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Samedi 18 août,
La journée ne s’annonce pas géniale. Cela fait déjà deux jours que la masse d’air se tasse sur elle-même, et que les thermiques se font de plus en plus rares et de plus en plus ténus. Hier, l’école n’a été possible que grâce au Marin qui a soufflé toute l’après-midi, et malgré le vent il était difficile d’atteindre une altitude correcte pour les leçons.
Pendant le repas de midi, une cellule orageuse se développe assez rapidement au Sud du terrain, mais elle est relativement éloignée. On surveille son évolution pendant tout le repas, mais elle ne semble pas vouloir se rapprocher de trop. Les procédures « coup de vent au sol » sont abordées entre le fromage et le dessert, en plaisantant sur le fait que c’est peut-être le jour pour travailler la pratique. L’avenir nous montrera que c’était une très bonne idée d’aborder le sujet…
Le repas terminé, on tire au sort pour désigner un instructeur volontaire pour tâter la masse d’air. Le temps est gris, le marin assez faible. Je suis désigné volontaire pour partir en remorqué avec le Québec Alpha. Je ne m’attends pas à trouver grand-chose, les thermiques sont HS à cause du voile en altitude (en fait l’enclume du CB qui monte) et le vent est plutôt léger pour espérer quoi que ce soit. Mathieu est désigné volontaire d’office pour ce vol, aillant déjà fait un remorqué avec moi ce sera l’occasion d’approfondir la chose. J’envisage même de voir les positions inusuelles au remorqué, étant donné que ce dernier risque d’être assez long.
Installés et brêlés, je rappelle à Mathieu quelques bases du remorquage, notamment le découplage des commandes au sol. Le remorqueur met en puissance, on accélère tranquillement quand l’aile droite « tombe » d’un coup. Bon réflexe de l’élève qui corrige immédiatement aux ailerons et tient la machine horizontale. Le Québec Alpha décolle et se stabilise un peu bas derrière le remorqueur. J’indique une correction à Mathieu qui s’exécute immédiatement. Le remorqueur décolle à son tour, et commence alors une partie de flipper entre nous et… le vent ?! Le K-13 commence à être un peu secoué. Je sermonne le pauvre Mathieu sur sa tenue machine, lui demandant de se battre un peu plus, quand on prend un méchant coup sous l’aile gauche, engendrant une inclinaison non négligeable, surtout à cette hauteur et en remorqué !
On n’est pas trop de deux sur les commandes pour remettre l’ASK-13 dans le droit chemin. Visiblement on n’est pas les seuls à subir la colère d’Eole, le remorqueur semble lui aussi se battre contre une force invisible. Un coup d’œil à la manche à air me laisse perplexe, le petit marin (Sud-Est 10 – 15km/h) c’est transformé en tempête de vent d’Ouest (j’estime 50km/h au sol) !! Dans la foulée on reprend plusieurs coups de pieds aux fesses, et je vois Mathieu, pourtant bien sanglé, faire des bons en place avant. Finalement un de ces coups nous fera tous les deux taper la verrière ! La câble se détend complètement et commence à passer sous l’aile droite. Craignant qu’une nouvelle turbulence nous enroule le câble autour de l’aile ou de l’empennage, je décide d’arrêter le massacre et de larguer.
Virage à gauche pour récupérer l’axe de la piste et du vent, et le vario saute en butée positive. Québec Alpha est littéralement aspiré vers le haut, et je note un gain de cent mètres en quelques secondes. Les échanges radios indiquent que le remorqueur se débat pour tenter de poser. Il enchaîne deux tours de pistes sur les deux QFU. La situation étant temporairement sous contrôle de notre côté (face au vent le planeur n’avance plus, et le vario moyen reste positif) je décide de prendre le temps de voir comment les choses évoluent et de laisser la voie libre au remorqueur. Mais encore une fois, Eole en décidera autrement, et quelques secondes plus tard, la masse d’air qui semblait jusque-là aspirée en altitude, se retrouve projetée vers le sol à une vitesse considérable, et le pauvre K-13 n’a d’autre choix que de suivre le mouvement…
Nouvelle annonce radio pour indiquer que le Québec Alpha se pose immédiatement, en laissant cependant de la place au remorqueur. Avec un vent pareil, inutile d’envisager s’aligner sur la piste, c’est le vent qui domine, c’est donc lui qui fixe l’axe de la finale. Le nez par terre pour garder du badin j’envoie Québec Alpha au-dessus des champs à l’Est de la piste afin de faire une finale à 45° entre l’axe de piste et celui du vent. La seule angoisse est de prendre un méchant coup en finale comme au remorqué et de taper par terre avec le saumon d’aile. Finalement la finale se déroule plutôt bien, et le K-13 est posé sans soucis au seuil 32. Mathieu à bien écouté la conversation du repas, et applique de suite les bons gestes en cas de coup de vent au sol : rester dans la machine, aérofreins dehors et manche a piqué.
Les planeurs sont rentrés dans les hangars en quatrième vitesse, et un pauvre KA-8 verra son saumon exploser contre un coin de hangar…
J’avais pour ma part déjà subit de genre de coup de vent en approche, de retour d’un long vol, mais j’avoue que ce type de situation est toujours enrichissant. On se rend compte après coup qu’il y a toujours une solution pour que ça se passe bien, mais que l’on a vraiment très peu de temps pour la choisir. Le planeur ajoute au challenge, car une fois la décision prise, impossible de changer d’avis, aucune remise de gaz possible.
A priori, ce coup de vent a été déclenché par la cellule orageuse au Sud du terrain, mais sans qu’il soit réellement possible de l’anticiper : la cellule était éloignée et peu active (pas de pluie, pas d’éclairs), et le coup de vent est arrivé en quelques seconde, sans signes avant-coureurs.
L’élève n’est absolument pas traumatisé et ne demande qu’à revoler. Ça en fait un qui a compris par l’expérience que l’aérologie peut être totalement imprévisible, et qu’un aéronef quel qu’il soit (le remorqueur avec ses 235ch a eu autant de mal que nous à rentrer) reste une feuille « morte » dans le vent… Il est « amusant » de noter que pas mal de personnes au sol ont finalement eu plus peur que nous, trop occupés que nous étions à rester maîtres de la machine !
Ci-joint la vidéo brute de décoffrage de ce vol plutôt court. Je regrette seulement que le grand angle de la GoPro amoindrisse un peu les inclinaisons.
Bons vols !
Dernière modification par n666eo (19-08-2012 09:41:01)
T.
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La vache!!
Ca c'est du coup de pied aux fesses!!
Jerry
Blog: Keep calm, and aviate!
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Salut,
Une belle expérience qui montre que nous ne sommes jamais sur à 100% des conditions météos et qu'il faut toujours avoir un plan B et ou être capable de faire face à l'imprévu !!!
Merci pour la séance très instructive...
Amic'
Adrien
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Salut NEO
au décollage tu as bien tassé le repas bonne maitrise, avec cette aérologie .
Neptune
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Sympa !!!
Les orages, (et les fronts d'orages), c'est en effet violent et assez imprévisible... Déjà connu cela une ou deux fois en avion moteur et en voile...
Je ne me souviens plus, tu voles ou ?
A+, Antoine
Mon blog : http://blog.arogues.org
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Merci Ă tous pour vos commentaires ! :)
@Antoine : Je vole à Puivert, au pied des Pyrénées.
Bons vols !
T.
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A trop bouffer on choppe le hoquet ! bonne leçon de vol à voile!
Allons nous baigner dans le ciel!
Bons vols par tout ATIS !
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Merci Ă tous pour vos commentaires ! :)
@Antoine : Je vole à Puivert, au pied des Pyrénées.
Bons vols !
C'est bien ce que je pensais, si je me remets au planeur, je viendrais peut être par la... J'avais beaucoup hésité entre Puivert et Saint Girons, et choisi St Girons pour la proximité de Toulouse, mais bon...
A+, Antoine
Mon blog : http://blog.arogues.org
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n666eo a Ă©crit :Merci Ă tous pour vos commentaires ! :)
@Antoine : Je vole à Puivert, au pied des Pyrénées.
Bons vols !
C'est bien ce que je pensais, si je me remets au planeur, je viendrais peut être par la... J'avais beaucoup hésité entre Puivert et Saint Girons, et choisi St Girons pour la proximité de Toulouse, mais bon...
Puivert est à 1h30 de Toulouse sans passer par l'autoroute. Ambiance bon enfant voir gros délires garantie ! Après c'est pas le terrain idéal pour tenter le 500km, la cuvette pose quelques soucis au départ et à l'arrivée des vols, mais on y arrive quand même !
Bons vols !
T.
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Je découvre ta vidéo que maintenant, très impressionnant la montée,
merci Thomas pour ce partage,
peut ĂŞtre Ă samedi Ă LFMW
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resalut, j'en ai profité pour voir tes autres videos et sur celle du LS3 http://www.youtube.com/watch?v=yUW86Ko4YCk&feature=relmfu pourquoi y'a t'il autant de vario ? un normal, un mac cready, et le reste? Gmètre?). de beaux vols !
Dernière modification par djije (22-08-2012 10:05:49)
Allons nous baigner dans le ciel!
Bons vols par tout ATIS !
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resalut, j'en ai profité pour voir tes autres videos et sur celle du LS3 http://www.youtube.com/watch?v=yUW86Ko4YCk&feature=relmfu pourquoi y'a t'il autant de vario ? un normal, un mac cready, et le reste? Gmètre?). de beaux vols !
Alors il y a un Winter standard, un intégrateur (vario moyen sur 30 ou 60 secondes) un vario électrique amorti (1 à 3 secondes) et un vario de croisière (en fait il ne donne pas de taux de montée, mais si je dois voler plus vite ou moins vite en fonction du vario en temps réel et du réglage du Mc Cready).
Le Winter est indispensable, l'électrique amorti sur 1 seconde est pratique, l'intégrateur c'est pas mal dans les thermiques, le vario croisière est un peu gadget. Dans tous les cas aujourd'hui on sait faire tout ça sur un seul instrument...
T.
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pff, y'a mĂŞme pas youtoube sur tes ecrans ...
Allons nous baigner dans le ciel!
Bons vols par tout ATIS !
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