#1 [↑][↓] 07-07-2024 10:39:50

philouplaine
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[Réel] Du nouveau sur les drones ailiers américains

Bonjour chers amis pilotevirtuelistes,

Vous avez certainement déjà entendu parler de cette possibilité pour les avions de combat de la prochaine génération de voler au sein d’une formation d’avions ailiers de protection rapprochée qui seraient en fait des drones pilotés par une intelligence artificielle portée par l’avion de combat piloté par un homme (ou par une femme).
Eh bien, cette possibilité est en cours de développement très avancé aux Etats-Unis, grâce aux efforts combinés de l’agence gouvernementale DARPA et du constructeur privé General Atomics. On ne présente pas General Atomics. La DARPA (pour Defense Advanced Research Projects Agency) est une agence du département de la Défense des États-Unis chargée de la recherche et développement des nouvelles technologies destinées à un usage militaire.
L’article que je vous ai traduit vous présente où tout cela en est aujourd’hui … du moins pour ce qui peut en être révélé grâce au Freedom Information Act.
J’ai pensé que cette information pourrait vous intéresser.

Bonne lecture !
Philippe



LA CONSTRUCTION DU PREMIER DRONE AILIER A COMMENCE CHEZ GENERAL ATOMICS

Alors que le programme CCA progresse (NdT - pour Collaborative Combat Aircraft = Avion de Combat Collaboratif), un potentiel beaucoup plus avancé et beaucoup plus autonome est en cours de développement dans le cadre du programme LongShot de la DARPA.

Par Joseph Trevithick, The War Zone, 1er juillet 2024


Article original en Anglais


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Projet de drone-ailier. © General Atomics


General Atomics construit actuellement son premier drone pour le programme "Collaborative Combat Aircraft" de l’USAF et a annoncé qu’elle utilisait pour ce programme des composants conçus à l'origine pour le MQ-9 Reaper afin d'accélérer ce travail. Dans la phase initiale du programme CCA, General Atomics est actuellement confrontée à un concurrent, récemment venu sur le marché, le constructeur californien Anduril Industries (NdT – fondée en 2017) et à son concept "Fury". Mais il y a de plus en plus d'indices sur la possibilité que les deux types de drones entrent tous les deux en service au sein de l’USAF en tant qu'équipements complémentaires.

Les deux firmes affirment qu'elles progressent, mais qu'elles rencontrent également des difficultés importantes, notamment en matière d'autonomie, dans le cadre de leurs travaux sur leurs drones respectifs. De son côté, General Atomics déclare qu'elle envisage déjà une nouvelle génération de systèmes aériens sans équipage, qui s'inscrit dans un autre programme de la DARPA, le programme LongShot, qui, lui, demande un drone de combat autonome lanceur de missiles.

M. Mike Atwood, le vice-président des programmes d'avions avancés chez General Atomics Aeronautical Systems, et Mme Diem Salmon, vice-présidente pour la domination aérienne et de la frappe chez Anduril, se sont longuement exprimés sur le programme CCA lors d’une conférence ce week-end, qui vaut la peine d'être écoutée dans son intégralité.


Vidéo YouTube – Mike Benitez de TheMerge interviewe Mike Atwood de General Atomics et Diem Salmon d’Anduril Industries sur le programme CCA© TheMerge - Durée 43 min (en Anglais)


Cet épisode exclusif TheMerge traite du programme Collaborative Combat Aircraft (CCA) de l'USAF avec les deux entreprises sélectionnées pour construire les premières plates-formes : Anduril et General Atomics. TheMerge présente ce que les entreprises ont en commun et de la façon dont elles considèrent cela comme l'un de leurs superpouvoirs. Nous explorons également les origines du programme CCA, les origines de la conception du véhicule gagnant, la façon dont la structure du programme est un modèle pour l'innovation et plus encore. Bien qu'elles aient remporté les contrats, les deux entreprises ont des connaissances en matière de logiciel et d'autonomie qui leur sont propres. Nous avons donc également discuté du logiciel en tant que catalyseur et des défis d'intégration liés à l'intégration de ces drones "ailiers fidèles " dans nos forces armées. Bien qu'il y ait eu beaucoup de points d'accord entre General Atomics et Anduril, pourtant concurrents dans ce programme, ils ont également présenté ce qui est différent dans leur - quelque chose que vous ne pouvez obtenir que lorsque vous les réunissez pour une discussion.

En avril dernier, l’USAF a annoncé officiellement que les deux entreprises avaient été retenues pour participer à la première phase du programme CCA, également connue sous l’appellation Increment One. L'animateur de TheMerge, Mike Benitez, est également directeur de produit pour l'intelligence artificielle chez Shield A.I., qui participe notamment à un autre programme de la DARPA, le programme ACE (NdT – le programme Air Combat Evolution qui vise à intégrer l’intelligence artificielle dans la conduite des combats aériens). Le programme ACE est l'un des nombreux projets distincts de la DARPA qui alimentent directement le programme CCA.

(NdT - Shield A.I. est une entreprise californienne de technologie aérospatiale et de défense basée à San Diego. Elle travaille au développement d’avions de chasse pilotés par une intelligence artificielle, des drones et des technologies pour les opérations de défense des Etats-Unis. Elle compte parmi ses clients le commandement des opérations spéciales, l’USAF, les US Marines, l’US Navy, et plusieurs armées étrangères. Le petit drone NOVA de Shield A.I. est le premier drone doté d'une intelligence artificielle à être déployé à des fins de défense dans l'histoire de l'armée américaine).


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Projet du drone-ailier "Fury". © Anduril Industries


Le plan actuel de l'armée de l'air est d'acquérir uen centaine de drones-ailiers CCA dans le cadre de la phase Increment One, avec l'espoir que ces drones hautement autonomes travailleront efficacement en étroite collaboration avec les chasseurs avec équipage, en particulier les types furtifs de sixième génération, en se concentrant sur les missions air-air, du moins dans un premier temps. Le programme CCA travaille déjà au lancement de la deuxième phase, l'objectif final de l’USAF étant d'acquérir et de mettre en service un millier de drones-ailiers CCA, voire même beaucoup plus.

La future flotte complète de drones-ailiers CCA de l’USAF pourrait se composer de plusieurs modèles distincts aux performances variables et complémentaires. Pour atteindre ces objectifs, il est d’ores et déjà essentiel de trouver des moyens d'accélérer les calendriers de développement et d'augmenter rapidement la production à grande échelle des modèles qui seront retenus.

Progrès et défis

"Le premier drone-ailier CCA de General Atomics est en cours d'assemblage à l'heure où nous parlons", a déclaré M. Atwood. "Donc, vous savez, le délai que nous envisageons entre la réception du contrat de l’USAF et le moment où le premier drone-ailier sera livré à l’USAF est de l’ordre de 2 ans, au mieux nous pourrions descendre à une année".

M. Atwood a souligné que les décennies d'expérience de General Atomics non seulement dans le développement de nombreux programmes pour l’USAF, mais aussi dans la production d'autres drones, y compris les familles désormais emblématiques MQ-1 Predator et MQ-9 Reaper, ont donné à l'entreprise une longueur d'avance sur ses concurents pour le programme du drone-ailier CCA. Il a également révélé, pour la première fois à notre connaissance, que leur drone-ailier CCA utilisait des éléments du drone MQ-9 Reaper.

"Nous disposons d'une ligne de production active qui permet de produire en série des MQ-9 et nous pourrons y intégrer sans problème la production du drone-ailier CCA", explique M. Atwood. "En fait, pour la construction de notre prototype de drone-ailier CCA, nous avons pris quelques pièces de Reaper parmi celles entreposées en amont de la ligne d’assemblage du Reaper et nous les avons utilisés pour construire le drone-ailier".


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Des membres de General Atomics et des forces armées néerlandaises devant un MQ-9 Reaper tout juste sorti de la ligne d’assemblage à l'usine de Poway, en Californie. © General Atomics


Outre des pièces provenant donc du Reaper, la conception du drone-ailier de General Atomics est principalement basée sur le drone XQ-67A, que l'entreprise a développé dans le cadre du programme OBSS (Off-Board Sensing Station) de l'USAF, un autre programme en cours et très secret celui-là.


Vidéo YouTube – Premier vol du drone XQ-67A le 28 février 2024 – Durée 1min34


Il semblerait également par ailleurs que le drone XQ-67 de General Atomics, et par extension la conception du drone-ailier CCA, s'appuient sur les travaux menés par le constructeur sur la famille de drones Gambit, des appareils sans pilote hautement modulaires. Le concept Gambit est centré sur un châssis commun avec un train d'atterrissage tricycle, piloté par un "cerveau" d'intelligence artificielle, un système de commande de vol et un ordinateur de mission, sur lequel des configurations très différentes d'aéronefs avec équipage peuvent être accouplées avec une relative facilité.


Vidéo YouTube – Présentation de la série des drones Gambit de General Atomics Aeronautical Systems : l'avenir de la domination aérienne – Durée 2min34


Mme Salmon d'Anduril Industries n'a pas fourni de détails spécifiques sur les progrès réalisés par son entreprise sur son premier prototype CCA, mais a indiqué que l'objectif principal restait le premier vol du prototype. L'appareil d'Anduril est un modèle baptisé "Fury", dont le développement a été commencé à la fin des années 2010 par une entreprise aéronautique californienne qui s’appelait Blue Force Technologies et qui a été acquise par Anduril en septembre 2023.

Mme Salmon a toutefois noté que : "le fait de disposer d'un atelier composite interne combinant notre savoir-faire avec celui d’une autre entreprise est extrêmement bénéfique", une référence apparente à l'acquisition par Anduril de Blue Force Technologies l'année dernière, acquisition qui incluait également ses installations de production. Auparavant, Blue Force Technologies était spécialisée dans le prototypage rapide et d'autres services de conception avancée, avec un accent particulier sur la fabrication de composites à base de fibres de carbone. Il convient de noter ici que les offres de General Atomics et d'Anduril sont très différentes sur le plan de la forme et de la fonction. Le Fury est objectivement le modèle le plus performant, un point qui a été soulevé et que M. Atwood n'a pas contesté lorsqu'il s'est exprimé dans son interview à TheMerge.


Vidéo YouTube – Présentation dur drone Fury d’Anduril Industries – Durée 31sec


Lors de cet entretien avec TheMerge, Atwood et Salmon se sont montrés globalement positifs quant aux progrès réalisés par leurs entreprises respectives sur le drone-ailier CCA, mais ils ont également fait part des difficultés rencontrées et des enseignements importants déjà tirés.

"Les composites sont intrinsèquement coûteux ... ils sont vraiment destinés à des applications de haute performance qui nécessitent une résistance et une certaine rigidité", a fait remarquer Atwood en évoquant les problèmes de production rencontrés par General Atomics. "Si l'on considère les avions de combat collaboratifs ... nous nous rabattons en fait sur des structures plus métalliques, ce que nous appelons des structures hybrides c'est-à-dire des cadres métalliques avec des revêtements composites."

"Je pense qu'il existe des capacités de pose automatisée de bandes composites qui permettent à un grand bras robotisé de déposer la fibre de carbone ", a-t-il ajouté. "Il existe donc des applications spécifiques, telles que les structures d'ailes, pour lesquelles la fibre de carbone peut être incorporée malgré son coût".

Questions relatives aux exigences

Les performances et les capacités que l'USAF recherche dans sa première tranche de drones-ailiers CCA, ainsi que les coûts et les complexités de production qui en découlent, ont déjà fait l'objet de questions et de préoccupations plus générales. Les détails publics concernant les exigences de la phase Increment One restent encore très rares, mais il semble bien que les drones-ailiers CCA devraient in fine être plus performants que ce qui était généralement prévu, ce qui devrait se faire au détriment de leur rayon d’action.

Le coût d'un seul drone-ailier CCA devrait également se situer entre un tiers et un quart du prix unitaire d'un chasseur F-35, soit entre 20 et 28 millions de dollars l’unité, d'après les informations rendues accessibles au public. Ce prix se situe dans la fourchette la plus élevée des prévisions initiales.

"L’industrie a commencé au début des années 2000 l’aventure des drones de combat UCAV (Unmanned Combat Air Vehicle = Véhicule de Combat Aérien Autonome) avec les démonstrateurs X-47 Pegasus de Northrop Grumman et X-45 de Boeing", selon M. Atwood. "Et à General Atomics nous nous sommes dit, wow ! cela ne répond pas aux critères 'many-to-many' et nous trouvions aussi que cette technologie était un peu trop en avance sur son temps notamment en ce qui concernait l'autonomie du drone. "

(NdT – Un critère many-to-many, un concept typiquement anglo-saxon, concerne une relation de "plusieurs à plusieurs" (= many-to-many) qui se produit lorsque plusieurs enregistrements d'un tableau économique sont associés à plusieurs enregistrements d'un autre tableau. Par exemple, il existe une relation de plusieurs à plusieurs entre les clients d’une société et les produits que vend cette société : les clients peuvent acheter plusieurs produits et un même produit peut être acheté par plusieurs clients.)


Vidéo YouTube – Aperçu du projet Boeing X-45A, premier vol (mai 2002) et capacité autonome en vol en formation – Durée 5min25 (en Anglais)


Ce commentaire d'Atwood est particulièrement intĂ©ressant Ă  la lumière de la disparition presque totale des concepts UCAV au sein de l’USAF, du moins publiquement, malgrĂ© des progrès significatifs dans leur dĂ©veloppement au cours des annĂ©es 2000 et au dĂ©but des annĂ©es 2010.  "Ă€ General Atomics, nous avons donc fait pencher la balance plutĂ´t du cĂ´tĂ© du drone XQ-58 Valkyrie, le produit de Kratos, qui Ă©tait cependant un peu trop petit", poursuit-il. "Entre-temps, nous nous sommes concentrĂ©s sur cette catĂ©gorie de taille. Elle est plus utilitaire. Je pense que le dĂ©fi a consistĂ© Ă  trouver le bon Ă©quilibre entre le coĂ»t, la capacitĂ© de survie et la variabilitĂ© des missions possibles ... Le dĂ©fi consistait Ă  optimiser tous ces attributs au niveau du système, mais il a fallu six ans pour trouver ce point optimal en concertation Ă©troite avec l’USAF".


Vidéo YouTube - Vol d'essai (mars 2019) du prototype XQ-58A Valkyrie de la société Kratos et premier vol en formation – Durée 5min15 (en Anglais)


L'USAF, ainsi que d'autres branches de l'armée américaine, se sont engagées dans un certain nombre d'autres projets de drones avancés et de technologies autonomes au cours des six dernières années. Le projet Skyborg de l'armée de l'air, qui a utilisé des drones XQ-58 et des drones furtifs Avenger de General Atomics, entre autres plateformes d’essai, qui a pour but d’explorer de nouvelles capacités autonomes avancées basées sur l'intelligence artificielle, en est un excellent exemple. Il y a aussi l'effort du programme ACE de la DARPA mentionné plus haut (NdT – ACE pour Air Combat Evolution = évolution des combats aériens, sous-entendu futurs), qui se poursuit parallèlement au programme CCA.

Le besoin d'une plus grande autonomie

Les questions relatives aux capacités de vol et de combat autonomes et à la confiance qu'elles suscitent chez les acteurs militaires continuent d'être un facteur important pour la suite du programme CCA, quelle que soit la rapidité avec laquelle General Atomics ou Anduril peuvent développer et produire leur drone-ailier sur lesquels ces capacités d’intelligence artificielle seront intégrées. Pour General Atomics, M. Atwood a parlé des problèmes fondamentaux liés au contrôle humain dans la boucle des échanges d’information des drones-ailiers entre eux et avec le pilote humain, et de la nécessité pour les opérateurs humains de céder davantage de contrôle aux machines qu'ils supervisent.

"Nous avons commencé nos réunions avec le Commandement des Combats Aériens de l’USAF en utilisant des petites AI sur des tablettes ... L'idée était qu'ils voulaient un contrôle de l’IA qui soit le plus discret possible", a déclaré Atwood. "J'ai eu l'occasion de voler dans l'un des avions dédiés à ce programme avec ma tablette posée sur mes genoux comme "cerveau" de l’intelligence artificielle embarquée. Et ce n'était vraiment pas pratique de piloter l'avion en même temps, sans parler du système d'armement de mon avion principal, et de penser à tout cela dans l'espace et dans le temps".


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Tablette utilisée par General Atomics dans le cadre des essais de vol en formation avec des drones-ailiers. © General Atomics


"Nous devions faire en sorte que la partie collaborative de notre formation, en clair els drones-ailiers, perçoive et traite correctement l'intention de ce que l’avion ennemi essaie de faire", a-t-il poursuivi. "S'il essaie d'entrer, s'il essaie de sortir, s'il essaie de tirer, s'il essaie de brouiller, s'il essaie d'être en EMCON [état de contrôle des émissions], le drone doit par sa réponse autonome être une vraie extension organique du pilote humain sans alourdir la tâche du pilote".

Ce sont précisément ces questions que l'USAF aborde déjà en coopération avec la DARPA dans le cadre du programme ACE. Ils utilisent pour cela un chasseur F-16 hautement modifié appelé X-62A VISTA (pour Variable Stability In-flight Simulator Test Aircraft = Avion d’essai pour la simulation de vols à stabilité variable, en clair pour des dogfight entre chasseurs). La DARPA cherche également à explorer plus avant les questions liées à l'autonomie accrue dans des contextes avec ou sans équipage, en effectuant des essais avec une flotte de poche de F-16 moins profondément modifiés dans le cadre du projet VENOM (pour Viper Experimentation and Next-Gen Operations Mode = Modes d’expérimentation des opérations de Next Generation du Viper. NdT - VIPER est le petit nom du F-16).

(NdT – Le F-16 X-62A VISTA est équipé d’un système de simulation VISTA (VSS) mis à jour fourni par Calspan Corporation, ainsi que l'algorithme de suivi de modèle (MFA) et le système de contrôle autonome de la simulation (SACS) de Lockheed Martin. S’en est suivi une série d’essais en vol au cours desquels l’intelligence artificielle pilotait l'avion de combat au cours de manœuvres de chasse avancées. Les résultats de ces essais sont secrets).


Vidéo YouTube – L'intelligence artificielle se bat désormais contre des pilotes de chasse dans les airs – Durée 7min20 (en Anglais)


"Nous voulons simplement que le drone-ailier soit comme un capteur autonome du pilote humain, mais à une centaine de km devant lui. Nous voulons être son arme, mais disponible deux fois plus loin ... et il faut que ce soit organique, que les triangles et les losanges sur son écran soient tout simplement meilleurs et qu'il n'ait même pas à se soucier des gaz, des armes, de la portée, du taux de virage et de la déconfliction tactique", a ajouté M. Atwood. "Nous nous concentrons vraiment sur l'autonomie cognitive en boucle fermée, parce que lorsque nous l'avons fait en utilisant un contrôle plus discret avec une boucle plus ouverte et que nous avons fait l'entraînement, cela n'a pas fonctionné".

Dans le même temps, toute réduction de l'interaction humaine sur la prise de décisions par l’intelligence artificielle ne fait qu'accroître le besoin de confiance dans ces systèmes autonomes. La possibilité non seulement de tester, mais aussi d'entraîner et de réentraîner les algorithmes d'autonomie dans des environnements entièrement numériques, et ce très rapidement, a déjà été extrêmement bénéfique pour accroître la confiance humaine dans ces IA. En même temps, des limites sont apparues dans ce qui peut être fait sans essais en vol réels.


Vidéo Youtube – Futur du Combat Aérien Collaboratif – Durée 7min53 (en Anglais)


"Ce que nous voyons aujourd'hui, ce sont des chaînes d'exécution où nous sommes culturellement prêts à prendre les règles d'engagement et de manœuvre des combats ariens et à les mettre entre les mains d'une machine, ce qui, je pense, représente la transformation ultime de l'autonomie", a expliqué M. Atwood. "Il s'agit de la confiance dans l'autonomie. C'est le tournant crucial".

"Je pense qu'il est temps de quitter le Nevada Test and Training Range et d'utiliser cet engin sur le terrain", a ajouté M. Atwood. "Nous avons besoin d'évaluations au combat pour déterminer si, d'un point de vue politique ou culturel, nous pouvons avoir confiance dans un combat piloté par l’intelligence artificielle ou non".

(NdT – Le Nevada Test and Training Range (ou NTTR) est une vaste zone militaire de 290 km2 située entre les villes de Tonopah et Las Vegas dans le Nevada. Ce territoire est contrôlé par l’USAF et sert notamment depuis des décennies aux essais en vol).

"Il suffit de faire voler ce prototype de drone ... il faut le faire circuler ... Les gens doivent avoir l'occasion d'interagir avec lui", a convenu Mme Salmon d'Anduril. "C'est ainsi que l'on crée la confiance et je ne sais pas si l'on peut contourner ce problème. Je pense donc qu'il s'agit en partie d'une formation et d'un déploiement aussi large que possible sur le terrain pour que les gens s'y habituent".


Des projets complémentaires, et pas concurrents ?

M. Atwood a déclaré lors de son interview à TheMerge qu'il ne considérait pas nécessairement le projet de son entreprise comme un concurrent du Fury d'Anduril, et que les deux pourraient bien être en fait très complémentaires. Cela pourrait permettre à l'USAF de décider si ces deux modèles pourraient travailler en équipe.

Il est intéressant de noter ici que le programme OBSS, qui a conduit à la conception du General Atomics CCA, a un cousin existant et encore plus secret, plus performant et plus armé, appelé le drone OBWS (pour Off-Board Weapon Station = Soute d’armement volant en-dehors de l’avion). Nous avions déjà souligné dans un article précédent l'intérêt militaire d’une équipe entre un drone OBSS et un drone OBWS. Cette réalité d’un couple OBSS/OBWS conduit logiquement à envisager l’intérêt militaire d’une équipe qui serait constitué d’un drone-ailer de General Atomics et du Fury d’Anduril. Cela soulève la question de savoir si les deux drones-ailiers CCA actuels, qui sont ostensiblement en concurrence, pourraient être retenus tous les deux et utilisés dans le cadre d'une coopération.

"Je pense qu'Anduril et General Atomics sont bien placés pour mettre en place une équipe de classe mondiale afin de fournir un produit pertinent dans des délais raisonnables", a déclaré M. Atwood.

La première tranche Increment One n'est que le début de ce qui devrait être un programme de plus grande envergure. L'armée de l'air a clairement indiqué que les phases suivantes seraient ouvertes à de nouvelles propositions et à de nouvelles conceptions. General Atomics et Anduril ne sont que quelques-unes des dizaines d'entreprises que l'armée a déjà réunies en consortium pour soutenir cet effort.

En outre, l'armée de l'air a déjà conclu des accords formels avec l’US Navy et le corps des US Marines pour collaborer aux développements du programme. L'un des principaux objectifs est que les trois armées soient en mesure d'échanger en toute transparence le contrôle de drones de type CCA au cours d'opérations futures. L'armée cherche également à étendre la coopération en matière de drones CCA à ses alliés étrangers. L'armée de l'air utilise également au moins un drone Boeing MQ-28 Ghost Bat, conçu à l'origine pour l'armée de l'air australienne, pour soutenir divers efforts de recherche et développement et d'évaluation des essais.


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Vol en formation d'un chasseur furtif F-22 Raptor de l'US Air Force volant avec un drone MQ-28 Ghost Bat de la Royal Australian Air Force. © USAF

Vers quel avenir?

Le programme CCA n'est pas le seul programme d'avion avancé en cours au sein de l'armée américaine dont nous ayons connaissance, sans tenir compte des autres programmes tenus secrets pour le moment. Ces programmes travaillent sur des appareils dont certains sont plus performants que les drones-ailiers CCA actuels et d’autres beaucoup moins.

"Il existe une nouvelle génération de drones qui est en cours d'élaboration et qui est beaucoup plus résistante, beaucoup plus autonome et beaucoup plus cognitive que les prototypes actuels", a déclaré M. Atwood. "Ces nouveaux drones sont ceux issus du programme LongShot de la DARPA... ces drones s’inscrivent dans les travaux menés sur les vols en espace restreint. ... Nous ne pouvons pas en dire trop, mais il s'agit essentiellement de pousser à l'extrême tous les principes dont nous avons parlé aujourd'hui : des drones pas trop chers, avec une capacité de survie et d’autonomie cognitive accrue et fiable … et croyez-moi ce qui commence à se faire est passionnant".

C’est General Atomics qui est le maître d'œuvre du programme LongShot de la DARPA, c’est donc General Atomics qui explore le concept d'un avion sans équipage capable de tirer sans intervention humaine des missiles air-air ou air-sol, des bombes planantes en plein vol sur leur propre décision tactique".


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Illustration d'avions de combat F-15 lançant des drones de combat de type LongShot, qui tirent ensuite leurs propres missiles air-air. © General Atomics


Dans le mĂŞme temps, l'USAF doit faire face Ă  de sĂ©rieuses contraintes budgĂ©taires Ă  partir de l'annĂ©e fiscale 2026, ce qui l'incite dĂ©jĂ  Ă  examiner plus attentivement ses futurs plans de modernisation. Le secrĂ©taire d'État Ă  l’armĂ©e de l’air Franck Kendal et d'autres hauts fonctionnaires ont prĂ©venu que mĂŞme les projets prioritaires, tels que l'initiative phare actuelle "Next Generation Air Dominance" (NGAD), pourraient faire l'objet de rĂ©ductions importantes dans les mois qui viennent. Or le programme CCA est une composante du plus vaste programme NGAD. Les dirigeants de l'armĂ©e de l'air ont constamment insistĂ© sur l'importance cruciale du programme CCA pour garantir la capacitĂ© de l’USAF  Ă  combattre et Ă  gagner les conflits du futur, en particulier les combats aĂ©riens, qui seraient potentiels de haut niveau, dans le Pacifique contre la Chine.

Dans ses derniers commentaires, Mme Salmon d'Anduril Industriez a également souligné la nécessité d'un changement culturel plus large dans la manière dont l'armée américaine fait des affaires commerciales, en particulier lorsqu'il s'agit d’avion sans pilote et d'autonomie basée sur des intelligences artificielles. L'initiative Replicator du Pentagone, qui vise à mettre à la disposition des forces américaines, d'ici deux ans environ, des dizaines de milliers de drones (terrestres, navals et aériens) relativement bon marché et dotées d'un haut degré d'autonomie, est un exemple de la manière dont le ministère de la défense lui-même cherche à opérer ce changement fondamental dans sa manière de traiter des affaires avec l’industrie américaine de la défense.

"Je pense que même si vous avez trois à cinq nouveaux programmes qui, d'une manière ou d'une autre, adoptent les véhicules autonomes dans n'importe quel domaine, nous devrions considérer cela comme un réel succès. Si nous voyons des programmes qui se mettent en place et qui essaient de mettre en œuvre des capacités nouvelles mais dans cinq ans au lieu de dix, nous devrions considérer cela aussi comme une victoire", a-t-elle déclaré. "Je ne pense pas que nous allons obscurcir le ciel avec des robots dans les cinq prochaines années, mais je pense que si nous pouvons commencer à accélérer certains changements et l'adoption de ces choses, le résultat dans 5 ans sera formidable".

L’un dans l’autre, il reste à voir à quoi ressemblera exactement le produit final issu de la phase Increment One et quelles seront ses capacités autonomes et autres. Ce qui est déjà acquis, c’est que ce programme CCA a un impact transformationnel et potentiellement déterminant sur la façon dont les pilotes de l’USAF combattent et sur la façon dont l’USAF va acquérir de nouveaux appareils, avec ou sans équipage, à l'avenir.


FIN


ouaf ouaf ! bon toutou !!

Hors ligne

#2 [↑][↓] 07-07-2024 18:31:09

chessgame80
Membre
Inscription : 18-10-2022

Re : [RĂ©el] Du nouveau sur les drones ailiers amĂ©ricains

philouplaine a Ă©crit :

Bonjour chers amis pilotevirtuelistes,

Vous avez certainement déjà entendu parler de cette possibilité pour les avions de combat de la prochaine génération de voler au sein d’une formation d’avions ailiers de protection rapprochée qui seraient en fait des drones pilotés par une intelligence artificielle portée par l’avion de combat piloté par un homme (ou par une femme)

Bonjour;

Un concept plus ou moins similaire est en développement chez Airbus

Airbus présente son nouveau drone


Escorte sans pilote pour avions de combat - le nouveau concept Wingman

annoncé sur le forum ; http://www.pilote-virtuel.com/viewtopic.php?id=106617

Lien officiel (en) https://www.airbus.com/en/newsroom/press-releases/2024-06-unmanned-escort-for-manned-fighter-jets-airbus-presents-new-wingman

Lien traduction (fr) https://www-airbus-com.translate.goog/en/newsroom/press-releases/2024-06-unmanned-escort-for-manned-fighter-jets-airbus-presents-new-wingman?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=wapp

Dernière modification par chessgame80 (07-07-2024 18:34:36)


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