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Bonjour tout le monde!
DerniÚre livraison: la traduction de l'article du Seattle Times d'hier dimanche, avec la réaction de Boeing au chat entre ses deux pilotes rendu publique vendredi dernier. L'illustration est celle de l'article.
Je vous ai, dans la foulée, traduit aussi ce fameux chat entre Mark Forkner et Patrick Gustavsson (pas facile facile à traduire à cause d'un argot de pilotes que je ne maßtrise pas bien)...
A vous de lire et de vous faire une opinion .. mais j'aime bien l'analyse bien concise et bien complĂšte de Mercure !!
Bonne lecture,
Philippe
DâaprĂšs Boeing, la discussion entre ses pilotes nâimplique pas une connaissance prĂ©alable du problĂšme du systĂšme de contrĂŽle de vol des 737 MAX
Par Dominic Gates, The Seattle Times, 20 octobre 2019
En juillet dernier, lâassemblage des Boeing 737 MAX continuait comme si de rien nâĂ©tait Ă Renton. © Mike Siegel, The Seattle Times
Il y a deux jours Ă©tait rendue publique une discussion de 2016 sur messagerie instantanĂ©e entre deux pilotes senior de Boeing participant au programme 737 MAX. Le contenu de ce chat a entraĂźnĂ© une condamnation indignĂ©e non seulement des membres du CongrĂšs des Etats-Unis dâAmĂ©rique, mais aussi des syndicats de pilotes de ligne de tout le pays et, enfin, de nombreux experts aĂ©ronautiques indĂ©pendants. Ce dimanche (NdT â Hier pour nous), Boeing vient de communiquer que le contenu de cette conversation avait Ă©tĂ© largement mal interprĂ©tĂ©.
Dans ce chat du 15 novembre 2016, rendu public vendredi dernier par le comitĂ© du CongrĂšs en charge de lâaffaire Boeing, Mark Forkner, chef pilote chez Boeing en charge des aspects techniques du programme 737 MAX envoie un message Ă un autre pilote senior de Boeing pour lâavertir que, dans le vol sur simulateur de 737 MAX quâil vient de faire, le nouveau systĂšme de contrĂŽle du vol a rĂ©agi de façon anormale.
Dans un communiquĂ© aujourdâhui dimanche, Boeing insiste sur le fait que ce message ne veut dire Ă aucun moment que les responsables de Boeing avait dĂ©couvert que le 737 MAX prĂ©sentait des dĂ©fauts de conception critiques qui allaient jouer un rĂŽle majeur deux ans plus tard dans les catastrophes aĂ©riennes dâIndonĂ©sie et dâĂthiopie. Au contraire, Boeing insiste sur le fait que : "la remarque de Mark Forkner est sa rĂ©action sur un fonctionnement anormal du simulateur et non pas de lâavion lui-mĂȘme".
Dans son communiquĂ©, Boeing continue en disant que le comportement anormal dĂ©tectĂ© en 2016 qui pointait directement le systĂšme informatique de contrĂŽle du vol nâĂ©tait pas liĂ© Ă un dĂ©faut de conception de ce systĂšme mais plutĂŽt Ă un dĂ©faut dans le programme contrĂŽlant le simulateur du 737 MAX. Dans son chat avec un autre pilote de Boeing, M. Forkner identifie positivement les ennuis quâil a rencontrĂ©s dans la simulation avec le systĂšme MCAS, incriminĂ© dans les deux catastrophes aĂ©riennes, quâil dit : "continuer Ă sĂ©vir dans la sim" et quâil indique avoir vu dans cette simulation prendre la main sur les pilotes pour faire manĆuvrer lâavion "en se mettant Ă ultra-compenser comme un balade" (NdT â Dans son message, Mark Forkner a fait une faute de frappe, il a Ă©crit "craxy" au lieu de "crazy", dâoĂč mon "balade" au lieu de "malade" afin de garder une fidĂ©litĂ© Ă la coquille du texte dâorigine). Boeing continue en prĂ©cisant que : "Le programme informatique du simulateur utilisĂ© ce 15 novembre 2016 Ă©tait en dĂ©veloppement et nâĂ©tait pas encore finalisĂ©."
Mark Forkner a quittĂ© Boeing en juillet 2018 et, depuis, refuse de parler Ă Boeing. Aussi, Boeing nâa pu obtenir cette information quâil parlait dâun problĂšme du simulateur et pas de lâavion que de lâavocat de M. Forkner, M. David Gerger. Dans son communiquĂ©, Boeing prĂ©cise que : "Bien que nous nâavons pas pu parler directement avec M. Forkner sur comment comprendre exactement sa remarque dans ce message, son avocat a indiquĂ© que ce chat correspondait bien Ă la rĂ©action de M. Forkner vis-Ă -vis du fonctionnement du simulateur".
En plus de son refus de parler Ă Boeing, M. Forkner a refusĂ© de livrer aux policiers les documents techniques sur le 737 MAX en sa possession suite Ă son assignation Ă comparaĂźtre en faisant valoir le CinquiĂšme Amendement qui le protĂšge contre "devoir tĂ©moigner contre soi-mĂȘme". Refus qui a Ă©tĂ© acceptĂ©.
Dans ce chat, M. Forkner partage ses impressions avec son ami Patrick Gustasson, comme lui pilote dâessai chez Boeing. En plus dây parler du fonctionnement erratique du systĂšme MCAS, il dit aussi que ce fait nouveau implique "que ce que jâai dit Ă lâagence de rĂ©gulation est faux (sans le savoir)", ce qui, potentiellement, lâexposait Ă un risque de poursuites judiciaires.
Cette inquiĂ©tude dâun mensonge par omission de M. Forkner vis-Ă -vis de la FAA vient du fait quâil avait Ă©tĂ© chez Boeing le responsable de la liaison avec la FAA lors de la certification du 737 MAX pour tout ce qui concernait ce que devrait ĂȘtre le contenu de la formation des nouveaux pilotes et ce qui devait le contenu du manuel du 737 MAX. Et, du fait de sa position, cinq mois avant cet Ă©pisode en simulateur, M. Forkner avait Ă©crit Ă la FAA quâil nâĂ©tait pas nĂ©cessaire dâinclure dans le manuel ou dans la formation un chapitre expliquant aux nouveaux pilotes quâil y avait une nouvelle extension au systĂšme de contrĂŽle de vol appelĂ©e MCAS, ni ce quâelle faisait.
Dans ce courrier Ă la FAA de mars 2016, M. Forkner Ă©crivait :"Ătes-vous dâaccord avec nous pour enlever toute rĂ©fĂ©rence au systĂšme MCAS dans le FCOM (NdT â FCOM abrĂ©viation pour Flight Crew Operating Manuel) et dans la formation des nouveaux pilotes comme nous en avons dĂ©jĂ discutĂ© ? Comme vous le savez, ce systĂšme est conçu pour agir en arriĂšre fond, il est totalement transparent pour les pilotes, et, en plus, il ne se met en route que dans des enveloppes de vol TRES LARGEMENT (NdT â ce passage du texte amĂ©ricain est en majuscule, je ne sais pas si câest en majuscule dans le courrier original de Forkner ou si câest le Times qui a dĂ©cidĂ© de le mettre en majuscule pour faire ressortir son incongruitĂ© ?) en-dehors de celles habituellement rencontrĂ©es en service commercial."
Vendredi dernier, MaĂźtre Gerger, lâavocat de M. Forkner, a envoyĂ© un court message Ă notre journal, voici ce message in extenso :
"Si vous lisez dans sa totalitĂ© le chat de mon client, câest Ă©vident que le fonctionnement anormal constatĂ© provient du simulateur et que, donc, dans son esprit câest le programme contrĂŽlant le simulateur qui dysfonctionne, il nây a donc aucun mensonge par omission de sa part sur le fonctionnement de lâavion. DâaprĂšs ce chat, Mark pensait que lâavion Ă©tait sĂ»r, par contre câest le simulateur qui devait ĂȘtre modifiĂ©."
En revanche, notre journal continue de penser que si on lit attentivement tout le chat, comme on nous le conseille, il nâest pas du tout "Ă©vident" que la dĂ©faillance constatĂ©e soit reliĂ©e au seul programme du simulateur. Une personne qui est liĂ©e Ă cette affaire et qui a souhaitĂ© rester anonyme, nous a dit que MaĂźtre Gerger avait envoyĂ© le mĂȘme message court Ă Boeing quelques jours avant de nous lâenvoyer.
Quoiquâil en soit, câest cette interprĂ©tation du chat que Boeing dĂ©sormais revendique, elle lui permet de botter en touche quant Ă lâautre interprĂ©tation qui suggĂšre que dĂšs 2016, Boeing savait ou aurait dĂ» savoir que le systĂšme MCAS pouvait prĂ©senter un danger trĂšs grave et quâil trompait la FAA en ne lui communiquant pas cette information critique.
Dans les deux catastrophes aĂ©riennes, le MCAS sâest activĂ© Ă cause dâune sonde externe dĂ©fectueuse. Le MCAS sâest enclenchĂ© et a alors placĂ© de façon rĂ©pĂ©tĂ©e, et contre la rĂ©action des pilotes sur les commandes, lâavion dans une assiette de vol "nez vers le bas" jusquâĂ le placer en piquĂ© incontrĂŽlable.
Le communiquĂ© de Boeing dâaujourdâhui conteste Ă©galement certains rapports ultĂ©rieurs, y compris des articles publiĂ©s dans le Seattle Times, comme Ă©tant erronĂ©s sur le point de dire quâun changement critique de fonctionnement du MCAS qui avait Ă©tĂ© introduit pendant les vols dâessai du MAX, nâavait pas Ă©tĂ© communiquĂ© Ă la FAA. Ce changement de fonctionnement permettait au MCAS de sâactiver dĂ©sormais aux basses comme aux hautes vitesses et reliait le dĂ©clenchent du MCAS non plus Ă deux sondes mais Ă une seule sonde.
Dans son communiquĂ©, Boeing insiste sur le fait que lâextension du fonctionnement du MCAS aux basses vitesses a bien Ă©tĂ© communiquĂ©e Ă la FAA : "y compris en rendant compte rĂ©guliĂšrement auprĂšs de la FAA et des autres agences de rĂ©gulation Ă travers le monde des modifications du MCAS que nous Ă©tions amenĂ©s Ă introduire (...) Câest ainsi quâune version du MCAS modifiĂ©e pour fonctionner aussi Ă basse vitesses a Ă©tĂ© testĂ©e lors dâune campagne dâessais en vol sous lâautoritĂ© de la FAA qui a dĂ©butĂ© en aoĂ»t 2016 pour se terminer en janvier 2017."
Cette affirmation de Boeing selon laquelle la FAA était au courant des modifications critiques apportées au fonctionnement du MCAS contredit les conclusions du comité JATR (Joint Authorities Technical Review) qui ont été rendues publiques au début de ce mois.
Ce comitĂ© en effet concluait quâau fur et Ă mesure oĂč Boeing faisait Ă©voluer le systĂšme MCAS, ceci dĂšs mars 2016, dâun systĂšme de contrĂŽle de vol relativement bĂ©nin Ă un systĂšme de plus en plus autoritaire : "ces modifications nâavaient jamais Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es correctement dans les documents fournis par Boeing Ă la FAA lors de la certification du 737 MAX."
Traduction du chat entre M. Forkner et M. Gustavsson
Boeing.com Text Messages
De : Forkner, Mark A. (MAF)
A : Gustvasson, Patrick H. (PHG)
Mercredi 16 novembre 2016, 18 h 55
MAF : HĂ©, l'ami, il est temps de couper ce chat !
PHG : Toi dâabord ! Je viens de me loguer juste pour voir ce qui mâattend demain. Jâai tellement de boulot en ce moment que je vais en emmener Ă la maison. Je nâai pas le temps de tout faire au bureau.
MAF : Bah, lĂ je suis dans ma chambre dâhĂŽtel, tranquille, Ă siroter une vodka Grey Goose bien fraĂźche. Je vais certainement supprimer encore quelques douzaines dâemails inappropriĂ©s avant de vraiment commencer la soirĂ©e.
PHG : LMAO (NdT â LMAO = Tordu de rire).
MAF : Quel boulot de dingues !
PHG : Alors quâest-ce que ça a donnĂ© le simulateur aujourdâhui ? Toujours le mĂȘme bordel lĂ -bas ?
MAF : Tu mâexcuseras, mais ça doit certainement ĂȘtre plus tranquille que dâĂȘtre pilote reprĂ©sentant de Boeing auprĂšs de Ryanair.
PHG : Câest sĂ»r quâon a pas mal de taf ici. On ne sâennuie pas !
MAF : Bon, pour le moment, ça se comporte de façon trĂšs stable au simulateur, jâai signĂ© pas mal de docs DR ces jours-ci. Mais jâai aussi Ă©tĂ© confrontĂ© Ă des problĂšmes vraiment sĂ©rieux, mais les responsables disent quâils sont au courant.
PHG : Ce que je nâaime pas chez les gars de Ryanair, câest la pression quâils te foutent sur le dos. TrĂšs dĂ©sagrĂ©able ... bon ... OK ça va comme ça !
MAF : Bon, va falloir que je fasse mon cul-cul-la-praline (NdT â ma traduction de being a dick, si vous trouvez mieux je suis preneur !) pour que tu quittes ce chat ?
PHG : LOL, câest tout Ă fait ça !
MAF : Bon alors, stoppons les banalitĂ©s. Je serai vraiment trĂšs ennuyĂ© que tu nous quittes. Jâai demandĂ© Ă ĂȘtre transfĂ©rĂ© aux Ventes, au moins on peut y boire avec les clients et leur mentir en leur disant combien nos avions sont extraordinaires !
PHG : Je crois que je pleurerai sans arrĂȘt si nâimporte qui de notre groupe partait.
MAF : Oh ! Alerte ! Au fait, sais-tu que maintenant le MCAS est activable mĂȘme Ă Mach 0.2 (environ 250 km/h) ? Pour moi, câest nâimporte quoi, un truc qui continue Ă sĂ©vir dans toutes les simulations. En tout cas, Vince pense comme moi.
PHG : Ah gĂ©nial ! Il va donc falloir quâon mette Ă jour la description des vitesses de compensation du volume 2 alors ?
MAF : Du coup, jâai menti (sans le savoir) aux rĂ©gulateurs !
PHG : Ce nâest pas un mensonge. Personne ne nous en avait rien dit de ces modifications !
MAF : Imagine ce qui mâest arrivĂ© en simu, je mets lâavion en vol horizontal gentiment Ă 4 000 pieds, vitesse 230 nĆuds et, tout Ă coup, voilĂ que le MCAS sâenclenche et se mets Ă compenser comme un malade ! Moi, ma rĂ©action a Ă©tĂ© de dire : Merde, câest quoi ça !
PHG : Ouais, il mâest arrivĂ© la mĂȘme chose mais câĂ©tait en approche. Y'a un truc qui foire !
MAF : Bon tu sais que piloter câest pas vraiment mon truc ! Mais, lĂ , ce truc Ă©tait monstrueux.
PHG : Non tâinquiĂšte ... il faut tout simplement que les gars de lâaĂ©rodynamique sâen occupent et confirment ce que ce truc est vraiment censĂ© faire te ne pas faire.
MAF : Vince va me donner des tableaux de donnĂ©es qui indiqueraient quand ce truc est censĂ© sâactiver. Câest quand mĂȘme incroyable quâon en entende parler que maintenant !
PHG : Ăa, je nâen sais rien. Apparemment, les pilotes dâessai en vol nous ont tenus en dehors du coup mon vieux ! Il nây a que Christine qui nous transmettait quelque chose, mais elle aussi, a Ă©tĂ© super occupĂ©e ces derniers temps.
MAF : Ils sont tous tellement occupés, et ils ont une telle pression sur ce programme !
PHG : Câest vrai, je ne voudrais pas ĂȘtre eux. Bon, je quitte.
MAF : OK ... Ă plus lâami.
DerniĂšre modification par philouplaine (21-10-2019 13:51:37)
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Merci de cette traduction.
Tu peux aussi te référer à ma traduction figurant au message 922 page 37, le texte original étant donné au message 924. Leur surprise vient du fait qu'ils ont découvert le fonctionnement du MCAS aussi à basse vitesse, élément qu'ils ne connaissaient pas.
Le plus "drĂŽle", c'est que Forkner a quittĂ© peu aprĂšs Boeing pour aller bosser chez Southwest, c'est Ă©voquĂ© dans leurs Ă©changes. Southwest dont le syndicat de pilotes SWAPA vient de dĂ©poser plainte auprĂšs de Boeing pour manque Ă gagner, faibles recrutements et promotions dus Ă l'arrĂȘt des livraisons de MAX. L'ambiance dans les cockpits de SWA doit ĂȘtre pas malâŠ
Illustration de l'e-cab utilisĂ© par ces 2 pilotes, simulateur de dĂ©veloppement oĂč on peut adapter pas mal de choses pour Ă©valuer les systĂšmes avion. Dans le 1er lien, on aperçoit Christine dont ils parlent dans leurs Ă©changes.
http://www.boeing.com/commercial/737max/news/the-e-cab-a-test-flight-deck.page
https://www.boeing.com/features/2014/06/bca-737max-ecab-06-25-14.page
DerniĂšre modification par bricedesmaures (21-10-2019 12:38:54)
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Merci l'ami brice ... effectivement j'avais loupé ta traduction ...
c'est rigolo de comparer les deux traductions !!!
Ce qui l'est moins c'est ce que ce chat entre Fokner et Gustavsson sous-entend ... mĂȘme si, effectivement, on peut penser qu'Ă l'Ă©poque les types ont pensĂ© que c'Ă©tait le simulateur e-cab qui dĂ©connait et que cela n'avait pas d'impact dans l'avion rĂ©el ... mais, mĂȘme ça, ça n'est pas vraiment clair.
Triste histoire!
Philippe
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Hello,
Pour moi, encore un bel exemple de mauvaise foi de la part de Boeing.
"C'est le simu qui dĂ©conne" : personne ne va le nier puisqu'il Ă©tait dans un simulateur. Mais quel intĂ©rĂȘt d'utiliser ce simu?
Comme le dit Boeing sur son site internet :
"The simulator is equipped with all of the controls and hardware that pilots will use in a real airplane, and it's the closest thing to flying without leaving the lab"
Un peu plus loin : "Being able to fly the e-cab before flight testing gives us the chance to practice our maneuvers and try out the new electronics systems that drive the flight controls for the new aircraft", la citation de Mme Walsh, Deputy Chief Pilot.
Elle ajoute mĂȘme : "It's a chance to feel the airplane before first flight".
Sur le second lien de brice : "An e-cab is an engineering flight simulator which gives you full fidelity. So a pilot can sit in the seat, can fly the airplane, and it feels like they are flying in a real airplane,â said Boeing Test & Evaluation 737 MAX e-cab project manager, Craig Standley"
Bref tout ça pour dire, qu'à mon humble avis, si le simu déconnait, c'est parce qu'en fait le software du FCC incluant le MCAS déconnait.
Et c'est quand mĂȘme peu probable que le boulot fait dans le simu n'ait pas terminĂ© dans l'avion plus tard.
B.
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Non Boufogre, câest clairement expliquĂ© dans le trĂšs bon document du JATR: la conception du MACS et incluse dans le soft du calculateur de commandes de vol Ă©tait adaptĂ©e au vol Ă haute vitesse puis elle a Ă©tĂ© aussi adaptĂ©e aux basses vitesses.
Ce qui les a surpris (le simu ne dĂ©connait pas) câest que lâaction du MCAS a Ă©tĂ© Ă©tendue aux basses vitesses sans quâil se sache. Le simu marchait correctement selon sa nouvelle programmation.
Edit 20 mn aprĂšs... ce nâest pas mon opinion personnelle, câest la mĂȘme lecture que sur un ou 2 forums professionnels. Une bonne lecture de qq lignes du JATR est sans ambiguĂŻtĂ©.
DerniĂšre modification par bricedesmaures (21-10-2019 18:44:08)
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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En compilant les derniÚres news et mes propres réflexions il y a quelques sujets à clarifier:
Le simu était parait-il en test mais les gens de Boeing ne disent pas que la gestion du MCAS n'était pas conforme à la réalité quand M Folkner a eu l'expérience décrite dans ses messages. J'imagine que la question tombera au plus tard le 29.
Ils ont demandé des explications à M Folkner sur ses messages, qu'ils ont transmis en Février au DOJ. Depuis le temps on se demande ce qu'ils attendent comme explication. PlutÎt un moyen de lui faire porter un peu du chapeau et de se mettre du 'bon' coté pour cette fois.
Par contre on aimerait savoir ce qu'il s'est passé aprÚs que M Folkner ait réalisé:
1) Qu'il y avait un problĂšme avec le MCAS?
2) Que la FAA n'avait pas eu les bonnes reco de sa part?
Et Mr Gustafsson, qu'en a-t-il pensé? Qu'a t-il écrit dans ses rapports techniques? Qui a été mis au courant? etc...
Il y a eu des décisions de prises (qui, quoi, quand) sur ce qu'il convenait de faire. Qui en a été informé, quelles ont été les réactions?
En ce qui concerne le fait que Boeing n'ait rien dit des messages Ă la FAA en fĂ©vrier, au prĂ©texte que cela pouvait ĂȘtre incriminant, je n'arrive pas Ă savoir pour de bon s'il y a faute juridique ou non dans le systĂšme US. Probablement pas sinon ce se saurait dĂ©jĂ je suppose.
Par contre il n'y a aucun doute que ce soit une faute relationnelle avec la FAA. Mr Dickinson n'y Ă©tait pas Ă ce moment lĂ , heureusement pour Boeing sans doute, mais le sentiment doit ĂȘtre au moins que tout n'a pas Ă©tĂ© franc-jeu, malgrĂ© les dĂ©clarations aussi pompeuses que ridicules sur la 'pleine collaboration'. Pas sĂ»r que ce soit un plus...
Sinon il y a un peu de buzz sur le pb financier s'il fallait que Boeing rembourse les pre-paiements mais je ne suis pas sûr que cela n'arrive jamais de maniÚre significative. La question se posera éventuellement dans +6 mois (?!) et si c'était le cas ce serait vraiment trÚs sérieux, mais il y a pas mal d'évÚnements intéressants avant cela.
DerniĂšre modification par Mercure (21-10-2019 21:51:24)
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En compilant les derniÚres news et mes propres réflexions il y a quelques sujets à clarifier:
Le simu était parait-il en test mais les gens de Boeing ne disent pas que la gestion du MCAS n'était pas conforme à la réalité quand M Folkner a eu l'expérience décrite dans ses messages. J'imagine que la question tombera au plus tard le 29.
Ils ont demandé des explications à M Folkner sur ses messages, qu'ils ont transmis en Février au DOJ. Depuis le temps on se demande ce qu'ils attendent comme explication. PlutÎt un moyen de lui faire porter un peu du chapeau et de se mettre du 'bon' coté pour cette fois.
Par contre on aimerait savoir ce qu'il s'est passé aprÚs que M Folkner ait réalisé:
1) Qu'il y avait un problĂšme avec le MCAS?
2) Que la FAA n'avait pas eu les bonnes reco de sa part?
Et Mr Gustafsson, qu'en a-t-il pensé? Qu'a t-il écrit dans ses rapports techniques? Qui a été mis au courant? etc...
Il y a eu des décisions de prises (qui, quoi, quand) sur ce qu'il convenait de faire. Qui en a été informé, quelles ont été les réactions?.../...
Je nâai pas vu que le simu Ă©tait en test, par contre, c'Ă©tait un simu de test, un simu de dĂ©veloppement oĂč on peut faire evoluer les systĂšmes. C'Ă©tait le cas : The simulator software used during the Nov. 15 session was still undergoing testing, voir le document de Boeing que je viens de rajouter en fin de message.
Dans les Ă©changes entre les pilotes (dâailleurs faits sur leur boite mail dâentreprise) il ne disent pas que le MCAS a un problĂšme, mais quâil n'est plus conforme Ă ce quâils connaissaient jusquâĂ prĂ©sent. En particulier, ils disent que la plage dâintervention du MCAS semble maintenant Ă©tendue aux basses vitesses. Ce qui est confirmĂ© dans le document du JATR.
Ce que soupçonnait un de leurs collĂšgues (Vince). Modif faite sur le simu de dĂ©veloppement sans quâils le sachent et sans que les pilotes dâessai les en aient informĂ©s. Câest clairement dit dans leurs Ă©changes.
Lâintention de Forkner dâinclure cette nouveautĂ© dans la documentation montre bien quâil nây avait pas de pb sur le MCAS, juste un manque dâinformation Ă combler.
Le communiqué de Boeing est trÚs clair:
https://boeing.mediaroom.com/news-releases-statements?item=130533
DerniĂšre modification par bricedesmaures (22-10-2019 00:44:43)
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Tu es plus précis que moi et c'est trÚs bien sur les conditions du simulateur utilisé le 16/11/16 par M Forkner. Le point à clarifier c'est est-ce que ce simulateur reproduisait les conditions prévues d'utilisation du MCAS?
Si c'est bien le cas il est déjà surprenant que le Chief Test Pilot et son collÚgue P Gustafsson n'en aient pas pas été informés.
Si c'est parce-que le simu de test ne reproduisait pas le fonctionnement attendu ce n'est pas trop grave, mais le sentiment général non démenti c'est que le simu a bien reproduit l'action du MCAS tel qu'implémenté dans les avions, et que ce comportement n'a pas été reporté à la FAA.
( Merci Phil )
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Tu es plus précis que moi et c'est trÚs bien sur les conditions du simulateur utilisé le 16/11/16 par M Forkner. Le point à clarifier c'est est-ce que ce simulateur reproduisait les conditions prévues d'utilisation du MCAS?
Si c'est bien le cas il est déjà surprenant que le Chief Test Pilot et son collÚgue P Gustafsson n'en aient pas pas été informés.
Si c'est parce-que le simu de test ne reproduisait pas le fonctionnement attendu ce n'est pas trop grave, mais le sentiment général non démenti c'est que le simu a bien reproduit l'action du MCAS tel qu'implémenté dans les avions, et que ce comportement n'a pas été reporté à la FAA.( Merci Phil )
Je viens de traduire les paragraphes les plus importants du document fourni par Boeing (voir le lien dans mon msg précÚdent) Cela devrait répondre à tes toutes derniÚres interrogations. A+
Il est malheureux que ce document déjà fourni cette année, n'ait pas été diffusé d'une maniÚre qui aurait permis une explication significative. Nous n'avons pu parler directement avec Mr Forkner sur sa compréhension du document, mais par la voix de son avocat, ses commentaires (Ndt: ses échanges mail avec un collÚgue) reflétant sa réaction à un programme du simulateur qui ne fonctionnait pas correctement et qui était encore en essai.
Boeing et la FAA se sont engagĂ©s dans un large processus avec la FAA pour dĂ©terminer les exigences de l'entrainement des pilotes du 737 MAX. Ce processus Ă©tait complexe s'Ă©talait sur plusieurs annĂ©es et impliquait un grand nombre d'intervenants tant chez Boeing qu'Ă la FAA. Cet effort lui mĂȘme Ă©tant une partie d'un processus rĂ©glementaire plus large pour le design, le dĂ©veloppement et la certification du 737 MAX.
Dans ce processus réglementaire, Boeing a informé la FAA de l'extension du MCAS aux basses vitesses, information faite en de multiples occasions à la FAA et nombre d'autorités réglementaires internationales. Le processus incluait aussi l'évaluation du MCAS basses vitesses pour la formation et la certification. Le logiciel du simulateur utilisé lors de la séance du 15 novembre 2016 était toujours en test et validation et n'était pas finalisé mais il était adapté au fonctionnement du MCAS à basses vitesses. Séparément, une version du MCAS basse vitesse a été installée sur des avions destinés à l'entrainement et essais en vol gérés par la FAA en Août 2016. Le personnel de la FAA a aussi observé le fonctionnement version basse vitesse durant les essais de certification en vol de façon continue entre août 2016 et janvier 2017.
Et pour éviter que des raisonnements dérivent dans la mauvaise direction, le MCAS certes mal conçu, fonctionnait correctement dans les accidents et dans les simus et dans les avions d'essai. Mauvaise conception (une seule sonde, vitesse de déplacement du trim trop rapide, pas d'action de contre avec le manche) La panne de la seule sonde l'a fait fonctionner logiquement. Les 4 modifs corrigent ces erreurs de conception)
DerniĂšre modification par bricedesmaures (22-10-2019 09:19:56)
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Un nouvel article de Dominic Gates sur le sujet:
https://www.seattletimes.com/business/boeing-aerospace/simulator-software-not-737-maxs-flight-control-system-likely-caused-erratic-behavior-cited-in-pilot-messages/
Je ne sais pas si Phil aura la force de traduire encore et toujours alors je fais un résumé trÚs court:
L'évÚnement objet des messages du 16/11/16 est dû à un bug du soft du simu en développement. Pas à la reproduction d'un comportement structurellement défaillant du MCAS. (C'est infiniment mieux comme ça).
Le point a été traité en son temps, et il y a eu des échanges avec la FAA mais pas avec les ingénieurs en charge (sans qu'il soit précisé pourquoi):
"Multiple reports, initially in the Seattle Times, and most recently in the report by a team of international regulators, show that though some within the FAA may have been aware of some changes to MCAS, the FAA safety engineers tasked with analyzing its safety did not."
Donc le sujet redescend dans l'échelle des priorités, et ce n'est pas la preuve formelle d'un délit de Boeing.
En passant il faut reconnaitre à D Gates et son Seattle Times une qualité et une rapidité d'information qui ne se limite pas à quelques bons contacts chez Boeing. Il y a suffisamment de mauvais journalisme pour reconnaitre et souligner le bon.
Last news: La FAA a reçu de Boeing le soft finalisé et la doc...
Dickson said at a conference of air traffic controllers in Washington that the agency had received the "final software load" and "complete system description" of revisions to the plane, which was grounded in March.
DerniĂšre modification par Mercure (22-10-2019 20:36:34)
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Salut les zami(e)s!
Bien noté Mercure, j'ai vu hier l'article du Seattle Times dont tu nous parles et j'avais commencé à le traduire quand un pote aux USA m'a dit qu'il se passait du trÚs lourd chez Boeing.
Et en effet, ce matin c'est du lourd. Comme disent les analystes financiers amĂ©ricains (et ça passe en boucle actuellement lĂ -bas sur les chaĂźnes d'infos financiĂšres): la premiĂšre tĂȘte d'un dirigeant de Boeing vient de tomber, cele de Kevin McAllister qui a Ă©tĂ© remerciĂ© hier.
L'action est en chute plsu ou moins contrÎlée aujourd'hui sur le NYSE.
La crise des 737 MAX a percé le mur d'enceinte des finances de Boeing en quelque sorte.
Et ça sent mauvais.
Certains Cassandres de l'analyse financiÚre outre-atlantique disent qu'on pourrait bien voir Boeing couler totalement et mettre la clé sous la porte!! Le chiffre de 20 milliards de dollar de perte circule.
Incroyable, et ça se passe assez brutalement (typique du monde financier américain qui fait confiance presque aveuglément aux industriels ayant des reins solides, i.e. ayant beaucoup de cash en caisse, et qui, tout à coup, les lùchent complÚtement : voir la crise des subprimes)...
Bah on verra la suite.
Du coup, dans le Seattle Times de ce matin (et donc d'hier 22 octobre), il y a non pas un mais deux articles sur Boeing dans les pages Business ... Je vous les ai traduit dans l'urgence au cas oĂč cet aspect de la crise des 737 MAX vous intĂ©resserait.
On y lit notamment que la décision de virer McAllister n'est pas due qu'à la crise des MAX, il y a d'autres éléments qui ont joué...
Cher Mercure, pour l'article d'avant-hier don tu nous parles, sur savoir si le chat entre Forkner et Gustavsson parle bien du MCAS ou pas, et bien les personnes anonymes interrogĂ©es par leSeattle Times dans cet article disent toutes que non, c'Ă©tait un bug dans le logiciel du programme de simulation, pas un bug du MCAS ... Je vais vous le traduire et le poster dĂšs que possible. Vous verrez (lirez) ainsi par vous-mĂȘmes.
Bonnes lectures (au pluriel parce qu'il y deux articles) sur l'aspect financier en attendant...
Philippe
PREMIER ARTICLE
Kevin McAllister est limogé de son poste de directeur de la division des avions commerciaux de Boeing
Par Dominic Gates et Steve Miletich, The Seattle Times, 22 octobre 2019
Kevin McAllister a Ă©tĂ© remerciĂ© lundi par Boeing aprĂšs trois annĂ©es passĂ©es Ă la tĂȘte de la Division des Avions Commerciaux (Photo de 2017). © Mike Siegel, The Seattle Times
 
La premiĂšre tĂȘte dâun cadre dirigeant de Boeing vient de tomber alors que le constructeur est engluĂ© dans la crise des 737 MAX. Câest celle de Kevin McAllister. Le conseil dâadministration de Boeing a dĂ©cidĂ© de le limoger de son poste de directeur des avions commerciaux (Boeing Commercial Aircrafts) lors de sa rĂ©union de lundi dernier Ă San Antonio dans lâĂ©tat du Texas. La nouvelle a Ă©tĂ© rendue publique ce mardi 22 octobre.
Stan Deal, qui Ă©tait jusque-lĂ le directeur gĂ©nĂ©ral de la division des services (maintenance, formation des pilotes, etc.), a Ă©tĂ© immĂ©diatement nommĂ© Ă la place de McAllister. Stan Deal avait passĂ© pas mal dâannĂ©e comme un responsable de Boeing au sein de la division des avions commerciaux Ă Seattle oĂč il Ă©tait entrĂ© en 1986 avant de diriger plus tard et jusquâĂ lundi dernier la division des services. Ce mardi, au siĂšge de la division des avions commerciaux au Parc Industriel de Longacres prĂšs de Seattle, toute lâĂ©quipe dirigeante Ă©tait encore sous le choc. M. Stan Deal, quant Ă lui, Ă©tait dĂ©jĂ en train de sâinstaller dans le bureau du directeur.
Un cadre dirigeant senior de Boeing, qui a acceptĂ© de rĂ©pondre Ă nos questions sous couvert de lâanonymat, et qui a participĂ© aux dĂ©libĂ©rations de cette rĂ©union de San Antonio nous a dit que McAllister avait Ă©tĂ© limogĂ© pour plusieurs raisons mais, principalement, Ă cause de la maniĂšre trĂšs mauvaise dont il a gĂ©rĂ© la crise actuelle.
Le problĂšme principal de Boeing est lâinterdiction de vol dans le monde entier des 737 MAX et les reports constants, mois aprĂšs mois, de son retour en service commercial, alors que Boeing lutte pour rĂ©pondre au mieux aux demandes des diffĂ©rentes agences mondiales de rĂ©gulation aĂ©rienne. Lâimpact boursier de cette crise commence Ă peser, le cours de lâaction Boeing a chutĂ© dâun cinquiĂšme depuis mars dernier, alors que, dans le mĂȘme temps, lâindice Dow Jones progressait de prĂšs de 5 %.
Des Boeing 737 MAX entreposĂ©s Ă lâaĂ©roport de Paine Field Ă Everett dans lâĂ©tat de Washington. © Mike Siegel, The Seattle Times
Ce membre du conseil dâadministration de Boeing nous a aussi dĂ©clarĂ© que dâautres problĂšmes dans la division des avions commerciaux avaient pesĂ© dans la balance. Il a citĂ© notamment le problĂšme non rĂ©solu de la motorisation du 777X. Le premier vol du prototype est repoussĂ© pour le courant de 2020. En plus du problĂšme des rĂ©acteurs, lors dâun essai de roulage au sol, lâune des portes du prototype a Ă©tĂ© soufflĂ©e par une explosion accidentelle. Un autre problĂšme sâest ajoutĂ©, la dĂ©couverte dans des 737 dâanciennes gĂ©nĂ©rations de fissures dans lâune des structures de la cellule qui relie les ailes au fuselage. Il reconnaĂźt cependant quâil est plutĂŽt difficile dâincriminer Mc Allister sur ce point. Les anciens 737 ont Ă©tĂ© conçus et construits longtemps avant quâil ne prenne la tĂȘte de la division des avions commerciaux. Enfin, le conseil dâadministration avait un quatriĂšme reproche Ă lui faire, le peu de nouvelles commandes de 787 Dreamliner enregistrĂ©es ces derniers mois.
Quand McAllister est arrivĂ© chez Boeing il y a exactement trois ans, venant de General Electric, sa prioritĂ© immĂ©diate a Ă©tĂ© de prendre ne main le dernier-nĂ© des programmes exploratoires de Boeing, celui du 797 aussi appelĂ© Projet NMA (New Midmarket Airplane). Ă son arrivĂ©e, il y avait une simple idĂ©e : celle dâun avion bicouloir qui viendrait occuper la niche laissĂ©e vide chez Boeing entre le monocouloir 737 et le gros-porteur Ă long rayon dâaction 787 Dreamliner. Une deuxiĂšme mission lui fut aussitĂŽt confiĂ©e : faire en sorte que le prototype du 777X soit rapidement construit et fasse son premier vol au plus vite pour quâil commence Ă ĂȘtre livrĂ© aux compagnies clientes sans tarder. HĂ©las, ces deux ambitions ont Ă©chouĂ©.
Le Boeing 777X va de report en report Ă cause de problĂšme de motorisation. Les ventes du modĂšle plus petit, le 777-8, sont au point mort et le dĂ©but de la production en sĂ©rie de cet avion va aussi de report en report. Et on a appris le mois dernier que la compagnie de lancement du 777X, Emirates, souhaitait annuler sa commande ferme de 150 Boeing 777X quâelle avait passĂ© en 2014.
Et sur ce tableau de problĂšmes, est venu sâajouter la crise des 737 MAX qui a eu, comme consĂ©quence mal connue, de mettre un arrĂȘt, temporaire pour le moment, Ă toute activitĂ© du programme 797. Le nouveau patron de Boeing Commercial Aircrafts, Stan Deal, va devoir changer radicalement toute la stratĂ©gie des produits futurs du constructeur aprĂšs que le 737 MAX soit Ă nouveau autorisĂ© Ă voler.
M. McAllsiter, 56 ans, est au dĂ©part un ingĂ©nieur des matĂ©riaux. Il a rejoint Boeing en 2016 aprĂšs 28 annĂ©es passĂ©es chez General Electrics. Il a Ă©tĂ© le premier Ă ĂȘtre nommĂ© Ă la tĂȘte de la division des avions commerciaux sans voir dâabord fait une longue carriĂšre chez Boeing. CâĂ©tait un outsider aux yeux des anciens de Boeing. Ses anciens collĂšgues de General Electrics le dĂ©crivent comme un homme "des chiffres" (NdT â un "math guy") plus enclin Ă prendre ses dĂ©cisions aprĂšs avoir scrupuleusement Ă©tudiĂ© les chiffres quâĂ sâintĂ©resser aux employĂ©s.
Depuis la catastrophe du vol Lion Air il y a maintenant un an qui a conduit Ă lâinterdiction de vol de tous les Boeing 737 MA en mars dernier, le patron de McAllister Ă Chicago, Dennis Mulenburg, Ă©tait celui qui, chez Boeing, parlait et communiquait beaucoup. Au contraire, McAllister restait Ă©tonnamment silencieux. Trop silencieux sans doute aux yeux du conseil dâadministration de Boeing.
Lâun de ses rares commentaires publics Ă©tait dans un simple email envoyĂ© Ă notre journal en juin dernier Ă propos du Salon du Bourget oĂč il se rendait. Il disait alors :"cela va ĂȘtre le moment le plus difficile que jâai jamais vĂ©cu en trente ans de vie professionnelle". Ce mardi, M. Muilenburg a dit dans un communiquĂ© : "Nous remercions Kevin pour son infatigable et dĂ©vouĂ© engagement au service de Boeing, ses clients et notre communautĂ© pendant ces temps difficiles, ainsi que son implication dans cette Ă©poque de transition pour la compagnie." (NdT â tout cela ne lâa pas empĂȘchĂ© dâĂȘtre virĂ© en attendant).
Le nouveau prĂ©sident du conseil dâadministration de Boeing, David Calhoun, qui a pris cette position le 11 octobre dernier quand il y a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© dâĂ©carter de ce poste Dennis Muilenburg qui cumulait jusque-lĂ les fonctions de PDG et de prĂ©sident du conseil dâadministration, a dĂ©clarĂ©, plus prosaĂŻquement : "câest une dĂ©cision prise par le conseil dâadministration en toute connaissance de cause (...) Boeing va se sortir plus fort de la crise actuelle et tous les changements que nous allons opĂ©rer dans la compagnie vont bĂ©nĂ©ficier dâabord aux passagers".
On peut lire ceci dans le message dâadieu que M. McAllister a adressĂ© Ă la presse : "Boeing est une belle entreprise oĂč, pour lâavoir vĂ©cu, lâengagement en matiĂšre de sĂ©curitĂ© nâest pas un vain mot".
Dans la publication des rĂ©munĂ©rations de ses cadres, dĂ©but mars dernier, la compagnie Boeing le nom de Kevin McAllister nâapparaĂźt pas dans les cinq plus hauts salaires de la compagnie. Et pourtant, sa division, la Boeing Commercial Aircrafts, engrange Ă elle seule les deux-tiers des profits de la compagnie.
Fin fĂ©vrier, M. McAllister possĂ©dait 125 595 actions de Boeing, ce qui reprĂ©sente aujourdâhui prĂšs de 40 millions dâeuros. Petit dĂ©tail, 100 000 de ces actions, qui lui ont Ă©tĂ© octroyĂ©es Ă son arrivĂ©e chez Boeing, ne lui ont toujours pas Ă©tĂ© versĂ©es. Boeing nâa pas voulu communiquer sur les conditions de son dĂ©part, ni sur le fait de savoir si ces actions lui seront versĂ©es ou pas.
M. Stan Deal, 55 ans, a commencĂ© sa carriĂšre chez Boeing en 1986 aprĂšs avoir reçu son diplĂŽme dâingĂ©nieur en sciences aĂ©rospatiales Ă lâuniversitĂ© de lâIllinois Ă Urbana-Champaign. Il Ă©tait le directeur de la division des services de Boeing, ou BGS pour Boeing Global Services, basĂ©e Ă Dallas depuis sa crĂ©ation en juillet 2017. Avant cela, il Ă©tait basĂ© sur Seattle oĂč il dirigea successivement la division due la gestion des fournisseurs de Boeing, puis la division des Services pour lâAviation Commerciale.
M. Ted Colbert, qui Ă©tait jusquâĂ lundi le directeur des infrastructures informatiques et responsable en chef de lâinformation (NdT â le CIO en anglais, ou chief information officer) au sein de Boeing, a remplacĂ© M. Deal. ; et câest M. Vishwa Uddanwadiker qui devient le nouveau CIO de Boeing.
Il se pourrait bien que Kevin McAllister ne soit pas le dernier des dirigeants de Boeing Ă ĂȘtre limogĂ© Ă la suite de la crise des 737 MAX. Le directeur gĂ©nĂ©ral, ex PDG, Dennis Muilenburg est lui aussi lâobjet dâune haute surveillance. Notre informateur nous a confirmĂ© que ce que dira M. Muilenburg lors de son tĂ©moignage devant le CongrĂšs le 30 octobre prochain va ĂȘtre scrutĂ© Ă la loupe par le conseil dâadministration de Boeing et sera dĂ©cisif pour son avenir dans la compagnie.
Notre informateur nous a appris que M. Muilenburg espĂšre pouvoir annoncer lors de cette audition la recertification du 737 MAX pour la fin de lâannĂ©e.
SECOND ARTICLE
Le nouveau prĂ©sident du conseil dâadministration de Boeing fait face Ă des dĂ©fis colossaux et va devoir gĂ©rer le PDG Dennis Muilenburg
Par Paul Roberts, The Seattle Times, 22 octobre 2019
M. David Calhoun remplace le PDG de Boeing comme prĂ©sident du conseil dâadministration de la compagnie. Il est impliquĂ© de prĂšs dans lâindustrie aĂ©rospatiale depuis 2000 quand il devint le vice-prĂ©sident de General Electric en prenant la tĂȘte de la division des rĂ©acteurs de cette sociĂ©tĂ©. © Charles Pertwee, Bloomberg
 
M. David Calhoun, qui a remplacĂ© lâhomme assiĂ©gĂ© de Boeing, Dennis Muilenburg, Ă la prĂ©sidence du conseil dâadministration de Boeing devenant ainsi le dĂ©cideur chez Boeing, est rĂ©putĂ© ĂȘtre un homme de talent pour reprendre les rĂȘnes des compagnies en peine crise et les remettre assez vite sur le chemin du calme et du profit.
Ses talents vont ĂȘtre rudement mis Ă lâĂ©preuve face Ă la crise actuelle des 737 MAX. Un dĂ©sastre industriel qui a coĂ»tĂ© Ă Dennis Muilenburg sa position de dĂ©cideur chez Boeing, il nâen est plus "que" le PDG, et qui a coutĂ© hier son poste Ă Kevin McAllister.
Tous les analystes financiers sont dâaccord, les prochains mois vont voir M. Calhoun monter en puissance. Câest lui qui va superviser tous les efforts pour apaiser des agences de rĂ©gulation devenues mĂ©fiantes, des clients devenus sceptiques, et pour prĂ©parer les nombreuses actions judiciaires en perspectives avec les familles des 346 victimes des deux crashs de Boeing 737 MAX. Enfin, câest lui qui va devoir rĂ©inventer et mener la nouvelle stratĂ©gie de Boeing pour riposter Ă la dĂ©gringolade de Boeing derriĂšre Airbus chaque jour plus grande au fur et Ă mesure oĂč lâinterdiction de vol des 737 MAX se maintient.
Mais la tĂąche la plus Ă©pineuse pour Calhoun pourrait bien ĂȘtre de savoir quoi faire de Dennis Muilenburg. LâefficacitĂ© du PDG a Ă©tĂ© sĂ©rieusement mise Ă mal par la maniĂšre dont il a gĂ©rĂ© la crise des 737 MAX et par les doutes persistants sur ce que lui et dâautres dirigeants de Boeing savaient des problĂšmes de la conception du MCAS, le systĂšme informatique automatique impliquĂ© dans les deux catastrophes aĂ©riennes dâIndonĂ©sie et dâĂthiopie.
Le conseil dâadministration de Boeing, lundi, a refusĂ© de suivre certains de ses membres qui demandaient de virer Muilenburg purement et simplement. Le jour oĂč Boeing annonçait les changements parmi ses dirigeants, M. Calhoun insistait en disant que M. Muilenburg "avait la confiance la plus totale du conseil dâadministration".
Mais, les observateurs et experts du secteur pensent que M. Muilenburg est sur le fil du rasoir. Ils pensent que M. Calhoun mĂ©nage le PDG assailli de toutes parts dans cette pĂ©riode oĂč les relations entre Muilenburg et le conseil dâadministration sont particuliĂšrement tendues.
M. Scott Hamilton, un analyste financier de la rĂ©gion de Seattle, nous a dit : "DâĂȘtre destituĂ© de son poste de prĂ©sident du conseil dâadministration est, Ă©videmment, une rĂ©trogradation pour Muilenburg (...) Pour moi, il est sur le dĂ©part et cette destitution en est le signe annonciateur."
La société Boeing a refusé de nous laisser interviewer David Calhoun.
Il se trouve que, pour beaucoup de raison, David Calhoun, 62 ans, est lâhomme idĂ©al pour se sortir vivant de ce champ de mines, et sortir avec lui Boeing de son mauvais pas. Câest un dirigeant-maison de General Electric, une sociĂ©tĂ© oĂč beaucoup dâautres dirigeants de Boeing sont sortis ces derniers temps. DĂšs 2000, il a pris la tĂȘte du dĂ©partement des rĂ©acteurs chez General Electric, ce qui lâa amenĂ© Ă bien connaĂźtre le monde industriel aĂ©ronautique. Il a surtout appris Ă diriger cette industrie pendant la crise qui a suivi les attentats du 11 septembre.
Calhoun sâest aussi illustrĂ© comme spĂ©cialiste dans le redressement dâautres firmes en difficultĂ©, notamment au conseil dâadministration de Caterpillar quand cette compagnie devait faire face Ă une enquĂȘte fĂ©dĂ©rale sur ses impĂŽts.
Autre de ses points forts, Calhoun a Ă©tĂ© membre du conseil dâadministration de la firme Blackstone, le Fonds dâInvestissements le plus important au monde, il y supervisait lâĂ©quipe chargĂ©e dâoptimiser les performances des sociĂ©tĂ©s que Blackstone avait acquises dans le monde.
M. Adam Pilarski, un analyste financier chez Avitas et ex-directeur Ă©conomiste chez McDonnell-Douglas nous a dit que : "En tant que nouveau prĂ©sident du conseil dâadministration, le travail principal de M. Calhoun sera de dire : Vous les gars de la gestion, apportez-moi des idĂ©es rĂ©alisables pour nous sortir de ce pĂ©trin et pour avancer."
Les analystes attendent que Calhoun examine dans le dĂ©tail les actions qui ont Ă©tĂ© prises par Muilenburg, ses dĂ©cisions et ses initiatives stratĂ©giques. Ils pensent que câest un trĂšs fort signal envoyĂ© par Boeing que dâavoir deux personnes pour les postes de prĂ©sident du conseil dâadministration et de PDG. Auparavant, Muilenburg avait les deux casquettes, celle de proposer ses dĂ©cisions engageant Boeing et celle dâaccepter ou de refuser ces dĂ©cisions. Une dualitĂ© jugĂ©e dangereuse par les analystes. Cet arrangement oĂč les deux postes Ă©taient tenus pas une seule et mĂȘme personne Ă©tait un hĂ©ritage du prĂ©dĂ©cesseur de Muilenburg, Jim McNermey.
Cette dĂ©cision de sĂ©parer les deux fonctions avait Ă©tĂ© envisagĂ©e une premiĂšre fois dĂšs le printemps dernier peu de temps aprĂšs le second crash. Les analystes pensent tous que câest une bonne chose de sĂ©parer la fonction de PDG, qui doit gĂ©rer au jour le jour la crise actuelle, de celle de prĂ©sident du conseil dâadministration, qui doit prĂ©parer et porter la stratĂ©gie Ă long terme de la compagnie. Richard Aboulafia, expert chez Teal group, remarque: "Ăa nâest pas facile de prendre des grandes dĂ©cisions stratĂ©giques sur le long terme quand votre compagnie est en crise."
Cette nouvelle disposition de la prĂ©sidence chez Boeing va permettre Ă M. Calhoun dâavoir son mot Ă dire pour donner ou non le feu vert Ă des projets tels que celui du Boeing 797 ou New Midairmarket Airplane (le NMA). Mais la tĂąche immĂ©diate de Calhoun va ĂȘtre de gĂ©rer et rĂ©soudre la crise des 737 MAX en faisant en sorte que ces avions reprennent la voie des airs car la vente de ce modĂšle va ĂȘtre, et pour plusieurs annĂ©es, la principale source de revenue de Boeing.
Cela veut dire en particulier quelles questions matĂ©rielles Ă rĂ©soudre devient prioritaire, comme par exemple la montĂ©e en puissance des chaĂźnes dâassemblage du 737 MAX, de 42 avions par mois actuellement Ă 57 dĂšs 2020. Les experts financiers disent que Calhoun viserait un chiffre plus rĂ©aliste, infĂ©rieur Ă 57, pour le moment. Boeing en effet essaie de courtiser et de charmer les agences de rĂ©gulation qui vont bientĂŽt dĂ©cider du sort rĂ©servĂ© aux 737 MAX clouĂ©s au sol.
Beaucoup dâagences de rĂ©gulation aĂ©rienne, et surtout la FAA, qui, dâaprĂšs certaines informations, sont trĂšs choquĂ©es de lâattitude de Muilenburg qui fait de lâobstruction sur les problĂšmes du MCAS. Lâexpert Hamilton nous a dit que : "Calhoun devrait venir Ă Washington pour discuter avec Stephen Dickson, lâadministrateur de la FAA. Muilenburg nâest plus crĂ©dible dĂ©sormais.".
Ce sont ces problĂšmes de crĂ©dibilitĂ© qui ont fait que des voix se sont Ă©levĂ©es appelant Ă la destitution de Muilenburg de son poste de prĂ©sident du conseil dâadministration. Les spĂ©culations vont bon train sur le fait que la prioritĂ© actuelle de Calhoun est de trouver au plus vite un remplaçant de Muilenburg. Certains disent mĂȘme que ce serait Calhoun qui serait le successeur de Muilenburg comme PDG.
Selon le Wall Street Journal, Calhoun a dĂ©jĂ Ă©tĂ© candidat pour le poste de PDG de Boeing. CâĂ©tait en 2005. Mais le poste fut pour son ami de General Electric, McNerney. Lâanalyste financier von Rumohr de Cowen Group nous a dit que : "Si le conseil dâadministration de Boeing dĂ©cide dâun changement de PDG, Calhoun serait un trĂšs bon candidat."
Mais, un tel changement apporterait son lot de dĂ©sagrĂ©ment Ă M. Calhoun. Pas mal de critiques, et parmi eux Dennis Muilenburg nâest pas le dernier, pensent que Calhoun est trop imbibĂ© de la culture maison de Boeing pour pouvoir la changer radicalement alors que câest ce quâil faudrait.
Et, en effet, son parcours chez General Electric, qui ressemble Ă©trangement Ă ceux de McNerney et de McAllister, prend ses racines dans lâenseignement de lâEcole de Commerce Jack Welsh School de lâuniversitĂ© Strayer. Sa philosophie : un effort sans pitiĂ© pour que le cours de lâaction de la compagnie dont on sâoccupe soit toujours en constante progression. Or, câest prĂ©cisĂ©ment cet Ă©tat dâesprit que les critiques blĂąment dâavoir dĂ©truit lâancienne culture de Boeing, qui mettait lâaccent dâabord sur la qualitĂ© et la sĂ©curitĂ© des avions produits.
Calhoun est membre du conseil dâadministration de Boeing depuis 10 ans. Et, donc, il a nĂ©cessairement participĂ© aux prises de dĂ©cision sur le contenu des rĂ©ponses apportĂ©es par Boeing aprĂšs les crashs ainsi que sur le lancement dans lâurgence du programme 737 MAX, en partant dâune cellule dâavion conçue il y a 44 ans au lieu de concevoir un avion totalement nouveau. Certains experts financiers estiment que les forces Ă lâĆuvre qui ont abouti Ă la destitution de Muilenburg et Ă la promotion de Calhoun sont encore loin dâĂȘtre rassasiĂ©es.
Pour ces deux dirigeants, lâavenir dĂ©pend Ă©troitement dâinconnues comme le temps restant pour que le 737 MAX soit Ă nouveau autorisĂ© Ă voler, ou si dâautres allĂ©gations dommageables vont faire ou non surface, ou, et ce nâest pas le moindre, si Muilenburg sera ou non convaincant quand il va tĂ©moigner devant le CongrĂšs le 30 octobre prochain.
DĂ©jĂ , certains experts pensent que dâavoir nommĂ© Calhoun et dâavoir destituĂ© Muilenburg donne un peu plus les coudĂ©es franches Ă Boeing pour rĂ©agir si la crise des 737 MAX devait encore sâaggraver. Comme lâun dâeux le rĂ©pĂšte Ă qui veut lâentendre, "Ils (Calhoun et les autres membres du conseil dâadministration) ont maintenant la possibilitĂ© de continuer les limogeages" dans le cas oĂč la prĂ©sence de Muilenburg parmi les dirigeants de Boeing devenait plus une gĂȘne quâune aide.
DerniĂšre modification par philouplaine (23-10-2019 13:15:40)
ouaf ouaf ! bon toutou !!
Hors ligne
Re-bonjour,
Pour faire plaisir Ă Mercure (et Ă d'autres), voici la traduction de lâarticle d'avant-hier du Seattle Times qui dĂ©douane Boeing Ă propos de ce que dit la conversation en messagerie instantanĂ©e entre Forkner et Gustavsson en novembre 2016 et la peur de leur vie sur le simulateur du MAX ...
Bonne lecture,
Philippe
La défense de Boeing à propos du contenu de la conversation entre ses deux pilotes tient la route
Par Dominic Gates, The Seattle Times, 21 octobre 2019
Des Boeing 737 MAX entreposĂ©s sur lâune des bretelles de lâaĂ©roport de Paine Field Ă Everett cet Ă©tĂ©. Lâavion attend toujours la levĂ©e de son interdiction de vol. © Mike Siegel, The Seattle Times
 
AprĂšs que, vendredi dernier, un Ă©change datant de novembre 2016 entre deux pilotes techniques de Boeing sur la messagerie instantanĂ©e de leur sociĂ©tĂ© ait Ă©tĂ© rendu publique, le constructeur dâavion a dĂ» faire face Ă un scepticisme grandissant. On reproche de toute part Ă Boeing dâavoir cachĂ© que cette conversation montrait quâils connaissaient les faiblesses du systĂšme de contrĂŽle de vol du 737 MAX deux ans avant les accidents rĂ©cents. Boeing sâest dĂ©fendu hier de cette façon de voir les choses en arguant du fait que cet Ă©change portait sur un dĂ©faut de fonctionnement du simulateur et non pas sur un dĂ©faut du systĂšme de lâavion lui-mĂȘme.
DâaprĂšs trois sources indĂ©pendantes interviewĂ©es hier lundi par le Seattle Times, cette position de Boeing est tout Ă fait justifiĂ©e. Deux de ces sources sont des employĂ©s de Boeing directement impliquĂ©s dans le programme 737 MAX et la troisiĂšme est un pilote expert aĂ©ronautique qui ne travaille pas pour Boeing.
Lâargument qui revient dans ce que disent ces trois personnes, câest que le comportement erratique auquel fut confrontĂ© Mark Forkner et quâil dĂ©crit dans son clavardage (NdT â Au Canada, la version française du mot anglais chat est clavardage ou bavardage par claviers interposĂ©s, jâaime beaucoup ce nouveau mot français !), est typique dâun dĂ©faut de fonctionnement du programme de la simulation. Mark Forkner Ă©tait Ă cette Ă©poque, en train de mettre la touche quasi-finale au tout nouveau simulateur trĂšs perfectionnĂ© qui allait servir pour la formation des nouveaux pilotes au pilotage des 737 MAX (NdT - Rappelons que la mise en service du premier 737 MAX a eu lieu en mai 2017, cette conversation a lieu en novembre 2016).
Pour ces trois tĂ©moins, le comportement anormal observĂ© dans une simulation par Mark Forkner nâindique pas du tout le fonctionnement anormal du MCAS lui-mĂȘme et ne pouvait donc pas servir de prĂ©texte pour alerter les dirigeants de la compagnie que quelque chose dĂ©raillait Ă bord du nouvel avion. Rappelons que le systĂšme MCAS est lâune des causes des deux catastrophes aĂ©rienne rĂ©centes en IndonĂ©sie et en Ăthiopie.
Cet aspect de la question est important parce que la publication du clavardage entre Mark Forkner et son collĂšgue a suscitĂ© de trĂšs vives rĂ©actions chez les membres du CongrĂšs et dans les diffĂ©rentes agences de rĂ©gulation aĂ©rienne Ă travers le monde. De sĂ©rieux doutes ont Ă©tĂ© affichĂ©s quant Ă lâintĂ©gritĂ© et Ă la transparence de Boeing sur ce sujet, alors mĂȘme que le constructeur attend la levĂ©e de lâinterdiction de vol des 737 MAX pour trĂšs bientĂŽt.
Un ancien pilote senior de Boeing, qui nous a parlĂ© sous condition dâanonymat parce quâil ne souhaite pas ĂȘtre impliquĂ© dans lâenquĂȘte criminelle en cours du DĂ©partement de la Justice contre Boeing sur le programme 737 MAX, a travaillĂ© avec Forkner en tant que pilote-technique de Boeing. Cet informateur avait un accĂšs complet Ă tous les documents techniques rĂ©digĂ©s par Forkner pour Ă©valuer le simulateur en cours de construction. Il nous a dit que les conditions du vol sur ce simulateur, au moment oĂč le comportement erratique sâest manifestĂ©, dĂ©montrent trĂšs nettement que ce ne pouvait pas ĂȘtre la simulation du MCAS qui en Ă©tait responsable, mĂȘme si ça y ressemblait.
De plus, il sait quâil Ă©tait impossible que Forkner, Ă bord de ce simulateur, puisse voler dans les conditions trĂšs particuliĂšres oĂč le MCAS sâactive, ni que le simulateur puisse mĂȘme ĂȘtre prĂ©rĂ©glĂ© avec la sonde dâangle dâattaque reliĂ©e au MCAS en panne, un aspect qui est Ă la racine des deux catastrophes aĂ©riennes.
Ce pilote de Boeing Ă la retraite nous a dĂ©clarĂ© : "Je peux vous dire avec 100 % de certitude quâil ne pouvait pas voler dans les conditions oĂč volaient les deux avions accidentĂ©s, parce que, tout simplement, il nây avait aucun moyen dans ce simulateur de reproduire la panne du senseur dâangle dâattaque."
M. Bjorn Fehrm, un ingĂ©nieur en aĂ©ronautique et ancien pilote de chasse dans lâUSAF qui travaille dĂ©sormais comme expert-analyste pour Leeham.net et qui critique depuis longtemps la conception mĂȘme du MCAS, est tout Ă fait dâaccord avec le tĂ©moin prĂ©cĂ©dent. DâaprĂšs lui, le problĂšme apparu en pleine simulation est typique dâun bug informatique du programme du simulateur et pas du tout dâune activation anormale du MCAS.
M. Fehrm nous a dit : "Il Ă©tait dans une phase de vol tout Ă fait normale, or ce qui est mal conçu dans le MCAS nâapparaĂźtra jamais dans une phase de vol normale (...) Ceci dit, ce comportement dĂ©traquĂ© du vol simulĂ© est un problĂšme en soi pour lâefficacitĂ© du simulateur."
Un troisiĂšme informateur, qui a demandĂ© un strict anonymat parce quâil est directement impliquĂ© dans lâune des enquĂȘtes en cours sur le programme 737 MAX, trĂšs familier avec les diffĂ©rents documents produits lors de la mise au point de ce simulateur, dit e-cab, nous a dit que ce problĂšme auquel fut confrontĂ© Forkner lors de son vol simulĂ© "avait Ă©tĂ© dĂ©jĂ signalĂ© par dâautres" et que Boeing, peu aprĂšs, avait corrigĂ© la faute dans le programme informatique du simulateur. Il nous a dit : "Ce problĂšme nâest plus jamais rĂ©apparu lors des simulations ultĂ©rieures une fois la correction du programme faite (...) Ce problĂšme nâa plus jamais pu ĂȘtre reproduit par la suite."
Boeing a subi un magistral dĂ©sastre de relations publiques vendredi dernier quand le comitĂ© du CongrĂšs a rendu publique le contenu du clavardage entre M. Frokner et son collĂšgue Patrick Gustavsson Ă propos dâune session sur le simulateur du 737 MAX en date de la mi-novembre 2016, lorsque le MCAS sâenclenchant brutalement a forcĂ© lâavion Ă se mettre en piquĂ©. M. Forkner y Ă©crit: "Pour moi, ce foutu truc agit partout en arriĂšre-plan dans ce simulateur (...) JâĂ©tais en train de me stabiliser Ă 4000 pieds et 230 nĆuds, quand lâavion sâest mis Ă compenser comme un fou ? Et moi, Ă ce moment-lĂ , je me suis dit : Quoi !? (...) Bon, tu le sais, piloter câest pas trop mon truc, mais, quand mĂȘme, ce qui arrivait Ă©tait monstrueux !" Forkner, en charge dâintroduire la philosophie du 737 MAX dans un programme de simulation, relie spontanĂ©ment ce qui lui est arrivĂ© dans le simulateur au MCAS. Il dit Ă Gustavsson que le fonctionnement du MCAS a changĂ© entre sa conception initiale, prĂ©sentĂ© Ă la FAA, et maintenant. Il Ă©crit alors : "Shocker alerT"..
NdT â Jâai beaucoup de mal Ă traduire en un terme français simple cette expression. Câest un amĂ©ricanisme typique. Aux Ătats-Unis, le systĂšme Shocker-Alert est une appli de smartphone qui vous informe dâune urgence mĂ©tĂ©o en cours, lâapproche dâune tornade par exemple ... bien, disons que la "tornade" ici câest le changement du mode de fonctionnement du MCAS ... Ce systĂšme ShockerAlert est aussi un systĂšme de messageries automatiques qui avertit les employĂ©s dâune sociĂ©tĂ© de telle ou telle chose grave ou trĂšs importante pour la sociĂ©tĂ©... pareil dans les universitĂ©s, etc... vous voyez, tout amĂ©ricain comprend tout de suite ce que shocker alert veut vraiment dire, mais pour comprendre il faut vivre ou avoir vĂ©cu aux USA. Je reviens Ă lâarticle.
... "Shocker-Alert", comme il dit,"(le MCAS) sâactive maintenant Ă basse vitesse aussi en plus de son activation Ă haute vitesse comme câĂ©tait dans sa conception initiale, tu te rends compte ?" Du coup, il en conclut : "Jâai du coup menti Ă la FAA, sans le savoir".
Ce passage bien entendu a fortement indignĂ© les membres du CongrĂšs, les syndicats des pilotes de ligne et les experts en aviation Ă travers tout le pays. Ils interprĂštent tout ce clavardage comme dĂ©montrant que Boeing savait avant mĂȘme que le 737 MAX entre en service commercial que le MCAS pouvait sâactiver de façon erratique et, donc, dangereuse.
La FAA nâa jamais Ă©tĂ© informĂ© de lâexistence de ce document de 2016 contenant le clavardage entre Forkner et Gustavsson, qui a Ă©tĂ© communiquĂ© au DĂ©partement de la Justice des Ătats-Unis en fĂ©vrier dernier, il y a huit mois et un mois avant le deuxiĂšme crash dâun Boeing 737 MAX. Lâadministrateur de la FAA, Steve Dickson, trĂšs en colĂšre, a aussitĂŽt envoyĂ© une lettre Ă Dennis Muilenburg exigeant une explication.
Quand ils en parlent, M. Fehrm et le pilote retraitĂ© de Boeing ont rĂ©agi tous les deux de la mĂȘme maniĂšre quand ils ont lu ce clavardage pour la premiĂšre fois : avec consternation. Mais, une fois la premiĂšre lecture faite, ils ont tous les deux relu avec attention le texte. Et câest alors que leur compĂ©tence en matiĂšre de pilotage et de la maniĂšre dont un simulateur est conçu les a conduit tous les deux Ă changer leur fusil dâĂ©paule.
Les pilotes techniques et les pilotes dâessai
M. Forkner Ă©tait le directeur des pilotes techniques sur le programme de tous les 737. Le nom du groupe quâil dirigeait au sein de Boeing Ă©tait : SĂ©curitĂ© et Technique des Vols (NDT â Flight Technical and Safety). Les pilotes de ce groupe Ă©tait sĂ©parĂ©s des pilotes dâessai qui, eux, avaient Ă piloter les avions en rĂ©el. Les pilotes dâessai, chez Boeing appartiennent d'âailleurs Ă une autre division, celle des Essais et Evaluations (NdT â Boeing Test and Evaluation).
Comme câest Ă©vident dans le clavardage de Forkner, le groupe des pilotes techniques et celui des pilotes dâessai ne communiquaient pas trĂšs bien entre eux, voire mĂȘme pas du tout. Gustavsson se plaint mĂȘme Ă un moment : "Ceux des essais nous ont complĂštement mis hors de la boucle".
Le travail des pilotes techniques est de mettre au point les simulateurs et les programmes de simulation imitant le plus fidĂšlement possible le comportement rĂ©el de lâavion de Boeing. Ils doivent aussi rĂ©diger les manuels techniques de lâavion, surtout ces fameuses notes disant quoi faire en cas de dysfonctionnement en vol. Typiquement, ces pilotes ne volent pas, mais travaillent uniquement sur les simulateurs.
Un simulateur complet est une machine complexe. Câest en fait un morceau de fuselage, le cockpit, recrĂ©Ă© dans une boĂźte fermĂ©e dont lâintĂ©rieur est tapissĂ© dâĂ©crans et qui repose sur de puissants vĂ©rins hydrauliques qui recrĂ©ent les mouvements que le pilote dans le simulateur donne Ă lâavion simulĂ©. Dans le cockpit, tous les boutons, les commutateurs, les instruments sont fonctionnels et exactement les mĂȘmes que ceux Ă bord de lâavion rĂ©el. Mais au lieu dâĂȘtre connectĂ©s aux rĂ©acteurs ou aux volets, ils sont connectĂ©s Ă un superordinateur valant plusieurs millions de dollars Ă lui seul. Câest le programme informatique embarquĂ© dans cet ordinateur qui va reproduire fidĂšlement le comportement de lâavion simulĂ©.
Pour que cela fonctionne, les ingĂ©nieurs doivent entre des volumes colossaux de donnĂ©es aĂ©rodynamiques mesurĂ©es sur lâavion rĂ©el en vol ou sur sa maquette en soufflerie. Dans sa discussion avec Gustavsson, Forkner dit bien quâil a dĂ» introduire les donnĂ©es nouvelles tout rĂ©cemment suite au changement du mode de fonctionnement du MCAS.
Ce nâest quâune fois tous les vols dâessai effectuĂ©s et toutes les donnĂ©es affĂ©rentes collectĂ©es que le programme du simulateur est actualisĂ© dans sa version finale. Au moment de la discussion entre Forkner et Gustavsson, le simulateur du MAX et son programme sont encore en cours dâamĂ©nagement. La division de Forkner Ă©tait alors basĂ©e au centre Boeing de Miami. Le simulateur Ă©tait fabriquĂ© par la sociĂ©tĂ© TRU, une sociĂ©tĂ© amĂ©ricano-canadienne spĂ©cialisĂ©e dans la conception de simulateur pour les compagnies aĂ©riennes, qui est une filiale de Textron.
Comme les pilotes, qui doivent tous passer leur qualification pour lâavion quâils veulent piloter, un simulateur, une fois terminĂ© et avant quâil ne soit livrĂ© aux compagnies aĂ©riennes, est inspectĂ© et examinĂ© par la FAA. Puis, chaque annĂ©e, la FAA envoie des inspecteurs contrĂŽler tous les simulateurs en utilisation afin d sâassurer quâils fonctionnent toujours parfaitement selon ce que la rĂ©glementation exige.
Selon le pilote retraitĂ© de Boeing que nous avons interviewĂ©, au moment de la discussion entre Forkner et Gsutavssson le premier simulateur du 737 MA nâĂ©tait pas du tout terminĂ©, et les gens de TRU travaillaient encore dâarrache-pied avec les ingĂ©nieurs informaticiens de Boeing pour que la machine simule correctement le fonctionnement du MAX. Il nous a dit : "Ă cette Ă©poque, il y avait encore beaucoup de rapports dâanomalies. La simulation ne donnait pas satisfaction" Effectivement, dans ce clavardage, on lit Forkner mentionner quâil signait beaucoup de "DR" (NdT - DR pour Discrepancy Reports ou, en français, rapport dâanomalie)...
Ferhm pense que ce qui est arrivĂ© Ă Forkner dans le simulateur ce jour-lĂ est simplement une autre anomalie de fonctionnement, une erreur de codage informatique quelque part dans le programme du simulateur. Fehrm constate que Forkner volait Ă 4 000 pieds et Ă 230 nĆuds quand lâanomalie sâest dĂ©clenchĂ©e. Pour lui, lâaltitude et la vitesse Ă©tait en bon accord, il a calculĂ© que cela devait correspondre Ă une inclinaison de lâavion dâenviron 5 degrĂ©s. Une valeur tout Ă fait normale qui ne dĂ©clenche pas le MCAS. Le MCAS ne se dĂ©clenche quâĂ partir dâun angle dâattaque deux fois plus grand. Et pour placer lâavion simulĂ© dans cette position, Forkner aurait dĂ» exercer sur la colonne de contrĂŽle une force dâenviron 2G, une manĆuvre quâaucun pilote de ligne ne va faire spontanĂ©ment Ă moins dâune urgence extrĂȘme comme devoir redresser brutalement lâavion face Ă une montagne.
Ferhm dit quâil est Ă©vident dans les propos de Forkner quâil ne faisait pas une telle manĆuvre au moment oĂč la simulation a dĂ©raillĂ©. Et, donc, quand il se plaint que le MCAS est brutalement intervenu sur son pilotage, il se rĂ©fĂšre Ă une activation anormale dans la simulation, pas Ă un comportement qui pourrait se produire dans lâavion en vrai.
Ferhm nous dĂ©clare : "Jâai un gros souci avec la culture dâentreprise chez Boeing (...) Jâai beaucoup et depuis longtemps critiquĂ© leur MCAS quand il le fallait. Mais il faut aussi savoir ĂȘtre juste."
Le pilote retraitĂ© de Boeing admet aussi que le profil du vol de Forkenr est incompatible avec lâactivation du MCAS. Il nous prĂ©cise quâil a repĂ©rĂ© que Gsutavsson indique avoir rencontrĂ© la mĂȘme anomalie alors quâil Ă©tait "en approche", ce qui veut dire sur le point dâatterrir. Mais un avion en approche a ses volets sortis. Or, les volets sortis dĂ©sactivent totalement le MCAS.
Enfin, notre retraitĂ© informateur nous explique que lâopĂ©rateur, Ă lâarriĂšre du simulateur, celui qui peut enclencher des avaries Ă volontĂ© et de tout type juste en poussant un bouton sur son panneau de contrĂŽle afin de forcer les pilotes, dans le cockpit, Ă rĂ©agir ... nâavait aucun bouton Ă sa disposition qui lui aurait permis de mettre en panne le senseur dâangle dâattaque reliĂ© au MCAS. CâĂ©tait impossible de reproduire cette panne sur le simulateur.
Sa conclusion câest que le problĂšme dĂ©crit par Forkner Ă©tait simplement un accroc dans le programme informatique de simulation qui rĂ©vĂ©lait, ce quâon savait dĂ©jĂ , que la mise au point du simulateur nâĂ©tait pas terminĂ©e.
Dans son communiquĂ© de vendredi dernier, Boeing ne prĂ©sentait pas vraiment de preuves de sa position. En revanche, le communiquĂ© de Boeing de dimanche contenait le communiquĂ© de lâavocat de M. Forkner qui sâest rĂ©fugiĂ© sous la protection du CinquiĂšme Amendement pour ne plus donner de documents qui pourraient ĂȘtre utilisĂ©s contre lui.
Dans ce second communiquĂ©, lâaffirmation de Boeing selon laquelle la FAA connaissait les changements introduits dans le MCAS est sujette Ă caution. Un grand nombre dâarticles, notamment parus dans le Seattle Times, ainsi que le plus rĂ©cent des rapports du JATR, le comitĂ© regroupant des reprĂ©sentants de toutes les agences de rĂ©gulation impactĂ©es par la crise du MAX, montrent tous que si, peut-ĂȘtre, certains Ă la FAA savaient que le mode de fonctionnement du MCAS avait Ă©tĂ© changĂ©, les agents qui sont intervenus pour examiner et analyser la sĂ©curitĂ© du MAX, eux, ne le savaient pas.
La remarque Ă©tonnante de Forkner oĂč il sâinquiĂšte dâavoir menti Ă la FAA, vient du fait quâil apprend seulement en novembre que le mode de fonctionnement du MCAS, que son Ă©quipe doit implĂ©menter dans le simulateur, avait Ă©tĂ© modifiĂ© en mars.
On peut donc conclure que lâanalyse dĂ©taillĂ©e du comportement erratique du simulateur en 2016 suggĂšre que les articles publiĂ©s dans la presse ces deux derniers jours, y compris par le Seattle Times, sont une mauvaise interprĂ©tation de ce qui sâest rĂ©ellement passĂ©. Et, donc, la position de Boeing est correcte, cet incident de simulation ne concerne pas le MCAS.
Cela ne change rien cependant au fait que le MCAS, tel quâil a Ă©tĂ© conçu au dĂ©part, a conduit Ă la mort 346 personnes. En revanche, cette analyse du clavardage de Forkner ne montre pas que Boeing aurait cachĂ© quoi que ce soit sur le piĂšge mortel quâest le MCAS.
DerniĂšre modification par philouplaine (23-10-2019 15:07:00)
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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âŠ/...
La remarque Ă©tonnante de Forkner oĂč il sâinquiĂšte dâavoir menti Ă la FAA, vient du fait quâil apprend seulement en novembre que le mode de fonctionnement du MCAS, que son Ă©quipe doit implĂ©menter dans le simulateur, avait Ă©tĂ© modifiĂ© en mars.On peut donc conclure que lâanalyse dĂ©taillĂ©e du comportement erratique du simulateur en 2016 suggĂšre que les articles publiĂ©s dans la presse ces deux derniers jours, y compris par le Seattle Times, sont une mauvaise interprĂ©tation de ce qui sâest rĂ©ellement passĂ©. Et, donc, la position de Boeing est correcte, cet incident de simulation ne concerne pas le MCAS.
Cela ne change rien cependant au fait que le MCAS, tel quâil a Ă©tĂ© conçu au dĂ©part, a conduit Ă la mort 346 personnes. En revanche, cette analyse du clavardage de Forkner ne montre pas que Boeing aurait cachĂ© quoi que ce soit sur le piĂšge mortel quâest le MCAS.
Merci des ces traductions fluides et précises !
Nos "media" ont vite sauté de façon erronée sur le sujet, et je doute qu'ils présentent un correctif pour tenir compte de ce qu'on pouvait déjà comprendre à 80 % des conversations entre les 2 pilotes et du document JATR.
Mullenburg fera t-il profiter de son parachute trĂšs dorĂ© aux familles des 346 victimes ? En fera t-il aussi profiter les employĂ©s qui vont ĂȘtre en probable chĂŽmage partiel ou total, chez Boeing et ses fournisseurs qui vont pĂątir des rĂ©ductions de production ? S'il ne connait pas le chalet du syndicat, il est Ă gauche au feu rouge lorsqu'on tourne Ă droite vers l'entrĂ©e sud d' Everett..
On peut reprocher à Boeing d'avoir raté beaucoup de choses, on peut aussi reprocher à plusieurs Cies et Autorités de Régulation de ne pas avoir creusé un peu plus le sujet MCAS, car il figurait déjà dans leurs travaux et documentations, comme cet extrait du document brésilien de janvier 2018 que j'ai déjà publié et qui déterminait les niveaux de formations sur MAX (simu, doc ou formation en particulier simple formation électronique pour le MCAS). Ce document a été élaboré sous la supervision de Forkner. Il n' y a que les pilotes qui n'en savaient rien.
Pour finir, B 737 MAX ces jours ci Ă Boeing Field au milieu des "couleurs"
DerniĂšre modification par bricedesmaures (23-10-2019 20:08:29)
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Je n'avais pas lu l'article sur l'Ă©viction de McAllister (encore merci Philou)
A l'Ă©vidence une premiĂšre tĂȘte tombe en attendant celle de Muilenburg, mais pas avant les grills du 29 et 30 et probablement pas avant 2020 s'il se sort convenablement des auditions.
Cependant je suis un peu surpris de lire que le board trouve que McAllister ne s'est pas trop exprimé. Il semble évident qu'il a fait ce que son boss, Muilenburg lui a dit, sinon il aurait été viré plus tÎt. Quand on veut noyer son chien...
Calhoun ne sera pas le nouveau PDG, l'article le dit lui-mĂȘme, la dualitĂ© avec responsable du Board est une erreur qui est rĂ©cente et ne sera plus acceptĂ©e pour un bout de temps.
La recherche est dĂ©jĂ lancĂ©e en off le plus confidentiel avec un grand cabinet de chasseur de tĂȘtes, j'en suis certain.
Sur Forkner etc... il y a quand mĂȘme un truc qui reste Ă comprendre: pourquoi le gars a demandĂ© la protection de l'article 5? Parce que finalement ce que l'on comprend concernant les messages du 16/11/16 est qu'il y a eu un bug du soft du sim, et il n'y a rien lĂ qui puisse entrainer une dĂ©marche jugeable comme criminelle. Et s'il ne le savait pas son avocat aurait pu le lui confirmer, me semble-t-il. Pas sĂ»r que ce soit la fin de l'histoire Forkner.
DerniĂšre modification par Mercure (23-10-2019 20:46:01)
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Et bien je ne pensais quand mĂȘme pas qu'on allait si vite en reparler de Mr Forkner.
https://www.wsj.com/articles/ex-boeing-pilot-complained-of-management-pressure-on-max-former-colleagues-say-11571858920
LĂ aussi urgent de ne pas se dĂ©pĂȘcher de dĂ©velopper, on va attendre un peu une rĂ©ponse Ă©ventuelle de Boeing voir de Southwest dont le rĂŽle mĂȘme si indirect ne les grandit pas.
DerniĂšre modification par Mercure (24-10-2019 22:42:48)
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Bonjour tout le monde!
DerniĂšre livraison: la traduction de l'article du Seattle Times d'hier lundi.
Aujourd'hui mardi, Ă 15 h, heure de Paris, le PDG de Boeing va ĂȘtre auditionnĂ© devant le ComitĂ© SĂ©natorial.
Comme le dit le journal, il va ĂȘtre mis "sur le grill" (grilling en anglais) (il ne sera pas le seul ce jour-lĂ d'ailleurs).
Je vous ai d'abord traduit le bref communiquĂ© du CongrĂšs des Ătats-Unis, qui annonce cette audition
Puis je vous ai mis la traduction du long article du Times.
Il contient Ă plusieurs reprises des explications tirĂ©es du rapport final de l'enquĂȘte sur le crahs indonĂ©sien.
Les illustrations sont celles de l'article.
J'y ai joint in lien qui va permettre de suivre en direct cette audition sur internet.
En espérant que ça vous intéressera...
Bonne lecture,
Philippe
Lâannonce du SĂ©nat des Ătats-Unis
Lâhonorable Roger Wicker, SĂ©nateur rĂ©publicain du Mississipi, prĂ©sidera une sĂ©ance du ComitĂ© SĂ©natorial sur le Commerce, les Science et les Transports intitulĂ©e : "SĂ©curitĂ© de lâAviation et Avenir du Boeing 737 MAX" ce mardi 29 octobre Ă 10 heures (heure de la cĂŽte est) dans le bĂątiment Hart Senate Office Building en salle 216.
Cette sĂ©ance dâauditions publiques a pour but dâexaminer les problĂšmes liĂ©s Ă la conception, le dĂ©veloppement, la certification et lâopĂ©ration des Boeing 737 MAX Ă la suite de deux tragĂ©dies aĂ©riennes lâimpliquant. Le ComitĂ© SĂ©natorial entendra dâabord la sociĂ©tĂ© Boeing sur les actions correctives quâelle a prises ainsi que sur ses interactions avec lâagence fĂ©dĂ©rale de rĂ©gulation aĂ©rienne. Dans un second temps, qui suivra immĂ©diatement cette premiĂšre audition, le ComitĂ© Ă©coutera des reprĂ©sentants gouvernementaux et des experts de lâaviation afin de discuter ensemble sur le statut futur du Boeing 737 MAX et sur les recommandations de sĂ©curitĂ© pertinentes Ă dĂ©cider.
PremiĂšre Partie de la SĂ©ance :
Témoins auditionnés :
M. Dennis Muilenburg, PDG de Boeing Co.
M. John Hamilton, Vice-Président et Ingénieur-en-chef de Boeing Co.
Seconde Partie de la SĂ©ance:
Témoins auditionnés :
LâHonorable Robert Sumwalt, PrĂ©sident du National Transportation Safety Board
LâHonorable Christopher Hart, PrĂ©sident du comitĂ© JATR (Joint Authorities Technical Review)
Les honorables tĂ©moins auditionnĂ©s dans cette seconde partie pourront ne pas ĂȘtre ces deux messieurs.
Texte de l'article du Seattle Times d'hier lundi 28 octobre
Sous le regard scrutateur du CongrÚs, le PDG de Boeing CEO doit apporter des réponses
Par Dominic Gates, The Seattle Times, 28 octobre 2019
Le PDG de Boeing, Dennis Muilenburg, va ĂȘtre auditionnĂ© pendant deux jours de suite Ă Capitol Hill sur les dĂ©fauts du 737 MAX. © Carolyn Kaster, The Associated Press
Ce mardi 29 octobre, un an jour pour jour aprĂšs la tragĂ©die du Boeing 737 MAX qui assurait le vol Lion Air 610 oĂč 189 personnes ont trouvĂ© la mort, des SĂ©nateurs du CongrĂšs des Ătats-Unis vont questionner en audition publique Dennis Muilenburg, le PDG de Boeing, au cours de deux jours de mise sur le grill.
Il est dĂ©cisif pour son avenir, pour lâavenir du programme 737 MAX et, mĂȘme, pour lâavenir de Boeing que Muilenburg soit convaincant quand il assure que cet avion est dĂ©sormais sĂ»r Ă la suite du rĂ©amĂ©nagement de son systĂšme informatique. Lâaudition de Dennis Muilenburg devrait commencer Ă 10 heures, heure de la cĂŽte est.
(NdT â soit 15 heures, heure de Paris. La sĂ©ance de ce comitĂ© sĂ©natorial pourra ĂȘtre suivie en direct sur le site internet du comitĂ© du Commerce du SĂ©nat des Ătats-Unis : ici)
Muilenburg devra ĂȘtre plus que simplement persuasif, et certainement beaucoup plus quâil ne lâavait Ă©tĂ© en avril dernier lors de sa dĂ©sastreuse confĂ©rence de presse Ă Chicago, pendant laquelle il avait fermement refusĂ© dâadmettre que les systĂšmes de contrĂŽle du vol des 737 MAX prĂ©sentaient des dĂ©fauts de conception. Ensuite, acculĂ©, M. Muilenburg avait ensuite reconnu que ces dĂ©fauts nâĂ©taient quâun des Ă©lĂ©ments dâune chaĂźne dâĂ©vĂ©nements ayant conduit au drame, il avait alors dĂ©clarĂ© : "Laissez lâenquĂȘte suivre son cours !"
LâenquĂȘte sur le crash du vol Lion Air 610 est dĂ©sormais achevĂ©e, et le rapport final dâenquĂȘte, qui a Ă©tĂ© rendu public vendredi dernier, justement dĂ©taille cette chaĂźne dâĂ©vĂ©nements.
Dans cette catastrophe aĂ©rienne, le premier maillon de cette chaĂźne que lâenquĂȘte rĂ©vĂšle est une erreur de manutention avec le remplacement dâun senseur dâangle dâattaque dĂ©fectueux du 737 MAX accidentĂ© par un autre senseur, Ă©galement dĂ©fectueux mais pourtant rĂ©putĂ© correct par le vendeur de cette piĂšce dĂ©tachĂ©e dâaviation, une sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine basĂ©e en Floride qui a Ă©tĂ© fermĂ©e par la FAA le jour mĂȘme oĂč le rapport dâenquĂȘte final a Ă©tĂ© publiĂ©.
Le second maillon de cette chaĂźne identifiĂ© dans le rapport final met en cause Boeing pour son systĂšme automatique de contrĂŽle du vol, le MCAS qui fonctionne sur la base des donnĂ©es reçues du senseur incriminĂ©, sâĂ©tant dĂ©clenchĂ© alors quâil nâaurait pas dĂ» et qui avait poussĂ© lâavion dans un piquĂ© incontrĂŽlable aprĂšs sâĂȘtre dĂ©clenchĂ© de façon rĂ©pĂ©tĂ©e.
Et cette chaĂźne dâĂ©vĂšnements se termine avec le commandant qui, bien quâil nâait Ă aucun moment compris ce qui se passait, a rĂ©ussi pendant six longues minutes Ă contrecarrer avec succĂšs un systĂšme informatique qui, 20 fois de suite, a poussĂ© lâavion en piquĂ©. Ce nâest quâaprĂšs ces 6 minutes, quâil a passĂ© le contrĂŽle manuel de lâavion Ă son copilote, moins apte que lui, et qui a totalement et dĂ©finitivement perdu le contrĂŽle de lâavion en une minute.
Le senseur de l'angle d'attaque sur un Boeing 737 , lâĂ©lĂ©ment qui pointe hors du fuselage tout en bas.
Et cependant, les particularités de cette chaßne de causalités ne changent en rien la responsabilité de Boeing.
LâenquĂȘte sur le vol Lion Air pointe du doigt le fait que : "... sur ces 17 derniĂšres annĂ©es, il y a eu 25 incidents de dĂ©clenchement inopinĂ© du stick-shaker pendant ou juste aprĂšs le dĂ©collage dans la seule flotte des Boeing 737, tous types confondus..." quâon peut relier trĂšs probablement Ă la seule dĂ©faillance du senseur de lâangle dâattaque. LâenquĂȘte encore en cours sur lâaccident fatal du 737 MAX Ă©thiopien rĂ©vĂšle que lâĂ©vĂšnement initiateur de la chaĂźne qui a conduit au crash pourrait bien ĂȘtre le choc sur le senseur de lâangle dâattaque dâun oiseau qui a percutĂ© lâavion Ă cet endroit juste aprĂšs la rotation de lâavion au dĂ©collage.
Et, hélas quelque part dans cette chaßne, à un certain moment, se sont croisés une activation erronée du MCAS et un équipage pas du tout préparé pour y répondre.
Le systĂšme pour couper du cockpit l'action du MCAS.
En moins de cinq mois dâaffilĂ©, un senseur dâangle dâattaque dĂ©fectueux a dĂ©clenchĂ© inopinĂ©ment le systĂšme MCAS Ă trois occasions au moins. Dans deux de ces trois occasions, lâĂ©quipage a Ă©chouĂ© Ă y faire face.
Le rapport final sur le vol Lion Air conclut que le systĂšme MCAS de Boeing installĂ© sur les 737 MAX "... nâĂ©tait pas, en lâĂ©tat, sĂ»r et ne comportait aucune redondance. La dĂ©faillance de la seule sonde dâangle dâattaque (...) rĂ©sultait nĂ©cessairement en lâactivation erronĂ©e du MCAS".
M. Muilenburg, 55 ans, qui en avril dernier osait dĂ©clarer que le MCAS "avait Ă©tĂ© conçu selon nos plus hauts standards (...) et certifiĂ© selon nos plus haut standards", devra cette fois dĂ©fendre ce systĂšme qui prĂ©sente un extraordinaire Ă©cart par rapport Ă la pratique de base dans lâaviation.
Admettre la faute
DâaprĂšs un communiquĂ© publiĂ© ce lundi par Boeing, on sait que dans sa dĂ©claration dâintroduction devant le ComitĂ© SĂ©natorial prĂ©sidĂ© par le sĂ©nateur Roger Wicker, reprĂ©sentant rĂ©publicain de lâĂ©tat du Mississippi, assistĂ© par la sĂ©natrice Maria Cantwell, reprĂ©sentante dĂ©mocrate de lâĂ©tat de Washington, M. Muilenburg devrait reconnaĂźtre pour la premiĂšre fois en public que des erreurs ont Ă©tĂ© commises par Boeing.
Il devrait notamment dire ceci : "Nous savons que nous avons commis des erreurs et que des choses incorrectes ont Ă©tĂ© faites (...) Nous en avons conscience et nous mettons tout en Ćuvre pour les corriger". Rappelons que dans toutes ses dĂ©clarations publiques prĂ©cĂ©dentes, M. Muilenburg constamment refusait dâadmettre quâil y ait eu la moindre « erreur technique » dans le dĂ©veloppement du MAX.
Le cockpit dâun Boeing 737 MAX 8 de la compagnie Lion Air clouĂ© au sol quelque part sur lâaĂ©roport international Soekarno-Hatta Ă Cenkareng en IndonĂ©sie. © Dimas Ardian, Bloomberg
Mardi 29 octobre, il devra dĂ©crire les amĂ©liorations que Boeing a apportĂ© au systĂšme MCAS, notamment quâil ne sera plus activĂ© Ă partir dâun seul senseur dâangle dâattaque et quâil ne sâactivera plus de façon rĂ©pĂ©tĂ©e. Il devrait affirmer devant le ComitĂ© que : "... une fois ainsi modifiĂ© et de retour en service commercial, cet avion devrait ĂȘtre lâun des plus sĂ»rs qui ait jamais volĂ©."
M. Muilenburg tirera partie de la trĂšs impressionnante histoire de la sociĂ©tĂ© Boeing longue de plus de 100 ans. Il rappellera que Boeing a Ă©tĂ© le premier Ă introduire le rĂ©acteur en aviation commerciale et a Ă©tĂ© dĂ©terminante dans la rĂ©ussite du premier alunissage. IL devrait aussi citer ses impressions suite Ă la visite des usines dâassemblage du groupe, notamment celle de Renton "oĂč 12 000 employĂ©s aussi remarquable les uns que les autres mettent tout leur cĆur Ă fabriquer les Boeing 737 MAX."
Des décisions discutables prises sur le MCAS
Le rapport final de lâenquĂȘte sur le vol Lion Air prĂ©sente des dĂ©tails sur ce que lâon sait dĂ©sormais des sĂ©rieuses dĂ©faillances dans la conception et la certification du nouveau systĂšme de contrĂŽle de vol, le MCAS.
Au tout dĂ©but du dĂ©veloppement du programme MAX, en 2012, Boeing avait effectuĂ© une Ă©valuation en interne de ce que pourraient ĂȘtre les consĂ©quences dâune dĂ©faillance du MCAS. Il en rĂ©sultait quâun tel Ă©vĂ©nement nâaurait que trĂšs peu dâincidence sur le vol avec une trĂšs faible augmentation de la charge de travail de lâĂ©quipage et strictement aucune consĂ©quence en menace sur les vies des passagers. Cette affirmation Ă©tait hĂ©las basĂ©e sur de fausses hypothĂšses, lâune dâelles Ă©tant que lâĂ©quipage saurait dans la seconde gĂ©rer lâincident pour stopper la mise en piquĂ© de lâavion. Dans la vraie vie, lors des deux catastrophes, les Ă©quipages nâont pas su.
Ce mĂȘme rapport final constate que chacune des multiples activations successives du MCAS nâa pas Ă©tĂ© complĂštement contrĂ©es par les pilotes, ce qui, activation aprĂšs activation, a conduit le pilote en fonction Ă effectuer une poussĂ©e de plus en plus grande sur sa colonne de direction. Sur le vol Lion Air 610, Ă la fin le pilote devait exercer une force de 47 kg sur son manche pour contrĂŽler son avion, alors que le maximum envisagĂ© dâaprĂšs la physiologie humaine nâest que de 34 kg (NdT â 75 pounds of force).
Dans la conclusion de ce rapport final, on lit Ă©galement que Boeing nâa pas considĂ©rĂ© suffisamment lâinfluence dâalarmes multiples se dĂ©clenchant simultanĂ©ment dans le cockpit sur la rĂ©activitĂ© des pilotes. Enfin, le rapport insiste sur la dĂ©cision de Boeing de ne pas mentionner lâexistence et la fonction du MCAS dans la formation des nouveaux pilotes au 737 MAX. Cette dĂ©cision a contribuĂ© fortement dans le fait que les pilotes du vol Lion Air 610 nâont pas compris ce qui Ă©tait en train de se passer et nâont donc pas su y rĂ©pondre.
Lâanalyse de Boeing sur un mauvais fonctionnement du MCAS nâavait, Ă lâĂ©poque, considĂ©rĂ© quâune seule et unique activation du MCAS, pas de multiples. Activation qui avait Ă©tĂ© immĂ©diatement contrĂ©e par les pilotes qui savaient ce qui se passait. Et, pourtant, le rapport rĂ©vĂšle comment lâoccasion de prendre en compte un scĂ©nario un tantinet plus alarmiste avait Ă©tĂ© ratĂ©e plus tard.
Le rapport final indique que durant le dĂ©veloppement du programme MAX : "des ingĂ©nieurs et des pilotes dâessai de Boeing avaient commencĂ© Ă parler entre eux dâun scĂ©nario oĂč le MCAS se mettrait Ă sâactiver de façon rĂ©pĂ©tĂ©e dans lâhypothĂšse oĂč le senseur dâangle dâattaque deviendrait dĂ©fectueux et enverrait des donnĂ©es erronĂ©es au MCAS. Ils ont alors considĂ©rĂ© sâil fallait ou non changer la conception du systĂšme parce quâil leur semblait nĂ©cessaire de prendre en considĂ©ration ce problĂšme...." Et, encore une fois, les responsables de Boeing, se basant sur lâhypothĂšse quâaussitĂŽt le MCAS activĂ©, les pilotes sauraient immĂ©diatement quoi faire pour le contrer, ne donnĂšrent pas suite Ă ces remarques du personnel technique.
Plus tard encore, en mars 2016, Boeing se rendit compte, lors de vols dâessai du MAX, quâil fallait modifier le fonctionnement du MCAS pour quâil puisse aussi sâactiver pas seulement aux hautes vitesses, comme il avait Ă©tĂ© initialement conçu, mais aussi dans certains scĂ©narios Ă basse vitesse. Câest Ă ce moment-lĂ que Boeing dĂ©cida aussi de porter lâaction du MCAS sur lâempennage horizontal de 0,6 degrĂ© (comme il avait Ă©tĂ© initialement conçu) Ă pas moins de 2,5 degrĂ©s Ă chaque activation. Il faut savoir que seulement 4 degrĂ©s sur cette surface portante arriĂšre font passer un 737 MAX dâun vol horizontal au piquĂ© maximal.
Les ingĂ©nieurs de Boeing envisageaient le scĂ©nario de la manĆuvre Ă haute vitesse comme le plus dangereux de tous. Ils ont donc sous-estimĂ© les risques aux basses vitesses en considĂ©rant quâĂ©tendre le fonctionnement du MCAS aux bases vitesses nâaurait pas de consĂ©quences plus graves que celles imaginĂ©es pour les hautes vitesses. Toutes ces analyses, nĂ©cessaires pour la certification, furent totalement dĂ©lĂ©guĂ©es par la FAA Ă Boeing.
Et bien quâil Ă©tait entendu que Boeing devait communiquer toutes sa documentation technique sur ces analyses aux inspecteurs de la FAA, dans la course de derniĂšre minute pour obtenir le plus rapidement possible la certification du MAX, plusieurs des inspecteurs de la FAA qui auraient dĂ» contresigner ces modifications nâen furent mĂȘme pas informĂ©s.
Le rapport final montre ainsi quâen novembre 2016, Boeing prĂ©senta Ă la FAA son Ă©tude de sĂ©curitĂ© du MAX et, un petit mois plus tard, le document revenait avec la simple mention "acceptĂ©". La rĂ©ponse de la FAA prĂ©cisait dans une note que lâacceptation de lâĂ©valuation de la sĂ©curitĂ© du MAX Ă©tait dĂ©lĂ©guĂ©e Ă Boeing. Le rapport continue en montrant que les systĂšmes que la FAA avait examinĂ© de son cĂŽtĂ© comprenait divers Ă©lĂ©ments de sĂ©curitĂ©, mais pas le MCAS.
En rĂ©sumĂ©, Boeing nâa pas rĂ©alisĂ© du tout que de rendre le systĂšme MCAS plus agressif dans le contrĂŽle du vol sâil sâactivait pourrait causer une perte totale du contrĂŽle de lâavion par lâĂ©quipage. Et la FAA, en sâen remettant presque totalement Ă Boeing, nâa pas, dans son examen sommaire des documents, aperçu les vulnĂ©rabilitĂ©s tragiques de cet avion.
De lĂ , deux questions se posent pour Muilenburg :
- Comment Boeing a-t-il pu passer Ă cĂŽtĂ© des dĂ©faillances du MCAS quâil a maintenant corrigĂ©es ?
- Et faut-il revenir sur la délégation de la supervision des examens de certification par la FAA au constructeur ?
La rĂ©ponse Ă la seconde question concerne les lĂ©gislateurs qui devraient se la poser avec un peu dâhumilitĂ© parce que le CongrĂšs, Ă la demande des lobbyistes de Boeing, pousse depuis plusieurs annĂ©es la FAA Ă dĂ©lĂ©guer de plus en plus ses prĂ©rogatives aux constructeurs. Tout rĂ©cemment, la nouvelle loi rĂ©organisant la FAA (NdT - la "FAA Reauthorization Act" ou Acte de Reconduction de la FAA) signĂ©e par D. Trump le 5 octobre 2018, trois semaines seulement avant la catastrophe du 737 MAX indonĂ©sien, a encore plus accru la dilution de lâautoritĂ© fĂ©dĂ©rale dans les processus de certification au bĂ©nĂ©fice des industriels.
Câest ainsi que cette loi impose aux agents de la FAA de dĂ©lĂ©guer "pleinement" leur activitĂ© de vĂ©rification aux constructeurs, Ă moins que lâadministrateur de la FAA considĂšre quâun Ă©lĂ©ment examinĂ© puisse avoir une influence sur la sĂ©curitĂ© des personnes et, dans ce cas et dans ce cas seulement, les agents de la FAA prendront le pas sur el constructeur pour lâĂ©valuation de sĂ©curitĂ©.
LA sĂ©natrice Maria Cantwell, qui coprĂ©side le ComitĂ© SĂ©natorial ce mardi, avait fait inclure dans cette loi de 2018 un amendement qui stipule que le droit dâapprouver un Ă©lĂ©ment dâun nouvel avion Ă©tait automatiquement dĂ©lĂ©guĂ© au constructeur si le constructeur considĂ©rait que cet Ă©lĂ©ment avait une influence faible ou moyenne sur la sĂ©curitĂ© du futur avion.
Des doutes sur la culture dâentreprise chez Boeing
M. Muilenburg sera aussi questionnĂ© sur les rĂ©ponses quâil apporte aux accusations du lanceur dâalerte Curtis Ewbank, un ingĂ©nieur en charge des "flight controls" chez Boeing et qui avait rempli une plainte Ă©thique en interne. Cette plainte rĂ©vĂšle que la direction, voulant fortement rĂ©duire au minimum les coĂ»ts dâopĂ©ration du MAX pour les compagnies aĂ©riennes clientes, avait bloquĂ© lâintroduction de plusieurs amĂ©nagements de sĂ©curitĂ© pendant la phase de dĂ©veloppement de lâavion.
La plainte dâEwbank est en parfait accord avec ce que beaucoup de retraitĂ©s des services dâingĂ©nierie de Boeing disent : la culture dâentreprise historique de Boeing Ă©tait en train dâĂȘtre abandonnĂ©e par la direction au seul profit des gains de temps et dâargent.
Des griefs semblables ont Ă©tĂ© souvent entendus Ă propos de lâexternalisation importante du programme du 787 Dreamliner, qui sâest avĂ©rĂ©e si nĂ©faste pour le constructeur.
A ce propos, on attend avec impatience les rĂ©ponses de Muilenburg sur lâutilisation dâune cellule dâavion dessinĂ©e il y a 50 ans rĂ©utilisĂ©e pratiquement telle quelle dans une conception trĂšs moderne, ce qui a obligĂ© Boeing Ă faire de si nombreux ajustements de sĂ©curitĂ© pour obtenir sa certification. Câest ainsi quâen 2014, les responsable de Boeing ont rĂ©ussi Ă convaincre la FAA quâil fallait assouplir les normes de sĂ©curitĂ© sur les alarmes du cockpit pour le programme MAX. Lâargument que Boeing a prĂ©sentĂ© Ă la FAA Ă©tait que si lâon voulait appliquer Ă la lettre toutes les normes sur les alarmes du cockpit, ce serait "irrĂ©alisable" et que ça serait bien trop cher Ă rĂ©aliser.
Deux rapports rĂ©cents, tous les deux basĂ©s sur les catastrophes aĂ©riennes des 737 MAX, lâun publiĂ© par le NTSB en septembre dernier, et le second publiĂ© par un comitĂ© international regroupant des agence de rĂ©gulation de tous les pays exploitant le MAX, recommandent tous les eux une dĂ©marche totalement opposĂ©e afin de rĂ©gler les problĂšmes posĂ©s par une trop grande automatisation des processus dans le cockpit :
- Est-ce que Boeing aura besoin de changer sa façon de concevoir de nouveaux avions Ă lâavenir ?
- Son management est-il trop focalisé sur les coûts et les délais ?
- Quelles sont les propositions du PDG pour remédier à tout cela ?
Au-delĂ de ces questions dâensemble si fondamentales, M. Muilenburg durant son audition devant le CongrĂšs va aussi devoir rĂ©pondre des consĂ©quences humaines des choix passĂ©s de Boeing. Une vingtaine de familles Ă©thiopiennes, qui ont perdu un ou plusieurs parents lors de la catastrophe du vol Ethiopian Airlines, seront prĂ©sentes ce mardi Ă lâaudition du PDG de Boeing. Elles espĂšrent pouvoir rencontrer en tĂȘte-Ă -tĂȘte M. Muilenburg et dâautres responsables de Boeing Ă lâissue de cette audition. Nous verrons bien.
Des marins de la Marine Indonésienne se tiennent prÚs des débris du 737 MAX de Lion Air, retrouvés en mer de Tanjung Karawang, il y a un an. © Binsar Bakkara, The Associated Press
DerniĂšre modification par philouplaine (29-10-2019 13:41:36)
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Merci de cette traduction. J'ai commencé hier sur le topic lion air une synthÚse des facteurs contributifs de cet accident.
L'article que tu cites est bien discret sur l'aspect maintenance, niveau professionnel des pilotes et leurs actions dans le cockpit...
J'y reviendrai sur letopic ad-hoc
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Salut l'ami Brice,
Oui j'ai vu ton post sur l'autre discussion. Merci beaucoup dâavoir rĂ©sumĂ© (et traduit!!!) les points principaux du rapport final d'enquĂȘte indonĂ©sien.
Je suis d'accord avec toi, cet article que je viens de traduire est trĂšs discret sur les aspects que tu cites, en effet.
Je pense que cela vient de la situation politique aux Ătats-Unis ... on commence Ă voir circuler des photos oĂč l'on voit Trump signer la fameuse loi de 2018 qui rĂ©forme "en profondeur" la FAA pour lui enlever une bonne part de ses prĂ©rogatives au bĂ©nĂ©fice de Boeing surtout. Et le texte accompagnant la photo souligne souvent que Trump signe cette loi le 5 octobre 2018, trois semaines avant le crash indonĂ©sien .. etc ... donc je crois vraiment que cette affaire devient trĂšs politique outre-atlantique.
Mais surtout, plus que cela, il y a dans cette affaire du 737 MAX quelque chose que les membres du CongrÚs, qui ne sont pas tout blancs comme l'indique l'article du Times, se sentent floués par Boeing. On peut donc penser que ça va certainement barder pour Muilenburg tout à l'heure ...
Les "autres aspects" dont tu parles Brice intéressent moins les journalistes .. et pourtant !!!
Juste pour votre information à tou(te)s. Dans les documents que les cabinets de lobbying appartenant à Boeing fournissaient aux assistants parlementaires des membres du CongrÚs chargé de rédiger la loi de 2018 réformant la FAA, il était dit que cela permettrait à Boeing de mieux contrer son principal rival et compétiteur: (je cite le texte tel quel): "Airbus de France"...
Allez, bonne journée les ami(e)s!
Philippe
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Les dĂ©clarations liminaires de Muilenburg (Boeing) Sumwalk (NTSB) et Hart (JATR ex NTSB) devant le SĂ©nat ne prĂ©sentent pas d'intĂ©rĂȘt.
Muilenburg a cependant dit que 100.000 h de travail sur l'engineering, 814 vols avec 545 pilotes venant de 99 clients et de 41 autoritĂ©s de rĂ©gulation, ont Ă©tĂ© faites avec le nouveau logiciel. D'ailleurs la FAA attend pour lancer le nouveau dĂ©part du MAX, un peu sans doute pour ne pas interfĂ©rer avec les auditions parlementaires et je pense aussi que les intervenants ont maintenant un peu peur de leur propre ombreâŠ.
DerniĂšre modification par bricedesmaures (30-10-2019 18:42:04)
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Tout à fait d'accord avec toi Brice ⊠mais des sénateurs demandent un renforcement de la procédure de certification qui repousserait encore plus la levée de l'interdiction de vol des MAX ⊠à suivre.
Ce matin, le Seattle Times présentait pas moins de trois articles sur le "dossier" Boeing ⊠je n'avais pas trop le courage à traduire tout ça :)))
A+ les zami(e)s
Philippe
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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Bonjour tout le monde!
DerniĂšre livraison: la traduction de l'article du Seattle Times d'hier mercredi, qui rĂ©sume le contenu de l'audition du PDG de Boeing devant, cette fois, un ComitĂ© de la Chambre des ReprĂ©sentants aprĂšs l'audition de mardi devant un comitĂ© sĂ©natorial. Ăa a Ă©tĂ© beaucoup plus dur pour Muilenburg cette fois. Les membres du comitĂ© ont demandĂ© sa dĂ©mission.
C'est Ă mon avis un bon rĂ©sumĂ© de ce qui sâest passĂ© et de l'attitude qui reste la mĂȘme des dirigeants de Boeing.
A vous de lire et de vous faire une opinion ..
Bonne lecture,
Philippe
AprÚs 5 heures de mise sur le grill, le comité de la Chambre exige la démission du PDG de Boeing, Dennis Muilenburg
Par Dominic Gates, Lewis Kamb et Steve Miletich, The Seattle Times, 30 octobre 2019
Le PDG de Boeing, Dennis Muilenburg, s'exprime devant le Comité du CongrÚs sur les Transports, hier mercredi à Washington DC, aprÚs avoir témoigné mardi devant le Comité Sénatorial. © Andrew Harrer, Bloomberg
 
Lors d'une audience tendue et pleine de rĂ©vĂ©lations ce mercredi 29 octobre, un comitĂ© de la Chambre des ReprĂ©sentants des Ătats-Unis a prĂ©sentĂ© de nouvelles preuves surprenantes tirĂ©es de documents internes de Boeing montrant qu'avant la premiĂšre catastrophe aĂ©rienne de 2018 en IndonĂ©sie, certains ingĂ©nieurs de la compagnie avaient dĂ©couvert qu'une dĂ©faillance dans un nouveau systĂšme informatique de contrĂŽle de vol pouvait ĂȘtre "potentiellement catastrophique" - une information qui avait Ă©tĂ© alors Ă©cartĂ©e et jamais transmise aux autoritĂ©s de rĂ©gulation.
Un autre document rĂ©vĂ©lĂ© pendant cette audition a montrĂ© que ce dĂ©faut potentiellement catastrophique a Ă©tĂ© rappelĂ©, cette fois dans une prĂ©sentation Ă la FAA sept semaines seulement aprĂšs l'accident du vol Lion Air en IndonĂ©sie, oĂč 189 personnes pĂ©rirent. Boeing a estimĂ© que les pilotes pouvaient s'en charger et a continuĂ© Ă laisser l'avion voler. Mais moins de trois mois plus tard, aprĂšs une activation erronĂ©e du mĂȘme systĂšme, 157 autres personnes sont mortes Ă bord d'un 737 MAX d'Ethiopian Airlines.
Au cours de la deuxiĂšme journĂ©e de son audition devant le ComitĂ© du CongrĂšs, ces rĂ©vĂ©lations ont conduit Ă ce que le PDG de Boeing, Dennis Muilenburg, soit soumis, cinq heures dâaffilĂ©e, Ă une avalanche dâinterrogations sur dĂ©tails de la conception, de la certification et du marketing du 737 MAX.
Ces rĂ©vĂ©lations ont constituĂ© la goutte de trop. L'audience a Ă©tĂ© ponctuĂ©e par des demandes rĂ©pĂ©tĂ©es des membres de la Commission des Transports de la Chambre des ReprĂ©sentants pour que M. Muilenburg dĂ©missionne. "Je pense qu'il est assez clair pour moi, pour les familles des victimes et pour le public amĂ©ricain que vous devriez dĂ©missionner ... et le faire immĂ©diatement ", a dĂ©clarĂ© M. Jesus Garcia, reprĂ©sentant dĂ©mocrate de lâIllinois.
Avec les nouvelles preuves qui sâaffichaient sur les diapositives projetĂ©es pendant lâintervention de M. Muilenburg, cette audition s'est transformĂ©e en une critique implacable de la gestion de Boeing et de sa culture dâentreprise. Ces critiques vont intensifier le climat de crise qui entoure le 737 MAX. M. Greg Stanton, reprĂ©sentant dĂ©mocrate de lâArizona, a mĂȘme dĂ©clarĂ© : "La conception du MCAS prĂ©sentait des dĂ©fauts majeurs (...) et le fait que la FAA renonce Ă se pencher sur le MCAS a Ă©tĂ© une faute lourde avec de terribles consĂ©quences
Au cours de l'audience, M. Rick Larsen, reprĂ©sentant dĂ©mocrate dâEverett dans lâĂ©tat du Washington, lĂ oĂč se trouve la principale usine de Boeing, a pressĂ© de questions M. Muilenburg sur les erreurs commises par Boeing lors du dĂ©veloppement du 737 MAX.
Le PDG de Boeing avait prĂ©cĂ©demment admis qu'un signal lumineux indiquant un dĂ©saccord entre les deux sondes d'angle d'attaque ne fonctionnait pas en raison d'un bug dans le logiciel de contrĂŽle du vol, bug qui nâavait pas Ă©tĂ© repĂ©rĂ©. Ce mercredi, devant la commission du CongrĂšs, il a Ă©galement reconnu que l'architecture gĂ©nĂ©rale du systĂšme informatique de contrĂŽle de vol dĂ©faillant Ă©tait une erreur dans son ensemble, tout comme le manque d'informations fournies aux pilotes et aux compagnies aĂ©riennes sur le MCAS.
Bien que Muilenburg ait rĂ©pĂ©tĂ© Ă plusieurs reprises que " le seul concept dâentreprise qui soit durable chez Boeing, câest la sĂ©curitĂ© ", de nombreux membres du comitĂ© ne l'ont pas cru et le lui ont fait savoir.
Le Représentant Garcia lui a dit : "De mon point de vue, le fait que vous vous concentriez seulement et sans relùche sur le cours de l'action et les résultats financiers de votre entreprise a pu avoir une incidence négative sur le rendement de vos employés (...) Il est clair qu'il y avait chez Boeing une culture à la fois de cupidité et de délaissement de la sécurité."
Les membres du ComitĂ© se sont alors relayĂ©s pour marteler M. Muilenburg de questions portant sur le manque de redondance du logiciel de contrĂŽle de vol impliquĂ© dans les accidents - le MCAS ou systĂšme d'augmentation des caractĂ©ristiques de manĆuvre â dont la mise en fonctionnement automatique ne dĂ©pendait, de fait, que dâun seul capteur d'angle d'attaque (AOA). Dans les deux catastrophes aĂ©riennes, ce senseur Ă©tait dĂ©fectueux, donnant de fausses informations au MCAS.
Ils ont Ă©galement puisĂ© dans un lot dâemails de 2016 envoyĂ©s aux responsables de la FAA par le pilote technique en chef du programme 737 MAX, Mark Forkner. Dans ces emails, il se plaint ouvertement des pressions exercĂ©es par les dirigeants de Boeing pour que lâexistence du MCAS et son fonctionnement ne figurent pas dans les manuels de pilotage, ni dans la formation des pilotes. Dans un de ces emails, il dit mĂȘme quâon le pousse Ă interagir auprĂšs des autoritĂ©s de rĂ©gulation Ă©trangĂšres et des compagnies clientes avec "des trucs Ă la maniĂšre des chevaliers Jedi dans Star Wars".
Dans ses emails officiels avec les inspecteurs de la FAA, M. Forkner a justifiĂ© cette dĂ©cision des responsables de Boeing en arguant que le MCAS "n'opĂšre qu'en dehors de l'enveloppe normale d'exploitation de lâavion". InterrogĂ©s, M. Muilenburg et son chef ingĂ©nieur, John Hamilton, ont reconnu que, compte tenu d'un changement tardif qui a Ă©tendu lâaction du MCAS aux conditions de vol Ă basse vitesse, le MCAS s'est dĂ©clenchĂ© sur les deux vols crashĂ©s et cela bien que les avions se soient trouvĂ©s dans un domaine de vol normal.
Le PDG de Boeing sâest dĂ©fendu en rĂ©pĂ©tant plusieurs fois que M. Forkner a quittĂ© Boeing depuis et quâil veut parler Ă personne de Boeing. M. Steve Cohen, reprĂ©sentant dĂ©mocrate du Tennessee, a alors dĂ©clarĂ© haut et fort que : "Boeing n'a pas compris, ou minimisĂ© ou, au pire, cachĂ© que le MCAS pouvait fonctionner dans des conditions de vol normales".
Les membres du ComitĂ© ont notĂ© que Boeing avait un motif financier de minimiser l'importance du MCAS et d'omettre dâinformer Ă son sujet. Ce motif Ă©tait de rĂ©duire les coĂ»ts pour les compagnies aĂ©riennes clientes qui exigeaient quâun pilote de 737 de modĂšle antĂ©rieur puisse passer au pilotage du MAX sans formation en simulateur.
M. Muilenburg a reconnu que lorsque Southwest Airlines a signĂ© une commande de lancement pour 280 Boeing 737 MAX, Boeing avait alors promis au transporteur de lui payer une remise de 1 million de dollars par avion dans le cas oĂč une formation sur simulateur serait nĂ©cessaire. Mais il a insistĂ© sur le fait que "nous ne prenons pas de dĂ©cisions de formation basĂ©es sur l'Ă©conomie". Une affirmation qui a fait tiquer tous les membres du ComitĂ© qui n'en ont pas du tout Ă©tĂ© convaincus.
"C'est la dissimulation volontaire qui nous dĂ©range tant, avec un aspect financier Ă©vident derriĂšre elle", a dĂ©clarĂ© M. Colin Allred, reprĂ©sentant dĂ©mocrate duTexas. M. Muilenburg a Ă©tĂ© trĂšs critiquĂ© pour son salaire de 30 millions de dollars l'an dernier et pour avoir offert des incitations financiĂšres aux diffĂ©rents directeurs de Boeing afin qu'ils atteignent leurs objectifs en matiĂšre de coĂ»ts et de calendrier. "En fait, vous ĂȘtes le moteur de cette culture du profit ", a dĂ©clarĂ© M. John Garamendi, reprĂ©sentant dĂ©mocrate de Californie, " Et ce qui est certain câest que vous nâĂȘtes pas le moteur de la culture de sĂ©curitĂ©."
Dans une autre rĂ©vĂ©lation, sans rapport avec le systĂšme de contrĂŽle de vol, un membre du CongrĂšs a lu une lettre de dĂ©nonciation Ă©crite en juin 2018 - quatre mois avant l'accident de Lion Air et deux mois avant que l'avion qui s'est Ă©crasĂ© soit livrĂ© Ă Lion Air - dans laquelle un cadre supĂ©rieur de l'Ă©quipe de montage final du 737 MAX Ă Renton exprimait ses profondes inquiĂ©tudes quant Ă la sĂ©curitĂ© de lâavion, en raison de sa production Ă©levĂ©e Ă cette Ă©poque.
Des passages de cette lettre ont Ă©tĂ© lus : "Les employĂ©s sont fatiguĂ©s d'avoir Ă travailler Ă un rythme si Ă©levĂ© sur des pĂ©riodes de travail si longues (...) Et, du coup, les employĂ©s sont fatiguĂ©s et ils commettent des erreurs. La pression exercĂ©e sur les horaires (combinĂ©e Ă la fatigue) crĂ©e un Ă©tat dâesprit oĂč les employĂ©s contournent, certains dĂ©libĂ©rĂ©ment dâautres inconsciemment, les processus de sĂ©curitĂ© Ă©tablis pour lâassemblage de lâavion (...)" Et ce cadre supĂ©rieur de Boeing continue en Ă©crivant : "Franchement, en ce moment, tous les signaux dâalarme internes sont au rouge. Et pour la premiĂšre fois de ma vie, j'hĂ©site Ă mettre ma famille dans un avion Boeing."
M. Muilenburg a alors reconnu avoir reçu cette lettre et a dĂ©clarĂ© que l'entreprise avait pris des mesures pour rĂ©pondre Ă certaines des prĂ©occupations qui sây trouvaient. Mais il a admis quâil avait Ă©tĂ© alors dĂ©cidĂ© de ne pas diminuer la production des 737. Le prĂ©sident du ComitĂ© du CongrĂšs, M. Peter DeFazio, reprĂ©sentant dĂ©mocrate de lâOregon, a alors dit que le cadre supĂ©rieur qui avait Ă©crit cette lettre, et qui n'a pas Ă©tĂ© identifiĂ© nommĂ©ment pendant lâaudition, "a pris sa retraite par dĂ©goĂ»t". Face Ă cette critique acĂ©rĂ©e et aux nombreux appels Ă sa dĂ©mission, M. Muilenburg a dĂ©clarĂ© fortement qu'il Ă©tait hors de question quâil dĂ©missionne.
Se souvenant de ce quâĂ©tait son Ă©ducation, il a dit : " Je me sens responsable de devoir aller jusquâau bout ... Vous savez, j'ai grandi dans une ferme de l'Iowa. Mon pĂšre m'a appris qu'on ne fuit pas les Ă©preuves." Et pourtant, en ce qui concerne les lacunes dans le dĂ©veloppement du 737 MAX, il a eu du mal Ă trouver les rĂ©ponses.
Le représentant DeFazio a alors montré une note interne du service technique de Boeing, datant de juin 2018, qui constate que les essais en simulateur d'une défaillance du MCAS ont montré "que toute défaillance était catastrophique" si les pilotes mettaient plus de 10 secondes pour réagir correctement.
Boeing se conformant Ă une directive de la FAA, avait supposĂ©, au cours du dĂ©veloppement du 737 MAX, que les pilotes sauraient rĂ©agir dans les quatre secondes en cas de dĂ©faillance du MCAS. La note de service, rĂ©digĂ©e alors que le MAX Ă©tait dĂ©jĂ en service passagers, est la premiĂšre indication que quelqu'un au sein de Boeing avait soulevĂ© la question de savoir si l'hypothĂšse du temps de rĂ©ponse de 4 secondes des pilotes Ă une dĂ©faillance du MCAS Ă©tait correcte et, dans le cas oĂč cette hypothĂšse Ă©tait fausse, quelle en serait la gravitĂ© des consĂ©quences. Sur la base de l'hypothĂšse erronĂ©e, le scĂ©nario catastrophique a Ă©tĂ© rejetĂ© et n'a jamais Ă©tĂ© soulevĂ© Ă l'extĂ©rieur de l'entreprise. Le prĂ©sident du ComitĂ© a alors dĂ©clarĂ© que Boeing a fait preuve d'un "manque de franchise tout au long de ce processus".
"Je ne peux pas parler de ce document" a été la seule réponse de M. Muilenburg.
M. DeFazio a alors prĂ©sentĂ© un autre email de Boeing, datant de 2015, dans lequel un ingĂ©nieur demandait : "Sommes-nous exposĂ© Ă une panne du seul capteur AOA lors de la mise en Ćuvre du MCAS ou bien les consĂ©quences dâune telle panne ont Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©es ?" M. Hamilton a alors dit qu'il nâavait jamais entendu parler de ce document, mais que ce mĂ©mo dĂ©montrait combien la communication Ă©tait ouverte au sein de Boeing et que tout ingĂ©nieur pouvait poser des questions Ă tout moment du dĂ©veloppement dâun avion.
Un autre mĂ©mo technique, datant de juin 2018 et, donc, aprĂšs l'entrĂ©e en service du 737 MAX en service commercial mais avant lâaccident indonĂ©sien, Ă©nonce les exigences que Boeing avait listĂ© pour le nouveau systĂšme MCAS:
- "Toute dĂ©faillance du MCAS doit ĂȘtre signalĂ© Ă l'Ă©quipage par un message dâalarme dans le cockpit."
- "Le fonctionnement du MCAS ne doit avoir aucune interaction néfaste avec le pilotage manuel de l'avion."
-"En cas de plongĂ©e de lâavion, le MCAS ne doit pas interfĂ©rer avec la rĂ©cupĂ©ration de lâavion par les pilotes"
Il est clair que, dans la réalité, le MCAS ne répondait pas à aucune de ces exigences.
Un interrogatoire musclé
à la différence du Comité Sénatorial qui a interrogé M. Muilenburg hier mardi, le Comité de la Chambre a systématiquement contesté les réponses des représentants de Boeing auditionnés en posant de vives questions exigeant des réponses complémentaires.
Le reprĂ©sentant Larsen a remis en question la rĂ©ponse faite mardi par M. Muilenburg devant le ComitĂ© SĂ©natorial selon laquelle l'Ă©valuation de la sĂ©curitĂ© du systĂšme MCAS et les modifications importantes apportĂ©es au systĂšme en 2016 avaient Ă©tĂ© entiĂšrement approuvĂ©es par la FAA. M. Larsen a fait remarquer que le rapport final du rapport d'accident de Lion Air indiquait au contraire que la FAA nâavait fait quâenregistrer la proposition de Boeing.
Les deux dirigeants de Boeing auditionnés ont refusé cette interprétation de M. Larsen. L'extension du MCAS au vol à basse vitesse " a fait l'objet de nombreuses discussions avec la FAA ", a insisté M. Muilenburg.
M. DeFazio, le prĂ©sident du ComitĂ© du CongrĂšs, a alors directement et ouvertement contestĂ© cette dĂ©claration du PDG, citant les conclusions d'une enquĂȘte menĂ©e ce mois-ci par un groupe d'organismes de rĂ©glementation internationaux (NdT - le JATR), selon lesquelles " la FAA n'ignorait pas tout Ă fait l'existence du MCAS... mais l'information et les discussions sur le MCAS Ă©taient si fragmentĂ©es et Ă©taient quelque fois transmises seulement Ă des personnes qui n'Ă©taient pas directement impliquĂ©es, qu'il Ă©tait difficile pour la FAA de bien Ă©valuer lâimpact et les implications de ce systĂšme".
Rencontre avec les familles endeuillées
M. Muilenburg a rencontrĂ© les familles des victimes de l'accident mardi soir aprĂšs sa session au SĂ©nat et, Ă un certain moment, lors de son audition ce mercredi, sa voix sâest brisĂ©e sous lâĂ©motion.
"Nous voulions écouter", a-t-il dit avec un regard ébranlé "Chacune des familles nous a raconté l'histoire des vies qui ont été perdues. C'était déchirant. Je ne l'oublierai jamais."
Au cours de l'audience, M. DeFazio a interrogĂ© M. Muilenburg sur les pressions exercĂ©es par Boeing pour que certaines des poursuites intentĂ©es contre le constructeur Ă la suite de la catastrophe du vol Lion Air soient prĂ©sentĂ©es devant les tribunaux indonĂ©siens. Quand le PDG a alors dit qu'il n'Ă©tait pas au courant, le reprĂ©sentant DeFazio a exprimĂ© sa profonde incrĂ©dulitĂ© : "Vous ĂȘtes sĂ©rieux? Vous n'en savez rien ? Vous voulez nousfaire croire que vous ne connaissez pas votre stratĂ©gie juridique en ce qui concerne le crash en IndonĂ©sie ?"
Alors que l'audience sâĂ©tait terminĂ©e et que M. Muilenburg se levait pour partir, une femme de lâassistance sâest approchĂ©e de lui. CâĂ©tait Mme Nadia Milleron, la mĂšre de Mlle Samya Rose Stumo, 24 ans, qui est dĂ©cĂ©dĂ©e sur le vol d'Ethiopian Airlines. Alors que le PDG de Boeing s'arrĂȘtait, Mme Milleron lui a dit que les membres de sa famille qui Ă©taient l'avaient entendu mentionner son humble enfance dans une ferme de l'Iowa "une fois de trop". Elle lui a dĂ©clarĂ© que la rĂ©ponse unanime de sa fmaille Ă©tait que Muilenburg devrait "retourner dans cette ferme" et laisser quelqu'un d'autre prendre la relĂšve pour rĂ©gler la crise du 737 MAX.
"Retournez dans l'Iowa", lui a-t-elle dit. "Vous n'ĂȘtes plus la personne capable de rĂ©soudre cette situation."
ouaf ouaf ! bon toutou !!
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L'entretient du PDG de Boeing au sénat ricain est visible traduit ici: https://twitter.com/brutofficiel/status/1189956937842118658
Vous appréciez la charge contre la FAA qui tente toujours de cacher son implication. L'institution trÚs respectée est salie.
Il n'y a strictement aucune raison pour que cette consanguinité public/privé malsaine soit une spécialité locale.
Le vent tourne partout dans le monde. Je souffle de toute mes forces pour accélérer les choses.
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Mais comme cela a été dit lors des auditions parlementaires US, la FAA ne peut et ne pourra jamais avoir toute l'expertise nécessaire (en personnel et suivi des technologies). Il faut bien déléguer certaines activités dans la certification ce qui se fait déjà pour 80 entreprises aéronautiques et comme c'est chez Boeing (ODA)
En revanche la supervision doit ĂȘtre trĂšs robuste et pointue ce qui n'a vraiment pas Ă©tĂ© le cas avec le 737 MAX et comme on l'a peu rappelĂ©, avec la certification des 2 batteries du B 787 qui a Ă©tĂ© une 1 Ăšre alerte (2 incidents) dans le processus de certification. Les leçons n'ont pas Ă©tĂ© apprises.
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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Un peu de philosophie.. Dassault a connu des difficultĂ©s sur les Falcon X il y a bientĂŽt 10 ans. En descente, le stabilisateur part en butĂ©e Ă cabrer en 15 secondes et provoque une trĂšs sĂ©rieuse chandelle avec grosse chute de vitesse, "upset" rĂ©cupĂ©rĂ© avec maitrise par le pilote qui connaissait un peu la manĆuvre Ă faire et qui est d'ailleurs celle prĂ©conisĂ©e par Boeing (mise sur la tranche pour pourvoir rĂ©cupĂ©rer une assiette et efficacitĂ© gouvernes) Une mauvaise soudure sur le calculateur de commande du vĂ©rin de stabilisateur a causĂ© ce grave incident.
Dans le 2 Úme extrait du rapport du BEA on lit qu'il y a eu un manque dans les études préliminaires de certification. La famille Rabelais sera intéressée par la lecture du chapßtre 1.17. On y parle aussi de pilotage simultané sur les 2 joysticks⊠sujet fréquent quand il y a du rif...
Entre le dĂ©but du mouvement Ă cabrer du THS et son retour en position dâĂ©quilibre,
il sâest Ă©coulĂ© 2 minutes et 36 secondes au cours desquelles :-ËË le facteur de charge a atteint 4,6g ;
ËË- lâaltitude est passĂ©e de 13 000 Ă 22 500 ft ;
ËË- la vitesse conventionnelle a Ă©voluĂ© entre 300 et 125 kts ;
ËË- lâassiette longitudinale a atteint 41 degrĂ©s.A la suite de cet incident grave, la flotte de Falcon 7X a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e de vol temporairement. La remise en service sâest faite Ă partir du 16 juin 2011.
Ainsi, Ă la date de lâincident, lâanalyse de sĂ©curitĂ© faite par Dassault Equipement sur le systĂšme de commandes de vol primaires ne prĂ©voyait pas un dĂ©roulement non‑commandĂ© en loi normale du THS. Cette absence est expliquĂ©e selon
le constructeur par le fait que, lors de lâanalyse de sĂ©curitĂ© faite pour Ă©laborer le Livre 2, il Ă©tait difficile de quantifier la probabilitĂ© dâun dĂ©roulement non commandĂ© du THS dans la mesure oĂč les sĂ©curitĂ©s mises en place pour le HSECU, assurĂ©es par les ACMU3 et ACMU4, sont de type logiciel. Etant donnĂ© le nombre de sĂ©curitĂ©s mises en place, Dassault Aviation a considĂ©rĂ© quâun dĂ©roulement non commandĂ© du THS serait dĂ©tectĂ© suffisamment tĂŽt pour basculer sur une chaĂźne redondante et arrĂȘter immĂ©diatement le dĂ©roulement. Ainsi, la probabilitĂ© dâun dĂ©roulement non commandĂ© du THS a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme « extrĂȘmement improbable ».
Un peu de technique: la fonction du MCAS n'est pas nouvelle.
La CAA britannique -disons sous la forte pression de Mr Davies qui a écrit un bon livre sur les caractéristiques de nouveaux jets- a imposé aux B 707 de la BOAC d'installer un nouveau systÚme de prévention du décrochage. Pas seulement le B 707, mais le systÚme consistait en un "pousseur de manche" appelé "stick pusher" ou "stick nudger" .A la différence du stick shaker qui ne fait que secouer le manche, le stick pusher appliquait sur le manche (le yoke comme on dit) une force d'environ 10 kg et qui le forçait à se déplacer vers l'avant pour contrer le couple à cabrer qui existait à l'approche du décrochage (idem pour le MAX). Mr Davies a aussi retardé la production du B 707 pour allonger la dérive ventrale des premiers 707.
Le Trident en possédait un, systÚme pneumatique (les curieux peuvent aller lire le rapport d'accident du G-ARPI à Heathrow). Le B 767 en possÚde également un, systÚme mécanique (bielle commandée par un petit moteur électrique sur la mécanique de restitution d'effort du manche)
DerniĂšre modification par bricedesmaures (03-11-2019 13:01:31)
L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde
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