Vous n'êtes pas identifié(e).
Bonjour chers amis,
Une nouvelle traduction d'un post récent (du 19 septembre) sur le blog professionnel de la KLM.
J'espère que cette histoire vous intéressera ... c’est celle des débuts de l'aéroport (ooops l'aérodrome!) de Schiphol.
Bonne lecture!
Je recommande sur ce sujet du centenaire de Schiphol, l'excellente vidéo postée sur pilote-virtuel par vbazillio tout récemment dans son post: "Amsterdam Schipol de 1916 à 2016" ici.
Philippe
Les dix premières années de l’aéroport de Schiphol
Posté par Frido Ogier le 19 Septembre 2016
“Alors, comment ça va à Schiphol en ce moment?” Tout employé de la KLM entend souvent cette question anodine, or le siège de la KLM est localisé à Amstelveen, juste à côté de l’aéroport de Schiphol. Je comprends bien que les personnes associent la KLM à Schiphol, cela illustre particulièrement bien le lien nécessaire entre toute compagnie aérienne et un aéroport principal, le fameux « hub ». La KLM va sur ses 100 ans, et Schiphol célèbre son centenaire cette semaine ! La semaine dernière, l’aéroport de Schiphol a obtenu une distinction suprême ici aux Pays-Bas, il a été reconnu comme aéroport royal : « de Koninklijk Schiphol » !
C’est presque impossible de résumer un siècle entier dans les quelques lignes d’un blog. Je ne vais pas m’y risquer. Je préfère me cantonner aux dix premières années de l’aviation civile à Schiphol, et c’est déjà beaucoup. Mais les résumer me semble bien plus accessible, alors essayons. Ce furent des débuts bien simples, dans de belles prairies herbeuses à souhait.
1921: le biplan De Havilland DH-9B immatriculé H-NABO au départ d’un Schiphol embrumé. Cet appareil, une reconversion civile d’un bombardier biplan de la Première Guerre, transportait 1 pilote et 2 passagers.
Maaldrift
L’aéroport de Schiphol fut bien près d’être établi à un autre endroit. Et il s’en est fallu de bien peu qu’on parle aujourd’hui de l’aéroport international de Maaldrift. Le directeur de la toute nouvelle KLM, Albert Plesman, s’intéressait à un grand terrain situé près du hameau de Maaldrift, non loin de La Haye. Pourquoi La Haye ? Parce que c’est la ville où siège le gouvernement des Pays-Bas, bien qu’Amsterdam soit la capitale. Et aussi, parce que s’y trouvait déjà implanté un petit aérodrome militaire qui avait servi pendant la Première Guerre Mondiale.
Et, de fait, c’est sur cet aérodrome de Maaldrift que les premiers vols d’entraînement des tout nouveaux pilotes de la toute nouvelle KLM eurent lieu en 1919. Albert Plesman envisageait alors d’établir une ligne aérienne, la première de la KLM, vers Londres à partir de Maaldrift. Il y voyait deux avantages. Le premier c’est que Maaldrift est dans la banlieue proche de La Haye, ville où siège le gouvernement hollandais. Le second, c’est que le siège de la KLM, qui consistait alors en deux petites pièces et quatre employés, était à aussi situé à La Haye.
La route d’accès à l’aérodrome était alors un simple chemin recouvert de gravier.
Des pâtures marécageuses
D’autres influences intervinrent alors sur le choix de l’aéroport, celles de la métropole des affaires, Amsterdam. Les hommes d’affaire voulaient un aéroport près de leurs bureaux. Il se trouve que, depuis 1916, un petit aérodrome militaire se trouvait à Haarlemmermeer, pas loin d’Amsterdam. C’était alors un espace à peu près plat, recouvert d’un joli pré bien verdoyant avec, dans un coin, deux petits hangars. Ceci dit, tous les aérodromes hollandais de l’époque étaient sur ce même modèle. Cet aérodrome devait devenir plus connu sous le nom de Schiphol.
C’est à ce moment que la KLM signa son premier gros contrat, un contrat de transport postal, mais soumis à une clause conditionnelle : tous les vols devaient partir impérativement d’Amsterdam. Entre temps, le Ministère de la Guerre Hollandais avait ouvert l’aérodrome d’Harlemmermeer-Schiphol à l’usage civil. La KLM pouvait donc s’en servir comme base. A côté des deux hangars en bois de l’armée, un nouveau bâtiment en dur fut érigé pour les vols civils.
Le premier bâtiment de la KLM à Schiphol: une simple cabane en bois.
Au cours de sa première année d’utilisation, en 1920, Schiphol accueillit un total de 440 passagers. Ce nombre allait suivre une progression continue les années suivantes, non seulement suite au développement de la KLM mai aussi grâce aux autres compagnies aériennes qui allaient choisir Amsterdam comme escale de leur réseau.
Le nouvel aéroport de Schiphol à ses débuts n’était pas l’un des lieux les plus accueillants qu’on puisse attendre. Le sol était composé d’une terre lourde qui pouvait rapidement devenir marécageuse. Tellement marécageux, qu’il n’était pas rare, à cette époque, de voir les employés de la KLM et des passagers se retrousser les manches pour aider un avion pris dans la boue à se désembourber. Les pilotes français l'appelaient, eux, « Schiphol-les-Bains », parce qu'un avion Farman Goliath s'y était enfoncé dans la boue. Mais le rapport annuel de la KLM de 1924 commence par ces mots : « Si Schiphol est l’un des plus importants aéroports du monde, il est devenu aussi l’un des pires. Les sols marécageux de l’aéroport sont très gênants pour son exploitation».
Ce n’est que deux ans après cet amer constat qu’un effort financier fut consenti pour remédier aux « sols marécageux » de Schiphol.
Le café-restaurant de la KLM à Schiphol dans les années vingt.
Enfin, des commodités modernes
Dans les années vingt, la KLM fit construire, près de la petite aérogare, un café-restaurant qui possédait une très agréable terrasse avec une belle vue sur le pré servant aux atterrissages. Du coup, des personnes de plus en plus nombreuses venaient à l’aéroport non pas pour prendre un avion, qui restait l’apanage des gens fortunés, mais juste pour passer une journée tranquillement à regarder les avions aller et venir.
Le 1er Avril 1926, la ville d’Amsterdam signa avec le Gouvernement Hollandais la cession de l’aéroport de Schiphol à la ville par l’état. Et c’est de ce moment que toutes les difficultés précédentes furent levées.
Dans le courant de 1926, les fameux sols bourbeux furent remplacés par une piste en béton qui fut reliée à l’aérogare par des voies bétonnées. Du coup, plus aucun avion ne s’embourba. La même année, une ligne budgétaire fut prévue pour l’installation dans les mois à venir de lumières électriques de piste et de réservoirs de carburants souterrains ainsi que de plusieurs points de livraison du carburant aux avions. On le voit, ce furent beaucoup d’amélioration en peu de temps.
L’intérieur du restaurant de la KLM à Schiphol dans les années vingt.
Fin 1927, la première pierre d’un nouveau terminal fut posée. Ce nouveau bâtiment fut fin prêt pour les Neuvièmes Olympiades, à Amsterdam du 28 Juillet au 12 Août 1928. Durant les deux années précédentes, ce n’était pas seulement les installations de l’aéroport qui étaient améliorées mais aussi les routes d’accès depuis Amsterdam. De gravier, elles furent recouvertes de macadam si bien que les passagers et les visiteurs de Schiphol n’étaient plus obligés de suivre des sentiers boueux pour aller à l’aéroport.
Si se déplacer en avion n’était alors réservé qu’à une petite poignée de privilégiés, aller à l’aéroport devenait assez commun, ne serait-ce que pour y passer quelques heures durant son weekend. En une petite dizaine d’années, les débuts hésitant d’un pré entouré de petits hangars avait abouti à un aéroport moderne prêt pour entrer de plein pied dans les années trente.
Des passagers au carrousel Ă bagages de Schiphol en 1928.
Effrayant
Tout passager qui aujourd’hui transite à Schiphol aurait un peu de mal à imaginer ce que furent les débuts de cet aéroport. Au tout début, du temps des prés boueux, un passager de la KLM prenait un petit car spécial Place de Leidseplein dans Amsterdam. Puis, très vite, le car quittait la route bituminée pour cahoter dans un chemin riches en nids de poule qui allait à travers champs avec, ici et là , des petites cabanes en bois, des bosquets d’arbres et, plus étonnant, des petites étendues d’eau stagnante. Dans toute activité humaine, commencer est souvent facile, persévérer est plus difficile. Ce fut le cas pour Schiphol aussi très certainement. Néanmoins, les passagers aventuriers du début tinrent bon.
Les dix premières années de Schiphol correspondent à un profond changement dans le transport aérien. En fait, le transport aérien évolua alors de quelque chose d’assez effrayant comportant pas mal d’inconnues à quelque chose qui ressemblait plus à une norme nouvelle. Quand quelqu’un dans l’aérogare demandait si les passagers arriveraient, on pouvait enfin leur répondre « oui » avec une certaine confiance. Et toujours plus de passagers allaient venir.
L’auteur : Frido Ogier
ouaf ouaf ! bon toutou !!
Hors ligne