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Bonjour chers amis,
Une actualité un tantinet réchauffée mais que j’ai néanmoins trouvée informative.
Premier appareil dit "de série", après plusieurs prototypes plus ou moins ratés ...
Un appareil Ă rotor basculant pour des emplois civils ? Y aura-t-il une demande ?
J’ai pensé que ce texte pourrait vous intéresser.
Bonne lecture !
Philippe
Le premier AW609 à rotor basculant de série a enfin effectué son premier vol après des décennies de développement
Nous sommes enfin sur le point de découvrir si l'"ancien nouveau" AW609 ne sera qu’un avion de niche ou s'il trouvera une demande plus large
Par Thomas Newdick, The War Zone, 20 octobre 2022
L’appareil à rotor basculant AW-629. © Leonardo
Le vol inaugural du premier Leonardo AW609 de série est un pas de plus vers la mise en service d'un nouvel avion à rotors basculants, qui rejoindrait le V-22 Osprey de Bell Boeing, unique jusqu'à présent, et deviendrait le premier avion commercial de sa catégorie.
NdT- La société italienne LEONARDO, issue de Finmeccanica, travaille dans l'aérospatial, la défense et la sécurité aéroportée. La société Leonardo est issue du rachat par Finmeccanica de l’italien Aermacchi en 2002, puis de l’italo-britannique Agusta-Westland en 2015. C’est l’un des premiers constructeurs au monde d'hélicoptères civils et l'un des principaux groupes internationaux du secteur aéronautique et spatial. Il est spécialisé dans l’armement, les hélicoptères, l'aéronautique, l'industrie spatiale et l'énergie. La société est installée dans plus de cent pays et notamment en Italie, au Royaume-Uni et aux États-Unis, où le groupe a racheté de nombreuses entreprises de défense. Il emploie un peu plus de 50 000 salariés et a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 14 milliards d'euros, avec un carnet de commande bien rempli pour 35 milliards d’euros. La société a changé son nom en Leonardo le 1er janvier 2017.
Après des années de développement depuis le premier vol du prototype le 6 mars 2003, il y a près de vingt ans, et de retards ponctués par un accident mortel en 2015, l'AW609 semble enfin prêt à entrer en service, l'entreprise italienne espérant qu'il pourra un jour effectuer des missions militaires et voler pour des clients civils.
Le premier AW609 de production, connu sous le nom d'AC5, a effectué son vol inaugural sur le site de Leonardo à l’aéroport de Northeast Philadelphie (KPNE), en Pennsylvanie, le 13 octobre dernier, bien que la société ne l'ait publiquement annoncé qu'hier. Ce vol d'essai a permis de tester les systèmes de l'appareil. Ensuite, l'AC5 sera utilisé pour soutenir "l'évaluation et l'expansion des capacités de mission" dans le but d'obtenir la certification de la Federal Aviation Administration (FAA), ce qui lui permettra d'entreprendre des missions réelles aux mains d'opérateurs civils. On pense généralement que l’appareil pourrait entrer en service commercial dans le courant de l'année prochaine.
L’AC5 avec son équipe de développement, le premier AW609 de série, de retour au sol après son vol inaugural le 13 octobre 2022 à l’aéroport de Northeast Philadelphie, USA. © Leonardo
Dans le même temps, Leonardo confirme que trois appareils supplémentaires sont sur la chaîne d'assemblage final à Philadelphie. Le client de lancement aux États-Unis est le Bristow Group, qui exploite des hélicoptères dans le monde entier pour divers clients gouvernementaux et commerciaux, et qui est surtout connu pour ses activités de recherche et de sauvetage (SAR), ainsi que pour ses services de transport offshore et d'ambulance aérienne. Déjà actif dans le programme de développement, Bristow Group devrait recevoir l'appareil AC6, ce qui laissera l'AC5 à la disposition de Leonardo pour la poursuite des travaux sur le programme de certification des essais en vol, ainsi que pour les démonstrations aux clients.
Le nombre exact d'AW609 commandés est actuellement un secret bien gardé. En 2015, Leonardo avait annoncé que le carnet de commandes comprenait "près de 60 appareils", bien que l'on ne sache pas exactement combien d'entre eux ont été confirmés et comment ce chiffre a pu évoluer au cours des années qui ont suivi.
Les autres AW609 produits à ce jour sont tous des avions d'essai. L'AC1, dont le premier vol remonte à 2003, est actuellement utilisé pour des essais au sol en Italie. L'AC2 a été perdu dans un accident mortel lors d'un essai en vol en Italie en 2015. L'AC3 a été utilisé pour des études sur les performances de manipulation des moteurs et le niveau de charge, aux États-Unis. Enfin, l'AC4 est également utilisé pour des essais en vol en Italie, il a également pris part à des tournées de démonstration pour des clients potentiels dans le monde entier. La flotte d'essai des AW609 totalise jusqu'à présent environ 1 900 heures de vol.
L'avion a commencé sa vie sous le nom de BA609, sa désignation reflétant le fait qu'il s'agissait initialement d'un programme conjoint Bell/Agusta, lancé en 1998. En 2011, il est devenu AW609 dans le groupe Agusta-Westland, cette société ayant été rebaptisée Leonardo en 2015 après sa reprise par l’italien Finmeccanica.
L'AW609 incarne les principaux avantages - et inconvénients - du concept de rotor basculant. D'une part, les rotors situés aux extrémités de ses ailes et propulsés par des turbopropulseurs PT6C-67A de Pratt & Whitney assurent la capacité de décollage et d'atterrissage vertical d'un hélicoptère. Une fois que ces mêmes nacelles moteur tournent, l'AW609 bénéficie de performances beaucoup plus proches de celles d'un avion à turbopropulseur conventionnel à voilure fixe, notamment en termes de vitesse et de portée.
Ces avantages ont un coût important et imposent également des pénalités en termes de complexité technologique. Ce n'est pas une coïncidence si le chemin du Boeing V-22 vers la mise en service a été aussi tortueux que celui de l'AW609. Même une fois en service, le V-22 a des chiffres de disponibilité moins qu'exceptionnels à cause de différents problèmes techniques.
Si le pari de Leonardo sur un appareil commercial à rotors basculants s'avère payant, il pourrait bien révolutionner au moins une partie des services commerciaux et publics actuellement assurés par des hélicoptères conventionnels. Dans le même temps, comme l'a montré le Boeing V-22, le concept des rotors basculants présente un intérêt considérable pour les opérateurs militaires, notamment dans les domaines de la recherche et du sauvetage au combat (CSAR), des opérations spéciales, des assauts amphibies, ainsi que des secours humanitaires lors des catastrophes.
Le Leonardo AW609 est considérablement plus petit que le Boeing V-22, avec une masse maximale de 7 ¼ tonnes contre 27 ½ tonnes pour l'Osprey (en mode VTOL). Il peut accueillir jusqu'à 9 passagers dans une configuration à haute densité, alors que le V-22 en transporte jusqu’à 32. Le Boeing Osprey est également équipé d'une rampe arrière, d'une sonde de ravitaillement en vol et de la capacité de transporter des charges suspendues, toutes choses absentes de l’AW609.
Néanmoins, la combinaison de la vitesse (la vitesse de croisière est de 510 km/h) et de l'autonomie (jusqu'à 1 850 km avec du carburant auxiliaire) de l'AW609, la capacité de transporter une charge utile de 2 ½ tonnes, plus un treuil pour charge suspendue de 270 kg, le rendent attrayant pour certaines missions militaires et paramilitaires. La cabine pressurisée de l'AW609 est également une différence majeure par rapport au V-22 et lui permet de voler au-dessus du mauvais temps et d'offrir un vol plus confortable que n'importe quel hélicoptère. Ce serait un avantage particulier pour les opérations de recherche et de sauvetage et d'évacuation médicale, ainsi que pour des vols VIP d’aviation privée.
Maquette grandeur nature de la cabine du modèle d’évacuation sanitaire du AW609. © Leonardo
La version militaire de l’AW609 a déjà suscité un intérêt, le Joint Aviation Command (JAC) des Émirats Arabes Unis (EAU) est le client de lancement de la variante d’évacuation sanitaire de l'AW609. En novembre 2015, les Emirats Arabes Unis ont signé un protocole d'accord portant sur trois commandes fermes et trois options. Le commandement Emirati a déclaré : "Les caractéristiques uniques de vitesse et de rayon d'action de l'AW609, combinées à sa capacité de vol stationnaire, augmenteront considérablement les capacités des missions d’évacuation sanitaire du commandement aérien Emirati. Nous sommes impatients d'exploiter l'AW609 et d'utiliser l'avantage de vitesse qu'il apporte."
Le déploiement du prototype AC4 de l'AW609 depuis son aéroport italien jusqu’au salon aéronautique de Dubaï, aux Émirats Arabes Unis, en novembre 2021, a illustré de manière spectaculaire les capacités à long rayon d'action de l’AW609.
L'AW609 fait ses débuts au salon aéronautique de Dubaï, en novembre 2021. © Giuseppe Cacace / AFP and Getty Images
Peu de détails sont disponibles sur cet accord entre Leonardo et les Émirats arabes unis, bien que le premier vol d'un avion de série semble être une bonne nouvelle pour les Emiratis et pour d'autres clients militaires potentiels. Cependant, initialement, le premier AW609 sanitaire aurait dû être livré aux Emiratis en 2019.
Le cas Emirati constitue un cas intéressant pour les opérateurs militaires qui pourraient se tourner retenir l'AW609 pour leurs besoins plus spécialisés. Formé en 2012, le Joint Aviation Command Emirati a absorbé la plupart des moyens militaires à voilure tournante des Emirats, notamment des AH-64 Apaches et des UH-60 Black Hawks. Le JAC émirati exploite également plusieurs aéronefs à voilure fixe, notamment des avions IOMAX Archangel de lutte contre l'insurrection (COIN) et des Cessna AC-208 Grand Caravans armés. En tant que tel, le JAC englobe un éventail de missions allant de l’évacuation sanitaire à la frappe en opération spéciale. La polyvalence de l'AW609 suggère qu'il pourrait convenir au commandement, bien qu'il y ait un point d'interrogation quant à sa capacité à être adapté à des configurations armées.
Un hélicoptère UH-60M du JAC Emirati atterrit sur le pont de la base mobile expéditionnaire USS Lewis Puller (ESB-3). © US Navy
En Italie également, les perspectives d'obtention de commandes militaires pour l'AW609 semblent assez bonnes. Fait rare parmi les armées de l'air européennes, l'armée de l'air italienne a beaucoup investi dans ses capacités CSAR (Combat Search And Rescue) d’évacuation sanitaire, avec une escadre dédiée, la 15ème Stormo, qui exploite des hélicoptères Leonardo HH-101 spécialement adaptés et des hélicoptères Leonardo HH-139 plus petits, également pour des missions de soutien aux forces spéciales.
Une fois que l'AW609 sera disponible, il sera très probablement un ajout intéressant à l'inventaire. Si Boeing n'a jusqu'à présent enregistré qu’une seule commande de V-22 Osprey par un opérateur non-américain (le Japon pour une commande de 17 appareils), d'autres pays, dont l’Inde, Israël et l'Indonésie, ont manifesté leur intérêt pour l'Osprey. En fait, le département d'État américain a déjà approuvé la vente militaire à l'étranger de huit MV-22 à l'Indonésie, pour une valeur d'environ 2 milliards de dollars, ainsi que les équipements et le soutien associés, bien que Djakarta n'ait pas encore pris d'engagement ferme d'achat.
Un Boeing V-22 Osprey des Force d'Autodéfense du Japon basé au Camp Kisarazu se prépare à quitter la Marine Corps Air Station (MCAS) d’Iwakuni, au Japon, le 6 juillet 2020. © US Marines
Si l'AW609 n'offre pas le même niveau de capacités, du moins à certains égards, que l’Osprey qui est plus grand, il est aussi nettement moins cher. Un V-22 coûte environ 75 millions de dollars au prix catalogue, tandis que Leonardo propose l'AW609 entre 20 et 30 millions de dollars, bien qu'il s'agisse là du prix pour probablement un modèle civil de base sans modifications militaires. Bien qu'il soit encore considérablement plus cher qu'un hélicoptère conventionnel de taille similaire, il bat l'Osprey en termes de prix et pourrait du coup être attrayant pour créer une flotte d’appareils à rotor basculant en vue des mêmes missions que l’Osprey à un coût bien moindre.
Il existe également d’autres missions pour lesquelles l'AW609 semble mieux adapté que le V-22, notamment le transport rapide de fantassins, un rôle pour lequel l'Osprey a également été proposé dans le passé. Là encore, la pressurisation de la cabine de l’AW609 est un gros avantage.
Comme nous l'avons dit dans le passé, un genre de V-22 en configuration VIP serait comme un jouet ultime, capable de voler d'un point à un autre, d'un palace à un yacht, mais tout cela dans un avion éprouvé au combat et équipé des dernières communications et contre-mesures défensives. En particulier dans les pays où la frontière entre le domaine privé et le gouvernement sont floues, comme dans le Golfe, Leonardo espère probablement que son AW609 aura de bonnes chances d'obtenir de telles commandes.
Les opérations de type garde-côtes constituent un autre type de mission dont Leonardo a parlé pour l'AW609. La combinaison du long rayon d’action, de la vitesse élevée et de la capacité d’emport de charges des appareils à rotors basculants les rend d'autant plus efficace - après tout, chaque minute peut faire la différence entre la vie et la mort en matière d’évacuation de blessés dans une zone de combat. La performance du Leonardo AW609 signifie également qu'il peut couvrir une zone d’action large, ce qui signifie qu'il faut moins d'avions et de bases. Selon Leonardo, les qualités uniques de l’AW609 lui permettraient également de remplacer pour ces missions d’évacuations militaires les flottes traditionnelles d’appareils à voilure fixe et à voilure tournante, ce qui entraînerait de grandes économies.
Cependant, c'est un autre produit de Bell qui pourrait finalement contrecarrer les ambitions militaires de Leonardo avec l'AW609. Actuellement en cours de développement, le Bell V-280 Valor utilise la technologie du rotor basculant de deuxième génération. Cet appareil est plus petit et potentiellement moins onéreux à l’achat que le V-22, tout en offrant des capacités de base similaires à bien des égards. Cela pourrait en faire une véritable menace pour l'AW609, du moins sur le marché militaire.
Prototype de Bell V-280 Valor en vol lors du salon aéronautique de Fort Worth en 2019. © Bell
D'un autre côté, l'avenir du V-280 dépendra probablement en grande partie de la décision de l'armée américaine de sélectionner ce type d'appareil dans le cadre de son initiative FVL (Future Vertical Lift) ou d'opter pour une solution un peu moins radicale (des hélicoptères traditionnels).
En fin de compte, le fait que l'AW609 soit conçu principalement pour des clients civils pourrait bien finir par porter ses fruits, même s'il est difficile d'imaginer que le projet puisse encore être un succès financier désormais. Il est clair que les exigences liées à l'obtention de la certification civile pour un appareil à rotor basculant constituent un obstacle majeur. D'un autre côté, si le projet parvient à établir une base de clients civils plus large, cela devrait contribuer à réduire les coûts et à atténuer les problèmes de maintenance (qui ont jusqu’à présent particulièrement handicapé le V-22).
Avec la première machine de série maintenant en vol, l'AW609 est plus près de commencer à réaliser son potentiel incontestable, bien qu'il y ait encore pas mal de chemin à parcourir. Après 20 ans de développement, considérant les avancées technologiques ajoutées entre-temps au programme initial, cela pourrait finir par faire de l’AW609 un produit de niche … s'il réussit à se vendre. Mais, compte tenu de la pénurie d'avions disponibles capables d'égaler ses performances, le modèle de Leonardo pourrait même réussir là où l'Osprey a échoué jusqu'à présent, et même générer de multiples ventes internationales à des clients gouvernementaux.
FIN
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Bonjour Philou
Merci de nous avoir déniché cet article sur un avion que je ne connaissais pas
I7-3770K 3.5Ghz OC 3.8 Asus P8Z77-V RAM 16Go G.Skill DDR3-2133 CG Gigabyte RTX 3060 12GB
Boitier Fractal Design Define R4, Corsair AX 750w, Noctua NH-U12P, W10 2004
MSFS standard version store
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Merci Philou,
Toujours trés interessant.
Ceci dit le potentiel 'business' de cet avion, hormis pour les clients de lancement qui ne payent qu'une fraction du cout réel, parait extrêmement restreint pris entre hélicos et stol. Au moins pour le civil.
La MCO est particulièrement lourde, structurellement, comme l'Osprey le démontre depuis sa mise en service et une technologie qui progresse mais restera toujours complexe.
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