#1 [↑][↓] 25-10-2016 08:01:01

philouplaine
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[RĂ©el] L'origine de la Classe Eco

L’origine de la Classe Eco


Au tout début de l’aviation commerciale, il n’y avait qu’une seule classe à bord des avions. Un siège était un siège. C’était très cher. Tout changea en 1952 quand la KLM, la première, introduisit un nouveau concept commercial : la Classe Touriste. Puis en 1958, sur la recommandation de l’IATA, la KLM introduisit une nouvelle extension à ce concept avec la Classe Economique, ou Classe Eco (NdT : La toute première compagnie aérienne à introduire une Classe Eco ou « Coach » a été en fait Capital Airlines qui fin 1948 introduisit cette classe sur un DC-4 qui effectuait la ligne Chicago-New York. Le ticket aller coûtait alors 29.6 USD contre 44.10 en classe habituelle). Quelle était alors l’offre ? Et pourquoi ces nouvelles classes furent-elles proposées aux voyageurs?


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La Classe Touriste en 1952

Il y eut d'abord la Classe Touriste de la KLM

Les années de l’immédiat après-guerre furent celles de la reconstruction des compagnies, reconstruction de la flotte, du réseau et des finances. Au début des années 50, cette reconstruction était terminée et une demande plus importante de mobilité commençait à émerger. Le prix d’un siège à bord des avions commerciaux était toujours très élevé mais les avions étaient aussi de plus en plus grands. C’est la raison pour laquelle plusieurs compagnies affiliées à l’IATA (l’association internationale des compagnies aériennes) décidèrent de rendre le voyage aérien plus accessible. Une nouvelle classe de voyage fut introduite, avec des billets coûtant un tiers de moins que le billet habituel, avec un service à bord simplifié par rapport au service habituel. Cette classe fut introduite sur les lignes de l’Atlantique Nord entre l’Europe et les Etats-Unis.

A bord de cette nouvelle classe, le thĂ©, le cafĂ©, les chewing-gums et les douceurs Ă©taient gratuits, mais le passager devait payer son repas en supplĂ©ment de son billet. Des sacs-repas Ă©taient disponibles Ă  bord moyennant finance. Le contenu de ces boĂ®tes-repas Ă©tait variable : allant du mĂ©lange Ĺ“ufs-mimosas et salade de tomates Ă  un mĂ©lange jambon-asperges, ou bien encore une assiette de viandes froides, ou alors une salade italienne, le tout accompagnĂ© de pain et de fruits frais. Aucune liqueur, aucun apĂ©ritif n’était servi Ă  bord, contrairement Ă   la classe supĂ©rieure (celle qui prĂ©existait). Le coĂ»t du transport des bagages Ă©tait inclus dans le prix du billet jusqu’à une pièce de 20 kg maximum contre deux pièces de 30 kg chacune dans la classe supĂ©rieure.

La Classe Touriste fut un grand succès. Il y eut un emballement des demandes. En 1951, lorsqu’une seule classe existait, 340 000 passagers fient el voyage transatlantique. En 1954, deux ans après l’introduction de la Classe Touriste, c’était 580 000 passagers qui traversaient annuellement l’Océan Atlantique. En 1957, ce nombre s’élevait à un peu plus d’un million de passagers, 770 000 d’entre eux voyageant en Classe Touriste ! L’introduction de cette nouvelle classe de voyage dans l’offre de la KLM fut un formidable succès, la Classe Touriste était devenue très populaire. Dès la première année, la vente des billets augmenta de près de deux-tiers. Et, très rapidement, l’offre de la Classe Touriste fut proposée sur d’autres destinations.

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La première liaison New York-Amsterdam avec une Classe Touriste le 1er mai 1952 sur un Constellation de la KLM.

Un petit pas supplémentaire

La Classe Economique apparut pour les mĂŞmes raisons, attirer encore plus de clients  avec des billets toujours moins chers. L’introduction de la Classe Eco fut possible grâce Ă  l’arrivĂ©e d’un nouveau type d’avion : les jets. Et une fois encore, c’est Ă  l’instigation et sous le contrĂ´le de certains des membres de l’IATA que la nouvelle classe fit son apparition. Mais ce ne fut pas sans friction.

Un document de travail interne de la KLM du 27 Mars 1958 traite de la nouvelle Classe Eco comme d’ « un enfant prometteur mais à problèmes ». Prometteur, parce que l’industrie du transport aérien était alors persuadée que cette nouvelle classe allait faire venir un très grand nombre de nouveaux passagers. A problèmes, parce que cette nouvelle classe allait devoir se frotter à de nombreuses régulations et spécifications diverses d’un endroit à l’autre du globe, d’une compagnie à l’autre, et, surtout, d’une classe à l’autre à bord du même avion. Cela rendait les contours de la compétition entre compagnies aériennes beaucoup plus flous. Le souci de la KLM était alors : comment garder la qualité du service Flying Dutchman avec les exigences de l’IATA en termes de tarification de la nouvelle classe ?

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Un plateau-repas typique servi par la KLM dans la nouvelle Classe Eco en 1958 ... pas si différent aujourd'hui.

Qu’est-ce qu’un « simple » sandwich ?

Toute la question était en fait du marketing. La compagnie introduisant la nouvelle Classe Eco devait coller aux exigences de l’IATA tout en offrant le service le plus réduit possible en termes de coût d’exploitation. La KLM choisit un type de siège qui soit suffisamment confortable, et offrant un espace suffisant pour les jambes tout en réduisant l’espace occupé par chaque siège. L’exigence de l’IATA sur la nourriture servie à bord dans cette nouvelle classe était qu’elle soit « simple et peu chère » ce qui laissait la porte grande ouverte aux interprétations les plus diverses. La KLM opta pour une série de sandwichs qui seraient plaisants à regarder et avec un goût très agréable et net. En effet, avec l’altitude de la pressurisation, l’organe du goût devient moins sensible.

La vente Duty Free avait été interdite par l’IATA dans la nouvelle Classe Eco, y compris la vente de magazine et de journaux comme de cigarettes, de cigares et d’alcools ou de jus de fruits. Le café, le thé, le lait et l’eau minérale devait être offerte gratuitement à bord. Enfin, il y avait un vrai problème d’espace disponible, la tendance immédiate étant de placer le plus grand nombre de sièges dans l’espace de la cabine dédié à la Classe Eco ... ce qui n’a pas changé aujourd’hui d’ailleurs. Il n’y avait pas d’espace garde-robes en Classe Eco, les vestes et les manteaux devaient donc être rangés dans les compartiments à bagage ... enfin « entassés » serait plus juste que « rangés ». Du coup, les bagages devaient être restreints, les dimensions permises furent fixées à 50 x 30 x 15 cm ... ce qui était relativement petit pour l’époque.

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La nouvelle Classe Eco en 1958 à bord d’un DC-8 de la KLM: 3 sièges côte à côte au lieu de 2 dans la classe supérieure.

De l’attention personnelle

En 1958, la KLM eut deux dĂ©fis Ă  relever. Il fallut tout d’abord apprendre Ă  informer le passager le plus complètement possible et, ce, bien avant qu’il n’entreprenne son voyage, en fait dès l’achat du billet. Pour qu’il ne soit pas surpris,  ni Ă  l’embarquement, ni pendant le vol. Il fallut ensuite apprendre Ă  se distinguer des autres compagnies aĂ©riennes et le choix se fit sur les attentions personnelles envers le passager tout en maintenant un certain standard qu’on retrouvait chez toutes les compagnies crĂ©ant cette nouvelle classe de voyage. Et Ă  l’époque, un billet en Classe Eco coĂ»tait l’équivalent de 3000 euros.

Un article du magazine interne de la KLM, le Wolkenridder, de 1958 écrit noir sur blanc ce que doit être la nouvelle approche des passagers. « Chaque interaction entre notre compagnie et un passager ou un futur passager doit être la plus plaisante possible (...) Les passagers qui sont traités avec une chaleureuse attention et courtoisie seront amenés à conclure qu’ils ont fait in voyage agréable avec une compagnie fiable. Que chaque passager arrive à cette conclusion est essentiel pour le futur de la KLM et, donc, pour votre futur ».

Après l’introduction de la nouvelle Classe Eco, le 1er Avril 1958, le nombre total des passagers transportés augmenta de 27% en seulement trois mois. Les ¾ de ces nouveaux passagers voyageaient en Classe Eco. L’année suivante, la part de la cabine dédiée à la Classe Eco était augmentée. Les efforts engagés pour permettre à un plus grand nombre de voyager en avion étaient un grand succès.

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L’auteur : Frido Ogier

Dernière modification par philouplaine (25-10-2016 11:51:51)


ouaf ouaf ! bon toutou !!

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#2 [↑][↓] 25-10-2016 08:40:55

Armand42
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Re : [RĂ©el] L'origine de la Classe Eco

Super Philou, tu trouves toujours de superbes articles.=W

Dernière modification par Armand42 (25-10-2016 12:32:33)

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#3 [↑][↓] 25-10-2016 11:50:58

philouplaine
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Re : [RĂ©el] L'origine de la Classe Eco

De rien cher Armand!!
ON fait ce qu'on peut!!!!!


ouaf ouaf ! bon toutou !!

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