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Bonjour,
J'ai souhaité partager avec vous ce petit récit, en provenance du blog de la KLM, sur le pourquoi et le comment de l'achat d'un avion classique: un DC-4. Je traduis de l'anglais un message posté aujourd'hui même par le Cdt Lars den Hartigh de la KLM.
“Maman, j’ai acheté un avion ancien »
Posté par le Commandant Lars den Hartigh à 09:30 le 28 Octobre 2015
Bon, revoyons ce titre. En fait, la Fondation Flying Dutchman a acheté un Skymaster. "Penser à acheter mon propre avion quand j’aurais 30 ans" n’est peut-être pas la première chose qu’on inscrit sur sa liste de souhaits, mais laissez-moi vous dire comment je l’ai fait et ce qu’en a dit ma maman quand elle a appris la bonne nouvelle ...
A l’automne 2013, j’ai appris par la bande qu’un Douglas DC-4 était à vendre. Bon, le DC-4 est un avion vraiment dingue. Sous son petit nom de « Skymaster » (le Maître du Ciel), la KLM en acquit plusieurs à la fin de la seconde guerre mondiale pour rebâtir son réseau. Le DC-4 « Rotterdam » effectua la liaison Amsterdam-New York dès 1946. Le « 4 » néerlandais est bien connu grâce à une photo prise de lui survolant Manhattan lors de l’inauguration de la première liaison transatlantique d’après-guerre (NdT : en fait Air France a inauguré la première liaison commerciale entre Paris et New York, baptisée « Ligne du Ruban Etoilé » via Shannon (Irlande) et Gander (Terre Neuve), en 23 heures et 45 minutes à une vitesse moyenne de 305 km/h avec le DC-4 (F-BBDJ) « Ciel Ile de France »).
Etre un pilote c’est une partie de nous-mêmes
Quand on me demande ce que je fais pour vivre, je me surprends moi-même à répondre: je suis un pilote. Être un pilote c’est une chose que les gens ressentent tout de suite avec passion de sorte que ça devient très vite une partie de nous-mêmes, pas simplement un travail.
Les avions ce ne sont pas simplement des objets pour nous, on aime à leur donner un nom. C’est pour cela, lorsque j’ai appris qu’un Skymaster était en vente, que j’ai voulu tout faire pour le sauver de la casse. Je me suis donc mis tout de suite à chercher comment faire pour l’acheter. Il faut bien l’avouer, je n’en avais pas le moyens ! Non seulement je n’avais pas l’argent, mais je ne savais pas du tout comment m’y prendre.
Trouver des amis qui partagent votre enthousiasme
Je me souviens très bien de ce qui c'est passé quand j’ai acheté ma première voiture. Je suis allé chez un concessionnaire, j’ai discuté le bout de gras avec un vendeur, j’ai essayé une des voitures en vente, après quoi j’ai négocié le prix avec le vendeur. Et voilà ! Je me disais qu’acheter un avion ne devait pas être tellement différent...
Et donc, la première chose que j’ai faite, c’est réunir des personnes décidées à acheter cet avion. Coup de bol, trois de mes plus proches amis sont autant passionnés d’aviation que moi. Anne Cor, Martin et Ton furent très content de se joindre à moi. Anne Cor et Martin sont des pilotes professionnels eux aussi (le premier est retraité). Ton possède sa propre société d’entretien et maintenance d’avions. Tous les quatre nous devînmes partenaires égaux dans cette entreprise.
Quel est le prix d’un avion ?
Combien devrions-nous débourser? Le Skymaster que nous voulions n’était pas vraiment un avion récent, il était sorti de la chaîne de montage en 1946. Si un peu plus de mille DC-4 ont été construits, seule une petite dizaine reste en état de vol. Du coup, ce DC-4 là que nous voulions était une chose rare ... et les choses rares sont généralement plutôt chères.
C’est alors qu’on découvrit que la valeur d’un avion ancien dépend très fortement de où ils en sont de leur maintenance et si celle-ci a été régulière. Une inspection de maintenance notamment, appelée A-Check, est effectuée une fois toutes les quelques semaines et immobilise l’avion de un à deux jours. Le C-Check est une autre inspection de maintenance, beaucoup plus contraignante. Sur un DC-4, le C-Check doit être effectué toutes les 400 heures de vol, elle prend quelques semaines. L’inspection la plus en profondeur est le D-Check. A cette occasion, l’avion est pratiquement mis à nu et démonté. Elle dure plusieurs mois et doit être effectuée tous les 10 ans.
Un petit échantillon des manuels nécessaires à la maintenance d’un DC-4.
La maintenance fait le prix
Jurriaan, un des collègues de Ton, qui est un ingénieur en maintenance, se mit à regarder l’historique de la maintenance du DC-4 que nous convoitions. Pour cela, il se rendit à Johannesburg, où ce DC-4 était parqué, et, là , il a du se mettre à lire et relire BEAUCOUP de manuels différents.
Pas de chance. Le DC-4 visé devait bientôt faire un D-Check. Un tel entretien est très couteux parce qu'il demande beaucoup de travail à plusieurs personnes pendant de longues semaines. Mais chaque chose a un bon côté. Comme l’avion était vendu avant un D-Check, il était abordable bien que coûtant bien plus à lui tout seul que le total de nos quatre voitures, pourtant pas données. Nous pouvions donc l’acheter, en laissant de côté pour le moment la perspective du coût de maintenance. On s’enquiquinerait avec le D-Check à faire plus tard...
La plus grosse chose que j’ai achetée
Tout en gardant quelque part dans nos têtes qu’il faudrait bien en passer par un D-Check tôt ou tard, nous négocièrent un bon prix. Le temps passait pendant ces « négociation » et lorsque finalement vint le temps de l‘achat, c’était aussi celui du D-Check. On établit rapidement la Fondation Flying Dutchman, ça n’a jamais été une bonne idée que quelques personnes se partagent la propriété d’un avion de ligne. La transaction s’acheva par l’échange quelque peu solennel du titre de propriété (un peu comme dans l’achat d’une maison je suppose).
Martin, moi, les trois vendeurs, et, tout à droite, Anne Cor qui sert la main à l’un des vendeurs. Les feuilles échangées sont le titre de propriété du DC-4.
Maintenant si je regarde en arrière ce moment où le DC-4 devint notre propriété, je ne comprends pas bien encore ce qui s’est passé. Quelques jours seulement avant mon 30ème anniversaire, j’étais le copropriétaire d’un avion et pas n’importe lequel, un DC-4, la plus grosse chose que j’ai jamais achetée. Quand je l’ai dit à ma maman, et bien tout ce qu’elle trouva à me dire et à répéter : « Mais, mon chéri, c’est bien un modèle réduit, non ? »
Et c’est à ce moment que commença une incroyable histoire. Aujourd’hui, nous en sommes, avec un groupe de passionnés, à travailler à remettre en l’air cette beauté. Nous avons lancé une campagne de crowd-funding. Notre but ? Rien de moins que de faire revivre la route Amsterdam-New York en DC-4 Skymaster comme un hommage à l’histoire de l’aviation commerciale.
Mais, bon, avant ça, il faut le refaire voler ...
Lars den Hartigh, l’auteur
Je suis un fan d’aviation. Je pilote les Embraer 190 un peu partout en Europe pour la KLM Cityhopper. Quand je ne suis pas aux commandes d’un Embraer, je suis aux commandes de la Fondation Flying Dutchman ... en fait, j’aimerais que tout le monde soit aussi dingue des avions que moi !
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Super récit, merci beaucoup pour la traduction, dû être long
Dernière modification par faux-avion (29-10-2015 10:23:13)
L'hélice devant l'avion est un gros ventilateur conçu pour garder le pilote au frais. Lorsqu'il s'arrête, vous commencerez à avoir chaud... Il est donc important de le faire fonctionner en permanence durant le vol.
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