#1 [↑][↓] 04-01-2018 09:52:56

philouplaine
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RenommĂ©e :   69 

[RĂ©el] Historique - Leurs plus durs combats: septembre 1918 Champagne

Bonjour,
Tout d'abord je vous présente mes meilleurs vœux pour la nouvelle année 2018!
Bons vols Ă  tou(te)s!
Voici un article tirĂ© d’un numĂ©ro de septembre 1933 de la revue hebdomadaire L’AERO oĂą l’auteur, le cĂ©lĂ©brissime as des as de la Grande Guerre, RenĂ© Fonck, relate ce qui fut, pour lui, son « plus dur combat ». RenĂ© Fonck (1894-1953) a Ă  son actif 75 victoires homologuĂ©es (on disait officielles Ă  l’époque) et 69 autres, soit un total de 144 victoires (au minimum), un record pour tous les pilotes de chasse de la Grande Guerre. Cela fait de lui le meilleur des as de la Grande Guerre. C’était un excellent pilote, très habile dans les manĹ“uvres les plus dĂ©licates, et un tireur d’exception. Il pouvait placer une balle dans une pièce de dix centimes Ă  20 mètres de distance. Il le fit plusieurs fois. Tireur d'Ă©lite, il triomphe de la plupart de ses adversaires en quelques courtes rafales sans jamais avoir Ă©tĂ© lui-mĂŞme descendu ni touchĂ© par un projectile. En dix mois, il va descendre 56 avions allemands (victoires homologuĂ©es). Pour le combat qu’il relate dans cet article, le jour de l’Ascension 2018 il abat six avions ennemis dans la mĂŞme journĂ©e – chose jamais rĂ©alisĂ©e auparavant par qui que ce soit – Encore plus Ă©tonnant, pour cette journĂ©e mĂ©morable, oĂą il abattit six avions ennemis,  RenĂ© Fonck n'avait utilisĂ© que 52 cartouches soit moins de neuf balles par avion abattu ! RenĂ© Fonck survĂ©cut Ă  la guerre sans avoir jamais Ă©tĂ© touchĂ©.
La revue hebdomadaire : L’Aéro, qui paraissait tous les vendredis, a publié cette année-là une série de ces articles mettant à l’honneur des pilotes de chasse français, certains bien connus, d’autres moins. J’ai pensé que vous seriez peut-être intéressé par la lecture de cet ancien morceau d’histoire de l’aviation !?
Philippe


Leurs plus durs combats : Seul contre treize !
L’Aéro du 15 septembre 1933
Par René Fonck, pilote de chasse


Texte de l’Editeur :

Il est sans doute superflu de présenter à nos lecteurs celui qui fut l’ « as des as » de la Grande Guerre, qui abattit 75 avions officiels – sans compter les autres.
Soldat splendide, pilote habile, tireur d’élite (NdT : ), René Fonck, que toutes les aviations du monde nous envièrent, nous conte lui-même le souvenir de sa plus dure patrouille au cours de laquelle, les circonstances l’ayant laissé tout seul aux prises contre treize adversaires, il abattit en quelques secondes quatre avions ennemis. Le même jour, au cours d’une patrouille précédente, il avait abattu deux autres adversaires. Soient 6 ennemis abattus le même jour.
Voici le texte de la citation à l’ordre de l’armée qui consacre ce beau sextuplé. Quel pilote peut s’enorgueillir de n’avoir eu qu’une citation pour six avions abattus ?
« Lieutenant Fonck Paul René, de l’escadrille Spa-103. Le 26 septembre 1918, au cours de deux patrouilles, a abattu six avions ennemis dont quatre sont tombés dans nos lignes, portant ainsi à soixante-six le nombre de ses victoires. »


Texte de l’auteur :

C’était le 26 septembre 1918 au cours de la dernière offensive de Champagne. J’étais à l’escadrille 103, installée alors à La Noblette. La chasse ennemie faisait un gros effort pour barrer la route aux ailes françaises. Nous accomplissions, par beau temps, deux ou trois patrouilles par jour.

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Emblème de la Spa-103, la future escadrille des cigognes!

Le matin, j’avais fait une première sortie de très bonne heure. Il y avait pas mal d’ennemis dans l’air, je n’avais engagé aucun combat, l’adversaire restant très loin dans ses lignes. Je pressentis une sorte de tactique nouvelle dans cette réserve assez inusitée des chasseurs ennemis et j’évitais leur guet-apens. Je rentrai donc sans avoir tiré un coup de mitrailleuse, mais je repartis vers midi à l’heure où le soleil est très haut et permet les missions photographiques.

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René Fonck auprès de son Spad de la Spa-103 "des cigognes".

Effectivement, peu après, j’accrochai deux biplaces de reconnaissance au-dessus de Somme-Py. Je les attaquai tous deux. J’étais environ à 5 000 mètres. Le premier, surpris, fut abattu par une seule rafale bien placée. Le second, malgré une tentative assez habile pour se dérober, allait au tapis sur ma seconde rafale. Les deux avions étaient descendus en seulement vingt-cinq secondes de combat. Chacun sait, dans la chasse, que si la préparation d’un combat dure longtemps, l’exécution ne dure que l’espace d’un éclair.

Après cette double victoire, le ciel restant vide, je rentrai au terrain, n’ayant d’ailleurs pas assez d’essence pour prolonger cette patrouille. Dans l’après-midi, sur les coups de cinq heures, sachant que j’avais devant moi les as allemands Goering, Udet et le commandant Fritz Rumey qui avait à son palmarès quarante-deux victoires, et sachant que l’activité ennemie redoublait surtout après leur double perte de midi, je décidai de repartir.

Les patrouilles rentraient l’une après l’autre, signalant à nouveau le mordant des chasseurs adverses après cette réserve du matin. Le combat aérien exige une certaine psychologie et j’étudiais l’ennemi qui semblait très agressif en avançant sur nos lignes En même temps que moi, décollait une patrouille commandée par le capitaine de Sévin et composée du lieutenant Fontaine et de l’adjudant Brugère. Nous volions tous les quatre ensemble jusqu’aux lignes et, parvenu au-dessus de la Butte de Tahure, j’abandonnais délibérément mes compagnons.

J’avais discerné en effet trois ou quatre patrouilles allemandes, de huit avions chacune, évoluant à différentes hauteurs et décidai rapidement de la tactique à prendre. Nous étions à 5 800 mètres d’altitude environ. Je fis un signe conventionnel à mes camarades pour les prévenir que je me détachais d’eux pour tenter de relever les altitudes des différentes patrouilles adverses.

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René Fonck aux commandes son Spad XII

Les allemands, voyant une seule équipe de trois avions groupés devant eux et un quatrième avion s’isolant de la patrouille, continuaient à se diriger droit sur nos lignes. Ils semblaient se soucier fort peu de notre présence. Grave erreur !

De suite, je cherche à identifier le premier groupe de huit chasseurs qui se trouve à ma hauteur. Ce sont des Fokker D.VII de l’Escadrille des Damiers (Note : il s’agit de la légendaire Jasta 5 de Manfred von Richthofen qui était alors commandée par Hermann Goering, le Baron Rouge ayant été abattu et tué le 21 mai précédent).
Je pense que dans une minute ou deux il va y avoir du sport !

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Fokker D.VII de la Jasta-5, l'escadrille "au damier".

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Les avions de la Jasta-5.

Dès l’instant où je me rapproche, l’adversaire entame le combat et trois des huit Fokker me foncent dessus. A ce moment, j’esquisse un mouvement de retraite vers nos lignes pour les attirer davantage chez nous. Sentant l’adversaire sur le territoire français, je fais un retournement subit et j’attaque à mon tour. J’ai à cette seconde l’espoir que mes trois camarades de patrouille vont saisir le moment propice et profiter de mon essai pour faire se disloquer la patrouille ennemie. Malheureusement, à ce moment précis, le capitaine de Sévin se trouve avec les deux autres pilotes engagés avec une autre patrouille de Fokker D.VII.

Je décide donc d’agir seul.

Dans les trente premières secondes, j’abats deux avions ennemis. Mais il m’en reste six sur le dos bien décidés à venger leurs camarades. Mais, je ne lâche pas prise, bien décidé à en descendre d’autres. Une courte rafale, bien placée, au sortir d’un renversement et c’est le tour d’un troisième Fokker qui, dans sa vrille vers le sol, perd son plan en l’air !

Encore cinq !

Mais ce nombre grossit subitement car, en combattant, moi et les allemands nous nous sommes rapprochés d’une autre patrouille de huit Fokker, celle qui a été aux prises avec de Sévin. Lui-même, victime d’un enrayage de ses mitrailleuses, a été contraint de rompre le combat et il lui faut toute son habileté manœuvrière pour parvenir à se dégager.

A mon tour, je dégage Brugère et Fontaine, en faisant mine d’abandonner l’adversaire aux prises avec nous à 4 500 mètres. Mais j’entame un nouveau combat à 3 000 mètres avec une autre patrouille qui se tenait à cette altitude.
J’abats un nouvel avion, ce qui fait quatre, et nous finissons par rester maîtres du territoire aérien, les chasseurs adverses ne voulant pas insister davantage.

Je regrette beaucoup d’avoir eu, sur la fin du combat, deux enrayages de mes mitrailleuses coup sur coup. En raison des acrobaties successives qu’on est obligé de faire pour se dégager et attaquer tout à la fois, les bandes de munitions avec leurs maillons en acier arrivent à un certain flottement, des cartouches se desserrent d’un maillon ce qui cause l’enrayage de tir par défaut d’alimentation.

C’est dommage, parce que les Allemands cherchaient à rompre le combat par tous les moyens afin de rentrer le plus vite possible dans leur ligne en prenant plus de risques. J’eus à chaque fois un avion au bout de mes deux mitrailleuses, l’adversaire m’offrant les plus belles positions de cibles en piquant désespérément pour s’enfuir.

Le fameux Fritz Rumey, qui commandait l’une des patrouilles, fut abattu au cours de cette bagarre. C’est la première fois de la guerre que je vis un pilote ennemi se jeter en parachute de son avion désemparé. Ce pilote ayant réintégré ses lignes, cette victoire ne me fut pas homologuée.

Ce combat très intense, qui dura pour le moins dix bonnes minutes, sans interruption, commença à 5 800 mètres et s’acheva à 600 mètres environ pour la plus grande joie des fantassins, à qui nous devions bien de temps à autre ce genre d’attractions aériennes.

J’éprouvais une grande satisfaction à retrouver mes trois camarades à l’atterrissage. Ces lignes évoqueront en de Sévin, Fontaine et Brugère, qui sont toujours en vie, le souvenir de l’un des plus rudes combats que j’aie pu livrer durant toute ma carrière de chasseur, et auquel ils participèrent courageusement.

René Fonck

Dernière modification par philouplaine (04-01-2018 11:21:28)


ouaf ouaf ! bon toutou !!

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#2 [↑][↓] 04-01-2018 10:07:32

PAPY DANIEL
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Re : [RĂ©el] Historique - Leurs plus durs combats: septembre 1918 Champagne

salut à toi et belle et grande année.
Superbe ton initiative et merci de rappeler que nous avons des ancêtres aéronautiques que nous ne devons ps oublier.
merci Ă   toi
amitiés
Daniel


cordialement
"Si l'homme des cavernes avait su rire, le cours de l'histoire eut été changé" Oscar Wilde

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#3 [↑][↓] 04-01-2018 11:19:36

philouplaine
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Re : [RĂ©el] Historique - Leurs plus durs combats: septembre 1918 Champagne

Merci beaucoup cher Papy Daniel!!!!
En tout cas, ce pilote me laisse pantois !!! Abattre 6 avions ennemis avec seulement ... 52 balles!?
Et être obligé d'abandonner le combat, faute de carburant ...
Comme me le suggérait "cro" dans un autre de mes posts de cette série: va faire la même chose dans Rise of Flight !!!!
Philippe

Dernière modification par philouplaine (04-01-2018 11:20:20)


ouaf ouaf ! bon toutou !!

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#4 [↑][↓] 04-01-2018 11:43:42

cro
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Re : [RĂ©el] Historique - Leurs plus durs combats: septembre 1918 Champagne

Merci pour le rappel de ces faits d'armes, et effectivement , de temps en temps, je reprends du manche sous R.O.F. en attendant son remplaçant mi-2018.


CM ASUS ROG STRIX Z270F /  CPU Intel I7 7700K 4,2 GHz/  RTX 4060 EVO OC Edition 8 Go GDDR6 DLSS3/ Mem 4 X 8Go DDR4 /Be Quiet Pure Power 10 CM - 700W/ Win 11 / FS 2024 / FFB2 / quadrant & rudder saiteck / Trackir 5 /

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#5 [↑][↓] 04-01-2018 13:10:32

PAPY DANIEL
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Re : [RĂ©el] Historique - Leurs plus durs combats: septembre 1918 Champagne

ok les potos.......je vais vous faire un aveu................je ne connais pas ROF e_colere3
OK OK Cro je vais copier 100 fois ..........................................


cordialement
"Si l'homme des cavernes avait su rire, le cours de l'histoire eut été changé" Oscar Wilde

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#6 [↑][↓] 04-01-2018 18:20:20

cro
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Re : [RĂ©el] Historique - Leurs plus durs combats: septembre 1918 Champagne


CM ASUS ROG STRIX Z270F /  CPU Intel I7 7700K 4,2 GHz/  RTX 4060 EVO OC Edition 8 Go GDDR6 DLSS3/ Mem 4 X 8Go DDR4 /Be Quiet Pure Power 10 CM - 700W/ Win 11 / FS 2024 / FFB2 / quadrant & rudder saiteck / Trackir 5 /

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#7 [↑][↓] 04-01-2018 18:24:18

Bobonhom
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Re : [RĂ©el] Historique - Leurs plus durs combats: septembre 1918 Champagne

ROF = Rise of flight

Un simu que j’affectionne, souvent on revient ave un bout en moins, et les atterrissage sont périlleux wink

378676-rise-of-flight-the-first-great-air-war-windows-screenshot.jpg

Dans les combats, les balles passent au travers la toile, sa craque de partout, c'est excitant wink


Et merci pour l'article:

Dernière modification par Bobonhom (04-01-2018 18:24:59)


79et5g.jpg

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#8 [↑][↓] 04-01-2018 18:37:35

PAPY DANIEL
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Re : [RĂ©el] Historique - Leurs plus durs combats: septembre 1918 Champagne

merci Cro pour l'adresse.
Tu crois qu'un jour le Bo se posera normalement ??=O=O


cordialement
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