#1 [↑][↓] 15-02-2023 14:16:54

philouplaine
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[RĂ©el] Des A-10 ukrainiens ? ... vu des USA

Bonjour chers amis,

Vos désirs sont des ordres … Suite à mon précédent post sur des F-16 ukrainiens, et suite au commentaire très intéressant de Brice :

bricedesmaures a Ă©crit :

... des A 10 seraient plus adaptés à la situation tactique...

J'ai accéléré la traduction de l'article américain sur lequel je planchais et je lui ai adjoint un second : ces deux articles montrant correctement l'état actuel de l'attitude des USA pour livrer des A-10 aux ukrainiens ... Le premier article date du 20 juillet dernier, 5 mois après le début de la guerre russo-ukrainienne, et le second beaucoup plus récent date du 23 décembre dernier. La conclusion de ce plus récent article est claire: la possibilité de livrer des A-10 du surplus de l'USAF aux ukrainiens s'éloigne de jour en jour … mais ne serait-ce pas une sorte de "brouillard de guerre" destiné aux russes ? L'avenir nous le dira. Les illustrations (sauf une) sont celles des articles originaux.

Bonne lecture !
Philippe




PREMIER ARTICLE - Juillet 2022


DONNER DES A-10 WARTHOG AUX UKRAINIENS N’EST PAS EXCLU

De hauts responsables de l'armée de l'air américaine ont laissé la porte ouverte à la possibilité de transférer certains de nos emblématiques Warthogs à l'Ukraine.

Par Joseph Trevithick, The War Zone, 20 juillet 2022


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Un A-10 Thunderbolt II après un ravitaillement en vol. © Sgt. Daniel Snider, USAF


Article original en Anglais


Le secrétaire d’état à l'US Air Force M. Frank Kendall n'a pas rejeté catégoriquement l'idée de transférer des avions d'attaque au sol A-10 Warthog à l'Ukraine lorsqu'il a été interrogé sur cette possibilité plus tôt dans la journée. Ses commentaires sont intervenus après que le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Charles Q. Brown, ait déclaré séparément que l'armée de l'air ukrainienne devra éventuellement commencer à se séparer de ses jets de combat de l'ère soviétique et que la prochaine étape sera "quelque chose de non-russe".

M. Kendall et M. Brown ont tous deux fait leurs commentaires aujourd'hui lors du forum annuel d'Aspen sur la sécurité (NdT - Le 13ème Forum annuel d'Aspen sur la sécurité a eu lieu du 19au 22 juillet 2022 à Aspen, Colorado. C’est un forum public non partisan qui permet de discuter des défis les plus urgents en matière de sécurité nationale et de politique étrangère). Jusqu'à présent, seule l'armée de l'air américaine a exploité des A-10, un avion d'appui-sol rapproché emblématique connu principalement pour son énorme canon automatique General Electric de style Gatling à sept tubes de 30 mm GAU-8/A Avenger et son fort blindage.


Vidéo sur YouTube : Le son typique du A-10 à l’entrainement avec ses canons General Electric au Nevada Test and Training Range.
Durée : 2min40


M. David Ignatius, du Washington Post, qui était le modérateur pour la conférence du secrétaire Kendall à Aspen, a demandé au secrétaire de l'Air Force : "Qu'est-ce que l'armée de l'air pourrait donner ?".

"Le vénérable A-10 … n'est pas un système dont nous aurons un grand besoin face aux possibles adversaires qui nous préoccupent le plus actuellement", a répondu Kendall. Dans sa plus récente demande de budget, l'US Air Force a demandé l'autorisation de retirer du service actif 21 Warthogs durant l’année 2023. Ces avions se sont avérés très utiles au cours des deux dernières décennies lorsqu'ils ont soutenu des opérations de combat de faible intensité dans des environnements permissifs, mais on s'interroge de plus en plus sur leur utilité dans tout futur conflit de plus grande envergure dans un espace aérien très contesté.

Quand M. Kendall a terminé sa présentation, M. Ignatius a alors posé une question toute simple qui a beaucoup intéressé l’audience : "Une pensée me vient, pourquoi ne pas donner ces A-10 à l'Ukraine ?"

M. Kendall a alors dit ceci :"Le général Brown a déjà répondu à cette question ce matin en indiquant quels chasseurs pourraient intéresser l'Ukraine. En fait, c'est en grande partie à l'Ukraine de décider. … Les appareils américains que l’USAF va retirer du service actif sont une possibilité (…) Nous serons totalement ouverts aux discussions avec nos collèges ukrainiens sur leurs besoins et sur la manière dont nous pourrions les satisfaire."

Vous pouvez regarder ci-dessous l'intégralité de la discussion entre M. David Ignatius, du Washington Post, et M ; Frank Kendall, secrétaire d'État à l'armée de l'air, lors du Forum Aspen sur la sécurité 2022.


Vidéo sur YouTube : Discussion entre M. Frank Kendall, secrétaire d’état à l’USAF, et M. David Ignatius du Washington Post (en Anglais).
Durée : 36min15


"Je ne peux pas spéculer sur l'avion qu’ils pourraient décider de choisir", avait dit le général Brown lorsqu'on lui avait posé une question sur l’éventualité de la formation aux États-Unis de pilotes ukrainiens à l’issue de sa conférence du matin. "En tout cas, ce sera un appareil non-russe". M. Brown a fait remarquer que des offres européennes, ainsi que des offres américaines, pourraient être des possibilités.

La semaine dernière, les membres de la Chambre des représentants des États-Unis ont voté pour inclure l'approbation du financement de la formation de pilotes de chasse ukrainiens dans un projet de loi sur la politique de défense annuelle, ou National Defense Authorization Act (NDAA), pour l'année fiscale 2023. Cette législation doit encore être finalisée, puis réconciliée avec une version distincte actuellement étudiée par le Sénat, avant que le Congrès ne puisse la soumettre à un vote final, après quoi elle pourrait aller sur le bureau du président Joe Biden pour être finalement promulguée.

Les remarques de Kendall et Brown aujourd'hui sont sensiblement différentes des réponses qu'ils ont données à des questions sur l'envoi d'A-10 en Ukraine en mars dernier, où ils avaient tous deux souligné très clairement qu'il n'y avait aucun plan ou même aucune discussion sur la possibilité d'un transfert d’avions de combat américains aux ukrainiens.
"Je ne suis pas au courant d'un tel plan, ni même d'une discussion sur un plan pour envoyer ou fournir des A-10 aux Ukrainiens", avait déclaré Kendall aux journalistes lors du symposium sur la guerre aérienne de l'Association des forces aériennes, selon la newsletter Breaking Defense du 3 mars 2022.


Lien pour l'article de Breaking Defense du 3 mars 2022 (en Anglais)


"Je ne suis pas au courant de discussions ou de plans au sein de l'armée de l'air des États-Unis pour fournir des A-10 à l'Ukraine", a déclaré Brown lors du même événement.

La question de l'envoi de A-10, ainsi que d'autres avions de combat occidentaux, en Ukraine a certainement été soulevée à de multiples reprises depuis que la Russie a lancé son invasion totale en février. Jusqu'à présent, l'administration Biden a résisté à ces appels, qui émanaient notamment de membres du Congrès, de responsables ukrainiens et de membres de l'armée de ce pays, ainsi que du grand public. Les autorités américaines ont généralement invoqué des inquiétudes quant à la manière dont de telles livraisons pourraient aggraver le conflit et augmenter le risque de débordement de la guerre en dehors de l'Ukraine.

Cette attitude n'a cessé de changer ces dernières semaines, notamment avec le transfert de systèmes de roquettes d'artillerie à haute mobilité (HIMARS) et de munitions à guidage de précision, ainsi qu'avec les projets d'envoi de systèmes nationaux avancés de missiles sol-air (NASAMS) de moyenne portée. Il y a quelques mois encore, la livraison potentielle de tels systèmes aux forces ukrainiennes était encore considérée comme totalement exclue.

Ce lundi (NdT – le 18 juillet 2022), le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Reznikov (NdT – M. Reznikov a été ministre de la Défense jusqu’en février 2023 et a remplacé par le général Kyrylo Boudanov), a indiqué sur Twitter qu'il s'était entretenu avec le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, et que son homologue américain avait "de très bonnes nouvelles, mais les détails seront communiqués un peu plus tard." Bien entendu, il pourrait s'agir d'une simple référence à la nouvelle promesse faite aujourd'hui par le gouvernement américain d'envoyer davantage de HIMARS, qui ont déjà eu un impact notable sur le conflit, sans que cela ne concerne des avions.

Il n'y a pas si longtemps, l'idée même d'envoyer des A-10 en Ukraine, ou ailleurs, aurait été une proposition largement contredite. Pendant des années, le Congrès a empêché l’USAF de se séparer de ses A-10, les législateurs exigeant continuellement l'assurance que notre armée bénéficie continuellement d’un puissant appui aérien rapproché. Cette position de longue date est en train de s'assouplir. La version actuelle du NDAA (NdT – NDAA = National Defense Authorization Act, ou Loi d'Autorisation de la Défense Nationale) actuellement discutée à la Chambre des Représentants accepte la proposition de l'USAF de retirer 21 A-10 au cours de la prochaine année fiscale. La commission des services armés du Sénat a annoncé lundi que sa version permettra aussi ce retrait de 21 A-10.

D'autres obstacles politiques intérieurs semblent également avoir disparu. En 2003, l'armée de l'air s'était opposée à une location potentielle de certains de ses A-10 à l'armée de l'air colombienne. Notre Département d'Etat (NdT- Le Département d’Etat américain est l’équivalent du Ministère des Affaires Etrangères), qui avait demandé l'acquisition d'une flotte de Warthogs pour les convertir en avions blindés pour pulvériser des herbicides sur les cultures de coca en soutien aux opérations anti-narcotiques en Amérique latine.

Selon toutes les indications, l'Air Wing du Département d'État (NdT - L'Air Wing du département d'État (le DoSAW), s’appelait avant le Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs Office of Aviation. Ce bureau du département d'État des États-Unis met à disposition des services diplomatiques des USA une flotte de 200 avions et hélicoptères qui répond aux besoins en matière de diplomatie ne relevant pas de l'autorité légale et qui exclue l’USAF), une organisation importante mais assez secrète et obscure, ne semble plus avoir de réel intérêt pour utiliser des A-10 à cette fin d’épandage. L’Air Wing avait entretemps acquis un certain nombre d'anciens OV-10 Broncos de l'USAF et les avait convertis en avions blindés d’épandage avant de les remplacer plus récemment par des avions d’épandage commerciaux modifiés.


Vidéo sur Youtube : Des OV10D Bronco de l’US Air Wing en Colombie en 2008
Durée : 4min10


Bien entendu, il reste encore à voir si l'Ukraine recevra ou non ces possibles A-10. Les inquiétudes de l’USAF concernent d’abord la réelle vulnérabilité du Warthog dans un environnement aérien rempli de défenses aériennes haut de gamme tel que celui du conflit actuel en Ukraine, où les avions des deux camps font face en permanence à des menaces importantes sol-air. En même temps, l'USAF reconnait que l’A-10 a été construit pour survivre à de lourds dommages de combat et être réparé rapidement et remis en service presqu’aussitôt. L’A-10 peut également opérer à partir d'aérodromes austères caractérisé par une "empreinte" relativement faible. Toutes ces caractéristiques conviennent parfaitement à l'Ukraine. Il convient également de noter que l'armée de l'air ukrainienne continue d'utiliser quotidiennement sur le front des Su-25 Gratch (code OTAN Frogfoot), un lointain homologue de l’A-10 très rudimentaire qui date de l'ère soviétique.

Les responsables américains et ukrainiens devront décider de la manière dont d'autres facteurs, tels que les exigences en matière de formation et de logistique, pourraient influencer l'aspect pratique du transfert d'un certain nombre d’A-10, ainsi que des armes dont ils disposeraient s'ils étaient fournis aux Ukrainiens. L'avion possède certains systèmes sensibles qui devraient probablement être retirés avant un tel transfert.

En ce qui concerne les besoins en formation, "grâce à des programmes d'échanges militaires antérieurs, l'Ukraine dispose déjà d'un petit nombre de pilotes formés pour piloter l'A-10", ont écrit le général de l'armée de l'air à la retraite Philip Breedlove, qui a dirigé pendant un certain temps le Commandement européen des États-Unis (EUCOM), et Kurt Volker, ancien représentant spécial des États-Unis pour les négociations avec l'Ukraine, dans une tribune publiée en mars dernier par le groupe de réflexion Center for European Policy Analysis. Une information que nous n’avons pas été en mesure de confirmer cependant.

Cela étant dit, si des A-10 finissent par apparaître dans le ciel ukrainien, cela pourrait contribuer à clore définitivement le débat sur leur capacité à opérer dans des environnements aériens très menaçant, pour le meilleur ou pour le pire. Dans le même temps, le fait d'envoyer des A-10 en Ukraine pourrait finalement donner à l'armée de l'air ukrainienne la couverture dont elle a besoin pour réduire la menace russe au sol une fois pour toutes.

FIN




SECOND ARTICLE - DĂ©cembre 2022


L’UKRAINE AVAIT DEMANDE AUX USA CENT A-10 WARTHOG QUELQUES SEMAINES SEULEMENT APRES LE DEBUT DE L’INVASION RUSSE

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, avait rejeté cette demande d'A-10 de l'Ukraine en disant qu'elle n'était pas pratique et que ces avions seraient trop vulnérables.

Par Joseph Trevithick, The War Zone, 23 décembre 2022



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Un “Elephant walk” de Fairchild A-10 Thunderbolt II. © USAF


Article original en Anglais


Le ministre ukrainien de la défense, M. Oleksii Reznikov (NdT – remplacé récemment), affirme avoir personnellement demandé à son homologue américain, le secrétaire à la défense Lloyd Austin, une centaine d’avions d'attaque au sol A-10 Warthog, quelques semaines seulement après que la Russie a lancé son invasion en février dernier. M. Reznikov affirme que M. Austin avait alors catégoriquement refusé, affirmant que la demande était non seulement impossible à satisfaire, mais que les avions seraient dangereusement vulnérables face à la défense aérienne russe (du moins telle qu’on l’imaginait à l’époque).

Ces commentaires de M. Reznikov ont été inclus dans un article détaillé que le Washington Post a publié aujourd'hui (NdT - le 23 décembre 2022 donc), et qui vaut la peine d'être lu dans son intégralité. Cet article du Post porte sur l'ampleur, la portée et l'évolution de l'aide militaire américaine apportée aux forces armées ukrainiennes au cours des huit derniers mois. Au cours de cette période, la position du gouvernement américain sur les systèmes d'armes et autres équipements qu'il est prêt à envoyer à l'Ukraine a considérablement évolué. C’est notamment le cas avec la décision toute récente de transférer des batteries de missiles sol-air Patriot, mais les responsables politiques américains sont restés fermement opposés à l'envoi d'avions de combat.

"Ils peuvent délivrer des bombes plus lourdes, et nous pourrions les utiliser contre les colonnes de chars [russes]", a déclaré M. Reznikov au Washington Post à propos du raisonnement qui l'a poussé à demander des A-10, qu'il a dit avoir formulé lors d'une réunion avec M. Austin fin mars. En plus de son emblématique canon rotatif General Electric GAU-8/A Avenger de 30 mm, le Warthog peut transporter un large éventail de missiles, de bombes à guidage de précision et de bombes "muettes", de roquettes et d'autres équipements sur l'un de ses huit pylônes sous les ailes ou sur les trois autres situés sous le fuselage central.


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Un avion d'attaque au sol A-10 Warthog tire avec son canon rotatif à 7 tubes General Elecric GAU-8/A Avenger de 30 mm. © USAF

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Comparaison du canon GAU-8/A et son équipement complet (poids chargé 1,83 tonnes) avec une voiture Coccinelle. La cadence de tir est réglée par le pilote de 30 à 70 coups par seconde. © USAF


En mars, l'opinion publique américaine, y compris certains membres du Congrès, s'est montrée très favorable à l'envoi d’A-10 à l'Ukraine, après qu'une importante force mécanisée russe soit restée immobilisée plusieurs jours sur 60 km d’une même route au nord-ouest de la capitale ukrainienne, Kiev. La colonne remplie de chars et d'autres blindés lourds, ainsi que d'artillerie et d'autres véhicules de soutien, semblait extrêmement vulnérable, ce qui a suscité des discussions sur la façon dont il serait possible d'aider les forces ukrainiennes à l'attaquer.

"Nous avons alors fait nos calculs", a ajouté M. Reznikov. Le gouvernement ukrainien avait conclu qu'il y avait une centaine de Warthogs excédentaires disponibles quasi immédiatement aux Etats-Unis en se basant sur des informations accessibles au public. Les informations en question pourraient bien être notamment l'inventaire officiel des avions que l’USAF a entreposé sur la base aérienne de Davis-Monthan, en Arizona. Cet inventaire est une information militaire ouverte au public.

En novembre, il y avait en effet 100 Warthogs - 49 A-10A et 51 A-10C – stockés à Davis-Monthan. Cependant, beaucoup de ces avions, en particulier les variantes A (les plus anciennes, livrées dans la seconde moitié des années 1970 il y a 50 ans), ne sont pas en état de voler immédiatement, ayant été fortement cannibalisés pour les pièces de rechange au fil des ans. L'armée de l'air américaine possède actuellement 282 A-10C en service, affectés à des escadrons de service actif et à des unités de la réserve de l'armée de l'air et de la garde nationale aérienne. Le Warthog n'est plus produit depuis 1984.


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Un exemple de l'état de certains des A-10 entreposés à Davis-Monthan. © USAF / J.M. Eddins Jr


Selon M. Reznikov interviewé par le Post, M. Austin aurait rejeté la demande ukrainienne de Warthogs en disant que c'était "impossible" et "insensé" parce que ces avions seraient une "cible bien propre" pour les moyens de défense aérienne russes. "C'était compréhensible pour moi", a déclaré M. Reznikov. "C'était raisonnable. J'ai dit d'accord, je comprends votre position."

Il s'en est suivi une série d'inquiétudes de la part de responsables politiques de divers pays concernant la possibilité de mise à disposition de l’Ukraine d'avions de combat soviétiques par des pays de l’OTAN, aucune ne s'est concrétisée. Les États-Unis et leurs alliés et partenaires ont depuis envoyé des pièces de rechange à l'armée de l'air ukrainienne pour soutenir l’entretien et la réparation des avions de combat soviétiques qu'elle possède déjà, un soutien qui a contribué à maintenir en bon état de marche l’armée de l’air ukrainienne malgré tous ces mois de combats intenses.

L'armée américaine a également contribué à l'intégration du missile antiradar à grande vitesse (HARM) AGM-88 sur les avions de combat ukrainiens MiG-29 Fulcrum et Su-27 Flanker. Cela a donné aux avions de chasse ukrainiens une capacité supplémentaire significative pour engager les défenses aériennes russes. Cette semaine, le Pentagone a annoncé de nouveaux projets de transfert de "munitions aériennes de précision" à l'armée ukrainienne. Selon les rapports, il s'agirait de bombes équipées de kits de guidage de munitions d'attaque directe conjointes (JDAM) assistées par GPS.

On ne sait pas aujourd’hui si M. Reznikov ou d'autres officiels ukrainiens ont répété leur demande d'A-10 depuis mars dernier. En juillet, en réponse à une question posée lors du forum annuel d'Aspen sur la sécurité, le secrétaire de l'US Air Force M. Frank Kendall a suggéré que l'envoi de Warthogs en Ukraine n'était pas exclu, avant de revenir sur ce commentaire en septembre.

En juillet, après les premiers commentaires de M. Kendall, M. Yuriy Sak, un conseiller de Reznikov, avait également déclaré que l'armée de l'air ukrainienne avait besoin d’avions de combat plus performants et plus polyvalents, tels que les chasseurs F-16 Viper, plutôt que des A-10. Il a explicitement déclaré que les Warthogs "ne barreront pas notre ciel aux russes, ils n'arrêteront ni les bombardiers ni les missiles" et "ils seront une belle cible pour les chasseurs à réaction et la défense anti-aérienne russes."

Des pilotes de combat ukrainiens ont ensuite fait écho à ces mêmes sentiments lorsqu’on a évoqué avec eux la livraison potentielle d’A10 ou un transfert de drones MQ-1C Gray Eagle. L'article du Washington Post d'aujourd'hui indique que les responsables américains ont également rejeté une demande ukrainienne officielle pour la livraison de drones MQ-1C.



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L’un des 183 drones de combat General Atomics MQ-1C Grey Eagle, encore appelé Sky Warrior, destiné à l’armée américaine. © US Army


En août dernier, les forces armées ukrainiennes ont mis en place un centre d'entraînement sur simulateur A-10 en utilisant des ordinateurs, des logiciels et des périphériques disponibles dans le commerce, y compris des casques de réalité virtuelle. Cependant, il n'était pas clair à l'époque dans quelle mesure cette entreprise, calquée sur une initiative d'entraînement à faible coût des pilotes de A-10 du 355ème escadron d'entraînement de l'armée de l'air américaine, était ou non officielle. Il n'y avait alors aucune indication à l'époque que la question de livrer des Warthogs à l'armée de l'air ukrainienne était revenue sur la table.

Tout compte fait, il semble que la position de longue date du gouvernement américain contre l'envoi d'avions de combat occidentaux à voilure fixe en Ukraine reste inchangée, du moins pour l'instant. À de multiples reprises dans le passé, les responsables américains ont fait valoir que de tels transferts présenteraient de sérieux risques d'escalade des tensions entre Washington et Moscou, qu'ils entraîneraient une formation importante et qu'ils imposeraient à l'armée ukrainienne des obstacles immédiats qui l'emporteraient sur tout avantage potentiel.

D'autres points épineux, comme notamment la possibilité pour ces avions de mener des frappes au cœur de la Russie, ont également été pris en compte dans la position de refus de l’administration américaine. Le président Joe Biden s'est montré particulièrement réticent à l'idée qu’il soutiendrait de telles frappes, de peur d'aggraver les frictions avec Moscou.

En plus de tout cela, l'armée de l'air américaine fait activement pression sur l’administration américaine pour réduire sa flotte d'A-10 au plus vite, dans le cadre d'un plan plus large visant à retirer complètement ce type d'avion d'ici cinq ans, en faisant valoir que ces appareils vieillissants ne sont plus adaptés aux combats conventionnels de haut niveau comme ceux qui se déroulent actuellement en Ukraine. Après les avoir bloqués pendant des décennies, du fait du retard pris dans le programme des F-35, le Congrès est maintenant favorable à ces plans.


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Un Fairchild A-10 Warthog en vol. © USAF


Il reste à voir si une éventuelle cession d'A-10 dans le futur susciterait de nouvelles discussions sur le possible transfert de ces avions soit à l'Ukraine, soit à qui que ce soit d'autre. S'il est vrai que le Warthog présente des vulnérabilités significatives face aux défenses aériennes modernes, en particulier car il ne disposerait pas pour l’instant d’une large d’accessoires informatiques tactiques pour les protéger, ils offriraient cependant une alternative plus avancée à l’armée de l’air ukrainienne que ses actuels avions d'attaque au sol Su-25 Frogfoot de l'ère. En fonction des munitions que les A-10 pourraient emporter, ils pourraient également être utilisés comme des plateformes de frappe à distance, ce qui contribuerait à les éloigner des menaces anti-aériennes.

Quoi qu'il en soit, un consensus se dégage sur le fait que le conflit actuel en Ukraine conduira finalement l'armée de l'air du pays à abandonner plus ou moins vite ses avions de combat de l'ère soviétique au profit de types occidentaux plus modernes. Le consensus aussi insiste sur le fait que ce processus devrait commencer le plus tôt possible. Cependant, d'après l'interview de M. Reznikov au Washington Post et d'autres commentaires de responsables militaires américains et ukrainiens depuis mars, la cession d’A-10 Warthogs dans une force aérienne ukrainienne rénovée semble de moins en moins probable.

FIN

Dernière modification par philouplaine (15-02-2023 14:21:27)


ouaf ouaf ! bon toutou !!

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#2 [↑][↓] 15-02-2023 16:54:30

Taiaut57
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Lieu : LFLB
Inscription : 17-03-2008

Re : [RĂ©el] Des A-10 ukrainiens ? ... vu des USA

Bonjour Philippe,

et merci pour tous ces articles traduis, qui sans toi, je ne connaitrais pas.

Tonio


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#3 [↑][↓] 16-02-2023 07:54:39

bricedesmaures
Membre
Inscription : 02-12-2015

Re : [RĂ©el] Des A-10 ukrainiens ? ... vu des USA

Merci pour ce bon documentaire, bien présenté et bien illustré !


L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde

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#4 [↑][↓] 14-03-2023 21:38:11

chessgame80
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Inscription : 18-10-2022

Re : [RĂ©el] Des A-10 ukrainiens ? ... vu des USA

13 mars 2023 - sur DefenseNews.com

L'US Air Force va se débarrasser de 310 avions de combat en 2024

Parmi eux 42 appareils A-10 Warthogs retirées, l'argument invoqué : il serait trop vulnérable face à un ennemi disposant de défenses aériennes avancées.

Ils seront remplacĂ©es par 72 chasseurs  - 48 Lockheed Martin F-35 et 24 Boeing F-15


https://www.defensenews.com/air/2023/03/13/us-air-force-pursues-major-aircraft-retirements-in-2024/


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