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Bonjour chers amis,
Une bonne nouvelle pour tous les amateurs de ce petit biréacteur de soutien des forces au sol, le fameux A-10 Foudre (Thunderbolt II), plus communément appelé par ses pilotes le Warthog (le Phacochère).
Cet avion, construit par Fairchild, avec son très fameux canon Gatling qui tire des projectiles de 30 mm à raison de 3900 coups par min et qui en même temps peut transporter toute une cargaison impressionnante de bombes et d’armes air-sol, a été introduit dans l’USAF en 1975, il y a donc près de 50 ans ! 715 A-10 furent livrés à l’USAF.
Déjà , dès 2013, il y a 10 ans, les dirigeants de l’USAF voulaient le retirer du service actif le trouvant dépassé. Il y avait alors au sein de l’USAF une forte tendance à privilégier seulement les chasseurs de 4ème et 5ème génération, et une mafia interne qui voulait se débarrasser des missions d’appui au sol pour les laisser à la branche aérienne des forces terrestres et ses hélicoptères d’attaque Cobra et Apache. Curieusement, le Congrès des Etats-Unis en décida autrement et les A-10 restèrent en service actif au sein de l’USAF.
Avec la nomination du général Charles Brown en 2020 à la tête de l’USAF, tout changea et les nouvelles directions qu’il a données à l’USAF ont, entre autres, conduit à ce que les A-10 Thunderbolt soient non seulement maintenus mais upgradé pour répondre aux nouvelles réalités des futurs théâtres de combat.
Je vous ai traduit un article américain paru hier et qui présente où en est l’USAF dans ce projet de nouvel A-10 et quel sera son nouvel armement et ses nouveaux équipements autour de la cellule conservée telle quelle. J’ai pensé que cette traduction pourrait vous intéresser.
Bonne lecture
Philippe
J’aime la sale gueule du A-10 Thunderbolt
Le A10 voit son armement défensif être adapté aux combats futurs de haut niveau
De nouvelles armes, des réservoirs de carburant, des écrans et bien d'autres choses encore sont ajoutés à l'A-10 sur la base de Nellis pour en faire un acteur clé dans un conflit futur de haut niveau.
Par Jamie Hunter, The War Zone, 9 août 2022
Un des A-10C Thunderbolt de la 422ème TES (Test and Evaluation Squadron ou escadrille d’essais et d'évaluation de l’USAF). © Jamie Hunter
Les plus grands esprits de l'armée de l'air américaine au sein de la communauté A-10 Thunderbolt II combinent leurs efforts afin de maintenir la pertinence de cette icône, le briseur de chars, le plus fameux avion d’attaque au sol de l’USAF, pour les futurs conflits de grande envergure. Le travail actuel implique un certain nombre d'efforts différents, notamment l'intégration de nouveaux magasins d’armement et de nouvelles armes, ainsi que le développement de tactiques pour permettre à l'A-10 de soutenir les chasseurs modernes de cinquième génération tels que le F-35 lors des combats dans des situations de menace air-sol élevée.
"Le gros effort que nous faisons aujourd'hui pour l'A-10 est une modernisation rapide et simple pour aider l'armée de l'air à mieux se positionner pour les combats de demain", déclare le major Kyle "Metric" Adkison, commandant de la division A-10 à la 422ème escadrille de test et d'évaluation, à la base aérienne de Nellis dans le Nevada. "Aussi longtemps que l'A-10 sera en service, nous voulons le développer pour aider l'US Air Force à combattre avec succès de toutes les manières possibles. Aujourd'hui, cela signifie soutenir les chasseurs de cinquième génération." Les partisans du A-10 comme Kyle Adkison tiennent à souligner que l'A-10 est bien plus qu'une simple cellule avec un gros canon de 30 mm à tir ultra-rapide. "Il dispose de 10 postes d'armes, d'un très long temps de vol et d'une capacité unique et robuste pour opérer à partir d'autoroutes et de pistes en terre, sans compter qu'il n'a pas besoin de beaucoup d'infrastructures de soutien, de sorte que les frais généraux pour l’affecter à des espaces de combat changeants sont faibles. En résumé, nos A-10 peuvent transporter beaucoup de choses qui aideront les autres à obtenir les effets désirés".
"Tout a commencé lorsque le général Charles "CQ" Brown Jr. est devenu le chef d'état-major de l'USAF et qu'il a publié son mémo "Accélérer, changer ou perdre" (NdT – Memo intitulé Accelerate, Change, or Lose : la nouvelle stratégie ACOL de l’USAF développée en aout 2020) selon nous devons tous commencer à envisager les problèmes dans une optique différente", explique le major Mason "Pinch" Vincent, pilote instructeur d'A-10 au sein de la 66ème escadrille de l'USAF.
Le général Charles "CQ" Brown, nouveau chef d'état-major de l'USAF nommé en mars 2020. © USAF
"Beaucoup de gens à l’USAF pensaient que le A-10 n’était pas fait pour les futures missions ACOL. Nous étions constamment déployés, les gars étaient toujours en Irak, en Syrie ou en Afghanistan, ou en train de voler à partir de la Turquie, faisant tout cela, donc nous n'avions pas vraiment le temps de regarder à l'intérieur de l’USAF et de réfléchir à comment nous pourrions contribuer à ce combat haut de gamme, en dehors du monde des missions CAS air-sol de soutien aérien rapproché (CAS pour Close Air Support) pour lesquelles nous sommes typiquement entraînés."
Un A-10C de la 66ème escadrille à la base aérienne de Nellis. © Jamie Hunter
"Nous avons eu un peu de répit, nous avons réuni les bonnes personnes dans la même pièce et nous avons commencé à réfléchir à ce que cela pourrait donner. Nous avons la chance d'être à Nellis où nous pouvons simplement traverser la rue et parler à toutes les personnes des différentes plateformes qui vont exécuter ces missions, et demander ce dont vous avez besoin pour vous aider. L'une des choses que nous avons trouvées, c'est que vous aurez toujours besoin de plus d'armes à la bonne distance de combats au sol très changeants. Et l'A-10 s'avère être un bon candidat pour les fournir parce que cet avion peut emporter un grand nombre d'armes différentes et si vous combinez cela avec les opérations de combat agiles près du sol auxquelles tous les pilotes d’A-10 sont entraînés [...] cela fait vraiment sens".
Au cœur de cet effort d'amélioration de l'A-10 se trouve un plan d'intégration du leurre miniature ADM-160 (MALD) et de la bombe guidée de petit diamètre GBU-39/B (SDB), une bombe guidée de précision de 110 kg qui peut planer sur des dizaines de kilomètres pour atteindre sa cible. Les testeurs envisagent également d'ajouter le missile AGM-158 Joint Air-to-Surface Standoff Missile (JASSM) plus tard. "Personne ne veut dépenser des milliards de dollars pour l'A-10", explique Vincent, "mais si nous pouvons trouver des moyens d'ajouter des capacités d’armement aux A-10 et de rendre ces avions plus aptes à la survie et plus efficaces au combat rapproché, alors nous allons faire cela du mieux que nous pouvons car on ne manque pas d’idées."
Un A-10C affecté à la 40ème escadrille d'essais en vol et d’évaluation transportant 16 bombes de petit diamètre GBU-39 lors d'un essai sur la base aérienne d'Eglin, le 9 février 2022. © Sergent John Raven, USAF
"Nous ne voulions pas chercher quelque chose de tout nouveau ou qui allait nécessiter que les gens dépensent de l'argent, du temps ou des efforts pour quelque chose de spécifique aux A-10, et nous ne voulions pas regarder quelque chose à très long terme non plus, parce que nous ne savons pas à quoi ressemblera le futur A-10. En tout cas, ce futur A-10 sera un appareil bon marché, facilement intégrable, avec un impact immédiat."
"Le missile leurre MALD (NdT – MALD pour Miniature Air-Lauched Decoy ou Leurre Miniature Lancé par Avion) était la solution la plus facile et la plus immédiate. Un armement MALD ne nécessite aucune intégration logicielle avec l’ordinateur de bord du A-10, nous pouvons l'accrocher sous l’aile directement, la laisser tomber, et elle fonctionne parfaitement. Pour l'amener au combat, vous avez juste besoin de beaucoup de postes d’attache sur chaque avion – c’est déjà le cas du A-10 - nous ne sommes pas limités par le poids car c'est une arme légère (un missile MALD ADM-160 pèse 45 kg seulement) et nous avons 10 pylônes sur lesquels nous pouvons accrocher le missile MALD."
L'A-10 pourra transporter jusqu'à 16 MALD, soit autant qu’un B-52, alors qu’un F-16 ne peut en emporter que quatre. Le missile est conçu pour tromper, saturer et stimuler de façon chaotique le système intégré de défense aérienne (IADS) de l’ennemi. "Nous pouvons lancer le MALD pour qu'il effectue des manœuvres préplanifiées. Cela signifie que la force adverse doit trier les cibles du MALD et essayer de déterminer si leur présence est une tromperie ou un leurre - ce qui, en fin de compte, rend plus difficile l’ensemble du ciblage que doit réaliser l'ennemi et aide donc nos autres avions de la force de frappe de première vague".
Vérification de l’aptitude de missiles MALD ADM-160 à être monté sur un pylone d’A-10C. © Michigan Air National Guard
"Nous avons d'abord présenté le projet à la communauté A-10 pour essayer de la convaincre de ce changement de mentalité", explique M. Vincent. "Nous ne nous éloignions pas des missions principales de l'A-10, à savoir le CAS et la recherche et le sauvetage au combat (missions CSAR pour Combat Search and Rescue), mais c'est quelque chose que nous pouvons mettre en œuvre très rapidement pour aider les pilotes des avions de quatrième et cinquième génération à mener leurs missions efficacement. Tout le monde comprend la nature de cette compétition entre pairs. Quand vous partez en guerre, vous faites avec ce que vous avez et ce que vous avez doit être aussi performant que possible. C'est l'une des cartes que l'A-10 peut jouer, une fois upgradé intelligemment".
Bien que l'idée d'ajouter des missiles MALD au Warthog soit née à Nellis, c’est la 107ème Escadrille de Chasse de l'Air National Guard basée à Selfridge dans le Michigan qui a mené les premiers essais d'intégration de ces missiles sur la cellule de l’A-10, avec l'approbation du System Program Office (SPO) des A-10 basé sur la base Hill de l’USAF dans l'Utah. Le major Adkison affirme que le plan MALD a "beaucoup d'adhésion" parmi les dirigeants de l'USAF et que l'on espère qu'il entrera dans les essais en vol dans un avenir proche.
Vidéo YouTube sur le A-10 à Nellis – Durée 9min30
L’utilisation des bombes guidées de type SDB par des A-10 modifiés est plus avancée et des premiers essais ont déjà été effectués (NdT – SDB pour Small Diameter Bomb. Les deux principales de ces bombes de 110 kg sont la GBU-39, qui est équipée d'une centrale de navigation par inertie couplée à un GPS pour attaquer des cibles fixes comme des dépôts de carburant, des abris bétonnés, et la GBU-40 qui est équipée d’un système de recherche thermique avec reconnaissance automatique de cible pour frapper des cibles mobiles telles que des chars ou des postes de commandement mobiles. Le diamètre de chacune de ces bombes dites de petit diamètre est inférieur à 20 cm).
La 422ème TES (Test and Evaluation Squadron) de Nellis devrait commencer à larguer des bombes SDB réelles dès la fin de cet été. Le major Vincent déclare : "Nous pouvons charger quatre bombes SDB sur chaque pylône, et un A-10 est équipé entre quatre et six de ces pylones (BRU) - ce qui fait entre 16 et 24 bombes SDB chargées sur chaque A-10." Une flotte de quatre A-10 serait donc capable de transporter 64 bombes SDB en une seule mission ! Selon le major Adkison, les bombes SDB devraient être déployés dans la flotte des A-10 dès 2023.
En plus des missiles MALD et des bombes SDB, la 422ème TES travaille sur une multitude d'autres projets pour l'A-10. "Nous venons de terminer une évaluation de la signature nocturne desvA-10 pour évaluer leur facilité de détection la nuit", explique Adkison. "Nous avons également terminé certains travaux sur le système d'armement avancé de précision AGR-20 (des roquettes guidées par laser) avec l'aide de BAE Systems pour les intégrer complètement dans le futur A-10" (NdT - L'AGR-20 est une roquette de destruction de précision ou APKWS pour Advanced Precision Kill Weapon System qui convertit les roquettes non guidées Hydra 70 en munitions guidées de précision (MGP) à l'aide d'un kit de guidage laser. L'APKWS coûte environ un tiers du coût et un tiers du poids de l'inventaire actuel des armes guidées par laser, a un rendement plus faible qui convient mieux pour éviter les dommages collatéraux et prend un quart du temps de chargement et de déchargement pour le personnel au sol par rapport aux missiles plus conventionnels).
Le major Vincent continue : "Au départ, nous les utilisions de façon empirique, mais avec l'intégration complète en cours sur l’A-10, nous obtenons beaucoup plus d'informations sur les spécificités de la roquette et nous avons pu augmenter notre portée effective de plus de 50 %. Nous avons également développé de nouvelles tactiques, par exemple l'utilisation de ces roquettes contre des bateaux en mouvement.
Un des A-10C du 422ème TES à Nellis. © Jamie Hunter
Les "Green Bats" (NdT – La Green Bat, ou la chauve-souris verte, est l’insigne de la 422ème escadrille d’essais et d’évaluation de l’USAF), en collaboration avec leurs homologues de la garde nationale et de la réserve du centre d'essai du commandement de la garde nationale aérienne et de la réserve de Davis-Monthan, en Arizona, gèrent également un certain nombre d'autres initiatives, notamment l'intégration complète de la liaison de données Link 16 plutôt que de la liaison plus ancienne SADL (Situational Awareness Data Link), ainsi que de nouvelles radios de type ARC-210 Gen6 et un nouveau GPS, tous les deux beaucoup plus résistants à différents types de brouillages.
L’insigne, une chauve-souris verte et belliqueuse, de la 422ème TES de l’AFAB Nellis.
Le futur réservoir de carburant des A-10 modifiés est une modification du grand réservoir existant de l'A-10 qui, actuellement, ne peut pas être placé sur un A-10 lors des missions de combat mais seulement pour des vols de convoyage. Le futur réservoir résistera notamment à des charges en g plus élevées, ce qui signifie qu'il pourra être transporté lors des missions de combat. Cela augmentera le temps de vol et réduira les besoins de ravitaillement en vol, tout en augmentant ce qui fait de l’A-10 un avion de combat rustique et robuste très apprécié des troupes au sol. En outre, le système d'affichage haute résolution (HRDS) fournira aux pilotes du futur A-10 un environnement du cockpit plus moderne. Les écrans multifonctions actuels de l'avion limitent l'efficacité du pod de ciblage Litening en termes de taille d'image et de nombre de pixels. Le HRDS présentera au pilote une image beaucoup plus grande.
Le HRDS permettra également de modifier dynamiquement les cartes numériques en vol, y compris l'utilisation du tracé de la ligne de visée. "Nos planifications de mission nous permettent de tracer les systèmes de menace présents sur le parcours de vol et sur le lieu du soutien et d'évaluer comment le pilote pourra utiliser au mieux les caractéristiques du terrain pour atténuer ces menaces", explique Adkison. "Cela signifie que nous pouvons déterminer l'altitude à laquelle nous devons voler pour les éviter. Avec les cartes HRDS, nous pourrons faire cela en temps réel pendant le combat. Il sera très utile de pouvoir déterminer des choses comme l'endroit où l'on peut se tenir en toute sécurité lorsque l'on travaille soit avec du personnel isolé soit avec un contrôleur d'attaque terminal conjoint (JTAC)." (NdT – Un contrôleur d'attaque terminale interarmées (JTAC pour Joint Terminal Attack Controller) est le terme utilisé depuis septembre 2003 dans les forces armées des États-Unis et dans certaines autres forces militaires pour désigner un militaire qualifié qui dirige l'action des avions de combat engagés dans des opérations d'appui aérien rapproché et d'autres opérations aériennes offensives depuis une position avancée au sol).
Un A-10C chargé de bombes SDB GBU-39 à petit diamètre (19 cm). © Sergent John Raven, USAF
Pourtant, la menace la plus répandue à laquelle est confrontée la communauté A-10 est l'USAF elle-même, qui a tenté à plusieurs reprises de retirer le Warthog de son inventaire. En effet, en 2013, la force d'essai opérationnelle a été presque complètement fermée, ce qui a ensuite été inversé lorsque le Congrès a voté l’annulation des plans de retrait de l'A-10 présentés par l’USAF.
Au moins pour les quelques années à venir, l'existence de l'A-10 semble être assurée, bien qu'en nombre potentiellement décroissant. Pendant ce temps, les proches du populaire Warthog travaillent de toutes les manières possibles pour maintenir l'héritage et l'état d'esprit de ce magnifique avion d'appui aérien rapproché tout en le préparant aux futurs combats de haut niveau.
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Merci Philou !
Après les images: le son.
https://www.youtube.com/watch?v=IOEslqu89OE
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Merci Philou.
Il y a un acteur qui est champion galactique du lobbying et autres techniques occultes: LM qui a tout fait pour flinguer l'A10 (entre autres) au profit de (mode ironique 'on') sa merveille de F35 (mode ironique 'off').
Ce n'est pas le même sujet mais quand on voit effectivement que l'A10 passera les 50 ans, sans parler du B52, on reparlera dans 40 ans de la durée de vie de la turkey F35.
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Le A10, ca fait un moment que l'armée de l'air voulait s'en séparer. A un moment, ils voulaient même les filer à l'armée de terre, disant que la protection des troupes étaient de son ressort.
Finalement, malgré les efforts pour le faire sortir de l'inventaire, le meilleur argument du A10 a toujours été le A10.
Donc, on a un avion qui a quasiment 50 ans et qu'on modernise et un soit disant super champion qui a à peine 15 ans et que l'armée de l'air (et pas que ce service d'ailleurs) considère comme étant déja obsolète. Le A10 volera peut être avec un chasseur de 6eme génération et le F35 laissera sa place à ce même chasseur.
En étant un peu hors sujet pour finir, le F16, lui aussi qui doit être remplacé par le F35, n'est pas encore sorti de service et n'est pas prêt de s'arrêter (lui aussi est modernisé).
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