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philouplaine
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[Réel] Historique – Leurs plus durs combats -1916

Bonjour,
Voici un article tiré d’une revue de 1933 où un participant, « témoin direct », évoque le souvenir de ce qu’il considère comme son plus « dur combat » aérien lors de la première Guerre Mondiale.
La revue hebdomadaire : L’Aéro, qui paraissait tous les vendredis, a publié cette année-là une série de ces articles mettant à l’honneur des pilotes de chasse français, certains bien connus, d’autres moins.
Aujourd’hui ce sera RenĂ© Dorme (1894-1917), le Père Dorme comme ses camarades l’appelaient, mort en combat aĂ©rien le 27 mai 1917. La base aĂ©rienne 107 Villacoublay « Sous-Lieutenant RenĂ© Dorme », seule base de l'armĂ©e de l'Air française en rĂ©gion parisienne, est nommĂ©e d'après lui. Il est crĂ©ditĂ© de 23 victoires officielles. La procĂ©dure d’homologation d’une victoire aĂ©rienne Ă©tait très dure dans l’ArmĂ©e Françaises, il fallait trois tĂ©moins au moins. C’était rarement possible. dans les registres de l’escadrille, RenĂ© Dorme dĂ©clara 63 victoires. D’après son carnet, et d’après les notes et tĂ©moignages de ses camarades, RenĂ© Dorme s’attribuait personnellement 943 victoires. Georges Guynemer disait de lui : «  Il en descend un par jour ! »
J’ai pensé que vous seriez peut-être intéressé par cette lecture !?
Philippe


Leurs plus durs combats : En patrouille avec le Père Dorme
L’Aéro du 21 juillet 1933
Par un pilote de chasse qui a voulu resté anonyme


Texte de l’Editeur :
Les chasseurs de 1916 et 1917 n’oublieront jamais le nom du lieutenant René Dorme, celui qu’ils appelaient familièrement le « Père Dorme », dont la silhouette pacifique à la canne est restée légendaire. Ce fut un héros et un sage et un maître incontesté de la bataille aérienne, égal aux plus grands. Son désintéressement était absolu, il n’avait nul souci de gloire ou de récompense et n’eut d’autre ambition que de défendre son pays attaqué. C’était un Lorrain calme et fort qui, à sa façon, celle d’un paysan solide et droit sur sa terre, mettait sa poitrine en travers de l’invasion.

Il tomba en combat aérien, après vingt-trois victoires officielles, exemple incomparable d’habileté, de courage et d’effacement devant le devoir.

Nous publions ci-dessous le récit d’un de ses premiers combats, raconté par un de ses compagnons d’armes qui a tenu à rester anonyme.


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Le lieutenant René Dorme (1984-1917) - 23 victoires officielles - 94 victoires totalisées.



Le 30 juillet 1916, le ciel de la Somme était brumeux et lourd. Un « ciel de trahison », comme disaient alors les pilotes, car l’ennemi pouvait sortir du coton sans qu’on n’ait rien vu venir.

Mais l’ennemi ne paraissait, depuis quelques jours, ni audacieux, ni agressif. Etait-ce la danse infernale que menaient les aviateurs français sur le front de Péronne ? Etait-ce l’écrasement du gros bifuselage allemand que Dorme avait descendu deux jours auparavant sur Chaulmes, sa quatrième victoire ?

Ce qui était certain, c’est que, depuis quelques jours, il devenait difficile de trouver ces gros biplaces allemands qui, cependant, aimaient pousser des pointes au-delà des tranchées pour leurs missions de réglage de tir ou de photographie.

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On les voyait maintenant, quand on les voyait, à l’intérieur de leurs lignes, à faible altitude, voler parallèlement aux tranchées, aller et venir de long en large, s’approchant rarement de la zone dangereuse et ayant certainement mission d’éviter le combat en attendant des jours plus favorables. A la première menace d’attaque, virage vers l’intérieur et plongée vers le sol !

Il était difficile pour les chasseurs d’engager le combat dans ces conditions. Il fallait attendre, là-haut, dans le soleil, patiemment, l’occasion qui ne venait pas et toutes les secondes, bien sûr, se retourner pour surveiller la brume par derrière soi, d’où pouvait sortir, à bout portant, une rafale de mitrailleuse...

Dorme tournait en rond dans le bleu, la cigogne rouge de son fuselage bien visible, à trois mille mètres d’altitude, l’œil fixé sur la ligne des tranchées, cherchant à apercevoir ces croix noires sur fond clair qui, si souvent, sillonnaient et semblaient raser la terre bouleversée qu’elles survolaient pourtant à 1 800 mètres.

Rien, toujours rien.

Tout à coup, un point à l’horizon, loin dans les lignes ennemies, c’est un boche ! Altitude, 2 500 mètres ; direction, Bapaume. C’est sans doute un grand avion de reconnaissance qui prend e la hauteur, mais qui ne semble pas encore prêt à s’approcher du front. « Il ne veut pas venir ? C’est bien, j’y vais ! » se dit Dorme.

Aussitôt, il tire sur le manche, grimpe et file droit vers l’Est. Quelques minutes après, il est à 500 mètres au-dessus d’un grand biplace qui tourne et monte toujours en spiralant vers le haut. Sans aucun doute, aucun à bord du biplace allemand n’a vu venir le français.

Sa décision est vite prise, Dorme exécute un plongeon brutal, le manche à balai à fond contre le réservoir d’essence et l’œil bloqué sur la ligne de mire. Trois secondes de ce « piqué à mort », d’un piqué à faire sauter les artères, puis ses doigts se crispent sur la mitrailleuse à bout portant...

Mais le chasseur qui, en 1916, n’est pas encore maître de son métier, tire mal et va trop vite. Emporté par son élan, il approche, approche toujours du biplace ; un dixième de seconde de plus et il va l’emboutir. Vite, un redressement ! L’avion se cabre instantanément, mais trop, il se retourne et retombe. Malheur ! Un autre avion allemand était là, exactement sous lui, qu’il n’avait pas vu, qui sortait d’on ne sait où et qui allait, à son tour, le « sonner » par derrière, gagnant à tout coup si l’acrobatie n’avait déroulé sa manœuvre bizarre.

Dorme sent qu’il va l’accrocher. En vain, il brutalise ses commandes, l’avion ne répond plus et tombe. Puis, un choc violent, un craquement sec et sinistre, une secousse brutale, puis plus rien ! Quelques secondes plus tard, Dorme, qui avait été assommé par le choc, ouvrait les yeux et revenait à lui. A son grand étonnement, il était seul dans le ciel, son avion volait sagement vers les lignes françaises, le moteur au ralenti.

Mais le plan inférieur du biplan avait disparu, son aileron était écrasé et le gauchissement coincé de son fuselage témoignaient de l’étrange aventure. Le Père Dorme continua son vol vers le nid, sans faire le plus petit mouvement, ni la plus petite manœuvre, volant tout droit, les dents serrées, se demandant à chaque instant si un second craquement, comme le premier, n’allait pas disloquer sa machine, disperser en l’air les bois et les toiles et le précipiter, lui, en bas dans le trou de brume et l’écraser sur un coin de terre invisible d’ici, près de ses amis les fantassins et les artilleurs.

Mais ce n’était pas encore pour cette fois !

Dix mois plus tard, le compte-rendu d’opération de l’escadrille 3 du 26 mai 1917 portait cette mention :
« Beau temps, brume gênant un peu la visibilité.
Patrouille : 25 avions.
Observés : 51 avions ennemis.
Combats : 15.
Le sous-lieutenant Dorme, escadrille 3, parti en patrouille le 25 mai à 18h40, n’est pas rentré. »


ouaf ouaf ! bon toutou !!

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