[Réel] Notice nécrologique Michel Bacos

philouplaine · [↑]

Chers tous,
Une notice nécrologique sur Monsieur Michel Bacos, engagé volontaire à 17 ans dans les Forces Françaises Libres, pilote à l'aéronavale, puis commandant de bord à Air France, qui vient de nous quitter à l'âge respectable de 94 ans.
Il est surtout connu pour avoir été le commandant de l'A300B qui assurait le vol 139 de Tel Aviv à Paris via Athènes et qui avait été détourné sur Entebbe, Ouganda.
Je vous ai traduit la longue et chaleureuse notice, bien documentée, qu'a publié aujourd'hui le New York Times.
J'ai pensé que vous seriez peut-être intéressé par cet homme.
Bonne lecture
Philippe

Le pilote français Michel Bacos, héro d’Entebbe, est mort à 94 ans

par Sam Roberts
assisté de Juliette Hirsch
New York Times du 28 mars 2019

Michel Bacos et un otage libéré parlent aux journalistes le 5 juillet 1976 à l’aéroport d’Orly, un jour après qu’un commando israélien ait libéré les passagers et l’équipage d’un avion d’Air France piraté à l’aéroport d’Entebbe, Ouganda. Le commandant M. Bacos a été considéré comme un héro pour ne pas avoir abandonné ses passagers juifs. © Agence France-Presse, Getty Images

Monsieur Michel Bacos, le brave pilote Français qu’un commando de pirates palestiniens et allemands avait forcé à conduire son avion à Entebbe, en Ouganda, en 1976 et qui avait refusé d’abandonner ses passagers juifs avant que d’être délivré par un audacieux secours des commandos israélien, est mort hier à Nice, France. Il avait 94 ans.

Sa mort a été annoncée par Christian Estrosi, le maire de Nice où résidait M. Bacos. M. Estrosi a déclaré dans un communiqué de presse : "Michel, en refusant avec bravoure de céder à l’antisémitisme et à la barbarie, a fait honneur à la France (...) Michel était un héros".

Digne d’un film de capes et d’épée, célébré dans de nombreux livres et par plusieurs films, l’assaut mené par le commando israélien pour libérer les otages d’Entebbe a été le point culminant d’une angoissante semaine. Deux pirates aériens du Front Populaire de Libération de la Palestine menés par deux pirates de la Bande Baader-Meinhof allemande prirent le contrôle de l’Airbus A300B d’Air France peu de temps après son décollage de l’aéroport d’Athènes le 27 juin 1976. Cet avion assurait le vol Air France 139 en provenance de Tel Aviv à destination de Paris.

L’A300B transportait 240 passagers et un équipage de 12 personnes. Après sa capture par le commando de pirates qui avait embarqué à l’escale d’Athènes, l’avion fut détourné vers la Lybie pour se réapprovisionner en carburant, puis il fila sur plus de 3 500 miles vers Entebbe, où il atterrit après un vol à la limite du rayon d’action de cet avion. Le kérosène qui lui restait n’aurait permis alors que 20 minutes de vol.

Trois jours plus tard, alors que les otages étaient regroupés dans un hangar désaffecté, les pirates vont libérer 148 des passagers qui n’étaient ni juif, ni israélien, et dont le nom n’avait pas une consonance juive. Au même moment, ils précisaient leur revendication : la libération de 53 prisonniers retenus en Israël et dans d’autres pays pour terrorisme. Ils permirent aussi à l’équipage d’Air France de partir avec les 148 otages libérés.

Lors d’un interview en 2016 avec le site internet israélien YnetNews.com, Monsieur Bacos, alors âgé de 91 ans, disait : "Il était hors de question d’abandonner nos passagers encore otages. L’équipage, unanime, avait décidé de rester avec eux jusqu’au bout (...) C’était une question de conscience, de professionnalisme et d’éthique. En tant qu’ancien des Forces Françaises Libres, je ne pouvais même pas envisager un instant de laisser derrière moi un seul de mes passagers."

Lors d’un interview avec la BBC cette même année, il disait : « J’ai réuni l’équipage et leur ai rappelé que conformément à l’éthique de notre profession, notre devoir était de rester. Tout l’équipage, sans exception, était d’accord."

Michel Bacos photographié chez lui en 2016 par la BBC. (C) BBC

Trois avions militaires des Forces Israéliennes de Défense (NdT – IDF = Israel Defense Forces = Tsahal) assurèrent l’opération commando de secours, l’opération Thunderbolt (NdT – Tonnerre) dans la nuit du 4 juillet. Trois des 106 passagers encore otages et un commando israélien, le lieutenant-colonel Yonatan Netanyahou, furent tués dans l’action. C’était le frère aîné de l’actuel premier ministre d’Israél, Benjamin Netanhyahou.

Monsieur B. Netanyahou a tweeté hier que : "Michel Bacos, l’héroïque commandant pilote d’Air France de la prise d’otages d’Entebbe (...) avait refusé d’abandonner les passagers juifs et israéliens comme les terroristes le lui avaient proposé. Il est resté avec eux jusqu’à ce que les soldats de Tsahal, conduits par mon frère Yoni, parviennent à libérer tous les otages grâce à une opération audacieuse."

Il a ajouté : "Je tiens à rendre hommage à cette grande figure et à son héroïsme. Que sa mémoire soit bénie".
Monsieur Bacos, qui avait 52 ans à l’époque, se souvenait que tout avait commencé par des cris dans la cabine qu’il pouvait entendre à travers la porte du cockpit : "Huit minutes après le décollage d’Athènes, j’ai entendu beaucoup de bruits venant de la cabine des passagers, puis des cris forts. J’ai tout de suite pensé qu’il y avait le feu à bord. Jacques Lemoine, l’ingénieur-mécanicien est allé ouvrir la porte du cockpit pour aller voir et s’est retrouvé nez à nez avec le chef des pirates, un allemand, Wilfried Böse, qui était armé d’une grenade et d’un pistolet. Cet homme nous a alors dit que si nous restions calme et sans bouger, rien ne nous arrivera."

M. Bacos continue son récit : " Lemoine est jeté par terre dans le cockpit. Le terroriste lui applique le pistolet sur la tempe. Avec Daniel Lom, le copilote, nous étions les mains en l’air, le suppliant par des : No, please, no please (...) Pendant tout le voyage le pistolet était braqué sur moi. Si je regardais en arrière, il appliquait de suite le canon sur mon cou. Le contact était froid et fort désagréable (...) Nous ne pouvions qu’obéir aux ordres des pirates."

Après l’atterrissage à Entebbe, en Ouganda, Michel Bacos a insisté auprès des preneurs d’otages pour qu’ils respectent son droit, en tant que commandant de bord, qu’ils puissent visiter régulièrement ses passagers, les otages. Parmi eux, il y avait un pharmacien, un médecin, un soudeur, un professeur, un pompiste, un avocat, un microbiologiste fameux, un économiste, une infirmière, un ingénieur en informatique, et une dame âgée qui avait survécu aux camps de la mort nazis. Tous les otages étaient retenus dans un hangar désaffecté et poussiéreux de l’aéroport qui avait été, autrefois, le terminal.

Sept terroristes et vingt soldats ougandais les gardaient nuit et jour. Tous furent tués lors de l’assaut mené une nuit sans lune par un commando israélien roulant dans des voitures ressemblant point par point à celles utilisées par le dictateur ougandais Idi Amin Dada lorsqu’il venait, régulièrement, rendre visite aux otages et aux terroristes.
Face au micro de la BBC ? M. Bacos se souvenait : "Une nuit, il y a eu un bruit inhabituel, j’ai levé les yeux et j’ai vu, à la porte du hangar, un soldat blanc avec un uniforme ougandais et un béret blanc qui nous dit en hébreu : Ecoutez bien, vous tous, nous sommes venus vous libérer et vous ramener à la maison" M. Bacos qui faisait très régulièrement la ligne Paris-Tel Aviv comprenait l’hébreu. M. Bacos ajoute : "Je n’en croyais pas mes yeux (...) Même aujourd’hui, des décennies plus tard, je me souviens de ce soldat ? C’était comme si un ange était descendu du ciel».

Pendant le vol du retour vers Israël, Monsieur Bacos se souvient que des membres du commando israélien sont venus le chercher dans la cabine et le mener au cockpit en disant : votre place n’est pas à l’arrière mais ici.

Monsieur Michel Bacos était né en Egypte, le 3 mai 1924, son père travaillait alors au Canal de Suez. A l’époque, des intérêts français étaient actionnaire principal du Canal. Pendant la dernière guerre, Michel Bacos a rejoint à 17 ans les Forces Françaises Libres et fit la guerre en poste au Maroc comme officier dans l’aéronavale.

Il disait : «J’ai combattu les nazis. Je sais très bien ce qu’est le fascisme. Le génocide de l’Holocauste est une horreur qu’aucun de nous ne doit oublier."

Dans les années 1960,en plein guerre froide, il pilotait des avions militaires participants au Pont Aéroporté de Berlin. C’est là qu’il a rencontré Rosemary, une hôtesse de l’air allemande, et qu’ils se sont mariés. Elle lui survit entourée de nombreux enfants et grands-enfants.

Monsieur Bacos était retraité d’Air France depuis 1982.

Il avait reçu la Légion d’Honneur DPLV (Décorés au Péril de Leur Vie). il avait aussi reçu des distinctions israéliennes ainsi que du Comité Juif Américain (American Jewish Committee).

Dans un téléfilm de 1977, Raid sur Entebbe, l’acteur américain Eddie Constantine avait joué son rôle ; de même que l’acteur franco-chilien Brontis Jodorowsky dans le film américain de José Padhila sorti en 2018 : Seven days in Entebbe.

Après le détournement, Monsieur Bacos et sa famille s’offrirent deux semaines de vacances. Au retour de ces vacances il demanda, et obtint, que son premier vol soit pour Tel Aviv.

geran · [↑]

Merci,Monsieur Bacos et bon vol.Merci Philippe.Bonne fin de semaine.Gérard

Jackpilot · [↑]

Bon Vol Monsieur....

barzanai · [↑]

Bon vol Commandant....

supersym · [↑]

Merci pour le partage de cette info...

Pierrick · [↑]

Yola !
Une fois n'étant pas coutume, et en lisant chacun de tes post sans pour autant me manifester d'un pouce "bleu"
je manifeste, via ce post, un merci.
J'avais des membres de ma famille dans ce vol...
A tcho de merki; Pierrick.

bricedesmaures · [↑]

Merci à ceux qui ont ouvert un sujet sur le décès de Michel Bacos. Je ne l’ai croisé que quelques fois dans les couloirs, mais j’ai bien connu un des 2 autres PNT. Les médias anglo-saxons et israéliens ont eu plus de reconnaissance ...

J’irai le 2 avril au Monastère de Cimiez, accompagné virtuellement de quelques pilotes virtuels...

PAPY DANIEL · [↑]

merci du partage
rien à rajouter
Il y a de Grands Bonhommes qui ont une vie bien remplie..........il en est un.
Bon dernier vol à lui.
Daniel

TABAR57 · [↑]

Oui, il n' y a rien à ajouter sauf 2 mercis, un pour le rappel de cette histoire et l'autre pour Monsieur Bacos

Bon voyage Commandant...

Bernard

#1 [↑][↓] 29-03-2019 10:34:55

[Réel] Notice nécrologique Michel Bacos

#2 [↑][↓] 29-03-2019 11:14:09

Re : [Réel] Notice nécrologique Michel Bacos

#3 [↑][↓] 29-03-2019 15:36:23

Re : [Réel] Notice nécrologique Michel Bacos

#4 [↑][↓] 29-03-2019 16:49:50

Re : [Réel] Notice nécrologique Michel Bacos

#5 [↑][↓] 30-03-2019 19:08:23

Re : [Réel] Notice nécrologique Michel Bacos

#6 [↑][↓] 30-03-2019 19:38:15

Re : [Réel] Notice nécrologique Michel Bacos

#7 [↑][↓] 30-03-2019 19:51:06

Re : [Réel] Notice nécrologique Michel Bacos

#8 [↑][↓] 30-03-2019 20:59:54

Re : [Réel] Notice nécrologique Michel Bacos

#9 [↑][↓] 31-03-2019 10:48:54

Re : [Réel] Notice nécrologique Michel Bacos

Pied de page des forums