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Bonjour chers amis pilotevirtuelistes,
Vous avez certainement déjà entendu parler de cette possibilité pour les avions de combat de la prochaine génération de voler au sein d’une formation d’avions ailiers de protection rapprochée qui seraient en fait des drones pilotés par une intelligence artificielle portée par l’avion de combat piloté par un homme (ou par une femme).
Eh bien, cette possibilité est en cours de développement très avancé aux Etats-Unis, grâce aux efforts combinés de l’agence gouvernementale DARPA et du constructeur privé General Atomics. On ne présente pas General Atomics. La DARPA (pour Defense Advanced Research Projects Agency) est une agence du département de la Défense des États-Unis chargée de la recherche et développement des nouvelles technologies destinées à un usage militaire.
L’article que je vous ai traduit vous présente où tout cela en est aujourd’hui … du moins pour ce qui peut en être révélé grâce au Freedom Information Act.
J’ai pensé que cette information pourrait vous intéresser.
Bonne lecture !
Philippe
LA CONSTRUCTION DU PREMIER DRONE AILIER A COMMENCE CHEZ GENERAL ATOMICS
Alors que le programme CCA progresse (NdT - pour Collaborative Combat Aircraft = Avion de Combat Collaboratif), un potentiel beaucoup plus avancé et beaucoup plus autonome est en cours de développement dans le cadre du programme LongShot de la DARPA.
Par Joseph Trevithick, The War Zone, 1er juillet 2024
Projet de drone-ailier. © General Atomics
General Atomics construit actuellement son premier drone pour le programme "Collaborative Combat Aircraft" de l’USAF et a annoncé qu’elle utilisait pour ce programme des composants conçus à l'origine pour le MQ-9 Reaper afin d'accélérer ce travail. Dans la phase initiale du programme CCA, General Atomics est actuellement confrontée à un concurrent, récemment venu sur le marché, le constructeur californien Anduril Industries (NdT – fondée en 2017) et à son concept "Fury". Mais il y a de plus en plus d'indices sur la possibilité que les deux types de drones entrent tous les deux en service au sein de l’USAF en tant qu'équipements complémentaires.
Les deux firmes affirment qu'elles progressent, mais qu'elles rencontrent également des difficultés importantes, notamment en matière d'autonomie, dans le cadre de leurs travaux sur leurs drones respectifs. De son côté, General Atomics déclare qu'elle envisage déjà une nouvelle génération de systèmes aériens sans équipage, qui s'inscrit dans un autre programme de la DARPA, le programme LongShot, qui, lui, demande un drone de combat autonome lanceur de missiles.
M. Mike Atwood, le vice-président des programmes d'avions avancés chez General Atomics Aeronautical Systems, et Mme Diem Salmon, vice-présidente pour la domination aérienne et de la frappe chez Anduril, se sont longuement exprimés sur le programme CCA lors d’une conférence ce week-end, qui vaut la peine d'être écoutée dans son intégralité.
Cet épisode exclusif TheMerge traite du programme Collaborative Combat Aircraft (CCA) de l'USAF avec les deux entreprises sélectionnées pour construire les premières plates-formes : Anduril et General Atomics. TheMerge présente ce que les entreprises ont en commun et de la façon dont elles considèrent cela comme l'un de leurs superpouvoirs. Nous explorons également les origines du programme CCA, les origines de la conception du véhicule gagnant, la façon dont la structure du programme est un modèle pour l'innovation et plus encore. Bien qu'elles aient remporté les contrats, les deux entreprises ont des connaissances en matière de logiciel et d'autonomie qui leur sont propres. Nous avons donc également discuté du logiciel en tant que catalyseur et des défis d'intégration liés à l'intégration de ces drones "ailiers fidèles " dans nos forces armées. Bien qu'il y ait eu beaucoup de points d'accord entre General Atomics et Anduril, pourtant concurrents dans ce programme, ils ont également présenté ce qui est différent dans leur - quelque chose que vous ne pouvez obtenir que lorsque vous les réunissez pour une discussion.
En avril dernier, l’USAF a annoncé officiellement que les deux entreprises avaient été retenues pour participer à la première phase du programme CCA, également connue sous l’appellation Increment One. L'animateur de TheMerge, Mike Benitez, est également directeur de produit pour l'intelligence artificielle chez Shield A.I., qui participe notamment à un autre programme de la DARPA, le programme ACE (NdT – le programme Air Combat Evolution qui vise à intégrer l’intelligence artificielle dans la conduite des combats aériens). Le programme ACE est l'un des nombreux projets distincts de la DARPA qui alimentent directement le programme CCA.
(NdT - Shield A.I. est une entreprise californienne de technologie aérospatiale et de défense basée à San Diego. Elle travaille au développement d’avions de chasse pilotés par une intelligence artificielle, des drones et des technologies pour les opérations de défense des Etats-Unis. Elle compte parmi ses clients le commandement des opérations spéciales, l’USAF, les US Marines, l’US Navy, et plusieurs armées étrangères. Le petit drone NOVA de Shield A.I. est le premier drone doté d'une intelligence artificielle à être déployé à des fins de défense dans l'histoire de l'armée américaine).
Projet du drone-ailier "Fury". © Anduril Industries
Le plan actuel de l'armée de l'air est d'acquérir uen centaine de drones-ailiers CCA dans le cadre de la phase Increment One, avec l'espoir que ces drones hautement autonomes travailleront efficacement en étroite collaboration avec les chasseurs avec équipage, en particulier les types furtifs de sixième génération, en se concentrant sur les missions air-air, du moins dans un premier temps. Le programme CCA travaille déjà au lancement de la deuxième phase, l'objectif final de l’USAF étant d'acquérir et de mettre en service un millier de drones-ailiers CCA, voire même beaucoup plus.
La future flotte complète de drones-ailiers CCA de l’USAF pourrait se composer de plusieurs modèles distincts aux performances variables et complémentaires. Pour atteindre ces objectifs, il est d’ores et déjà essentiel de trouver des moyens d'accélérer les calendriers de développement et d'augmenter rapidement la production à grande échelle des modèles qui seront retenus.
Progrès et défis
"Le premier drone-ailier CCA de General Atomics est en cours d'assemblage à l'heure où nous parlons", a déclaré M. Atwood. "Donc, vous savez, le délai que nous envisageons entre la réception du contrat de l’USAF et le moment où le premier drone-ailier sera livré à l’USAF est de l’ordre de 2 ans, au mieux nous pourrions descendre à une année".
M. Atwood a souligné que les décennies d'expérience de General Atomics non seulement dans le développement de nombreux programmes pour l’USAF, mais aussi dans la production d'autres drones, y compris les familles désormais emblématiques MQ-1 Predator et MQ-9 Reaper, ont donné à l'entreprise une longueur d'avance sur ses concurents pour le programme du drone-ailier CCA. Il a également révélé, pour la première fois à notre connaissance, que leur drone-ailier CCA utilisait des éléments du drone MQ-9 Reaper.
"Nous disposons d'une ligne de production active qui permet de produire en série des MQ-9 et nous pourrons y intégrer sans problème la production du drone-ailier CCA", explique M. Atwood. "En fait, pour la construction de notre prototype de drone-ailier CCA, nous avons pris quelques pièces de Reaper parmi celles entreposées en amont de la ligne d’assemblage du Reaper et nous les avons utilisés pour construire le drone-ailier".
Des membres de General Atomics et des forces armées néerlandaises devant un MQ-9 Reaper tout juste sorti de la ligne d’assemblage à l'usine de Poway, en Californie. © General Atomics
Outre des pièces provenant donc du Reaper, la conception du drone-ailier de General Atomics est principalement basée sur le drone XQ-67A, que l'entreprise a développé dans le cadre du programme OBSS (Off-Board Sensing Station) de l'USAF, un autre programme en cours et très secret celui-là .
Vidéo YouTube – Premier vol du drone XQ-67A le 28 février 2024 – Durée 1min34
Il semblerait également par ailleurs que le drone XQ-67 de General Atomics, et par extension la conception du drone-ailier CCA, s'appuient sur les travaux menés par le constructeur sur la famille de drones Gambit, des appareils sans pilote hautement modulaires. Le concept Gambit est centré sur un châssis commun avec un train d'atterrissage tricycle, piloté par un "cerveau" d'intelligence artificielle, un système de commande de vol et un ordinateur de mission, sur lequel des configurations très différentes d'aéronefs avec équipage peuvent être accouplées avec une relative facilité.
Mme Salmon d'Anduril Industries n'a pas fourni de détails spécifiques sur les progrès réalisés par son entreprise sur son premier prototype CCA, mais a indiqué que l'objectif principal restait le premier vol du prototype. L'appareil d'Anduril est un modèle baptisé "Fury", dont le développement a été commencé à la fin des années 2010 par une entreprise aéronautique californienne qui s’appelait Blue Force Technologies et qui a été acquise par Anduril en septembre 2023.
Mme Salmon a toutefois noté que : "le fait de disposer d'un atelier composite interne combinant notre savoir-faire avec celui d’une autre entreprise est extrêmement bénéfique", une référence apparente à l'acquisition par Anduril de Blue Force Technologies l'année dernière, acquisition qui incluait également ses installations de production. Auparavant, Blue Force Technologies était spécialisée dans le prototypage rapide et d'autres services de conception avancée, avec un accent particulier sur la fabrication de composites à base de fibres de carbone. Il convient de noter ici que les offres de General Atomics et d'Anduril sont très différentes sur le plan de la forme et de la fonction. Le Fury est objectivement le modèle le plus performant, un point qui a été soulevé et que M. Atwood n'a pas contesté lorsqu'il s'est exprimé dans son interview à TheMerge.
Vidéo YouTube – Présentation dur drone Fury d’Anduril Industries – Durée 31sec
Lors de cet entretien avec TheMerge, Atwood et Salmon se sont montrés globalement positifs quant aux progrès réalisés par leurs entreprises respectives sur le drone-ailier CCA, mais ils ont également fait part des difficultés rencontrées et des enseignements importants déjà tirés.
"Les composites sont intrinsèquement coûteux ... ils sont vraiment destinés à des applications de haute performance qui nécessitent une résistance et une certaine rigidité", a fait remarquer Atwood en évoquant les problèmes de production rencontrés par General Atomics. "Si l'on considère les avions de combat collaboratifs ... nous nous rabattons en fait sur des structures plus métalliques, ce que nous appelons des structures hybrides c'est-à -dire des cadres métalliques avec des revêtements composites."
"Je pense qu'il existe des capacités de pose automatisée de bandes composites qui permettent à un grand bras robotisé de déposer la fibre de carbone ", a-t-il ajouté. "Il existe donc des applications spécifiques, telles que les structures d'ailes, pour lesquelles la fibre de carbone peut être incorporée malgré son coût".
Questions relatives aux exigences
Les performances et les capacités que l'USAF recherche dans sa première tranche de drones-ailiers CCA, ainsi que les coûts et les complexités de production qui en découlent, ont déjà fait l'objet de questions et de préoccupations plus générales. Les détails publics concernant les exigences de la phase Increment One restent encore très rares, mais il semble bien que les drones-ailiers CCA devraient in fine être plus performants que ce qui était généralement prévu, ce qui devrait se faire au détriment de leur rayon d’action.
Le coût d'un seul drone-ailier CCA devrait également se situer entre un tiers et un quart du prix unitaire d'un chasseur F-35, soit entre 20 et 28 millions de dollars l’unité, d'après les informations rendues accessibles au public. Ce prix se situe dans la fourchette la plus élevée des prévisions initiales.
"L’industrie a commencé au début des années 2000 l’aventure des drones de combat UCAV (Unmanned Combat Air Vehicle = Véhicule de Combat Aérien Autonome) avec les démonstrateurs X-47 Pegasus de Northrop Grumman et X-45 de Boeing", selon M. Atwood. "Et à General Atomics nous nous sommes dit, wow ! cela ne répond pas aux critères 'many-to-many' et nous trouvions aussi que cette technologie était un peu trop en avance sur son temps notamment en ce qui concernait l'autonomie du drone. "
(NdT – Un critère many-to-many, un concept typiquement anglo-saxon, concerne une relation de "plusieurs à plusieurs" (= many-to-many) qui se produit lorsque plusieurs enregistrements d'un tableau économique sont associés à plusieurs enregistrements d'un autre tableau. Par exemple, il existe une relation de plusieurs à plusieurs entre les clients d’une société et les produits que vend cette société : les clients peuvent acheter plusieurs produits et un même produit peut être acheté par plusieurs clients.)
Ce commentaire d'Atwood est particulièrement intéressant à la lumière de la disparition presque totale des concepts UCAV au sein de l’USAF, du moins publiquement, malgré des progrès significatifs dans leur développement au cours des années 2000 et au début des années 2010. "À General Atomics, nous avons donc fait pencher la balance plutôt du côté du drone XQ-58 Valkyrie, le produit de Kratos, qui était cependant un peu trop petit", poursuit-il. "Entre-temps, nous nous sommes concentrés sur cette catégorie de taille. Elle est plus utilitaire. Je pense que le défi a consisté à trouver le bon équilibre entre le coût, la capacité de survie et la variabilité des missions possibles ... Le défi consistait à optimiser tous ces attributs au niveau du système, mais il a fallu six ans pour trouver ce point optimal en concertation étroite avec l’USAF".
L'USAF, ainsi que d'autres branches de l'armée américaine, se sont engagées dans un certain nombre d'autres projets de drones avancés et de technologies autonomes au cours des six dernières années. Le projet Skyborg de l'armée de l'air, qui a utilisé des drones XQ-58 et des drones furtifs Avenger de General Atomics, entre autres plateformes d’essai, qui a pour but d’explorer de nouvelles capacités autonomes avancées basées sur l'intelligence artificielle, en est un excellent exemple. Il y a aussi l'effort du programme ACE de la DARPA mentionné plus haut (NdT – ACE pour Air Combat Evolution = évolution des combats aériens, sous-entendu futurs), qui se poursuit parallèlement au programme CCA.
Le besoin d'une plus grande autonomie
Les questions relatives aux capacités de vol et de combat autonomes et à la confiance qu'elles suscitent chez les acteurs militaires continuent d'être un facteur important pour la suite du programme CCA, quelle que soit la rapidité avec laquelle General Atomics ou Anduril peuvent développer et produire leur drone-ailier sur lesquels ces capacités d’intelligence artificielle seront intégrées. Pour General Atomics, M. Atwood a parlé des problèmes fondamentaux liés au contrôle humain dans la boucle des échanges d’information des drones-ailiers entre eux et avec le pilote humain, et de la nécessité pour les opérateurs humains de céder davantage de contrôle aux machines qu'ils supervisent.
"Nous avons commencé nos réunions avec le Commandement des Combats Aériens de l’USAF en utilisant des petites AI sur des tablettes ... L'idée était qu'ils voulaient un contrôle de l’IA qui soit le plus discret possible", a déclaré Atwood. "J'ai eu l'occasion de voler dans l'un des avions dédiés à ce programme avec ma tablette posée sur mes genoux comme "cerveau" de l’intelligence artificielle embarquée. Et ce n'était vraiment pas pratique de piloter l'avion en même temps, sans parler du système d'armement de mon avion principal, et de penser à tout cela dans l'espace et dans le temps".
Tablette utilisée par General Atomics dans le cadre des essais de vol en formation avec des drones-ailiers. © General Atomics
"Nous devions faire en sorte que la partie collaborative de notre formation, en clair els drones-ailiers, perçoive et traite correctement l'intention de ce que l’avion ennemi essaie de faire", a-t-il poursuivi. "S'il essaie d'entrer, s'il essaie de sortir, s'il essaie de tirer, s'il essaie de brouiller, s'il essaie d'être en EMCON [état de contrôle des émissions], le drone doit par sa réponse autonome être une vraie extension organique du pilote humain sans alourdir la tâche du pilote".
Ce sont précisément ces questions que l'USAF aborde déjà en coopération avec la DARPA dans le cadre du programme ACE. Ils utilisent pour cela un chasseur F-16 hautement modifié appelé X-62A VISTA (pour Variable Stability In-flight Simulator Test Aircraft = Avion d’essai pour la simulation de vols à stabilité variable, en clair pour des dogfight entre chasseurs). La DARPA cherche également à explorer plus avant les questions liées à l'autonomie accrue dans des contextes avec ou sans équipage, en effectuant des essais avec une flotte de poche de F-16 moins profondément modifiés dans le cadre du projet VENOM (pour Viper Experimentation and Next-Gen Operations Mode = Modes d’expérimentation des opérations de Next Generation du Viper. NdT - VIPER est le petit nom du F-16).
(NdT – Le F-16 X-62A VISTA est équipé d’un système de simulation VISTA (VSS) mis à jour fourni par Calspan Corporation, ainsi que l'algorithme de suivi de modèle (MFA) et le système de contrôle autonome de la simulation (SACS) de Lockheed Martin. S’en est suivi une série d’essais en vol au cours desquels l’intelligence artificielle pilotait l'avion de combat au cours de manœuvres de chasse avancées. Les résultats de ces essais sont secrets).
"Nous voulons simplement que le drone-ailier soit comme un capteur autonome du pilote humain, mais à une centaine de km devant lui. Nous voulons être son arme, mais disponible deux fois plus loin ... et il faut que ce soit organique, que les triangles et les losanges sur son écran soient tout simplement meilleurs et qu'il n'ait même pas à se soucier des gaz, des armes, de la portée, du taux de virage et de la déconfliction tactique", a ajouté M. Atwood. "Nous nous concentrons vraiment sur l'autonomie cognitive en boucle fermée, parce que lorsque nous l'avons fait en utilisant un contrôle plus discret avec une boucle plus ouverte et que nous avons fait l'entraînement, cela n'a pas fonctionné".
Dans le même temps, toute réduction de l'interaction humaine sur la prise de décisions par l’intelligence artificielle ne fait qu'accroître le besoin de confiance dans ces systèmes autonomes. La possibilité non seulement de tester, mais aussi d'entraîner et de réentraîner les algorithmes d'autonomie dans des environnements entièrement numériques, et ce très rapidement, a déjà été extrêmement bénéfique pour accroître la confiance humaine dans ces IA. En même temps, des limites sont apparues dans ce qui peut être fait sans essais en vol réels.
Vidéo Youtube – Futur du Combat Aérien Collaboratif – Durée 7min53 (en Anglais)
"Ce que nous voyons aujourd'hui, ce sont des chaînes d'exécution où nous sommes culturellement prêts à prendre les règles d'engagement et de manœuvre des combats ariens et à les mettre entre les mains d'une machine, ce qui, je pense, représente la transformation ultime de l'autonomie", a expliqué M. Atwood. "Il s'agit de la confiance dans l'autonomie. C'est le tournant crucial".
"Je pense qu'il est temps de quitter le Nevada Test and Training Range et d'utiliser cet engin sur le terrain", a ajouté M. Atwood. "Nous avons besoin d'évaluations au combat pour déterminer si, d'un point de vue politique ou culturel, nous pouvons avoir confiance dans un combat piloté par l’intelligence artificielle ou non".
(NdT – Le Nevada Test and Training Range (ou NTTR) est une vaste zone militaire de 290 km2 située entre les villes de Tonopah et Las Vegas dans le Nevada. Ce territoire est contrôlé par l’USAF et sert notamment depuis des décennies aux essais en vol).
"Il suffit de faire voler ce prototype de drone ... il faut le faire circuler ... Les gens doivent avoir l'occasion d'interagir avec lui", a convenu Mme Salmon d'Anduril. "C'est ainsi que l'on crée la confiance et je ne sais pas si l'on peut contourner ce problème. Je pense donc qu'il s'agit en partie d'une formation et d'un déploiement aussi large que possible sur le terrain pour que les gens s'y habituent".
Des projets complémentaires, et pas concurrents ?
M. Atwood a déclaré lors de son interview à TheMerge qu'il ne considérait pas nécessairement le projet de son entreprise comme un concurrent du Fury d'Anduril, et que les deux pourraient bien être en fait très complémentaires. Cela pourrait permettre à l'USAF de décider si ces deux modèles pourraient travailler en équipe.
Il est intéressant de noter ici que le programme OBSS, qui a conduit à la conception du General Atomics CCA, a un cousin existant et encore plus secret, plus performant et plus armé, appelé le drone OBWS (pour Off-Board Weapon Station = Soute d’armement volant en-dehors de l’avion). Nous avions déjà souligné dans un article précédent l'intérêt militaire d’une équipe entre un drone OBSS et un drone OBWS. Cette réalité d’un couple OBSS/OBWS conduit logiquement à envisager l’intérêt militaire d’une équipe qui serait constitué d’un drone-ailer de General Atomics et du Fury d’Anduril. Cela soulève la question de savoir si les deux drones-ailiers CCA actuels, qui sont ostensiblement en concurrence, pourraient être retenus tous les deux et utilisés dans le cadre d'une coopération.
"Je pense qu'Anduril et General Atomics sont bien placés pour mettre en place une équipe de classe mondiale afin de fournir un produit pertinent dans des délais raisonnables", a déclaré M. Atwood.
La première tranche Increment One n'est que le début de ce qui devrait être un programme de plus grande envergure. L'armée de l'air a clairement indiqué que les phases suivantes seraient ouvertes à de nouvelles propositions et à de nouvelles conceptions. General Atomics et Anduril ne sont que quelques-unes des dizaines d'entreprises que l'armée a déjà réunies en consortium pour soutenir cet effort.
En outre, l'armée de l'air a déjà conclu des accords formels avec l’US Navy et le corps des US Marines pour collaborer aux développements du programme. L'un des principaux objectifs est que les trois armées soient en mesure d'échanger en toute transparence le contrôle de drones de type CCA au cours d'opérations futures. L'armée cherche également à étendre la coopération en matière de drones CCA à ses alliés étrangers. L'armée de l'air utilise également au moins un drone Boeing MQ-28 Ghost Bat, conçu à l'origine pour l'armée de l'air australienne, pour soutenir divers efforts de recherche et développement et d'évaluation des essais.
Vol en formation d'un chasseur furtif F-22 Raptor de l'US Air Force volant avec un drone MQ-28 Ghost Bat de la Royal Australian Air Force. © USAF
Vers quel avenir?
Le programme CCA n'est pas le seul programme d'avion avancé en cours au sein de l'armée américaine dont nous ayons connaissance, sans tenir compte des autres programmes tenus secrets pour le moment. Ces programmes travaillent sur des appareils dont certains sont plus performants que les drones-ailiers CCA actuels et d’autres beaucoup moins.
"Il existe une nouvelle génération de drones qui est en cours d'élaboration et qui est beaucoup plus résistante, beaucoup plus autonome et beaucoup plus cognitive que les prototypes actuels", a déclaré M. Atwood. "Ces nouveaux drones sont ceux issus du programme LongShot de la DARPA... ces drones s’inscrivent dans les travaux menés sur les vols en espace restreint. ... Nous ne pouvons pas en dire trop, mais il s'agit essentiellement de pousser à l'extrême tous les principes dont nous avons parlé aujourd'hui : des drones pas trop chers, avec une capacité de survie et d’autonomie cognitive accrue et fiable … et croyez-moi ce qui commence à se faire est passionnant".
C’est General Atomics qui est le maître d'œuvre du programme LongShot de la DARPA, c’est donc General Atomics qui explore le concept d'un avion sans équipage capable de tirer sans intervention humaine des missiles air-air ou air-sol, des bombes planantes en plein vol sur leur propre décision tactique".
Illustration d'avions de combat F-15 lançant des drones de combat de type LongShot, qui tirent ensuite leurs propres missiles air-air. © General Atomics
Dans le même temps, l'USAF doit faire face à de sérieuses contraintes budgétaires à partir de l'année fiscale 2026, ce qui l'incite déjà à examiner plus attentivement ses futurs plans de modernisation. Le secrétaire d'État à l’armée de l’air Franck Kendal et d'autres hauts fonctionnaires ont prévenu que même les projets prioritaires, tels que l'initiative phare actuelle "Next Generation Air Dominance" (NGAD), pourraient faire l'objet de réductions importantes dans les mois qui viennent. Or le programme CCA est une composante du plus vaste programme NGAD. Les dirigeants de l'armée de l'air ont constamment insisté sur l'importance cruciale du programme CCA pour garantir la capacité de l’USAF à combattre et à gagner les conflits du futur, en particulier les combats aériens, qui seraient potentiels de haut niveau, dans le Pacifique contre la Chine.
Dans ses derniers commentaires, Mme Salmon d'Anduril Industriez a également souligné la nécessité d'un changement culturel plus large dans la manière dont l'armée américaine fait des affaires commerciales, en particulier lorsqu'il s'agit d’avion sans pilote et d'autonomie basée sur des intelligences artificielles. L'initiative Replicator du Pentagone, qui vise à mettre à la disposition des forces américaines, d'ici deux ans environ, des dizaines de milliers de drones (terrestres, navals et aériens) relativement bon marché et dotées d'un haut degré d'autonomie, est un exemple de la manière dont le ministère de la défense lui-même cherche à opérer ce changement fondamental dans sa manière de traiter des affaires avec l’industrie américaine de la défense.
"Je pense que même si vous avez trois à cinq nouveaux programmes qui, d'une manière ou d'une autre, adoptent les véhicules autonomes dans n'importe quel domaine, nous devrions considérer cela comme un réel succès. Si nous voyons des programmes qui se mettent en place et qui essaient de mettre en œuvre des capacités nouvelles mais dans cinq ans au lieu de dix, nous devrions considérer cela aussi comme une victoire", a-t-elle déclaré. "Je ne pense pas que nous allons obscurcir le ciel avec des robots dans les cinq prochaines années, mais je pense que si nous pouvons commencer à accélérer certains changements et l'adoption de ces choses, le résultat dans 5 ans sera formidable".
L’un dans l’autre, il reste à voir à quoi ressemblera exactement le produit final issu de la phase Increment One et quelles seront ses capacités autonomes et autres. Ce qui est déjà acquis, c’est que ce programme CCA a un impact transformationnel et potentiellement déterminant sur la façon dont les pilotes de l’USAF combattent et sur la façon dont l’USAF va acquérir de nouveaux appareils, avec ou sans équipage, à l'avenir.
FIN
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Bonjour chers amis pilotevirtuelistes,
Vous avez certainement déjà entendu parler de cette possibilité pour les avions de combat de la prochaine génération de voler au sein d’une formation d’avions ailiers de protection rapprochée qui seraient en fait des drones pilotés par une intelligence artificielle portée par l’avion de combat piloté par un homme (ou par une femme)
Bonjour;
Un concept plus ou moins similaire est en développement chez Airbus
Airbus présente son nouveau drone
Escorte sans pilote pour avions de combat - le nouveau concept Wingman
annoncé sur le forum : http://www.pilote-virtuel.com/viewtopic.php?id=106617
Lien officiel (en) https://www.airbus.com/en/newsroom/pres … ew-wingman
Lien traduction (fr) https://www-airbus-com.translate.goog/e … r_pto=wapp
Dernière modification par chessgame80 (07-10-2024 07:57:26)
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Quelques infos sur d'autres nouveau concepts
Loyal wingman
- type de véhicule aérien de combat sans pilote (UCAV) qui intègre l'intelligence artificielle (IA) et est capable de collaborer avec la prochaine génération d'avions de combat pilotés, y compris des chasseurs et des bombardiers de sixième génération tels que le Northrop Grumman B-21 Raider.
https://en.wikipedia.org/wiki/Loyal_wingman
Collaborative combat aircraft
- L'avion de combat collaboratif (CCA) est un programme américain pour les véhicules aériens de combat sans pilote (UCAV) qui est considéré comme globalement équivalent à Loyal wingmanl. Les CCA sont destinés à fonctionner au sein d'équipes de collaboration avec la prochaine génération d'avions de combat habités, y compris des chasseurs de sixième génération et des bombardiers
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Bonjour chers amis,
Comme indiqué par chessgame, que je remercie de ses précisions bien utiles, ces concepts de drones CCA (drones ailiers tirés du programme des avions de combat collaboratif) vont avec le concept des appareils pilotés de sixième génération, à la fois les chasseurs et aussi les bombardiers notamment avec le développement qui progresse très vite du nouveau B-21 Raider de Northrop Grumman dont je pense vous parler une autre fois.
Voici la traduction d’un article récent sur le sujet des drones ailiers qui accompagneraient un appareil piloté/habité.
Attention cependant, cet article expose les vues d’un constructeur, Collins Aerospace et cette vidéo, comme beaucoup de commentateurs américains l’ont relevé sur le site de The War Zone, est donc un tantinet biaisée et fantaisiste. La vidéo ne correspond pas à la manière dont les deux camps déploieraient leurs forces sur le plan tactique. Aucune des parties ne regrouperait ses forces de la manière dont on le voit sur la vidéo. En mission de combat, les ailiers sur F-35 opèrent aujourd'hui à des kilomètres de distance par exemple, et les forces aériennes de l’Armée Populaire de Libération ont déjà leurs propres drones CCA.
J’ai joint un court article sur la petite bisbille qui est apparue entre Anduril et General Atomics concernant leur apport respectif au projet de drone CCA.
Bonne lecture !
Philippe
PREMIER ARTICLE
Ă€ QUOI POURRAIENT RESSEMBLER LE VOL DE CHASSEURS AMERICAINS ENTOURES DE LEURS DRONES COLLABORATIFS DANS DES COMBATS AERIENS AVEC DES APPAREILS CHINOIS ?
Une vidéo récente de la société Collins Aerospace présente une vision intéressante de la manière dont les futurs avions de combat contrôleront leurs drones-équipiers et collaboreront avec eux dans des situations de combat aérien.
Par Jospeh Trevithick, The War Zone, 20 septembre 2024
Image de synthèse d’une mission de combat de type CCA. © Collins Aerospace
La société Collins Aerospace a présenté sa conception de ce que pourrait être, à l'avenir, un combat aérien de haut niveau entre les forces armées américaines et chinoises, les Américains employant des chasseurs avec pilotes accompagnés de drones de type CCA (CCA pour Collaborative Combat Aircraft) comme ailiers.
Collins Aerospace est une division de la société américaine Raytheon (aujourd'hui officiellement connue sous le nom de RTX) Corporation basée à Arlington en Virginie), Collins Aerspace a publié la semaine dernière une vidéo assez excitante générée par ordinateur, d’abord pour présenter son travail sur les engins et équipements autonomes qui pourraient soutenir le programme CCA de l'armée de l'air américaine, ainsi que le programme distinct, mais étroitement lié, du même nom que mène l'US Navy.
La vidéo s'ouvre sur des avions en formation actuellement. On y voit ensuite des drones CCA décoller d'une piste d'atterrissage éloignée et d'un porte-avions. Cela montre que les drones peuvent être lancés à partir de différents lieux d'opération, qui ne sont pas nécessairement liés à la base aérienne d’où a décollé les avions pilotés qu’ils doivent accompagner. Nous avions déjà noté, dans le passé que des drones peu dépendants d’une pistes d'atterrissage traditionnelle, voire totalement indépendants, pourraient être extrêmement utiles dans les futures opérations des différents programmes de l’USAF.
Un drone CCA fictif décolle d'une piste d'atterrissage d’un terrain sommaire. © Collins Aerospace
Deux types de CCA fictifs sont représentés. L'un présente des similitudes très générales avec le drone Fury de la société californienne Anduril. L'autre ressemble beaucoup au XQ-58 Valkyrie de Kratos. Un modèle de drone sur lequel General Atomics travaille actuellement pour son futur drone CCA et qui présente également une configuration générale très similaire au Kratos, avec une large entrée d'air sur le dessus du fuselage et un empennage en V.
Capture d'écran montrant les deux types de drones CCA fictifs en vol. © Collins Aerospace.
Le drone CCA Fury et le drone CCA de General Atomics sont actuellement en cours de développement et en compétition suite à leur sélection par l’USAF lors de la première phase du programme. L'armée de l'air, ainsi que le corps des US Marines, avaient également fait voler auparavant des drones Kratos XQ-58 pour des études sur les capacités de collaborations autonomes, ainsi que pour d'autres efforts de recherche et de développement.
Modèles du drone CCA de General Atomics (en haut) et du Fury d'Anduril (en bas) exposés lors de la Conférence 2024 de l’association des Forces Aérospatiales américaines qui a eu lieu dans le Maryland en septembre dernier. © Jamie Hunter
Un drone XQ-58 Valkyrie du constructeur Kratos en service dans le corps des US Marines. © USAF
La vidéo de Collins montre des dérivés biplaces du F-15E, des F/A-18F et des F-35 comme étant les avions avec pilote en train de contrôler l’essaim des drones CCA ; leurs ailiers sans pilotes. Les F-15 et les F/A-18F sont notamment montrés dans cette vidéo avec des systèmes de recherche et de poursuite infrarouge (IRST) embarqués, ainsi qu'avec des chargements complets de combat aérien comprenant des missiles air-air avancés à moyenne portée (AMRAAM) AIM-120, le missile au-delà de la portée visuelle le plus répandu au monde, et des missiles air-air à courte portée Sidewinder AIM-9X.
Des F/A-18F Super Hornets de l'US Navy transportant des nacelles de type IRST, des AIM-120 et des AIM-9X, volant ensemble avec des drones-ailiers CCA en grand nombre (NdT – IRST pour InfraRed Search and Track, système optronique de veille infrarouge de détection sensible à la chaleur, pour repérer les menaces (missiles) ou localiser de façon précise des cibles). © Collins Aerospace
Les F-15 de la Marine américaine représentés dans la vidéo sont une solution hybride de différentes variantes réelles mais qui n’existe pas encore dans l’US Navy. Les avions sont montrés avec des pylônes d'ailes extérieurs supplémentaires que l'on ne trouve actuellement que dans l’USAF sur le F-15EX Eagle II, mais qui n'ont pas d'autres caractéristiques clés sur cette version. Les avions de la Marine dans la vidéo de Collins ont des codes de queue marqués "MO" » indiquant que ces avions sont basés à la base aérienne de Mountain Home dans l'Idaho, base d’origine de la 366ème escadre de chasse de l’USAF qui est équipé de F-15E Strike Eagles. Actuellement, aucun appareil de l’US Navy n’y est basé. Il n'est pas non plus prévu pour l’instant de remplacer les F-15E de la 366ème escadre de chasse par des F-15EX. Et donc, la vidéo de Collins donne des pistes inattendues et intéressantes.
Nous avions déjà souligné à plusieurs reprises que les appareils tactiques biplaces comme le F-15EX seraient particulièrement bien adaptés pour servir de contrôleurs de drones aéroportés, puisque la personne assise à l'arrière pourrait s'acquitter de cette mission pendant que le pilote se concentrerait sur le vol proprement dit.
Dans la vidéo, les personnes assises à l'arrière des F-15 et des F/A-18F donnent des instructions à leurs coéquipiers sans pilote par l'intermédiaire d'interfaces à écran tactile sur des tablettes. Les pilotes de F-35 sont représentés en train d'utiliser la même interface utilisateur via l'écran large du cockpit de leur avion. L'interface utilisateur présentée permet de sélectionner plusieurs drones à la fois et de leur demander d'exécuter des profils de mission prédéfinis - notamment le déplacement ou transit, la contre-attaque aérienne défensive(mode DCA) et la patrouille aérienne de combat (mode CAP) - au moins de manière semi-autonome.
Représentations d'une interface utilisateur à écran tactile basée sur une tablette permettant au pilote ou à son second de contrôler les drones ailiers, ainsi que la même interface utilisant l'écran large du cockpit du F-35. © Collins Aerospace
Dans la vidéo, les drones reçoivent d'abord l'ordre de se rendre dans une zone de mission avant de passer en mode DCA. Les CCA allument alors leurs capteurs et commencent à scanner, ce qui permet de détecter diverses menaces, dans la vidéo de Collins c’est un mélange de Soukhoi Su-27 Flanker et de chasseurs furtifs chinois Chengdu J-20.
Un chasseur furtif Chengdu J-20 vu dans la vidéo de Collins Aerospace. Notez que l'avion représenté ici porte des marques nationales fictives (le triangle rouge bordé de jaune sur l’empennage), mais que l'Armée populaire de libération de la Chine est la seule à utiliser cet avion à l'heure actuelle. © Collins Aerospace
Une paire de Flanker vue dans la vidéo de Collins Aerospace. La Chine exploite également plusieurs variantes et dérivés du Su-27 Flanker. © Collins Aerospace
L'un des avantages les plus souvent cités des groupes de drones attachés à des chasseurs pilotés dans les combats aériens est la capacité de l'élément non piloté à étendre la portée des capteurs de l'ensemble de la force sans nécessairement augmenter les risques pour l'appareil piloté. Par exemple, les drones CCA pourraient utiliser des capteurs actifs et transmettre les informations qu'ils recueillent aux pilotes qu’ils accompagnent qui utiliserait alors leurs ensembles de capteurs en mode passif, ce qui les rendrait ipso facto plus difficiles à détecter. Les avions de combat pilotés pourraient également engager des ennemis sur la base des données de ciblage transmises par leurs drones ailiers. Grâce à une connectivité réseau supplémentaire, les données collectées par l'équipe complète pilotes-drones CCA pourraient également être transmises à d'autres nœuds du réseau.
Le texte de la narration de la vidéo de Collins souligne comment une équipe homme-machine pourrait "surveiller l'espace de combat et détecter les menaces dans tout l’espace de combat, développer une compréhension commune de ces menaces, et trianguler en commun pour fournir des pistes de tirs".
Il convient également de noter que l'un des principaux avantages des systèmes IRST dont sont équipés les F-15EX et les F/A-18F dans la vidéo de Collins est qu'ils fonctionnent de manière passive, ce qui n'alerte pas les adversaires sur le fait qu'ils sont allumés. Les détecteurs IRST, qui peuvent être associés à d'autres capteurs pour fournir des données supplémentaires, sont également insensibles au brouillage de la guerre électronique par radiofréquence. Ces détecteurs connaissent un vrai retour en force dans l'armée américaine.
La vidéo de Collins montre ensuite des chasseurs américains et des drones CCA en train d'engager et d'abattre un certain nombre d'avions "chinois" en combat aérien. Il est intéressant de noter que les images ne semblent pas montrer d'autorisation directe donnée par les pilotes humains aux drones avant qu'ils ne tirent leurs missiles. Cependant, les responsables militaires américains ont souligné à maintes reprises que, du moins dans un avenir prévisible, un opérateur humain quelque part dans la boucle sera toujours responsable de l'autorisation donnée aux drones dans les airs ou ailleurs d'employer une force létale.
Un drone CCA fictif sur le point de lancer ses AIM-120. © Collins Aerospace
La vidéo de Collins montre qu’une fois le combat terminé, les différents groupes de drones CCA reçoivent l'ordre de maintenir le mode CAP pour certains et de retourner à leur base (mode RTB pour Return To Base) pour les autres. Comme on peut le voir sur l’illustration ci-dessous, l'interface utilisateur à ce stade montre également ce qui semble être des options pour transférer le contrôle des drones de l’avion piloté actuel à d'autres appareils, ainsi qu'à des navires ou des forces au sol, et même à des nœuds de communication dans l'espace. On sait déjà que l’USAF et l’US Navy travaillent sur les moyens d'échanger de manière transparente le contrôle de leurs drones CCA respectifs dans le cadre d'opérations futures. Il a été question d'étendre certaines parties de cette architecture à d'autres branches de l'armée américaine, ainsi qu'à des alliés et partenaires étrangers.
Interface homme-drones CCA dans le cockpit d’un F-35. © Collins Aerospace
Le scénario décrit dans la vidéo de Collins est, bien entendu, théorique et, à bien des égards, tronqué. Une mission de combat aérien de haut niveau comme celle-ci se déroulerait probablement dans une zone beaucoup plus vaste et les combats réels se produiraient pour la plupart au-delà de la portée visuelle. Les véhicules aériens de combat sans équipage (UCAV) et autres drones hostiles, que le secteur aéronautique chinois développe très activement, sont totalement absents de cette vidéo. En ce qui concerne les drones furtifs à voilure tournante hautement autonomes, il s'agit là d'un domaine que les États-Unis, au moins pour ce que l’on en sait, ont presque entièrement cédé à la Chine.
Maquette d'une aile volante UCAV chinoise, le Hongdu GJ-11 Sharp Sword lors d’une exposition récente en Chine. © Yang Suping – Visual China Group
Dans la vidéo, aucune des deux parties n'est montrée en train de tirer parti de leurs réseaux toujours croissants de moyens aériens et autres, qui seraient évidemment impliqués dans toute opération de ce type. Les responsables militaires américains ont régulièrement cité les capacités croissantes de la Chine en matière d'alerte et de contrôle précoces aéroportés et de guerre électronique aérienne comme des facteurs importants à prendre en compte dans tout engagement aérien futur entre les deux pays.
Un avion de guerre électronique chinois Shanxii Y-9LG, de conception relativement nouvelle, qui partage de nombreuses caractéristiques avec l'avion chinois plus ancien d'alerte et de contrôle aéroporté KJ-200 du même constructeur. © Via X (Ex-Twitter)
Ce que Collins a présenté dans sa vidéo promotionnelle offre une perspective intéressante sur ce à quoi pourrait ressembler une équipe hautement autonome composée de pilotes humains encadrés par des ailiers non-humains dans le cadre des futurs combats aériens de haut niveau. Il met également en lumière les questions relatives aux concepts d'opérations et d’intelligence artificielle pour l'exécution de ce type d'engagements aériens en équipe, ainsi que pour la mise en place et le maintien des drones CCA, auxquelles l'armée de l'air et la marine s'efforcent toujours de répondre.
Le général Kenneth Wilsbach, chef du commandement du combat aérien, a déclaré récemment lors d'une conférence organisée en début d'année par le Mitchell Institute for Aerospace Studies de l'Air & Space Forces Association : "L'USAF envisage la possibilité de disposer le plus rapidement possible d'un millier de ces drones CCA en cas d'urgence (…) Je pense qu'il s'agit d'un objectif noble, mais qui créerait de nombreux dilemmes lorsque des nations hostiles envisageraient de s'engager dans un combat avec nous et de devoir faire face à un tel nombre de drones, en plus de tous nos appareils pilotés"
En même temps, "… il ne sera probablement pas nécessaire de faire voler ces drones CCA tous les jours", a poursuivi le général Wilsbach. "En fait, nous pensons que ces drones seront en alerte en permanence, conservés dans un hangar, mais qu'ils ne voleront pas très souvent. L'avantage, c'est qu'il n'y a pas besoin de maintenance. Il n'y a pas besoin de maintenance à long terme, ce qui permet d'obtenir beaucoup plus de cellules pour une somme d'argent donnée" (NdT – Ces temps-ci, un changement récent, l’argent est une question devenue importante pour l’USAF, je pourrai poster un texte sur ce sujet dans un avenir proche).
Reste à savoir exactement comment les drones CCA seront contrôlés et quels niveaux d'autonomie seront réellement disponibles pour soutenir tout cela.
M. John Clark, vice-président de Lockheed Martin et directeur général des programmes de développement avancé mieux connus sous le nom de Skunk Works, nus a déclaré lors d’une interview récente : "L'armée de l'air a de nombreuses opinions sur la bonne façon de procéder pour contrôler les drones CCA à partir d'autres aéronefs (…) Cependant, la vision commune pour l’instant est qu’une tablette ou tout autre interface tactile est le moyen le plus rapide de commencer l'expérimentation. Ce n'est peut-être pas ce qui sera à l’arrivée (…) Nous travaillons aux Skunk Works sur un éventail d'options qui sont les possibilités les moins invasives, ainsi que sur quelque chose qui est plus biologique, où il n'y aurait même plus de tablette". (NdT – par interface biologique/organique, il faut voir ici des interfaces qui seraient directement branchées sur le cerveau du pilote). En effet, les premiers tests effectués jusqu'à présent ont mis en évidence des problèmes potentiels liés à l'utilisation de tablettes et d'autres systèmes d'interface tactile lors des manœuvres de combat.
M. Michael Atwood, vice-président des programmes avancés de General Atomics, avait ainsi indiqué lors d’une visioconférence en début d’année : "Pour el programme CCA, nous avons commencé avec des tablettes... L'idée était de disposer d'un contrôle le plus discret possible (…) J'ai eu l'occasion de voler dans l'un de ces avions avec une tablette sur ma cuisse. Je dois reconnaître qu’il est vraiment difficile de piloter l'avion, sans parler de préparer le système d'armement de mon avion, et de penser à cette tablette et la manipuler dans l'espace et dans le temps" Du coup, M. Atwood préconisait de confier un plus grand contrôle aux drones CCA, une plus grande autonomie, mais toujours sous la supervision d'un être humain.
Exemple de système de commande de drones basé sur une tablette que General Atomics expérimente. © General Atomics
En marge d’une table-ronde organisée avec al presse aéronautique cette semaine (NdT – Celle du 20 septembre dernier), M. Andrew Hunter, secrétaire adjoint de l'armée de l'air pour l'acquisition, la technologie et la logistique, nous a déclaré : "Nous savons deux choses sur l'autonomie. La première est que les lois de la guerre exigent que nous ayons, vous le savez, un engagement humain dans les décisions clés concernant l'utilisation des armes et d'autres décisions clés. C'est ce que nous devons faire. Nous devons avoir cet engagement humain, la capacité de le faire. La seconde est que nous savons que notre capacité à créer des systèmes capables de fonctionner de manière autonome et de mener à bien des missions en est encore en cours de la maturation (…) En d'autres termes, il y a des choses que nous savons déjà bien faire avec un certain degré d’autonomie, et il y a des choses que nous savons ne pas savoir encore bien faire avec un autre degré d’autonomie (…) Nous allons donc nous en tenir aux choses que nous savons bien faire, et laisser les humains faire les autres, et, avec le temps, ce mélange va bien entendu évoluer ... il ne sera pas statique".
L'armée de l'air s'efforçant de mettre en service ses premiers drones CCA opérationnels d'ici la fin de la décennie, il est donc évident que dans les années à venir nous saurons si la vision développée par Collins Aerospace dans cette vidéo correspond ou non à la réalité.
FIN
SECOND ARTICLE
AVANT MEME QUE LEURS DRONES CCA NE PRENNENT L'AIR, ANDURIL ET GENERAL ATOMICS ECHANGENT DEJA DES COUPS DE FEU
Les modèles de drones ailiers ont fait l'objet de discussions lors de la conférence Air, Space & Cyber 2024, y compris de la part des concurrents eux-mêmes
Par Valerie Insinna, Breaking Defense, 26 septembre 2024
Maquettes grandeur nature du drone de combat collaboratif de General Atomics (en haut) et de celui d'Anduril (en bas) exposé à la convention 2024 de l’Air Force and Space Association, le 16 septembre 2024. © Breaking Defense
WASHINGTON - La semaine dernière, lors de la plus grande conférence de l'armée de l'air, deux maquettes grandeur nature de drones de combat CCA de la prochaine génération étaient exposés au milieu d'un labyrinthe de stands d'entreprises de défense, attirant une foule qui amême compris le chef de l'armée de l'air.
D'un côté, le drone CCA Fury, construit par la société Anduril. De l'autre, une variante de la famille des drones Gambit construite par General Atomics, pionnier dans l'industrie des drones militaires.
Une telle affluence de personnalités et de militaires sur le stand de drones est une scène qui, il y a 20 ans, aurait été presque inconcevable pour l'armée de l'air, alors obsédée par les avions de combat, qui n'en était alors qu'aux premiers stades de l'adoption des avions sans pilote pour des missions essentiellement de surveillance.
Les drones CCA présentés sont la première itération de ce que l'USAF a déclaré être un saut générationnel dans la domination aérienne. Les drones CCA (pour Collaborative Combat Aircraft) sont conçus pour voler de manière autonome aux côtés de chasseurs pilotés, voire devant eux, afin de multiplier la force aérienne.
Mais alors que l'armée de l'air envisage que les drones CCA engagent des cibles ennemies dans des scénarios à haut risque et qu'une décision de production est imminente et que des centaines de millions de dollars sont en jeu, les deux constructeurs sélectionnés lors de la première phase du programme, à savoir General Atomics et Anduril, se sont écharpés dans une rare prise de bec publique lors de la conférence AFA 2024.
S'adressant à Breaking Defense sur le salon, le porte-parole de General Atomics, M. C. Mark Brinkley, a qualifié Anduril de "Theranos de la défense", faisant référence aux promesses tant vantées, mais finalement creuses, de la célèbre société de technologie pharmaceutique (NdT – La société Theranos était une entreprise américaine dans le domaine des technologies de la santé dont les dirigeants ont été inculpés en 2018 pour fraudes massives. Implantée dans la Silicon Valley, Theranos avait été fondée en 2003 par Elizabeth Holmes alors âgée de seulement 19 ans). M. Brinkley s'est demandé comment le drone Fury d’Anduril pouvait transporter des armes et accueillir un train d'atterrissage doté d'une grande entrée d'air sur le ventre de l'avion.
M. Brinkley nous a déclaré : "Parfois, on trouve des entreprises qui disent qu'elles vont utiliser une goutte de sang et révolutionner le monde entier, et qui finissent par finir comme a fini Theranos. Très franchement, lorsque vous regardez le Fury - pour moi, cela ressemble à la tentative de Theranos d'utiliser une goutte de sang pour changer le monde. Et je ne vois pas ce changement.".
Interrogé sur les commentaires de Brinkley, le directeur de la stratégie d'Anduril, M. Chris Brose, a refusé de faire des commentaires spécifiques sur l'endroit où les armes seraient stockées sur le Fury, ou de formuler sa propre critique à l'égard de General Atomics. "Nous n'avons pas l'habitude de dénigrer nos concurrents", nous a déclaré M. Brose. "Nous ne pensons pas qu'il soit dans l'intérêt d'Anduril de dénigrer d'autres entreprises extraordinaires qui font ce travail depuis très longtemps. Nous nous concentrons sur nous-mêmes, sur l'excellence de notre travail et sur la nécessité de continuer à dépasser les attentes des gens à notre égard. Et, vous savez, ces sept dernières années suggèrent que nous nous en sortons plutôt bien".
Le fondateur d'Anduril lui, M. Palmer Luckey, n'était toutefois pas aussi mesuré. Le 16 septembre, il a publiquement mis en cause General Atomics en répondant à un article dans lequel General Atomics affirmait : "Aucun autre fabricant du secteur de l'aérospatiale et de la défense n'est en mesure de fournir un drone de type CCA aussi performant que le nôtre". Sur la plateforme X (Ex-Twitter), il a écrit : "L'article sponsorisé écrit par les responsables des relations publiques de General Atomics proteste trop, il me semble". Après la publication de la déclaration de M. Brinkley, M. Luckey a réagi à cet article en plaisantant sur X au sujet de la comparaison qui y est faite entre Anduril et Theranos, en affichant notamment un photomontage avec l’image de sa tête photoshopée sur le corps de la fondatrice de Theranos, Elizabeth Holmes.
En avril dernier, l'armée de l'air a attribué des contrats pour des prototypes de drones CCA à General Atomics et Anduril, qui l'ont emporté sur des géants de l'aérospatiale de la défense comme Lockheed Martin, Boeing et Northrop Grumman qui participaient aussi à cette compétition.
L'USAF soutient toujours que le champ de la concurrence pour les drones CCA est encore très ouvert, le secrétaire de l'armée de l'air M. Frank Kendall a déclaré la semaine dernière (NdT – fin septembre) que : "l'armée de l’air s'oriente vers une plus grande dépendance à l'égard des aéronefs sans équipage". Alors que l'armée prévoit de prendre une décision de production pour sa première tranche de CCA en 2026, les dirigeants de l'armée de l'air ont régulièrement répété qu'ils pourraient acheter des drones à l'une des deux entreprises fabriquant des prototypes de CCA, ou aux deux simultanément, ou même attribuer un contrat à l'un des fournisseurs qui avait été éliminé lors de phases précédentes du programme.
Parmi les plus grandes différences entre les drones CCA de General Atomics et d'Anduril, on trouve la taille plus petite du Fury, bien que l'analyste Byron Callan ait noté que la version finale du Fury "pourrait être légèrement plus grande" que la maquette actuelle. Mais M. Chris Brose nous a dit que "la maquette actuelle était "grandeur nature".
Une autre différence très apparente entre les deux drones CCA est que le Fury porte ses armes à l'extérieur sur pylônes, alors que le drone de General Atomics dispose d'une baie d'armement interne. Dans une note aux investisseurs datée du 17 septembre, l’analyste Byron Callan écrit : "Cela pourrait créer plus de traînée et rendre le Fury moins furtif, bien que cela puisse ne pas avoir d'importance si l’achat initial des drones CCA par l’USAF porte sur un lot relativement petit de drones pour affiner les tactiques et l'entraînement".
Malgré les critiques échangées entre General Atomics et Anduril, l'ironie est que les deux semblent partager les mêmes défis, nous a déclaré Richard Aboulafia, analyste aérospatial chez AeroDynamic Advisories. General Atomics n'a pas révélé quel moteur équipera sa variante CCA, tandis qu’Aviation Week rapporte que le réacteur Williams International FJ 44-4 sera utilisé dans le Fury. "Toutefois, les moteurs de 1 à 1½ tonnes de poussée destinés à ces drones pourraient ne pas être assez puissants pour fonctionner sur les longues distances typiques des missions du théâtre Asie-Pacifique", a déclaré M. Aboulafia.
La production en série est une autre question majeure, Anduril n'ayant aucune expérience dans la production d'avions à grande échelle, et General Atomics étant relativement inexpérimenté lorsqu'il s'agit de fabriquer de très grands volumes d'avions dans un court laps de temps, a ajouté M. Aboulafia qui nous a dit : "Ils peuvent bien se critiquer l'un l'autre, mais en fin de compte, les gros problèmes semblent être quelque chose qu'ils ont en commun".
Les drones CCA d'Anduril et de General Atomics devraient voler l'année prochaine - une étape qui marquera le début des essais du véhicule aérien lui-même et de son intégration avec les différents modules d'intelligence artificielle et de logiciels qui permettront à ces drones de fonctionner de manière semi-autonome. Tout cela permettra à l'armée de l'air de prendre une décision sur la production en 2026.
Anduril n'a pas donné de calendrier précis pour le déploiement et le vol de son premier prototype Fury, mais M. Chris Brose a déclaré que l'entreprise respecterait les délais de test et de production fixés par l'armée de l'air. La société teste actuellement des "composants essentiels" de leur drone, tels que le train d'atterrissage, qu'Anduril produit en interne afin de réduire les coûts.
"Je pense que l’essentiel pour nous est le coût, n'est-ce pas ? Vous n'aurez pas d'avion à produire si le coût n'est pas aussi bas que possible", a déclaré M. Brose. "Une grande partie des choix que nous faisons concerne donc la manière de concevoir l'avion pour qu'il soit le plus simple possible, le plus facile à produire, afin de tirer le meilleur parti possible de nos chaînes d'approvisionnement commerciales".
En ce qui concerne la production, Anduril a l'intention de choisir l'emplacement de son premier grand site de production d'ici la fin de l'année. L'installation, baptisée Arsenal, sera équipée de manière à pouvoir accueillir rapidement la production de différents systèmes d'armes, la fabrication du drone Fury expliquant l'urgence assez soudaine de la mise en place du nouveau site.
Anduril a déclaré : "Nous aurons une décision prise très, très bientôt, et nous devons le faire pour respecter les délais qui nous sont imposés par l'USAF dans le cadre du programme CCA (…) Quelqu'un regardant ce que nous faisons pourrait aussi dire : C'est pour cela que vous allez échouer. Ce n'est pas possible. Vous passez à une production importante que vous n'avez jamais fourni auparavant, et vous n'avez même pas encore mis en place le site de fabrication pour le faire (…) Je pense que notre point de vue est, comme je l'ai dit, incroyablement confiant dans les délais qui nous sont fixés".
Si General Atomics prévoit toujours de faire voler son premier prototype de drone CCA à la mi-2025, la société considère le démonstrateur XQ-67A qu'elle a fait voler pour la première fois en février dernier dans le cadre du programme Off Board Sensing System de l'armée de l'air comme "une plateforme de vol pour son futur drone CCA", a déclaré Dave Alexander, président de l'activité aéronautique de General Atomics.
Le droneXQ-67A de General Atomics exposé à la conférence 2024 de l’association des forces aérospatiales US. © Valerie Insinna pour Breaking Defense
M. Dave Alexander continue : "La conception de notre drone CCA que nous réalisons actuellement est en train de passer au niveau supérieur afin qu'il puisse être produit en masse très bientôt (…) Nous serons, au milieu de l'année prochaine, prêts à passer à la production de série à plein régime. Et quand je dis cela, cela signifie une fabrication partiellement automatisée en grandes quantités".
General Atomics a déclaré qu'il y avait 80 % de similitudes dans les composants entre le XQ-67A et son futur drone CCA. Avant le lancement de son premier prototype CCA, General Atomics a procédé à des essais de substitution des principaux systèmes de mission et du logiciel d'autonomie à bord d'un drone MQ-20 Avenger que l'entreprise utilise comme banc d'essai, a indiqué M. Alexander.
Mais si Anduril et General Atomics sonttous les deux dans leur starting-block prêt au départ, cela ne signifie pas que d'autres coureurs sont à l'écart. D'autres entreprises de défense, telles que Lockheed et Boeing, ont indiqué qu'elles concourraient pour la deuxième tranche du programme CCA.
M. John Clark, qui dirige l'unité Skunk Works de Lockheed Martin, a déclaré aux journalistes la semaine dernière (NdT - vers la mi-septembre) que le prochain drone CCA proposé par Lockheed à l'USAF serait probablement beaucoup moins coûteux et plus facile à remplacer que le drone qu'elle avait proposé pour le premier tour de la compétition. Il a notamment" dit : "On pourrait certainement se dire que l'armée de l'air n'accorde pas beaucoup d'importance à la survie de ce genre de matériel en ce moment, alors nous avons tout misé sur ce quelque chose dont elle dit n’avoir pas besoin », ajoutant qu'il pensait qu'il pourrait y avoir un bilan à l'avenir, lorsque l'armée remettrait en question la rentabilité des drones moins coûteux et qu’elle serait attirée par des modèles plus furtifs et plus coûteux.
En ce qui concerne les critiques, il appartiendra à l'armée de l'air de faire le tri entre les détracteurs et les faussaires et les entreprises capables de fabriquer des drones CCA répondant au mieux à ses besoins. Et les futurs pilotes de chasse ne se soucieront pas du nom de l'entreprise de leur drone ailier, du moment qu'il les aide à rester en vie.
FIN
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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