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Cher(e)s ami(e)s,
Un article récent, publié dans les feuillets Business Day du quotidien américain New York Times d’aujourd’hui. Comme tous les articles de fond du New York Times, il y a du texte, c’est du lourd ! J’ai pensé que vous aimeriez lire en français cet article. Désolé, il n'y a qu'une seule illustration et beaucoup de texte.
Bonne lecture !
Philippe
Un pilote commercial n’est pas ce qu’on appelle une « bonne occase », pas chez Ryanair !
Par Liz Alderman and Amie Tsang, publié dans le New York Times du 16 novembre 2017
Lors d’une réunion toute récente des actionnaires principaux de Ryanair à Dublin, Michael O’Leary, le PDG emblématique de Ryanair, s’effondra d’un coup dans un fauteuil (en cuir) et fit, chose étonnante, son mea culpa. Sous son mandat, la plus grande compagnie aérienne low-cost d’Europe a totalement cafouillé son calendrier des vacances d’automne de ses pilotes. Du coup, plus de 2 000 vols ont dû être annulé en catastrophe. Pour limiter la casse, Ryanair a dû, dans l’urgence, supprimer d’un coup une semaine de vacances à tous ses 4 200 pilotes pour l’année 2017-2018 ! Bon, ce n’est pas si mal passé parce que la majorité de ces pilotes son contractuels et travaille en fait à leur propre compte, louant à Ryanair, leur service. O’Leary déclara aux actionnaires : Si certains d’entre eux se seraient « mal conduits » en refusant de se passer de cette semaine, ils pourront toujours courir pour avoir des « petits cadeaux » dans le futur !
(C) New York Times Nov 16, 2017
Ce n’est pas la première fois que M. O’Leary fait des remarques inconvenantes à l’emporte-pièce. C’est un chef combattif qui a su transformer toute l’industrie européenne du transport aérien avec sa politique agressive de réduction des coûts, jusqu’à l’étendre aux salaires et frais remboursés de tout le personnel de Ryanair. Mais, pour la première fois, a déclenché une indignation dans le personnel même de la compagnie low-cost. D’autant que, juste quelques jours plus tard, M. O’Leary se vit dans l’obligation d’annoncer la suppression de 18 000 vols supplémentaires, rien de moins, après que certains des pilotes aient brutalement décidé de ne plus prendre l’air. Puis ce fut le tour de presque tous les employés de se regrouper pour demander une négociation collective et des contrats de travail plus sécurisés, entrant ainsi en conflit avec leur direction pour la première fois dans l’histoire de Ryanair. La semaine dernière, 59 pilotes de Ryanair ont écrit une lettre ouverte où ils écrivaient que : « les pilotes en ont assez ! ».
Ces tensions chez Ryanair s’enflamment au moment même où, en Europe, on parle beaucoup des conditions de travail. Comme les employeurs européens se focalisent sur la réduction du coût du travail, près d’un travailleur européen sur trois est sous contrat à durée déterminée. Ce genre de contrat est moins exigeant en couverture médicale, en charge de retraites et en coût de licenciement.
La Commission Européenne cherche à augmenter la protection sociale de ces employés dont l’emploi même est très « flexible ». Jusqu’à présent, le regard de la Commission se portait essentiellement sur l’économie des petits boulots, du genre d’Uber, mais désormais il se porte aussi sur l’économie qui emploie des contractuels, le bâtiment bien sûr, et même, et depuis peu, les pilotes.
Ryanair contrôle ses dépenses en employant à la fois des employés permanents et des pilotes autoentrepreneurs que la compagnie irlandaise recrute via des agences indépendantes spécialisées dans le placement sur des durées déterminées, d’un jour à plusieurs mois, de pilotes professionnels. Comme le personnel navigant commercial et les commandants de bord permanents volent sur des avions immatriculés en Irlande, Ryanair exige d’eux qu’ils signent des contrats de travail du Droit Irlandais, même s’ils sont basés dans d’autres pays, ces contrats étant beaucoup plus « souples » que dans les autres pays européens.
Cette méthode a permis à Ryanair de contourner allégrement les règles du travail et les très fortes taxes sociales que doivent payer les employeurs dans les 33 autres pays européens où Ryanair effectue des vols. Du coup, le coût du travail chez Ryanair est l’un des plus bas dans toute l’industrie européenne du voyage aérien. Actuellement, ce coût, pour Ryanair, est de l’ordre de 2 euros par heure et par employé. C’est bien inférieur à ce que dépensent ses deux principaux rivaux, easyJet et Norwegian Air.
Ce genre de pratiques ne pouvait pas laisser indifférents les gouvernements des pays européens. Ils se sont d’abord penchés sur le fonctionnement des agences qui fournissent Ryanair en pilotes contractuels, sous couvert d’une recherche d’évasion fiscale suspectée. Le recours au droit du travail irlandais par Ryanair est aussi contesté dans de nombreux pays européens qui y voient un défaut de paiement de leur Sécurité Sociale.
Ces méthodes de management passent de plus en plus mal auprès des employés, alimentant leur frustration. Interviewés par les journalistes, plusieurs employés d’anciens pilotes de Ryanair ont décrit des conditions de travail très éprouvantes et très fatigantes, et des arrangements non-écrits tels qu’il était difficile voire impossible de se plaindre. La plupart d’entre eux ont accepté de témoigner à conditions de rester anonymes, craignant vraiment la réaction de Ryanair car leur contrat de travail comportait une clause explicite de non-divulgation d’information sur la compagnie. Ils craignaient qu’en parlant ainsi aux journalistes ils compromettent leur emploi.
« Si un voyageur peut faire un vol en Europe pour 10 euros seulement, il doit bien se douter que ce faible coût est obtenu en rognant partout ailleurs et notamment sur les salaires » dit Yves Jorens, un professeur de Droit Social à l’université de Gand en Belgique. Il est surtout connu comme étant le coauteur d’une étude très complète publiée en 2015 sur les conditions de travail dans l’industrie du transport aérien en Europe.
Tout le tapage sur les vols supprimés et les vacances supprimées a enhardi les employés de Ryanair à faire valoir leurs demandes sociales. Des centaines d’entre eux ont subitement rejoints les différents syndicats européens des employés de l’aviation civile, une nouveauté chez Ryanair. Comme ils sont basés dans des pays différents, avec des droits sociaux différents, ils se sont réunis en un collectif afin de former un front uni contre la direction de Ryanair. Et, chose étonnante, les Syndicats de Southwest Airlines et d’American Airlines leur ont proposés leur aide !
La lettre du syndicat SWAPA SouthWest Airlines Pilots Association aux pilotes de Ryanair (en anglais): ici.
La politique depuis longtemps chez Ryanair est de refuser totalement de reconnaitre et tout contact avec n’importe quel syndicat que ce soit. Ryanair reste dans cette posture. Son explication est que certains de ses concurrents vont en profiter pour jeter de l’huile sur le feu social afin d’affaiblir la compagnie. La direction affirme que ce sont ces rivaux qui seraient derrière l’organisation en collectifs de ses employés. Beaucoup d’experts en économie et en droit social pensent qu’un tel raisonnement va finir par coûter très cher à Ryanair.
Nous avons demandé à interviewer M. O’Leary, il a décliné notre invitation. Mais dans ses lettres récentes et dans la plupart de ses apparitions publiques, il répète constamment son opposition à tout syndicat et il rend systématiquement responsables des troubles sociaux chez Ryanair ses rivaux, disant: « ces compagnies cherchent en permanence à avilir et à dévaloriser notre succès collectif ».Ces dernières semaines, il a repris avec force cette charge contre les compagnies rivales de Ryanair.
Comme les rumeurs de défection de plus en plus nombreuses de pilotes de Ryanair pour d’autres compagnies aériennes s’enflent, M. O’Leary s’est livré, devant ses actionnaires, à un plaidoyer fervent. « Les pilotes de Ryanair sont les meilleurs. Je leur demande instamment de rester afin que nous construisions ensemble un futur meilleur » a-t-il ainsi écrit dans sa lettre aux employés mensuelle d’octobre dernier, leur promettant des salaires augmentés et des contrats de travail moins contraignants.
Pilote ou autoentrepreneur ?
Quand, en 2009, Robert van Boekel se présenta chez Ryanair pour un entretien d’embauche comme pilote, il était envoyé par une agence d’intérim anglaise : Brookfield Aviation. Ce n’est que très rarement que Ryanair contacte directement les candidats. Ryanair demande toujours aux candidats de contacter l’une des deux agences d’intérim spécialisées : Brookfield Aviation ou McGinley Aviation toutes deux anglaises. Ryanair demande aussi aux candidats de se déclarer comme autoentrepreneurs.
En 2009, c’est l’agence Brookfield qui prit en charge M. van Boekel , qui était basé en Belgique. Elle lui présenta une liste de cabinets d’experts-comptables, tous irlandais, et lui demanda d’en choisir un pour former sa propre société d’autoentreprenariat. C’est ce qui ressort de la lecture de la plainte déposée en 2013 par l’agence Brookfield contre M. van Boekel, quand celui-ci décida de quitter Ryanair pour travailler dans une autre compagnie aérienne. La lecture de ce texte éclaire bien le mode opératoire pour devenir pilote contractuel chez Ryanair. Le cabinet d’expert-comptable irlandais fit que M. van Boekel créa sa propre entreprise, de droit irlandais, nommée Winged Foot Ltd. dont M. van Boekel était l’unique employé, l’unique actionnaire et le directeur général. L’agence Brookfield intervint ensuite pour faire en sorte que Ryanair fasse par son entremise appel à la société Winged Foot pour lui fournir un pilote, en l’occurrence le seul employé de la société, à savoir M. van Boekel.
Après que les autorités allemandes aient commencé à enquêter sur l’agence Brookfield, Ryanair l’abandonna l’été dernier et se tourna alors vers une autre agence, BlueSky Resources, pour recruter maintenant ses pilotes contractuels. Ryanair a bénéficié des compétences de l’agence britannique Crewlink qui travaillait déjà pour elle depuis longtemps afin de recruter le personnel navigant commercial contractuel de la compagnie low-cost. C’est Crewlink qui fonda BlueSky Resources. McGinley Aviation et Crewlink n’ont pas répondu à notre demande d’interview. Cependant, Mme Elaine He, porte-parole de Brookfield, nous a déclaré que l’agence ne travaille plus pour Ryanair.
Cette stratégie de Ryanair pour couper dans les coûts du travail a été élaborée par M. O’Leary au début des années 1990, lorsque le marché du transport aérien en Europe a été libéralisé. Jusque-là , c’étaient les grosses compagnies nationales, comme Alitalia, Air France et Lufthansa qui faisaient la loi dans le ciel du continent européen. Les employés de ces compagnies étaient tous syndiqués, les syndicats étaient forts. Les contrats de travail étaient très rigoureux pour l’employeur car fortement cadrés par les Etats. M. O’Leary s’inspira du modèle économique révolutionnaire à bas coût développé à Dallas par la compagnie Southwest Airlines, qui, depuis, est devenue la compagnie aérienne qui transporte annuellement le plus de passagers au monde. Une réussite commerciale ! Southwest a réussi son coup en minimisant les coûts opérationnels, avec une flotte basée sur un modèle unique d’avion, et attirant les consommateurs avec des prix très bas pour des vols avec un service à bord minimaliste.
O’Leary peaufina cette approche pour la mettre au goût de la petite société qu’était Ryanair en 1990. Il partit à la chasse aux aéroports délaissés d’Europe pour y fonder, aux moindres coûts, des hubs qui créaient du tourisme nouveau et des emplois. Les dépenses de carburants furent contrôlées avec la plus grande rigueur, et les temps d’escale des vols Ryanair furent diminués au point de devenir les plus courts de toutes les compagnies aériennes d’Europe. La compagnie se fixa sur le Boeing 737 pour réduire les coûts de maintenance, tout en les louant à l’étranger pour la plupart afin de diminuer d’autant les taxes à payer. O’Leary fit tout son possible pour éviter que ses employés se syndiquent, et il décida de recruter des pilotes contractuels et non plus permanents pour limiter d’autant les coûts de personnel et les taxes associées.
M. O’Leary aime à cultiver l’image d’un effronté qui porte des jugements à tout bout de champs, qui se moque de ses rivaux, ses pilotes et, chose surprenante, ses propres clients. Lors de cette réunion d’actionnaires n’a-t-il pas dit : « Les pilotes de Ryanair ont toujours eu un boulot facile ». C’est cet homme qui n’hésita pas à envisager de faire payer aux passagers l’usage des toilettes, ou à faire payer plus cher le siège aux « gros».
La lettre du 5 octobre dernier de M. O'Leary aux pilotes de Ryanair (en anglais): ici.
Rien de cela ne fut mis en pratique. Mais, quoiqu’on pense, des billets AR à 10 euros pour aller de Londres à Rome furent une vraie révolution. Avec 117 millions de passagers transportés en 2016, Ryanair est le plus gros transporteur européen, et le cinquième au monde. Son bénéfice annuel a triplé sur la dernière décennie pour atteindre la confortable valeur d’un milliard d’euros. Un tel bénéfice a permis à Ryanair de rembourser sans trop de soucis les 700 000 passagers privés de vol avec les toutes récentes annulations, une bagatelle qui lui a couté 25 millions d’euros. Ryanair est aussi une opportunité fantastique et unique en Europe pour un jeune pilote ou une jeune navigant commercial d’acquérir un emploi et de l’expérience avant d’aller rejoindre une autre compagnie. Ceux des pilotes qui deviennent commandant de bord permanent gagnent un salaire à six chiffres !
Mais les employés sont souvent pris de court une fois embauchés. La charge de travail et l’absence de toute représentation syndicale est un vrai poids, surtout quand on commence dans la vie professionnelle. Des milliers de pilotes de Ryanair ont eu un parcours en tout point semblable à celui de M. van Boekel, ou presque. Certains ont dû s’associer avec d’autres pilotes qu’ils ne connaissaient pas pour former une société anonyme où Ryanair puisait des pilotes via ses agences d’intérim. Comme ils étaient autoentrepreneurs, ils devaient eux-mêmes sur l’argent que leur versait Ryanair payer leurs couverture de sécurité sociale et, s’ils étaient licenciés, ils n’avaient pas droit à l’assurance chômage. Tout dépend du droit du travail dans leur pays. Autant de frais et taxes que l’employeur Ryanair, avec ce système, ne paye pas. Ryanair a toujours prétendu que cette façon de faire est en accord avec le droit irlandais, et aussi avec le droit de l’Union Européenne. Les salaires sont un autre souci. De fait, les pilotes contractuels et les équipages navigants commerciaux ne sont payés qu’à l’heure de vol. La préparation du vol au sol n’est donc pas payée ! Si leur vol est retardé, ou même annulé, alors ils ne sont pas payés, même s’ils passent des heures à attendre à l’aéroport. Un salaire minimum mensuel est promis depuis longtemps, mais toujours pas garanti. On peut être employé de Ryanair et ne rien toucher ! Pire, les pilotes contractuels doivent payer sur leur argent les frais de transport et les hôtels quand ils découchent. Comme les navigants commerciaux, ils doivent payer avec leur argent les uniformes qu’ils portent, la nourriture et les boissons qu’ils consomment à bord pendant le vol. Si un employé de Ryanair veut suivre une formation interne pour être qualifié à un emploi supérieur, il doit payer de sa poche le coût de la formation : environ 2 500 euros pour un navigant commercial et jusqu’à 30 000 euros pour le pilote souhaitant passer commandant de bord.
Quand les autorités fiscales allemandes perquisitionnèrent les sites allemands de l’agence Brookfield Aviation, ils interrogèrent aussi des pilotes qui avaient signés leur contrat avec Ryanair chez Brookfield. Ce déferlement judiciaire et policier causa un début de panique ailleurs en Europe chez les nombreux pilotes contractuels de Ryanair qui avaient été recrutés via l’agence Brookfield.
Lors de ces interrogatoires, les pilotes se plaignaient surtout de l’impossibilité totale de relever tel ou tel problème de travail car, sinon, le pilote était immédiatement convoqué à Dublin pour une entrevue, la plupart du temps orageuse, avec l’encadrement de Ryanair. Beaucoup se sont surtout plaints de subir une très forte pression de leur encadrement pour diminuer le plus possible la consommation de carburant en vol. Au point, d’après eux d’amputer la sécurité du vol. Beaucoup se plaignent aussi d’être systématiquement réprimandé quand ils évoquaient leur fatigue. Ils sont alors obligés d’effectuer des vols en état de grande fatigue. Les hôtesses et stewards se plaignaient aussi de devoir aller travailler même malade et fiévreux sous peine de licenciement. Ils se plaignaient aussi de la lutte qu’ils devaient mener pour respecter les quotas de vente en parfums et en cartes de loterie auprès des passagers sous peine d’être déconsidéré par leur encadrement.
L’un des commandants de bord s’est même plaint qu’il a dû payer de sa poche la note du taxi qu’il a utilisé pour rejoindre soudainement un aéroport distant suite à la défection d’un de ses collèges. Ryanair lui avait imposé ce changement d’aéroports. Face à ses réticences, l’encadrement de Ryanair l’avait alors menacé d’être rétrogradé comme copilote s’il refusait d’assurer ce vol. Il disait que cet exemple est très représentatif de la culture de peur que Ryanair mène auprès de ses employés.
M. Robin Kiely, porte-parole de Ryanair, a déclaré que de tels propos sont : “ des ragots, des mensonges, inventés pour nuire à Ryanair ». Il déclare que ces mensonges sont l’œuvre des syndicats qui souhaitent s’établir dans la société Ryanair. « On ne met aucune pression sur nos employés ! On travaille sans doute dur, mais intelligemment (...) Nos employés ont des conditions de travail que beaucoup nous envient et la sécurité de l’emploi est inégalée (...) 13 000 personnes travaillent pour Ryanair, si c’était aussi mauvais vous pensez vraiment qu’ils resteraient ? » Arguments imparables.
Non aux syndicats
Des employés de Ryanair ont à plusieurs reprises dans le passé tenter de former des comités syndicaux dans l’entreprise. A chaque fois, la tentative a échoué. M. James Atkinson, un pilote qui a travaillé pour Ryanair durant huit ans, nous a dit que lorsqu’il a commencé sa carrière en 2006 à Rome, l’encadrement de Ryanair fliquait systématiquement les employés qui parlaient de se syndiquer et les mettait alors sous pression.
Les personnes qui cherchaient à monter une représentation syndicale était tout à coup affecté à un aéroport lointain en-dehors de l’Italie. Ceux qui refusaient d’être déplacé étaient tout simplement licenciés du jour au lendemain. Les autres, coupés de l’Italie et de leurs collègues habituels, ne parlaient plus de syndicat.
Quelques années plus tard, M. Atkinson créa son propre site internet pour commencer à former un collectif de personnel de Ryanair en vue d’organiser une représentation syndicale. Quelques jours seulement après la mise en ligne de ce site, il recevait un courrier de Brookfield Aviation qui lui annonçait que son contrat avec Ryanair était suspendu et qu’il ne serait pas renouvelé. Il est maintenant commandant de bord pour une compagnie chinoise.
Face à ses employés qui l’attaquent en justice pour obtenir que leur contrat de travail soit transféré du droit irlandais au droit de leur pays natal, Ryanair répond systématiquement que leur contrat de travail étant irlandais, c’est à la justice irlandaise qu’ils doivent s’adresser. Or les contrats de travail de Ryanair respectent scrupuleusement le droit du travail irlandais, l’un des moins favorables à l’employé de toute l’Union Européenne. Un vrai cercle vicieux.
Une hôtesse de Ryanair, Mme Virginie Mauguit, prit contact avec un syndicat pour demander conseil. Elle distribua ensuite la brochure d’un syndicat à ses collègues lors des vols pour qu’ils sachent ce que le droit du travail belge permettait. Deux semaines plus tard, elle était licencié.
Interviewée par le New York Times, Mme Mauguit nous a dit : « Les gens n’ont pas le droit de se plaindre. Tout le monde sait que c’est dangereux si l’on tient à son poste ! »
En septembre dernier, la Cour de Justice Européenne a statué que le personnel navigant de Ryanair pouvait demander à avoir un contrat de travail dans le pays qu’il désirait. M. O’Leary s’est déclaré très satisfait de cette décision parce que la Cour Européenne n’empêchait pas Ryanair de continuer à proposer des contrats de travail irlandais. Cependant, dans sa lettre aux employés, il a nuancé sa pensée en précisant que Ryanair pourrait être amené à couvrir les écarts financiers qui pourraient exister entre un contrat de droit irlandais et un contrat local.
Et voilà que la débandade de l’organisation des vols de Ryanair cet automne a ramené tout ce débat social sur la place publique. Du coup, c’est non seulement le moral de la compagnie mais aussi l’avenir de l’entreprise qui sont impactés.
Notamment, en plein tumulte, Ryanair a été amené à abandonner l’espoir un moment caressé de racheter certains des avions d’Alitalia. M. O’Leary a même embauché un nouveau cadre dirigeant pour l’aider à résoudre au plus vite cette crise. Il a envoyé une lettre aux pilotes de la compagnie pour les mettre en garde contre les désinformations que les syndicats des compagnies rivales de Ryanair, profitant de la situation, allaient énoncer. Il a même envoyé une lettre personnelle à tous les anciens pilotes de Ryanair pour leur demander de revenir, leur promettant : « de transformer significativement le mode de fonctionnement de la compagnie et de récompenser toute bonne idée pour améliorer la manière dont l’encadrement de Ryanair interagit avec ses pilotes ».
Le recrutement de pilotes contractuels via des agences d’intérim est sur la sellette. L’idée d’une négociation collective qui serait basée sur une direction collégiale européenne et plus sur un encadrement strictement confiné à Dublin fait aussi son chemin. Et l’impensable semble sur le point de se réaliser, grâce à la pression de la crise actuelle, l’entrée de syndicat chez Ryanair. C’est ainsi que des pilotes des hubs Ryanair de Londres et Madrid ont refusé l’offre qui leur était faite : une forte augmentation de salaire en échange d’une reconnaissance que toute négociation future sur leur condition de travail passerait obligatoirement par la direction de Dublin. On ne compte plus les collectifs virtuels sur Facebook et Whatsapp de pilotes de Ryanair pour s’organiser et échanger au plus vite toute information nouvelle.
« Les pilotes de Ryanair disent : Assez c’est assez ! On aime notre compagnie mais on n’accepte lus les conditions de travail qui nous sont faites » nous a déclaré M. Dirk Polloczek, le président de l’ECA, European Cockpit Association, qui regroupe plus de 38 000 pilotes en Europe. « Ces pilotes pensent toujours que Ryanair pourrait être un excellent employeur. Tout ce qu’ils demandent c’est du dialogue ! »
Dernière modification par philouplaine (16-11-2017 18:45:21)
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Bravo pour la traduction et rédaction de l'article.
Je n'ai pas eu le courage de tout lire. C'est très inquiétant ce qui se passe avec ces pilotes. Le métier a de plus en plus de pression peu importe la compagnie mais c'est clairement chez Ryanair que c'est le pire.
D'autres Low-Cost arrivent à faire du chiffre tout en proposant des prix bas et des conditions de travail dignes. Mais c'est vrai que ça se dégrade ces dernières années. Surtout en été où certains pilotes sont obligés de travailler 12h par jour pendant 5 jours d'affilé. Et chez les compagnies nationales ce n'est guère mieux. J'ai lu que des pilotes de chez Swiss partent travailler chez easyJet Switzerland car les conditions sont un peu meilleures.
L'arrivée des Low-cost a jeté un pavé dans la mare mais à mon avis il n'y a pas que ça. Les actionnaires qui en veulent toujours plus ? Le prix du baril ? Et malgré ça il faut rester attractif niveau tarifs.
Mais presser les pilotes comme des citrons n'est ni bon pour l'attractivité du métier et surtout, très mauvais pour la sécurité. Pour l'instant il n'y a pas eu de crash mais ça va durer jusqu'à quand ?
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C'est inquiétant aussi pour le reste du personnel des ces compagnies. Je ne pense pas que ça soit rose pour les PNC et les PS... :( On les oublie systématiquement, ça m'agace
L'arrivée des Low-cost a jeté un pavé dans la mare mais à mon avis il n'y a pas que ça. Les actionnaires qui en veulent toujours plus ? Le prix du baril ? Et malgré ça il faut rester attractif niveau tarifs.
Mais presser les pilotes comme des citrons n'est ni bon pour l'attractivité du métier et surtout, très mauvais pour la sécurité. Pour l'instant il n'y a pas eu de crash mais ça va durer jusqu'à quand ?
Ce sont les consommateurs qui en veulent toujours plus pour toujours moins. A eux de changer les choses avec leur sous...
Dernière modification par Starway366 (18-11-2017 23:06:15)
Gamer arcade depuis 1994.
RĂ©mi
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"C'est inquiétant aussi pour le reste du personnel des ces compagnies."
C'est plutôt inquiétant pour les passagers. Quant à perdre toute dignité pour piloter des beaux navions...on n'a que ce qu'on mérite.
Ryanair, Easyjet et toutes lces boîtes à ragoût n'existeraient même pas s'il existait un peu d'esprit civique en ce triste monde. En tout cas...il n'auront jamais ni mon pognon, ni ma vie.
Peuvent faire faillite, je m'en tape.
"Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet". (Courteline)
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Quant à perdre toute dignité pour piloter des beaux navions...on n'a que ce qu'on mérite.
À t'entendre parler, plus personne ne doit réaliser ses rêves car, oui, dans le monde dans lequel on vit, si tu souhaites rentrer dans des compagnies nationales, il faut soit une chance incroyable, soit de l'expérience (parfois des deux).
Aucun moment de gloire n'est arrivé sans moments de désespoirs. Pour réussir, il faut parfois tout donner, parfois se rétracter, parfois accepter les compromis. Alors oui, ces compagnies low-cost offre une opportunité aux jeunes de commencer leur carrière commerciale et de créer leur expériences, là où ces compagnies que tu prends certainement n'offre pas, ou du moins pas en nombre nécessaire.
Peuvent faire faillite, je m'en tape.
J'ignore si c'est de la frustration ou de l'égocentrisme, mais peu importe la compagnie (RYR, Easy ou même AFR), lorsqu'il y a faillite, c'est avant tout un drame social où des dizaines de milliers de personnes perdent leur boulot (parfois sans indemnité) sans compter les commerces et aéroports qui en dépendent.
La seule chose qui est inquiétante pour ces passagers, c'est que leurs prix cassé pour leur destination vacances existe parce 6 personnes à bord, qui acceptent de voler dans ces conditions.
Le problème de RYR ne réside ni dans la qualité des avions ni dans la formation du personnel (dont la qualité est reconnue par toutes les compagnies), mais dans la direction qui continue à faire des milliards de bénéfices et qui ne veut pas investir le moindre centime pour tenter de contenter ses employés.
Les gens quittent la compagnie parce qu'ils ont marre d'être basés loin de chez eux, sans connexion directe, où il n'existe aucun moyen de communiquer son mal-être. La système fait qu'il n'y a aucune fierté de travailler pour la compagnie, avec les rires qui en découlent (comme les tiens). Et d'autres facteurs que je ne citerai pas.
Mais il est tout à fait possible d'être heureux lorsque tu as ta base, avec ta famille, un roster fixe 5/4 qui te donne pas mal de temps libre, un vrai contrat et un salaire correct (loin d'être exorbitant comme en Asie mais bien au dessus de la moyenne salariale du pays). Avoir une vie familiale est beaucoup plus aisé ainsi et c'est pourquoi certains pilotes sont là depuis plus de 10 ans.
Avec la crise financière, la compagnie était la seule à recruter et les pilotes se jetaient sur l'opportunité à n'importe quel prix. Maintenant que le marché s'est ouvert et qu'ils ont acquis de l'expérience, toutes les portes sont ouvertes (Asie, Moyen Orient, et j'en passe). La compagnie doit tenter de rester compétitive et accepter de sacrifier un ou l'autre % du bénéfice à améliorer sa relation avec ses employés (et contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas seulement d'une augmentation salariale.)
ni ma vie.
Il n'y a donc rien à craindre à voler avec eux puisque leur modèle repose principalement sur leur fiabilité.
Amic
Tim
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Bien là je viens de prendre des vols , mais j'ai pas opté pour cette Cie . Je préfère payer plus cher mais au moins a avoir mes vols ..
M’auront pas 2 fois .
Pourtant l'amie de mon fils est allée en Pologne avec RYR cette semaine . et pas de soucis elle revient ce soir en RYR à Palma ..
Patou
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Ryanair n'est que le représentation de notre société consumériste actuelle, celle qui nous amène tous et tout droit au désastre.
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Dernière modification par Bee Gee (20-11-2017 10:51:56)
"On n'est pas des ... quand mĂŞme !" Serge Papagalli,
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L'actualité des dernières semaines est pourtant riche. Personne ne suit ?
La France a un potentiel de développement important pour Ryanair. Mais son obstination à vouloir s'affranchir des lois, les a conduit à se faire jeter de Marseille avec des procès pour non respect de la loi.
Du coup, la direction a rencontré en décembre le syndicat SNPL et parallèlement a tacitement reconnu une représentation de ses pilotes de type "syndical", sous une menace de grèves en fin d'année (grèves non française)
Faut dire que s'ils veulent des contrats de travail négociés (ce serait une grande première) un dialogue social et efficace est nécessaire. Easyjet a été moins borné et a joué le jeu "gagnant-gagnant" depuis qq années et ne s'en porte pas plus mal.
Juste un article au hasard:
http://www.msn.com/fr-fr/finance/actualite/la-strat%C3%A9gie-de-ryanair-pour-doubler-son-trafic-en-france-en-trois-ans/ar-AAuOUwx?li=AA4WUr&MSCC=1516216126&ocid=ientp
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Reconnaissance officielle chez Ryanair d'une représentation syndicale affiliée à la BALPA (british airline pilot association)
Le Royaume Uni chez Ryanair, représente un peu plus 25 % de ses pilotes et 25 % de sa flotte (100 sur 400)
Bien lire l'article officiel.
https://corporate.ryanair.com/news/ryanair-and-balpa-sign-uk-recognition-agreement/
Pour MOL: la 1 ère fois ça fait mal, ensuite ca passe mieux
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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curieux que personne n'ait parlé ici de l'embauche massive par Air France de djeun's (pilotes) pour Joon's
formation entièrement prise en charge, même pas besoin d'avoir de diplômes et même les bigleux à lunettes sont acceptés !
c'était le moment de réaliser son rêve ...(c'est déjà trop tard, maintenant...)
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http://www.pilote-virtuel.com/viewtopic.php?id=85677
Voir message 3 du fil.
Non, ce n'est pas trop tard du tout...La sélection a commencé hier 30 janvier et sera close le 4 mars 2018 comme indiqué sur le site donné.
Dernière modification par bricedesmaures (31-01-2018 10:59:41)
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Reconnaissance officielle chez Ryanair d'une représentation syndicale affiliée à la BALPA (british airline pilot association).
Tout finit par tomber Ă point Ă qui sait attendre, non?
Pour MOL: la 1 ère fois ça fait mal, ensuite ca passe mieux .
Pas si "MOL" que ça l'animal O'Leary :)
Philippe
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Non, ce n'est pas trop tard du tout...La sélection a commencé hier 30 janvier et sera close le 4 mars 2018 comme indiqué sur le site donné.
j'avais zappé... (en plein Noël...)
il me semblait avoir lu qq part que les inscriptions étaient déjà pleines (qq milliers pour qq 100taines de postes)
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Il n'y a pas de limite aux inscriptions...
A+, Antoine
Mon blog : http://blog.arogues.org
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