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Bonjour chers amis,
Voici la traduction d’un article US (comme d'hab) de la mi-juin qui présente le … fameux drone français Aarok !
J’ai pensé que vous seriez peut-être intéressés pour voir comment les américains jugent ce nouveau venu (encore à l’état de prototype n’ayant pas volé) mais qui a fait sensation au pays de l’Oncle SAM, comme il l’a fait lors du dernier salon du Bourget Vous verrez surtout ce qu’ils retiennent de cet appareil assez massif et probablement à bas coût, un concurrent direct de leur Reaper.
Bonne lecture !
Philippe
LE VOILE A ETE LEVE SUR LE PLUS GRAND DRONE FRANÇAIS
Développé secrètement, le drone français de moyenne altitude et de longue endurance "Aarok" devrait faire son premier vol avant la fin de l'année.
Par Thomas Newdick, The War Zone, 16 juin 2023
Le drone de grande dimension Aarok. © Turgis & Gaillard
À la surprise générale, le prototype d’un tout nouveau drone de fabrication française, l'Aarok, a été présenté pour la première fois au salon du Bourget qui s’est tenu fin juin (NdT – Ont visité le stand de Turgis & Gaillard au Bourget, le délégué général pour l’armement, le chef d’état-major des armées ainsi que les chefs d’état-major des trois armées. L’Aarok a même eu les honneurs du président de la République Emmanuel Macron, qui s’est rendu sur le stand lors de sa visite officielle le 19 juin, jour d’ouverture du salon).
L’aéronef sans équipage Aarok, un UAV (NdT – Pour ceux qui ne connaitraient pas cette abréviation, UAV = Unmanned Aerial Vehicle ou véhicule aérien sans pilote) , est un nouveau venu dans le segment de la moyenne altitude et de la longue endurance (MALE) et est destiné à effectuer des missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR), ainsi que des missions d'attaque pour lesquelles il est prévu que l’Aarok soit équipé de bombes AASM Hammer de fabrication française, une arme guidée de précision dotée d'une capacité d'autonomie étendue et d'ogives de différentes tailles (NdT – AASM est l’acronyme de Armement Air-Sol Modulaire).
Image de synthèse montrant un drone Aarok armé de la munition AASM Hammer ainsi que de missiles antichars air-sol Hellfire. © Turgis & Gaillard
L'Aarok est un produit du constructeur Turgis & Gaillard, une toute jeune entreprise de défense française fondée en 2011, jusqu'alors très peu connue, qui a régulièrement développé ses activités dans son pays d'origine pour aboutir à l'impressionnant prototype de l'Aarok (NdT – D’un bureau d’études de deux personnes en 2011, l’entreprise est aujourd’hui devenue un groupe de 300 personnes, disposant de neuf sites en France). L’usine de la société Turgis & Gaillard est établie à Albaret-Sainte-Marie en Lozère (NdT – L’usine en Lozère a été inaugurée en octobre 2020 et est gérée par la SEFIAM ou Société d’Etude de Fabrication et d’Industrialisation pour l’Aéronautique Militaire, une filiale de la société Turgis & Gaillard. Il semblerait cependant que l’Aarok soit assemblé sur l'aérodrome de Blois, d’après une source française, avec deux-tiers de ses pièces réalisés à Échirolles dans la banlieue de Grenoble).
Usine SEFIAM – Turgis & Gaillard d’Albaret-Sainte-Marie. © Google Map
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Inauguration de l’usine SEFIAM à Albaret-Sainte Marie par Mme Florence Parly, ministre des armées, avec à sa droite, M. Patrick Gaillard et, à sa gauche, Mme Fanny Turgis en 2020. © Ministère des Armées
Pesant environ 5,4 tonnes en configuration de décollage maximal, le drone a attiré l'attention par sa taille. Son envergure de près de 22 mètres n'est en fait que légèrement supérieure à celle du MQ-9A Reaper, fabriqué aux États-Unis, dont l'envergure est d'un peu plus de 20 mètres, mais le fuselage de l’Aarok est considérablement plus encombrant en comparaison.
L'Aarok est propulsé par un turbopropulseur Pratt & Whitney Canada PT6 de 1200 hp qui entraîne une hélice conventionnelle montée à l'avant. Pour l'avenir, Turgis & Gaillard prévoient d'installer un turbopropulseur Safran Ardiden 3 (de 1300 à 1600 hp selon les versions) ou Genetral Electric Aviation Catalyst (de 900 à 1600 hp selon les versions).
Outre la masse maximale au décollage de 5,4 tonnes, les spécifications de l'Aarok rendues publiques comprennent un poids à vide d'environ 2,5 tonnes et une charge utile maximale de 2,7 tonnes, dont jusqu'à 1 ½ tonnes d'armement. Ce qui est considérable.
Quelques spécifications de l’Aarok. © Turgis & Gaillard
Le drone devrait avoir une autonomie de plus de 24 heures. Ces caractéristiques placent l'Aarok dans une catégorie largement similaire à celle du MQ-9A Reaper, déjà en service dans l'armée de l'air française. La conception de l'Aarok doit permettre des opérations à partir de terrains accidentés, le train d'atterrissage particulièrement robuste étant l'une des principales caractéristiques du prototype.
Vue de face du prototype de l'Aarok dans son hangar. © Turgis & Gaillard
Turgis & Gaillard affirme développer l'Aarok depuis trois ans maintenant. Le directeur général de la société, Patrick Gaillard, nous a déclaré que ce drone est destiné à effectuer "des missions ISR, des missions de frappe à distance, de la surveillance maritime, ainsi que des relais de communication multi-domaines". Dans ce dernier rôle, l'Aarok serait utilisé comme "une sorte de BACN français", a déclaré M. Gaillard, en référence au nœud de communication aéroporté du champ de bataille de l'armée de l'air américaine (NdT – BACN est l’abréviation de Battlefield Airborne Communications Node ou Nœud de communication aéroporté pour le champ de bataille, c’est un concept aérien développé à l’origine par Northrop Grumann, qui équipe l’USAF. Le BACN permet un flux d'informations en temps réel dans l'espace de combat entre tous les systèmes de liaison de données tactiques et les systèmes vocaux par le biais de relais, de passerelles. Sa capacité à traduire des systèmes de communication différents leur permet d'interopérer sans modification et en temps réel).
La charge utile BACN permet aux plates-formes aériennes de jouer le rôle de nœuds de communication aériens hautement spécialisés, capables de transmettre rapidement des informations depuis et vers une grande variété d’avions ainsi que des forces au sol et en mer. Ce système de passerelle de communication a été monté sur des avions E-11A, des avions d'affaires modifiés de la série Global Express de Bombardier.
Le site web de Turgis & Gaillard indique que l'ensemble ISR de l'Aarok comprendrait "des capteurs optroniques et électromagnétiques de haute performance". Le magazine Janes vient de suggérer que le capteur le plus probable choisi pour équiper l’Aarok serait le Wescam MX-25 ou l'Euroflir 610. La taille du drone, avec beaucoup d'espace sous les ailes pour accrocher différents types de charges utiles, et son fuselage particulièrement spacieux, signifie qu'il sera capable de transporter simultanément "un grand capteur électro-optique, un radar multimode et des charges utiles de renseignement d'origine électromagnétique", indique le fabricant.
Le fuselage inférieur de l'Aarok est équipé d'une tourelle de détection dans cette image de synthèse. © Turgis & Gaillard
Image de synthèse montrant l'Aarok transportant des bombes AASM Hammer et des missiles air-sol Hellfire. © Turgis & Gaillard
Pour les missions de frappe, plusieurs types de bombes AASM Hammer sont disponibles avec différentes options de guidage : inertiel et GPS, laser et infrarouge. Les ogives peuvent également être de tailles différentes : 125 kg, 250 kg, 500 kg et 1 tonne.
"Avec le Hammer, nous avons une portée de 35 kilomètres, nous ne sommes donc pas trop inquiétés par le Pantsir" a ajouté M. Gaillard, faisant référence au système de défense aérienne à courte portée fabriqué par la Russie (NdT – La portée des missiles sol-air du Pantsir russe est de 20 km). On peut se demander si la référence faite au Pantsir n'est pas un clin d'œil au MQ-9 de l'armée de l'air américaine qui a essuyé les tirs d'un système de défense antiaérienne russe Pantsir au-dessus de l'est de la Syrie, en novembre dernier. Bien qu'il n'ait pas réussi à abattre le drone, l'incident montre l'éventail croissant de menaces auxquelles sont confrontés les drones qui n'ont pas nécessairement des capacités d’attaque à distance.
Il est intéressant de noter que le communiqué de presse de l'entreprise mentionne que l'Aarok effectue des "frappes de haute intensité même dans des zones contestées", ce qui suggère que son équipement comprendra également une forme de suite d'autodéfense, que ce soit en utilisant des contre-mesures telles que des paillettes et des fusées éclairantes, un brouilleur, ou une sorte de contre-mesure infrarouge directionnelle (DIRCM), ou, plus probablement, un mélange de tous ces systèmes.
La société Turgis & Gaillard, créée en 2011, était à l'origine un bureau d'études chargé de développer le Gerfaut, un système d'intégration des munitions guidées de précision françaises, notamment le Marteau, sous l'aile des avions de transport C-130 Hercules. L'objectif était de fournir un appui aérien rapproché et une interdiction à faible coût pour les opérations de contre-insurrection telles que celles menées en Afghanistan et au Mali. Le Gerfaut ne semble pas avoir débouché sur un contrat de production, mais l'expérience acquise au cours du processus d'intégration contribue très certainement à l'armement de l'Aarok. Il convient également de noter que le US Marine Corps utilise amplement un système équivalent au Gerfaut français, qui équipe ses KC-130J Harvest Hawk de support aérien rapproché qui ont déjà fait l'objet d'utilisations opérationnelles intensives.
Image de synthèse montrant le lanceur Gerfaut de la munition AASM Hammer sous l'aile d'un C-130 Hercules. © Turgis & Gaillard
En fait, la société Turgis & Gaillard a rapidement réussi à s'imposer sur la scène de la défense française grâce à un large éventail de projets innovants, principalement dans le domaine aérospatial. Il s'agit notamment de la production d'équipements pour les avions de combat Dassault Rafale, de la maintenance des avions d'opérations spéciales DHC-6 et PC-6 des forces armées françaises, et même de la fabrication de certains équipements au sol pour le chasseur Lockheed Martin F-35, qui n'est pas utilisé par la France.
L'Aarok est clairement le programme le plus ambitieux de l'entreprise à ce jour et son développement a été autofinancé jusqu'à présent. Turgis & Gaillard destine ce nouveau drone à des clients nationaux et à l'exportation, promettant "un coût réduit, tant à l'achat qu'à l'utilisation", selon Mme Fanny Turgis, la présidente de l'entreprise. Dans un communiqué de presse, l'entreprise suggère que l'une des missions du drone sera : "des missions de surveillance maritime dans les grandes zones économiques exclusives, en particulier dans l'Indo-Pacifique". Cette déclaration reflète également l'importance croissante de la zone indo-pacifique au sens large, non seulement pour les Etats-Unis mais aussi pour la France, et pourrait également être liée à l'intensification des efforts de la France pour s'engager de plus en plus dans cette région.
Une vue d'ensemble de l'Aarok vu d'en haut. © Turgis & Gaillard
Par ailleurs, aucune mention n'a été faite par Turgis & Gaillard d'intérêt éventuellement manifesté ou même d’options placées par des clients étrangers. Toutefois, selon un article récemment paru dans la presse française avant le salon du Bourget, l'Aarok sera présenté "à quelques mètres [du stand] du ministère des Forces armées", ce qui suggère que l'objectif est de convaincre les décideurs militaires français d'opter pour le nouveau produit (NdT – Cela a bien été le cas, l’Aarok de Turgis & Gaillard était exposé en statique sur l’aire A5, juste en face de l’imposante aire statique A3 occupée par L’Armée de l’Air et de l’Espace).
Traditionnellement, la France a connu des succès notables dans les ventes d'armes aux pays d'Afrique et du Moyen-Orient. L'Aarok pourrait susciter de l'intérêt dans ces deux régions, où la demande de capacités de surveillance terrestre et maritime est importante. En outre, avec une politique d'exportation agressive, la France pourrait bien chercher à présenter l'Aarok à des clients ne pouvant pas acheter des drones Reapers ou d'autres drones armés fabriqués aux États-Unis.
Des General Atomics MQ-9 Reaper. © USAF
En termes de concurrence, l'Aarok, s'il entre en phase de production, occupe un marché assez encombré. La scène française semble bien lui offrir les meilleures opportunités, mais les forces aériennes françaises utilisent déjà une flotte de MQ-9A Reaper, largement similaire dans leurs possibilités au futur Aarok.
La France a acquis six Reaper Block 1 et six Reaper Block 5, avant de commander six appareils Block 5 supplémentaires. Les Block 5 peuvent être armés de bombes à guidage de précision GBU-12 Paveway et de missiles air-sol AGM-114 Hellfire, une combinaison d’armement très semblable à celle proposée pour l’Aarok.
Sur la base aérienne française de Niamey au Niger, des soldats français retirent une bombe à guidage laser d'un drone Reaper après une mission. © Alain Jocard, AFP
Les Reaper français ont été acquis pour répondre à un besoin opérationnel urgent en matière de missions ISR (NdT – ISR = Intelligence, Surveillance et Reconnaissance), notamment dans le cadre de l'opération française au Mali, qui comprend des vols de longue durée au-dessus du nord du pays pour traquer les miliciens djihadistes.
Malgré cela et à plus long terme, la société Turgis & Gaillard pourrait bien fournir à la France un successeur national au Reaper, un drone qui pourrait également venir compléter les missions du futur Eurodrone (NdT - Le projet de drone MALE RPAS (= Medium Altitude Long Endurance Remotely Piloted Aircraft System) ou Eurodrone, mené par Airbus, vise à fournir un drone de reconnaissance de grande autonomie volant à moyenne altitude aux armées de l’air française, allemande, espagnole et italienne. Ses missions principales sont le renseignement, la surveillance, l’acquisition d'objectif et la reconnaissance).
Le projet de l’Eurodrone est un appareil biturbopropulseur, un peu plus grand que l'Aarok, avec un poids maximum au décollage d'environ 11 tonnes, une charge utile de plus de 2,3 tonnes et une envergure d'un peu plus de 26 mètres.
Image de synthèse du biturbopropulseur Eurodrone. © Airbus
L'Eurodrone est développé par Airbus, Dassault Aviation et Leonardo dans le cadre du projet européen de système d'aéronef télépiloté de moyenne altitude et de longue endurance (MALE RPAS). Il devrait être mis en service dans les forces aériennes françaises, allemandes, italiennes et espagnoles. Son premier vol est prévu pour 2027, mais son entrée en service n'est pas attendue avant 2030 au plus tôt.
Outre le Reaper, l'Aarok serait également confronté à la concurrence du drone turc Bayraktar Akinci de la société Baykar, un autre drone MALE biturbopropulseur. Avec une autonomie de 25 heures, une charge utile d'environ 1 ½ tonnes et une envergure de 20 mètres, l'Akinci est, à bien des égards, assez proche de l'Aarok. Des drones de la société Baykar sont déjà en service auprès des forces armées turques, du Pakistan et de la Libye, et d'autres commandes ont été passées par l'Azerbaïdjan et le Kirghizistan.
Un drone Bayraktar Akinci aux couleurs turques. © Baykar
En ce qui concerne le calendrier prévu actuellement pour l’Aarok, M. Gaillard a déclaré que l'entreprise visait un premier vol avant la fin de l'année. Cela pourrait conduire à une mise en service à partir de 2025, en fonction de l'obtention des autorisations nécessaires de la DGA, la Direction générale de l'armement et de la technologie.
La guerre en Ukraine a montré que les drones sont là pour durer, même dans des espaces contestés. Par ailleurs, les drones armés, en particulier, constituent une niche que de nombreux pays occidentaux, dont la France, ont mis du temps à développer. En conséquence, l'armée française s'appuie aujourd'hui sur le Reaper, fabriqué aux États-Unis, pour les frappes par drones. Ce retard a permis à des pays comme la Turquie et la Chine de dominer les ventes de drones armés, d'autant plus que l'exportation de produits américains dans ce secteur est strictement réglementée.
Si la société Turgis & Gaillard pourra commercialiser son drone MALE aussi rapidement qu'elle le prétend, l’Aarok pourrait alors très vraisemblablement susciter l'intérêt non seulement des forces armées françaises, mais aussi de clients à l'exportation. Et si l'Aarok est proposé à un prix réellement inférieur à celui des drones concurrents, il pourrait faire encore mieux, un drone armé produit en série à moindre coût - que les opérateurs seraient plus enclins à sacrifier sur un champ de bataille à forte menace - étant potentiellement une proposition très attrayante. Wait and see.
FIN
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Merci Philippe pour cet article
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Merci pour cette remontée d’information car je regarde ça de très près et me suis fais la remarque que Turgis et Gaillard font un excellent travail et méritent le succès.
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