. © Alex Beltyoukov
En outre, il est également difficile de savoir en 2021 dans quelle mesure la Russie est engagée dans ce projet décidé il y a 3 ans, ou si celui-ci pourrait être mis en veilleuse au profit d'autres priorités de défense. Le pays a continuellement repoussé les projets de construction de navires traditionnels de plus grande taille afin de libérer des fonds pour d'autres programmes de premier plan, notamment une série de développements d'armes stratégiques à propulsion nucléaire et de missiles hypersoniques.
Néanmoins, grâce à l'expérience acquise avec les ékranoplans soviétiques Lun et Orlyonok, ainsi qu'aux améliorations modernes de la technologie des moteurs et des cellules, les Russes pourraient considérer les ékranoplans comme un investissement relativement peu risqué, peu coûteux et très rentable. Le pays a déjà consacré, depuis peu, une quantité non négligeable de temps et de ressources à des systèmes destinés spécifiquement à soutenir ses opérations dans l'Arctique.
Le Kremlin a déclaré vouloir commencer les essais en vol de ce bouveau ékranoplan d'ici 2022 ou 2023. Les versions armées pourraient facilement suivre par la suite ou être développées en même temps qu'une variante civile de ces modèles. Nous garderons certainement les yeux bien ouverts sur l'éventuelle réapparition d'ékranoplans russes modernes dans l'Arctique … ou ailleurs.
SECOND ARTICLE
La Russie ramènerait des Ekranoplans géants pour des missions en Arctique
Les ambitions arctiques actuelles de Moscou vont elles faire renaître le Monstre de la Mer Caspienne de l'ère soviétique ?
Maquette de l'ékranoplan géant "Sauveteur" (ce qui se dit Spasatel en russe). mais cet appareil sera-t-il seulement dédié au sauvetage? © Valery Matytsin, Agence TASS
Selon plusieurs médias russes, les énigmatiques "ékranoplans" de l'ère soviétique qui étaient dotés d'ailes à effet de sol sont sur le point de faire leur retour. En particulier, un modèle massif de 600 tonnes destiné à effectuer des missions de réapprovisionnement et de recherche et sauvetage dans l'Arctique serait en cours de développement, les essais en vol étant prévus en 2022 ou 2023.
Le modèle, baptisĂ© "Le sauveteur" (спасател ou Spasatel en Russe), est dĂ©crit comme faisant 95 mètres de long pour une envergure de 71 mètres. La grande taille de l'engin aurait Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e en raison de sa capacitĂ© Ă opĂ©rer dans des conditions de mer plus difficiles que les engins plus petits et parce qu'il peut voler sur de longues distances, dĂ©crites par des sources russes comme "plusieurs milliers de kilomètres".
L'expert naval Alexander Mozgovoy a déclaré au journal russe Izvestia que "les ékranoplans sont beaucoup plus économiques que les avions, il sera alors possible de transporter rapidement plus de marchandises sur une plus longue distance (...) Si leur constructeur parvient à équiper leur train d'atterrissage sur coussin d'air, ils pourront atterrir même sur des crêtes de neige."
D'après ces mesures, on parle en fait d'un remake du plus grand ékranoplan jamais construit, connu communément sous le nom de Monstre de la mer Caspienne. Cet engin a été baptisé ainsi par des analystes d'image de la CIA qui ont repéré cet énorme et mystérieux engin sur des images satellite pendant la guerre froide. En raison de sa configuration étrange et du KM peint sur ses ailes aperçus sur les photos satellites, il avait d'abord été surnommé le "Monstre de la Caspienne" (NdT - KM pour Kaspian Monster) , en référence au mythique monstre du Loch Ness. En réalité, le KM signifie "navire prototype" en russe.
Cet appareil fut construit en un seul exemplaire en 1966 à la suite d’essais de divers prototypes plus petits depuis 1961. Le KM mesurait 100 mètres de long pour 550 tonnes. Propulsé par dix réacteurs, il pouvait voler entre 3 et 15 mètres au-dessus de l'eau. Il n'était pas assez puissant pour voler plus haut, en dehors de l'effet de sol. L'appareil servira de laboratoire volant pour les scientifiques jusqu'en 1980, date à laquelle il s’est écrasé. Ayant été construit à un seul exemplaire, il n’y en a plus trace nulle part en Russie.
Une des rares photographies de l'ékranoplan géant KM, le Monstre de la Caspienne, en vol. (C) Agence Tass
Aujourd'hui, ce programme de l'ère soviétique, autrefois très obscur, captive l'imagination du public. Les charismatiques ékranoplans sont devenus des sujets très populaires, que l'on voit dans des documentaires, sur des blogs technologiques, voire même dans des mangas. Mais malgré tout le battage médiatique, le fait est que les grands avions à effet de sol n'ont jamais réussi à s'imposer, même si des modèles beaucoup plus petits ont été produits pour certaines applications. L'Iran, en particulier, disposerait depuis peu d'une armada de petits ékranoplans construits par l’industrie iranienne et mise à la disposition des Gardiens de la Révolution.
Cette photo non datée publiée par le ministère iranien de la Défense, montre les ékranoplans dits furtifs, les Bavar-2 (ou Confidence-2). Selon la télévision d'État iranienne, les puissants Gardiens de la Révolution ont reçu leurs trois premiers escadrons de ces ékranoplans (NdT - Je ne suis pas sûr que ce soient des ékranoplans, vu la configuration de l'aile ...). © vahid Reza Alaei, Agence AFP, Getty Images
Le futur ékranoplan "Sauveteur" aura une envergure de près de 70 mètres, soit plus de 30 mètres de plus que celle du monstre de la mer Caspienne, ce qui est logique si l'on considère qu'il est prévu que le Spasatel soit aussi équipé d’un train d'atterrissage traditionnel en plus de sa coque en forme de bateau. Ce format amphibie permettrait théoriquement à l'avion de voler à des altitudes plus élevées, en dehors de l'effet de sol, mais avec une efficacité bien moindre, tout en lui donnant accès à des pistes d'atterrissage traditionnelles. De nombreux ékranoplans développés pendant l'ère soviétique avaient également pour objectif de voler à des altitudes plus élevées.
L'agence TASS rapporte que l’Alekseyev Bureau Design se chargera de la conception du projet pour le compte de la marine russe. La maquette du futur ékranoplan "Sauveteur" a été montré aux officiels russes et au personnel de l'industrie lors d'un salon militaire récent.
Présentation de la maquette de l’ékranoplan géant "Sauveteur" au ministre de la défense russe, le général Serguei Chouïgou. © Agence Tass
Le Spasatel ressemble plus à un ékranoplan de classe Lun qu’au Monstre, qui était le plus grand de tous les ékranoplans soviétiques construits. Il est possible que la conception de la classe Lun, déjà massive en soi, ait été redimensionnée pour répondre à certaines exigences. Contrairement au Monstre de la Caspienne, la classe Lun, plus moderne, a été utilisée de manière limitée dans la flotte active à la fin des années 1980 et jusque dans les années 1990. C’est en 1993 que les ékranoplans de la classe Lun ont été définitivement retiré du service actif.
Vidéo du Monstre de la Caspienne et d’un ékranoplan de la classe Lun - Durée 10 min
La Russie serait également en train de développer activement un ékranoplan de plus petite taille destiné à être utilisé dans les mers Caspienne et Baltique. Baptisé A-050 "Seagull", ce bateau volant de type ékranoplan aura un déplacement d'environ un dixième de celui du "Sauveteur", soit environ 54 tonnes. il aura la taille d’un Boeing 737. L'intérieur de l'appareil hybride ressemblera à un avion de ligne et pourra transporter 100 passagers.
Il est destiné à être utilisé pour le transport de passagers, le transport de marchandises, la surveillance de l'environnement et le travail pour le ministère russe des situations d'urgence. La plupart des ékranoplans ont la capacité d'accéder à des zones de plage non aménagées, ce qui, avec leur grande vitesse et leur capacité de transport lourd, les rend très utiles pour les interventions en cas de catastrophe dans des zones reculées et peu peuplées.
De nombreux spécialistes émettent de sérieux doutes quant à la possibilité de la Russie d'investir dans un plan massif d'ékranoplans. Un haut degré de scepticisme est compréhensible, d'autant plus que Moscou a déjà du mal à payer les mises à jour de certains de ses navires et à financer d'autres programmes de défense très en vue. Mais nous savons qu'un endroit où la Russie semble prête à dépenser beaucoup d'argent est l'Arctique - un endroit que Moscou considère comme un bastion stratégique qui doit être dominé très tôt pour contrôler les réserves énergétiques de la région et les nouvelles routes maritimes ouvertes par la fonte de la calotte glaciaire. En fait, on sait que la marine russe est en train de construire une flotte spécialisée uniquement pour cette région, ainsi qu'un énorme sous-marin de "recherche" arctique. En outre, la Russie développe des avant-postes et des sites de surveillance élaborés dans l'Arctique, qui sont loin d'être des emplacements temporaires. Des exercices militaires russes constants ont également lieu dans la région depuis 2014.
Avec une empreinte en expansion dans l'Arctique glacial, la logistique est probablement un obstacle majeur, et un engin comme un ékranoplan peut être une solution idéale à long terme dans laquelle il vaut la peine d'investir. En dehors de ses missions humanitaires le "Sauveteur" et sa vitesse attendue de près de 500 km/h, son déplacement à environ 5 mètres de la surface des eaux le rendant insensible aux torpilles et aux mines marines, ont font aussi une arme autant qu'autre chose.
N'oublions pas non plus que des décennies de recherche, d'essais et d'exploitation ont déjà été accumulées par les Russes sur les ékranoplans. Si l'on ajoute à cela les technologies modernes de fabrication des moteurs et des cellules, une telle entreprise serait sans aucun doute bien moins coûteuse que de partir de zéro. La Russie pourrait voir une opportunité dans ce seul fait.
Quoi qu'il en soit, il semble que l'ékranoplan soit sur le point de connaître une sorte de renaissance en Russie dans les années à venir, même si cela se fera à une échelle plus petite que celle de l'historique Monstre de la Caspienne. Il sera intéressant de voir si le concept s'avère payant ou si cette renaissance restera du ressort des maquettes et des mythes. Ce qui est sûr, c'est que le monde serait plus excitant avec des ékranoplans écumant les mers.
L'ékranoplan Lun, aussi nommé Projet 903, sur son quai spécial à la base navale de Kaspiisk.
L'ékranoplan Lun a récemment quitté son quai, où il rouillait depuis des décennies pour voguer une dernière fois sur la Caspienne et rejoindre Degent au Dagestan où il sera exposé dan le futur Parc Patriotique.
Le Lun échoué sur la plage de Degent.
Vue du cockpit de l'Ă©kranoplan MD-160 Lun.
Dernière modification par philouplaine (28-06-2021 12:45:23)
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Superbe article que tu viens de traduire .
du coup je suis en effet de sol .. o sol e mio
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Très intéressant, merci Philippe de nous dénicher toutes ces infos.
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Ouais, il y a quelques erreurs quand même dans cette article, surtout quand on parle du projet Spasatel... Le Spasatel est un vieux projet abandonné en court de route...
Le futur ékranoplan "Sauveteur" aura une envergure (envergure??? On a confondu avec longueur) de près de 70 mètres, soit plus de 30 mètres de plus que celle du monstre de la mer Caspienne, ce qui est logique si l'on considère qu'il est prévu que le Spasatel soit aussi équipé d’un train d'atterrissage traditionnel en plus de sa coque en forme de bateau. Ce format amphibie permettrait théoriquement à l'avion de voler à des altitudes plus élevées, en dehors de l'effet de sol, mais avec une efficacité bien moindre, tout en lui donnant accès à des pistes d'atterrissage traditionnelles. De nombreux ékranoplans développés pendant l'ère soviétique avaient également pour objectif de voler à des altitudes plus élevées.
L'agence TASS rapporte que l’Alekseyev Bureau Design se chargera de la conception du projet pour le compte de la marine russe. La maquette du futur ékranoplan "Sauveteur" a été montré aux officiels russes et au personnel de l'industrie lors d'un salon militaire récen
Ă€ la suite de l’accident du sous-marin Komsomolets qui fit 42 morts, l’URSS commence Ă construire en 1989 le Spasatel (Спасатель, « le sauveur »). Une version de secoure du Lun MD-160... D'une capacitĂ© de 500 personnes, il Ă©tait conçu comme un hĂ´pital volant pour les Ă©quipages de sous-marins ou de navires. Il Ă©tait presque terminĂ©e avant l'arrĂŞt de la production suite Ă l'effondrement de l'U.R.S.S. Elle a Ă©tĂ© stockĂ©e sur le site de fabrication de Nijni Novgorod, alors connu sous le nom de Gorki. La ville se trouve au milieu de la Russie mais Ă©tait une zone active de construction navale pendant la guerre froide. L'Ă©kranoplan inachevĂ©e est stockĂ©e Ă l'air libre depuis la mi-aoĂ»t 2016, sans aucun signe de dĂ©placement.
Le voici avant 2016:
Et en passant le KM Caspian Monster avait une longeur de 106m pour un poids qui atteignait 550 tonnes, donc le le Spasatel aurait dépassé le KM de 30m... Le étant un class LUN adapté, il aurait fait donc exactement 73,8 m en longeur... Et un envergure de 40m...
Je crois que le projet Spasatel a été confondu avec le projet Orlan, car non jamais il était prévus un train et un vol plus haut...
On peut voir le Spasatel à l'extérieur sur Google depuis 2016:
Dernière modification par Bobonhom (29-06-2021 15:31:18)
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Merci Ă tous pour vos commentaires.
Merci à toi Bobonhom pour cette précision très importante.
Je traduis les textes ne n'y changeant (presque) rien (oui je sais je sais: tradutore traditore comme disent les italiens mais bon)... du coup, les infos que tu nous communiques sont très intéressantes. En effet, même sur Google Map on voit bien dans le nord de la ville de Nijni-Novgorod , près de la Volga, un bel ékranoplan de grande taille remisé là . Et, docn, en effet, le second article que je mentionne est imparfait dans ce qu'il raconte. Merci de ces commentaires Bobonhom!
C'est vrai aussi que le Spasatel, par rapport à l'ékranoplan plus petit présenté dans le premier article, rappelle plus un "effet de pub" qu'une réalité proche ... On verra bien dans l'avenir ce quis e passera réellement.
Pörtez vous bien,
Philippe
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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