#1 [↑][↓] 04-09-2024 13:07:24

philouplaine
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[RĂ©el] Perte du premier F-16 ukrainien vue des USA

Bonjour chers amis,


La suite des News sur la perte d’un F-16 ukrainien et de son pilote, tel que récemment décortiquée dans la presse spécialisée US. J’ai pensé que vous seriez intéressés parce que, à mon avis, ça vaut le détour !

Le premier article présente une des conséquences les plus récentes de cette perte, le limogeage du chef des forces aériennes ukrainiennes. Pourquoi donc cette décision drastique ? La possibilité d’un tir ami est montrée comme très probable dans cet article.

Le second présente une implication, assez peu commentée actuellement, de ces F-16 dans le renseignement de la guerre électronique sur des cibles diverses russes .. un renseignement pour le bénéfice principal de l’USAF, avec son fameux 68ème escadron de guerre électronique qui a été et est toujours très impliqué dans les missions des F-16 ukrainiens. La nacelle danoise de guerre électronique dont sont équipés les F-16 ukrainiens a notamment été placée sur les F-16 et intégrée en urgence au système électronique américain du F-16 par des spécialistes américains de ce fameux 68ème escadron de l’USAF … et cela en deux semaines seulement comme vous le lirez dans ce second article …

On peut, suite à la lecture de ces deux articles, penser que les F-16 ukrainiens étaient et sont principalement utilisés pour la récolte de renseignements électroniques en situation de combat sur les avions et les défense antiaériennes russes … avec des changements possibles de signature électronique en plein vol des F-16 ukrainiens qui ont peut-être (c’est une hypothèse) conduit une défense antiaérienne Patriot ukrainienne à identifier ce F-16 comme "ennemi" … ???
Les illustrations sont celles des articles originaux.


Bonne lecture.
Philippe





PREMIER ARTICLE



LE PRESIDENT ZELENSKY LIMOGE LE COMMANDANT DE L'ARMEE DE L'AIR UKRAINIENNE ALORS QUE DES ALLEGATIONS CIRCULENT AU SUJET DE LA PERTE DU F-16

Le lieutenant-général Mykola Oleschuk de l'armée de l'air ukrainienne a été démis de ses fonctions après la destruction de l'un des rares F-16 de l'Ukraine, si précieux, qui a également coûté la vie à un pilote bien connu.


Par Howard Altman, The War Zone, 30 août 2024



Article original en Anglais



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© Sergei Supinsky, Getty Images



Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a limogé le commandant de son armée de l'air quelques jours après la perte de l'un des rares F-16 du pays et de son pilote, un homme très connu et vénéré, qui faisait partie du petit groupe d'aviateurs de combat ukrainiens capables de piloter ces appareils.


Le président Zelensy a déclaré : "J'ai décidé de remplacer le commandant de l'armée de l'air des forces armées ukrainiennes le lieutenant-général Mykola Oleschuk (…) Je suis infiniment reconnaissant à tous nos pilotes militaires, ingénieurs, soldats des groupes de tir mobiles, des centres de calculs de la défense aérienne. À tous ceux qui se battent vraiment pour l'Ukraine - pour le résultat. Et c'est également nécessaire au niveau de l'équipe - nous devons nous renforcer. Et protéger les gens. Protéger le personnel. Prendre soin de tous nos soldats".


Le lieutenant-général Anatoliy Kryvonozhko, qui occupait le poste de chef du centre de commandement des forces aériennes, a été nommé commandant des forces aériennes par intérim, selon le média ukrainien Ukrinform.


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Le lieutenant-général Mykola Oleschuk, démis de ses fonctions de commandant de l'armée de l'air ukrainienne par le président Volodymyr Zelensky. © Kirill Chubotin, Future Publishing



Le pilote du F-16 qui s’est écrasé, Oleksiy Mes, est mort au cours du plus grand barrage aérien russe de la guerre. Avant que son F-16 ne s'écrase, Mes, qui portait l'indicatif "Moonfish", a abattu trois missiles de croisière russes et un drone d'attaque à sens unique, a déclaré le commandement ouest de l'armée de l'air ukrainienne sur Facebook jeudi 29 août.



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Oleksii Mes, pilote de l'armée de l'air ukrainienne, lors de sa formation aux Etats-Unis. © Forces Aériennes Ukrainiennes


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Photo du pilote de l'armée de l'air ukrainienne Oleksiy Mes lors d'u service commémoratif en son honneur jeudi 29 août. © Forces Aériennes Ukrainiennes



La perte de l'un des rares F-16 que l'Ukraine a reçus jusqu'à présent, soit une demi-douzaine d'appareils au total, et la mort de l'un de ses rares pilotes qualifiés pour les piloter, ont durement frappé le pays et suscité une controverse sur les raisons de cette catastrophe et sur la possibilité que la nature réelle de l'incident pourrait être dissimulée.


Le général Oleschuk a déclaré sur Telegram dans la matinée du vendredi 30 août : "Bien sûr, nous découvrirons les causes de cette catastrophe. Personne n'a rien caché et personne ne cache rien ! Tous les cadres supérieurs de l’armée ont immédiatement reçu un rapport sur la catastrophe. Nous avons également reçu un rapport préliminaire des partenaires européens et des États-Unis, qui participent déjà à l'enquête sur les causes de ce désastre".


"Les États-Unis participent à l'enquête", a-t-il ajouté. Les appareils F-16 sont conçus et produits par Lockheed Martin (anciennement General Dynamics), une société américaine, bien que les F-16AM/BM que l'Ukraine reçoit aient été assemblés en Europe. Quoi qu'il en soit, leur transfert avait dû être approuvé par les États-Unis.



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L'une des premières images officielles d'un F-16 ikrainien au départ pour une mission de combat. L’avion est configuré pour une mission de défense aérienne. © Ministère ukrainien de la défense



Le président Zelensky n'a pas donné de détails sur les raisons pour lesquelles il limogeait le général Oleschuk. Les commentaires de l'ancien commandant de l'armée de l'air que nous avons cités ont été faits en réponse à la déclaration d'un membre important du parlement ukrainien selon qui le F-16 du pilote Mes avait été abattu par un tir ami.


En effet, la vice-prĂ©sidente de la commission de la sĂ©curitĂ© nationale, de la dĂ©fense et du renseignement de la Verkhovna Rada (le Parlement ukrainien), Mme Marian Bezuhla a dĂ©clarĂ© jeudi 29 aoĂ»t: "Selon mes informations, le F-16 du pilote ukrainien Oleksiy "Moonfish" Mes a Ă©tĂ© abattu par un tir  de missiles antiaĂ©riens Patriot ukrainiens en raison d'un manque de coordination entre les unitĂ©s de combat".


Mme Bezuhla n'a fourni aucune preuve de son affirmation, que nous n’avons pas pu vérifier de manière indépendante. Dans son communiqué initial sur le crash, l'état-major général des forces armées ukrainiennes avait déclaré que : "Avec des unités de lancement de missiles antiaériens, les chasseurs F-16 des forces armées ukrainiennes ont été engagées pour repousser le barrage massif russe (NdT - du lundi 26 août où plus de 200 missiles et drones avaient été lancés par les russes sur l’Ukraine)".


M. Bezuhla a également soulevé des questions sur la manière dont les informations relatives au crash ont été analysées, suggérant que l'armée de l'air ukrainienne a tenté de dissimuler la véritable nature de l'incident. En effet, les autorités ukrainiennes n'ont confirmé la mort du pilote Mes dans l'accident qu'après que des médias, le Wall Street Journal notamment, ont rapporté cette nouvelle jeudi 29 août. Le Wall Street Journal citait une source anonyme qui avait indiqué que le crash était probablement le résultat d'une erreur de pilotage. Mais, depuis et selon CNN, cette affirmation a été contestée par les autorités ukrainiennes.


Mme Bezuhla continuait : "L'armée de l'air a essayé de garder le silence et de cacher les informations sur cette affaire jusqu'à ce qu'elles apparaissent dans des sources étrangères (…) cela dénote l'absence d'une enquête objective qui apporterait des conclusions objectives".


M. Polishchuk, le maire de la ville de Lutsk, dans le nord-ouest de l'Ukraine, a publiĂ© une dĂ©claration sur la mort de M. Mes.  Dans un premier temps, il a Ă©tĂ© rapportĂ© que le pilote Mes avait Ă©tĂ© tuĂ© au sol, lors d'une frappe de missile russe, tandis que d'autres affirmations suggĂ©raient qu'il aurait Ă©tĂ© tuĂ© aux commandes d'un MiG-29 et pas d’un F-16".
Le général Oleschuk a déclaré que la publication d'informations sensibles alors que le pays est en guerre contre la Russie posait un réel problème. Il a déclaré : "Les informations relatives à de tels incidents ne peuvent être diffusées immédiatement dans l'espace public et ne peuvent être détaillées pour les médias. C'est la guerre ici !" Mais cela n'a que peu d'importance pour ceux qui ont choisi, comme Mariana Bezhula, de les utiliser comme outil pour discréditer les hauts responsables militaires.


Au-delà de la perte d'un avion rare et précieux que les dirigeants ukrainiens réclamaient depuis longtemps, le crash a tué un visage de l'armée de l'air, le pilote Mes, l'un des premiers pilotes ukrainiens formés au pilotage des F-16. Sa mort survient presque exactement un an après celle d'un autre pilote ukrainien populaire, le major Andrii Pilshchykov, plus connu sous son nom de code : "Juice".


Le journaliste et auteur ukrainien Illia Ponomarenko, l'une des personnalités les plus connues de son pays, a déclaré qu'une enquête appropriée sur la mort du colonel Oleksiy “Moonfish” Mes, avec une participation internationale, est absolument nécessaire. Le commandement de l'armée de l'air vient de s'engager à la mener à bien. Ponomarenko déclare : "Nous attendons des réponses appropriées sur ce qui s'est passé et pourquoi". Nous avons contacté le Pentagone pour obtenir plus de détails sur son rôle dans l'enquête et sur le rapport préliminaire qui, selon M. Oleschuk, a été présenté.


Lockheed Martin a renvoyé les questions à l'armée de l'air ukrainienne. Dans un communiqué, Lockheed a déclaré : "Nous tenons à exprimer nos plus sincères condoléances à l'armée de l'air ukrainienne et à la famille du pilote. Nous sommes prêts à apporter notre soutien si nécessaire. Nous vous renvoyons à l'armée de l'air ukrainienne pour toute question ou information complémentaire".


Zelensky n'a pas mentionné ce qu'il adviendra de l'enquête maintenant que le général Oleschuk avait été remercié, mais il est quasiment certain qu'elle se poursuivra sans lui. Quelles que soient les causes de l'accident et les raisons du remplacement du général Oleschuk, il y a des leçons à tirer et de nombreuses questions auxquelles il va falloir apporter des réponses.



FIN









SECOND ARTICLE




LES SYSTEMES DE GUERRE ELECTRONIQUE DES F-16 UKRAINIENS ONT ETE SPECIALEMENT ADAPTES AUX MENACES RUSSES PAR L'USAF


Les États-Unis utilisent leur bibliothèque de menaces hautement confidentielle pour améliorer les chances de survie des F-16 ukrainiens et recueillir en retour des informations cruciales.


Par Joseph Trevithick, The War Zone, 26 août 2024



Article original en Anglais



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© Armée de l'air ukrainienne



Avant que l'armée de l'air ukrainienne ne reçoive son premier lot de chasseurs F-16, l'armée de l'air américaine avait commencé à l’aider à optimiser les systèmes de guerre électronique de ces avions de combat pour se défendre contre les menaces russes. Dans le cadre d'une collaboration continu, les Ukrainiens transmettent aux États-Unis toutes les données qu'ils recueillent en combat réel afin que les deux pays affinent et améliorent leurs capacités de guerre électronique. Ces avancées sont ensuite mises à la disposition d'autres alliés.


Le 68ème escadron de guerre électronique de l'armée de l'air américaine, situé sur la base aérienne d'Eglin en Floride, a dirigé l'effort de reprogrammation en collaboration avec ses homologues danois et norvégiens (NdT – Il s’agit du 68th EWS pour Electronic Warfare Squadron) Au début du mois d’août, l'armée de l'air ukrainienne a enfin présenté sa première tranche de F-16, qui comprend d'anciens exemplaires danois et néerlandais, dont certains au moins ont été vus dotés de pylônes spécialisés pour des systèmes d'autoprotection électroniques intégrés.



Vidéo YouTube – Les F-16 livrés à l'Ukraine sont équipés de nacelles de contre-mesures électroniques avancées pour leur autoprotection – Durée 12 min (en Anglais)



À l'heure où nous écrivons ces lignes, le Danemark et les Pays-Bas, ainsi que la Belgique et la Norvège, prévoient collectivement d'envoyer à l'Ukraine environ 91 chasseurs Lockheed Martin F-16AM/BM dans les années à venir. Ce chiffre inclut six autres appareils hollandais promis aujourd'hui même (NdT – le lundi 26 août). Une partie de ces appareils servira de sources de pièces détachées pour les autres. Des rapports indiquent également que la Grèce pourrait donner 30 F-16, des variantes C/D cette fois, à l’Ukraine, portant le total promis à 121 appareils.


Le 68ème escadron de guerre électronique de l’USAF a aujourd’hui indiqué dans un communiqué : "Avec le transfert des F-16 par le Danemark, la Norvège et les Pays-Bas à l'Ukraine, une nouvelle capacité de guerre électronique arrive dans le ciel de l'Ukraine". La capacité électronique en question n'est pas nommée, mais elle est décrite comme ne faisant pas encore partie de l'inventaire des forces aérienne américaines.


Comme nous l'avons déjà mentionné, au moins une partie des six premiers F-16 ukrainiens a été vue équipée de nacelles de guerre électronique développées par l’entreprise de défense danoise Terma. Cette société danoise produit des capteurs d'alerte d'approche intégrés qui peuvent être équipés de brouilleurs de guerre électronique, ainsi que de distributeurs pour les fusées et les paillettes de leurre. Les nacelles sont reliées à la suite informatique d'autoprotection interne de l'avion afin d'obtenir des effets synergiques. Il convient de noter que l’USAF avait dans le passé acquis des systèmes similaires pour ses F-16, mais sans mention expresse de brouilleurs intégrés.



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Image d'un F-16 ukrainien montrant qu'il est équipé de 4 AIM-9 et d'une nacelle Terma (encadrés en rouge) avec des fonctions d'autoprotection intégrées. Le médaillon en bas à gauche montre également le pilote portant un système de repérage visualisé porté sur son casque. © Ministère ukrainien de la défense



Quoi qu'il en soit, l'USAF reconnait que la méconnaissance du système de guerre électronique en question, ainsi que "le délai nécessaire pour optimiser ces systèmes de guerre électronique afin de respecter la date de livraison de l'aéronef", ont posé de sérieux problèmes aux spécialistes du 68ème escadron de l’USA.


Le communiqué de ce jour de l’USAF précise : "En s'appuyant sur les données fournies par le Danemark et la Norvège, puis en adaptant de nouveaux processus et de nouvelles approches au processus habituel, notre équipe a été en mesure de comprendre le système danois et de commencer son travail. Le 68th EWS s'est ensuite écarté des méthodes habituelles et a envoyé ses membres à l'étranger au Danemark, dans le laboratoire d'une industrie d’un pays partenaire, pour développer et tester le nouveau système en collaboration avec des coéquipiers de la coalition. En travaillant avec des nations partenaires, le 68th EWS a pu tester et vérifier les éléments uniques requis par les Ukrainiens et même améliorer les processus de reprogrammation du nouveau système pour toutes les parties".


Une source anonyme de la direction du 68th EWS nous a précisé que : "Il ne s'agit pas ici de notre procédure opérationnelle standard. Le fait que notre équipe ait pu comprendre le système danois en seulement deux semaines, se rendre dans le pays avec un partenaire pour développer le meilleur fichier de données de mission jamais réalisé est vraiment inédit et est dû aux compétences de l'escadron".


Les détails spécifiques de la reprogrammation n'ont pas été fournis, mais pour que les systèmes de guerre électronique fonctionnent le plus efficacement possible, ils doivent être en mesure de détecter avec précision, de classer et de répondre aux formes d'onde en utilisant les données référencées dans leur bibliothèque de menaces intégrée. Les opérateurs de radars de défense aérienne et d'autres émetteurs ont donc depuis longtemps recours à des tactiques telles que la commutation entre différents modes de fonctionnement, le saut de fréquence et/ou d'autres actions visant à modifier leur signature électronique de sorte que leur vulnérabilité aux attaques de guerre électronique soit considérablement réduite.


De leur côté, les systèmes de guerre électronique doivent être régulièrement reprogrammés pour mettre à jour leurs banques de données afin de répondre à l'évolution constante des menaces. Les bibliothèques de menaces de guerre électronique dont disposent les forces américaines constituent l'un des plus grands avantages dont elles disposent. Dans le cadre des travaux sur les capacités de guerre électronique dites cognitives, l'armée de l'air américaine et d'autres branches de l'armée américaine s'efforcent également d'automatiser de plus en plus et d'accélérer divers aspects du processus de reprogrammation, y compris la capacité d'effectuer rapidement des mises à niveau, notamment pour les unités déployées à l'avant ou même pour les avions de surveillance en vol. Les suites de guerre électronique capables de s'adapter de manière autonome en temps réel, même en cours de mission, constituent le Saint Graal absolu du concept.



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Des contractants privés au sein du 68th EWS préparent le laboratoire d'essai du système intégré de défense avancée de guerre électronique. Les membres de l'Advanced Systems Flight du 68th EWS travaillent en étroite collaboration avec leurs clients étrangers pour faciliter les exigences futures afin que leurs données de mission puissent être adaptées à l'environnement de menace en constante évolution et définir les besoins du client pour construire les futurs produits. © USAF



L'année dernière, le colonel Craig Andrle de l'USAF, aujourd'hui à la retraite, dont la dernière affectation était celle de commandant de la 388ème escadre de chasse, a fait part à la revue Air Force Times d'une anecdote particulièrement pertinente sur le fonctionnement et l'importance du processus actuel. À l'époque, les F-35A affectés à son escadre venaient de rentrer d'un déploiement en Europe où ils avaient effectué des patrouilles près de la Russie.


Le colonel Andrle nous dit : "Nous étions en train de suivre le vol d’un missile sol-air SA-20 Gargouille tiré par un système SA-300 russe. Les renseignements de nos contre-mesures indiquaient que c’était un SA-20, mais soudain mon avion ne l'identifie plus comme tel … car ce SA-20 s’était mis à fonctionner en mode de réserve de guerre, ce que nous n'avions jamais vu auparavant … Le F-35 a signalé l'objet et ses anomalies aux troupes qui ont mis à jour mon système de bord en rechargeant les nouvelles données dans la bibliothèque de référence de mon F-35. Après cela, les avions de l'OTAN reconnaissaient cette nouvelle signature électronique et savaient ce qu'ils voyaient et comment le géolocaliser".



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La suite de guerre électronique du F-35 est déjà extrêmement puissante, bien plus que les capacités que l'on trouve sur les F-16 d'occasion de l'Ukraine, et dispose d'une capacité secondaire impressionnante pour collecter et fusionner des renseignements électroniques. Ces données sont également hautement classifiées, ce qui limite les personnes avec lesquelles le gouvernement américain peut les partager et les endroits où le travail de programmation peut être effectué physiquement, et c'est là qu'interviennent des unités comme le 68th EWS. Cet escadron est un point central pour la reprogrammation de la guerre électronique, non seulement au sein de l'armée de l'air américaine, mais aussi dans l'ensemble de l'armée américaine et en soutien aux alliés et partenaires étrangers. En 2022, cette unité gérait globalement les données de mission ou la reprogrammation de plus de 70 systèmes dans plus de 40 pays.



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Un militaire du 16ème escadron de guerre électronique, une autre unité liée à la 68th EWS, analyse des signaux de radiofréquence dans un des laboratoires de la base aérienne d'Eglin, en Floride (Cette photo a été modifiée pour des raisons de sécurité en rendant floues certaines parties des écrans). © USAF



Le partenariat de guerre électronique entre les États-Unis et l'Ukraine ne s'arrêtera pas non plus à la reprogrammation des systèmes des F-16 livrés à ce pays. Selon le communiqué de l’USAF : "L'Ukraine étant désormais considérée comme un cas officiel de vente militaire à l'étranger (ou FMS pour Foreign Military Sales), le 68th EWS fournira des capacités de reprogrammation basées sur le retour d'information des Ukrainiens. Traditionnellement, le retour d'information des dossiers FMS provient des environnements d'entraînement ; ce dossier fournira des données obtenues au combat afin d'améliorer ses capacités".


Comme c'est souvent le cas pour les F-16 ukrainiens, il est important de souligner que la reprogrammation par l'armée de l'air américaine de leurs systèmes de guerre électronique ne leur permettra pas de fonctionner parfaitement contre toutes les menaces. Néanmoins, ils pourraient offrir un avantage décisif en termes de capacité de survie de l'armée de l'air ukrainienne, qui opère dans l'un des environnements de défense aérienne active les plus denses que nous ayons jamais vus.
La source anonyme du 68th EWS a ajouté que : "Un F-16 équipé d'une ce ces nacelles de guerre électronique reprogrammé par nos soins ne permettra pas à lui seul de dominer l'espace aérien ukrainien, mais il pourra lui donner une poche de supériorité aérienne pendant un moment pour atteindre un objectif qui a une importance et un impact stratégiques. Dans un conflit où des partenaires coalisés multiples agissent simultanément, il faut que tous les partenaires de la coalition opèrent avec le même cahier des charges afin de pouvoir dominer le spectre".


Comme nous l'avons souligné à plusieurs reprises, il faudra également des années à l'armée de l'air ukrainienne et à ses pilotes pour tirer pleinement parti de ce que les F-16 ont à offrir. Dans le même temps, les F-16 apportent déjà à l'armée de l'air ukrainienne une série de capacités nouvelles et améliorées, notamment en matière d'armement et de guerre électronique, qui vont au-delà de ce que ses avions de combat de l'ère soviétique peuvent offrir. Les livraisons de nouveaux types de munitions à distance de sécurité qui pourraient équiper les F-16 ukrainiens, y compris éventuellement des missiles de croisière AGM-158 Joint Air-to-Surface Standoff Missile (JASSM), pourraient déjà se profiler à l'horizon.


Les F-16 sont également capables de transporter diverses capacités en nacelle, notamment la version de la nacelle de désignation laser AN/AAQ-33 Sniper ATP récemment dévoilée par Lockheed Martin, qui peut servir de plaque tournante pour des "network d’abattage" qui conviendrait parfaitement aux besoins de l'Ukraine (NdT – réseaux d’abattage pour Kill Webs).
Si les F-16 ne constituent pas une solution miracle pour l'Ukraine, nous savons désormais que l'armée de l'air américaine a contribué à la programmation des systèmes de guerre électronique embarqués sur ces F-16 afin qu'ils soient aussi performants que possible face aux menaces russes. Les données supplémentaires recueillies, ainsi que les autres enseignements tirés de l'utilisation des systèmes d'autoprotection du F-16, devraient constituer un atout majeur pour les deux pays à l'avenir.




FIN


ouaf ouaf ! bon toutou !!

Hors ligne

#2 [↑][↓] 04-09-2024 14:41:55

Henry
Membre
Lieu : CĂ´tes d'Armor
Inscription : 19-11-2010

Re : [RĂ©el] Perte du premier F-16 ukrainien vue des USA

Encore une fois merci Philippe pour cet article d'actualité


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